Les Euménides d'Eschyle

Nov 08, 2012 18:46

Je viens de finir la troisième pièce dans la trilogie d'Eschyle l'Orestie : Les Euménides. Je complète petit à petit les lacunes de ma culture! Cela fait également mon deuxième livre pour mon mini-défi lecture. Evidemment, en lisant du théâtre, ça va plus vite...

L'intrigue :
Oreste cherche refuge auprès des dieux Apollon après avoir tué sa mère. Ce dernier l'envoie chez Athena, mais les Erinyes le suivent. La déesse décide, puisque personne ne peut juger seul un tel crime, d'instaurer le premier tribunal dont elle établit les règles. Ce tribunal déclare qu'Oreste est non coupable, et Athéna convainc les Erniyes de ne pas se venger sur la ville mais de s'y établir et de la protéger, en échange de quoi les citoyens d'Athène leur voueront un culte.

Ce que j'en pense :
Cette pièce est à la fois fascinante et complètement en désaccord avec nos sensibilités modernes, en particulier en ce qui concerne certains arguments qui ont contribué à l'acquittement d'Oreste : les mères ne sont que des réceptacles pour la semance masculine, donc tuer une mère est bien moins grave que tuer un père... Le féminisme est passé par là, heureusement!
La déesse Athena m'a aussi paru être un personnage assez ambigu : elle représente la sagesse, mais c'est tout de même elle qui trouve une façon d'enlever leur rôle aux Erinyes. D'accord, elle leur propose de changer de statut et de protéger la prospérité des athéniens, mais cela me semble tout de même un déclassement. Les Erinyes, même si elles étaient honnies de tous, remplissaient un rôle unique et essentiel : pourchasser les meurtriers. Je pense que dans ce rôle, elles représentent les remords. Elles sont garantes de la Justice, même si dans cet ordre ancien, la Justice relève plus de la loi du Talion. Une fois qu'elles deviennent les Euménides, protectrices de la prospérité des athéniens, il me semble que leur rôle devient moins essentiel : certes, elles ne sont plus haïes mais appréciées, mais elles deviennent des divinités plutôt "matérielles". De plus, elles étaient responsables de la totalité du monde, et les voilà contonnées à Athènes. Athéna a été sacrément persuasive...
Enfin, j'ai vraiment aimé la scène de jugement, qui ressemble étonnament à une scène contemporaine : les deux parties doivent s'exprimer à tour de rôle, elles doivent présenter tous leurs arguments. De plus, Oreste avait un avocat de poid en la personne du dieu Apollon. On remarque en plus que c'est lui qui remporte son procès. De là à conclure que celui qui peut se "payer" le meilleur avocat a raison aux yeux de la loi...

En résumé, ce n'est pas non plus aussi bien qu'Agamemnon, mais cette pièce a une portée beaucoup plus contemporaine pour qui veut réfléchir à l'idée de justice. Une lecture conseillée.

reading challenge : the short version, in french

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