Titre : 52 semaines avant le début
Chapitre : 11/52
Auteur :
camille_mikoRating : PG-13
Disclaimer : Hormis l'histoire, patamoi.
Fandom : Harry Potter
Pairing : Harry/Draco un jour
Résumé : Une mystérieuse lettre vient rompre le quotidien de Harry. Quelqu’un a décidé de le courtiser.
Bêta : Azh <3
Note : Quand j'ai commencé ce projet, mon objectif était des chapitres de 1000 mots. On en est loin...
Note bis : Je ne le fais pas habituellement, mais juste un mot sur une review « guest » que j’ai reçu. Merci Camm pour ta review. Elle m’a beaucoup touché. (Et pour les autres, sachez que quand j’ai un moyen de vous répondre, je le fais toujours ^_- )
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FF.net //
Contre toute attente, cette semaine n’avait pas été aussi frustrante que la précédente. Ils avaient trouvé des preuves. Ce n’était pas souvent qu’une affaire de viol en avait. C’était bien souvent parole contre parole. Quelques fois, ils avaient des preuves circonstancielles -quand le suspect clamait qu’il n’avait jamais été à un endroit et qu’ils avaient des photos de lui au lieu et à l’heure incriminée- mais ce n’était que circonstanciel. Cela ne prouvait que le mensonge du potentiel criminel et rendait moins crédible sa version des faits.
Pour autant, cela ne prouvait pas l’agression. Cette fois-ci, il n’en était rien. Cela ne consolerait pas la gamine, mais Harry était convaincu que grâce à cela, il allait pouvoir avec l’aide de la justice mettre ses agresseurs là où ils devraient être : en prison.
Ils avaient des images de l’adolescente se débattant. Ils avaient la paire de ciseaux dont ils s’étaient servis pour éventrer ses habits et qui l’avait légèrement coupée aux cuisses. Son sang était dessus.
Mais le moment le plus satisfaisant dans cette collecte avait été quand ces deux petits cons avaient volontairement fourni leurs souvenirs. Leurs avocats leur avaient déconseillé de le faire. Sauf qu’ils étaient si sûrs de leur bon droit à utiliser leur « amie », qu’ils n’en avaient pas tenu compte.
Si seulement tous les criminels étaient aussi bêtes que ces deux-là, ils pourraient en mettre tellement hors d’état de nuire… La jeune femme n’avait pas réagi quand il lui avait annoncé que grâce à cela, la procureure avait la conviction qu’elle gagnerait son procès. Tout au plus, avait-elle eu l’air plus sereine quand il lui avait annoncé que grâce à leur stupidité, leur jugement pourrait avoir lieu rapidement.
Elle avait éclaté en sanglots en comprenant ce que cela signifiait. Elle pourrait tourner la page, pour se reconstruire. Pour l’instant, seul le soulagement d’être crue et entendue par la Justice la submergeait.
Grâce à cela et aux attentions de William, il avait remis les pieds sur terre et il était en pleine forme pour accueillir ses petits monstres le soir même. Même si ce n’était pas simple, il avait fait le nécessaire pour mettre à nouveau de la distance entre lui et son travail.
Quand il refermait la porte derrière lui, le soir, il n’oubliait pas tout. Mais il arrivait presque à s’endormir sans penser à cette gamine. C’était une sorte de victoire de sa part. Une victoire sur son travail, mais pas sur les salauds ; Il ne devrait pas avoir à faire cela pour être en paix. Il devrait… Il ne savait pas trop, mais pas ça.
La pile d’enveloppes à son réveil était encore plus impressionnante que d’habitude. En même temps, il avait fait la grève du courrier ces derniers jours. Ca n’avait pas été sa priorité. Plus ou moins comme d’habitude, pensa-t-il, alors que le regard réprobateur d’Hermione lui venait à l’esprit.
Il repéra rapidement l’enveloppe rouge qu’il attendait. Il y avait aussi une autre rosé. Depuis que Ginny était majeure, il n’avait plus reçu de courrier de cette couleur-là. Son courrier de fan était dirigé automatiquement dans son bureau à la maison, donc… Aucun rapport.
Il commença donc par le pli mystère.
« Astoria Greengrass-Malfoy a le plaisir de vous convier à l’ouverture de sa nouvelle boutique à Paris.
