Note aux écrivains en quête d'éditeur : apprenez à ne pas nous casser les pieds !

Jan 10, 2007 16:35

Coup de gueule.
Je sais, je ne suis plus vraiment crédible, à force, mais d'aucuns m'énervent profondément. Vous en particulier. Oui, vous les auteurs en quête d'éditeur, persuadés de tenir le texte du siècle, celui que tout le monde va s'arracher dans les librairies, qui fera de vous la femme la plus riche d'Angleterre devant le queen herself, et l'homme le plus benoîtement adulé des médias adoratrices du culte de Werber.
Que vous ayez à proposer un texte dont vous êtes sûr qu'il est la quintessence du succès littéraire n'engage que vous, et ne vous dispense en RIEN d'avoir un minimum de respect pour les éditeurs à qui vous présentez votre chef d'oeuvre.

Et le premier des respects, c'est de ne pas l'agonir avec des textes qui n'ont qu'un très lointain rapport avec son travail. Parce que l'éditeur à autre chose à faire qu'à pondre des réponses circonstanciées à des gens qui n'ont pas même pris la peine de savoir à qui leurs publications s'adressent.

Parfois, je reconnais que c'est tangeant. Quand un éditeur comme le Navire vous indique qu'il publie des oeuvres à destination des adolescents et des jeunes adultes, que certains de ses textes peuvent être lus dès l'âge de 12 ans si on est bon lecteur, vous pouvez légitimement avoir un doute sur ce que ça signifie vraiment. Est-ce que votre roman d'aventure correspond à la tranche d'âge indiquée ou non ?

Bon, vous pourriez, au moins, sans aller jusqu'à acheter un bouquin de la boîte en question, prendre un peu de votre temps et passer chez votre libraire pour feuilleter et lire quelques pages des romans déjà publiés chez l'éditeur. Si vous avez encore un doute, envoyez la bête et laissez-nous en juger nous même, vous n'êtes pas non plus forcément spécialiste de la chose, et il y a des marges de ressenti qui sont parfois difficile à cerner sur un texte personnel. Mais vous avez fait votre possible pour être "dans les clous". On vous pardonnera.

C'est quand même la moindre des choses, non ?

Et je ne parle pas de ceux qui vous balancent des textes introspectifs quand on dit qu'on fait "du genre et de l'aventure", de ceux qui font des albums pour les petits (y compris les illustrateurs), des contes pour marmots, ou qui ont écrit des souvenirs d'enfance à tendance régionaliste - pourquoi pas des recettes de cuisine, pendant qu'on y est ?

Je vous jure, parfois, quand je me retrouve à taper ma lettre de refus, si je tenais les sagouins qui...enfin bref. Je le fais quand même, je suis polie. Mais ça n'énerve, hein ?

En plus c'est quand même très con. Parce que ça leur coûte du pognon, à ces idiots, quand ils les envoient en plus par la poste, d'autant qu'on ne retourne pas les manuscrits : encore heureux, vous imaginez ce que ça nous coûterait, à nous ?

Donc, je récapitule :
Vous venez de pondre un bouquin, il est corrigé, recorrigé : vous écumez les librairies pour trouver les éditeurs qui correspondent à son profil, vous envoyez par mail quand c'est possible (c'est aussi moins pénible de répondre par mail que de taper une lettre formatée, l'imprimer sur papier à en tête,  la mettre dans l'enveloppe, etc.) et vous évitez de les distribuer dans les salons, merci (on a déjà toujours cinquante millions de trucs à transbahuter et on est crevés !). Et évitez d'appeler cinquante fois l'éditeur, il vous donne en général une fourchette de délais, mais il peut lui arriver d'être débordé. Un petit mail au bout de trois mois pour éventuellement vous rappeler gentiment à son souvenir, mais pas plus. En général, il fait ce qu'il peut, le bougre. Surtout quand des tones de zozos lui ont envoyé des manuscrits totalement à l'ouest !

édition, manuscrits

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