Jun 04, 2007 08:33
Argh.
Heureusement, nous nous sommes répartis la tâche. Jod a assuré le vendredi, Pascale et moi le samedi dimanche. C'est crevant, certes, mais c'est surtout affreusement ch***.
J'explique.
La Comédie du Livre, c'est un salon de libraires. Comme la plupart des salons. Un GRAND salon de libraires. Dont la préoccupation principale reste d'avoir un max d'auteurs pour des signatures à la chaîne, histoire de rentabiliser l'exercice qui consiste à vendre le plus de bouquins possible. Et après tout, le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est assez efficace. Et souvent humiliant pour les auteurs. Les "gros" se sentent à l'abatage et les "petits", parfois célèbres en littérature - mais dédaignés par un public plus friand de Richard Borhinger venu signer ses rares textes dont aucune nouveauté depuis deux ou trois ans que de Dominique Fernandez ou d'autres - se rongent les ongles en espérant le chaland ...
A se demander si l'auteur, dans son immense besoin de se voir reconnu, n'est pas un masochiste en puissance...
Et les éditeurs, là-dedans ?
Ben, comme on nous l'a expliqué en cours de route, les éditeurs régionaux sont TOLERES. Si, tolérés. Et pour une seule et unique raison. C'est la région qui finance en partie la manifestation, donc la région a besoin d'une vitrine pour présenter son fabuleux travail sur le livre donc elle finance une grande tente à la comédie où les éditeurs régionaux sont tolérés d'exposition.
J'exagère le toléré ?
Heu.
D'abord, vous recevez en amont un fort joli papier qui vous explique qu'un certain nombre de choses, dont l'eau à volonté et les toilettes réservées le sont exclusivement pour les libraires et les auteurs.
Si.
Heureusement, par manque de moyens, La Comédie du Livre n'a fait que deux sortes de badges, marqués "exposant" et ,si ma mémoire est bonne, "invité" pour les auteurs. Donc le personnel en garde de l'eau et des toilettes est bien en peine de savoir si vous êtes libraire ou éditeur. On a donc réussi à faire des petits pipis ailleurs que derrière les ouatures...(ah, et puis, oui, les badges, ils les récupèrent à la fin...)
Ensuite, Le Navire avait un auteur à un stand libraire, et invité à un débat. Et nous n'en savions rien. (Le débat, si, Lilian avait prévenu, lui, mais il ignorait la veille encore qu'il avait une signature pour le lendemain...)
Après...
Nous avons la disposition du machin. Pour ceux qui ne connaissent pas Montpellier, la place de la Comédie, au centre du centre historique, où trône le grand Opéra, est le lieu de tous les passages. Elle est prolongée, en L, par une vaste esplanade arborée qui mène au Corum, géant Palais des Congrès et qui possède aussi son Opéra, moderne celui-là, l'Opéra Berlioz.
Les Libraires sont installés sur la place de la Comédie même, où il y a un monde fou.
Puis, on aborde l'esplanade. Avec d'un côté, les plus petits libraires, et qui sont arrivés après les fondateurs (Sauramps et Cie). Ils ont déjà moins de monde, hein ? Mais ça va encore, surtout qu'on y trouve entre autres des bouquinistes, qui vendent du tout et du n'importe quoi, comme sur les marchés du coin. On pourrait même y trouver de quoi remplir le chariot des courses. Bon, j'exagère, quand même pas. Enfin si, pas à leur stand, mais à côté, où on a un vrai joli marché où des gens vendent ce qu'on trouve habituellement sur un marché, depuis les oranges jusqu'aux strings en dentelles.
Plus loin, on trouve les libraires jeunesse. Ah, oui, parce que la jeunesse, même si c'est la partie du marché du livre qui rapporte le plus économiquement parlant, c'est de la sous-machin, littérature, truc, là. D'ailleurs, ha ! vous savez quoi ?
Lilian Bathelot, dont on dit tant de bien de L'Inuit, livre fort seyant publié au Navire, ce nouvel éditeur jeunesse, mais oui, mais vous comprenez, ce n'est pas de la jeunesse, ce texte là... C'est trop bien écrit. C'est trop complexe. C'est de la littérature pour adultes... Comme Lilian , contrairement à Joëlle Wintrebert, n'avait jamais écrit en jeunesse avant, on le trouve donc avec une immense pile d'Inuit et quelques "Rires d'Olga" (les derniers de chez Climats quasi défunt depuis son rachat par Flammarion, des "adultes", donc) qui se battent en duel, Lillian signe...place de la Comédie. Exit la jeunesse. Les jeunes sont trop cons pour lire de la bonne littérature, c'est tout. Et Joëlle, avec ses Olympiades truquées, elle, elle est sur l'esplanade... J'arrête, ça m'énerve, mais ça m'énerve !!!
Bon, après la jeunesse, on a... heu, quoi déjà ? Ah. Oui. Après on a les institutionnels. On s'en fout, y a tout dégun. Y a personne, quoi, comme on le dit par ici...
Voilà, après... y a les éditeurs régionaux. Dites, vous devez commencer à vous demander pourquoi je le souligne, le régionaux. Non ? Si. Ben, je pars du principe que vous, chers lecteurs, êtes curieux de tout...Donc, pourquoi ? Warum ? Quid ?
Parce que, chers amis, mettez-vous ça dans la tête, nous ne sommes pas éditeurs. Juste des éditeurs régionaux. On est pas très fréquentables, on se mélange avec des gens qui ont une diffusion sur la région, une production ridiculement petite ou qui font des trucs pas très catholiques : y a même un éditeur qui ne fait que de la littérature gay, c'est vous dire, hein ? Pas mélanger avec le moine venu dans son aube blanche signer pour un grand éditeur sur le stand des grands libraires, tiens, zut, j'aurais dû lui offrir l'athéisme, à lui.
Même le Diable, dites donc, il est relégué aux régionaux. Donc il a pas le droit au pipi dans les toilettes réservées, et pas non plus aux tickets restaurants des chargés de com des grandes maisons respectables et nationales. Marion, chérie, botte leur le c**, ça m'énerve.
Bref.
On a vendu aux trois pékins qui passaient par là (y avait quand même la BD juste après, il leur fallait passer devant nous pour y aller, après, toute l'habileté consistait à alpaguer le passant qui avait le malheur de laisser son regard trainer trois secondes de trop sur vos bouquins, les trois secondes qui témoignaient d'un vague intérêt qu'il était éventuellement possible de renforcer jusqu'au portefeuille, en baratinant bien.) On a pas pu lâcher le stand pour aller voir les copains, sauf en courant, on a rencontré zéro prescripteur, et on a dit des tas de bêtises avec notre voisin Rudy de chez Benjamin média. Qui est un vilain garçon qu'on déteste, je dis ça au cas où il passe dans le coin, faut pas déconner, non plus.
Bon. L'année prochaine, on ne tiendra pas de stand, on se fatiguera pas pour trois sous, on ira manger avec Bordage au lieu de lui faire une bise en passant très vite, on coincera deux trois gensses sympa qu'on aurait pu prendre le temps d'apprendre à connaître, et on fera des bises à Jérémie Vuillaume, le garçon qui s'occupe du Livre à la région et qui est un des rares à bosser comme il faut pour l'intérêt général en la matière.
Na.
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