Nous espérons vous retrouver à l’inauguration du Sweet Lilies, le 9 mai 2013 à 19h30.
Cette présente invitation vous servira de portoloin. »
Le brun hésita une seconde avant de se dire « pourquoi pas ». Il n’acceptait pas souvent ce genre d’invitations, mais à force de parler de Malfoy à William, il se disait qu’il pourrait être amusant de le croiser à nouveau.
Et puis, il avait entendu dire, que les créations de sa femme étaient exceptionnelles. Il n’avait un souvenir qu’un très vague souvenir d’elle à l’époque de Poudlard. Elle était discrète, presque effacée et blonde. Très blonde. C’était presque l’opposé parfait de sa sœur aînée.
De Daphné, il avait plus de souvenirs. Elle était brune et elle avait un caractère explosif. Elle avait eu une réputation de Marie-couche-toi-là, mais le premier qui avait le malheur de lui en parler ou d’essayer de la toucher sans son accord recevait un coup de poing bien senti en pleine face. Une seconde, cela lui fit penser à son enquête. Les cons avaient toujours existé. Même de son temps.
L’aînée des Greengrass était tout feu, tout flamme et ne laissait personne lui dicter son comportement. C’était absolument terrifiant pour l’adolescent qu’il était alors. L’adulte qu’il était aujourd’hui, apprécierait un peu plus l’idée. Daphné l’amazone. L’image lui plaisait.
Il ne l’avait pas recroisée, pas plus que sa sœur depuis des années. Encore qu’elles avaient certainement dû être là pour les fiançailles de Dean et Pansy Parkinson. Mais il n’en avait pas de souvenir. Il était peut-être aussi temps de tourner la page, d’avancer et d’apprendre à mieux connaître les proches de la compagne de son amie. Ou au moins de satisfaire sa soudaine curiosité.
Attendant que son café finisse de couler, il prit la lettre de William.
« Harry,
Je comprends que vous ayez eu l’esprit ailleurs dans votre lettre. En fait, je ne sais pas quoi vous dire, hormis que je souhaite de toute mon âme que cette jeune fille obtienne justice.
Je n’arrive pas à comprendre comment est-ce que quiconque puisse faire cela à autrui. Je manque de mots comme vous. J’aimerais pouvoir l’aider, même si je sais que mon aide ne servirait à rien et qu’elle serait probablement mal venue et mal accueillie.
Nous devrions tous faire quelque chose pour protéger les autres. J’ai le beau rôle de vous dire cela, aujourd’hui, alors que par le passé, ma peur m’a littéralement cloué au sol, m’empêchant d’agir pour faire ce que je devrais faire. Il est toujours plus simple de donner de l’argent, de ses connaissances ou de ses relations, plutôt que de sa personne.
J’espère que vous réussirez à les faire condamner.
Mais… Dites-vous que si vous parlez de l’égalité entre tous, du respect d’autrui avec autant de force à vos enfants, alors ils sauront qu’ils n’ont pas le droit de faire cela.
Si j’ai appris une chose avec le temps, c’est que nous ne devons pas apprendre à nos enfants à ne pas se faire agresser. Nous devons apprendre à ces mêmes enfants à ne pas devenir des agresseurs. C’est ainsi que les choses doivent être faites.
Et je comprends que vous soyez heureux que votre notoriété puisse aider une bonne cause. Même si ce n’est qu’une seule personne, c’est déjà énorme. Vous n’avez jamais pensé à devenir le « visage » d’une association caritative ? Ce serait une bonne utilisation de votre renom.
Même si la situation est horrible et que je ne souhaiterais à personne de la connaître, je suis heureux que vous ayez accepté de vous confier à moi. J’aimerais pouvoir être là et vous prendre dans mes bras, pour vous permettre de penser à autre chose, à poser votre fardeau au moins quelques instants.
Est-ce que vous m’en voudriez de vous imaginer allongé sur un canapé, la tête sur mes genoux, à parler de tout et rien, pendant que je caresse vos cheveux ? Je nous imagine très très bien dans ce genre de domesticité. Croyez-vous que vous pourriez arriver à tenir assez longtemps en place pour cela ? (Je vous embête peut-être un peu, là).
