Du commercial et de ses talents
Depuis quelque temps, le Navire se voit assailli de propositions commerciales de tout un tas d'imprimeurs, dont certains situés dans des pays pas recommandables (en Andore) ou alors vachement loin (en Pologne. Non, ce ne sont pas des plombiers, mais-heu...)
A tout ces commerciaux, vous dites gentiment que vous avez un imprimeur chouette qui vous fait du bon boulot pour un tarif raisonnable, et ils vous répondent, oui, mais nous, c'est mieux.
Bon.
On leur demande, mieux, c'est quoi pour vous ? Et là, paf, ils te sortent des tarifs largement au-dessus du voisin, et quand tu leur dit, ils te répondent, oui, mais c'est négociable.
Bon.
Ils te promettent la lune, et puis ils viennent te voir (mais non, je suis dans le coin, ne vous inquiétez pas, je vous apporte - un calandrier- une boite de marrons glacés - un stylo plume dernière génération - un agenda, etc...rayez la mention inutile).
Bon.
Ils débarquent donc, avec un grand sourire et leur cadeau à la noix, et là, on leur sort les devis des concurrentsdontonestrèscontents. Et ils font la gueule. Et il repartent, la queue basse et le sourire nettement plus crispé.
Ben, c'est un peu noix, un commercial, non ?
Je veux dire, avant de se taper le déplacement avec le cadeau qui va bien que ça leur coûte des tas de sous (mmmmm, c'est bon, les marrons glacés !) ils pourraient se renseigner sur la concurrence, histoire quand même de savoir si ça vaut le coup de se faire autant chier pour rien du tout. Ben, non. On fonce, et après, on tire la tronche.
Ce qui me ramène un temps où je faisais le boulot le plus con de la planète, c'est à dire chargée de com dans un grand groupe. Me tapais les salons (ben oui, ça m'a servi quand même, finalement) et la sélection de la ligne des cadeaux d'entreprise. (je vous rassure, j'ai tenu un an, pas plus. Pas déconner non plus, hein ?)
Bref, je recevais donc des commerciaux à la pelle. Je passe sur les pathétiques, qui proposent des grosses merdes, qui le savent, et qui savent que vous le savez, qui rament et qui suent dans votre bureau en se demandant pourquoi ils ont fait des études de commerce au lieu d'avoir été plus malins et de se trouver un boulot comme le vôtre, de l'autre côté de la table, d'où ils pourraient regarder suer à grosses gouttes des commerciaux pathétiques.
Je passe sur les excités, qui sont persuadés qu'ils pourraient vendre des palmiers à des pinguoins, les timides qui débutent et qui tremblent devant le client potentiel et le traitent comme s'il avait sur lui droit de vie ou de mort, les agressifs, qui vous envoient chier parce qu'ils ont passé trois plombes, malgré votre refus réitéré de les écouter parce qu'ils n'ont rien qui correspondent à vos besoins, à argumenter pour des clous...
Restent les commerciaux qui sont à peu près équilibrés, et qui vont au turbin parce qu'ils aiment bien leur boulot, que leurs produits sont intéressants, etc... Ils ne sont guère nombreux, ils sont souvent charmants, et on leur offre gentiment le café, c'est toujours une pause salutaire de gagnée. Ce sont les pires.
Si.
Parce que quand on les renvoit dans les cordes, réalisme oblige, on culpabilise à mort.
C'est très con.
Ils font leur boulot, vous faites le vôtre.
Mais quand même.
Surtout quand on déguste un marron glacé avec un plaisir sans mélange, et qu'on pense au pauvre type qui a fait 100 ou 150 bornes pour rien, juste pour les apporter, finalement, ces marrons glacés, et que vous puissiez les manger en pensant que ce n'est pas vous qui le ferez croûter, le pauvre...
La vie est terrible non ? Vous prendrez bien un petit marron avant de partir ? Goûtez, ils sont délicieux...