Ce serait un très joli tableau. Surtout en été. (Oui, je lis aussi les pages « people » de la Gazette et je dois vous avouer que vos exploits, torse nu, l’été dernier m’ont marqué. La vision était charmante. Et j’aurais adoré pouvoir moi aussi profiter de cette délicieuse vision, dans le privé.)
Je crois que je comprends que vous ayez envie de faire un autre métier. Je ne suis pas certain que je serais capable de le faire moi-même, surtout quand on voit de telles horreurs. J’imagine que vous ne voyez pas que des viols, mais est-ce qu’un meurtre serait mieux ? Je n’en suis pas sûr. Je ne crois pas avoir ce qu’il faut pour ne pas défaillir au premier regard ou partir en dépression au bout de quelques jours. Je suis une petite nature, que voulez-vous…
Je ne pensais pas que vous vouliez devenir libraire. C’est un choix surprenant. Ce n’est pas celui auquel j’aurais pensé pour vous. Je vous aurais plutôt vu comme… Je ne sais. Joueur de Quidditch ou entraîneur, par exemple. Quelque chose de plus physique, de plus énergique. Je vous imagine mal en libraire, mais je serais ravi que vous me détrompiez avec une brillante carrière au milieu des livres.
Néanmoins, je comprends bien mieux votre goût sûr en terme de littérature. J’ai été impressionné par votre dernier choix. Blake n’est pas un choix classique. Ou plutôt, c’est un choix extrêmement classique et qui n’est pas celui de la majorité des gens. Je ne vous voyais pas comme amateur de ce poète. Par contre, vous aviez raison. Je l’aime beaucoup. « Le mariage du Ciel et de l’Enfer » est un bon choix. J’ai dû le lire quand j’étais enfant et que mes parents faisaient ma culture. Son style est assez lapidaire, mais il est percutant et…
Je sais que certains pensaient -pensent toujours- qu’il faisait l’apologie du Mal. Je pense depuis longtemps qu’il se contente de montrer le Mal. Quelque part, c’est en le montrant, en l’exposant aux yeux de tous, qu’il laisse aussi sous-entendre la voie du Bien. Néanmoins, peut-être êtes-vous un fan de Bataille et rejetez-vous cette analyse…
Ma peluche préférée ? Vous voulez savoir quelle était ma peluche préférée ? Vous êtes surprenant, Harry Potter. Je n’aurais jamais cru que ce soit l’une des choses qui vous intéresserait. Autant vos premiers choix étaient dictés car nous ne nous connaissions pas, autant maintenant… Je crois que je tombe à nouveau amoureux de vous, Harry.
Ma peluche préférée était un cadeau de mes parents. Nous sommes une famille Sang-Pur, comme vous le savez et mes parents ont, de ce fait, des liens de consanguinité. Ma mère a perdu un certain nombre d’enfants avant de m’avoir, moi, le bébé viable.
Pour fêter cela, mon père l’avait emmenée en voyage et ils ont visité une réserve de dragons en Roumanie. Mère a acheté une peluche là-bas pour s’en souvenir. Il a été placé dans mon berceau avant même que je naisse et ce dragon vert est devenu ma peluche préférée sans même que j’y pense.
Aujourd’hui, elle est râpée et en mauvais état, mais elle est toujours tout en haut d’une étagère, attendant sagement que je m’en prenne à nouveau à elle.
Je trouve cela triste que vous n’ayez pas eu de peluche. C’est comme si on se fichait un peu de votre enfance. Les enfants ne sont pour pas grand chose dans nos problèmes d’adulte, et vous ne saviez rien de la magie à l’époque. C’est profondément injuste. C’est… Je me demande quel est le bon mot pour décrire ce que je ressens. L’homme est si prompt à la cruauté.
Oui, vous avez bien deviné. On m’a reproché d’être Sang-Pur. Ma famille s’en vantait, s’en enorgueillissait. Difficile de ne pas tirer certaines conclusions et de ne pas les généraliser à tous ceux portant notre nom.
Mais, je suis ravi que vous vous en moquiez. Je n’aurais pas aimé vous mentir sur cela dans nos lettres.
Je n’ai connu aucun de mes grands-parents. Néanmoins, ma mère a mis un point d’honneur à me les faire connaître, par des histoires qu’elle me racontait. Ce qu’elle ne savait pas -et ne sait toujours pas- c’est que bien souvent, j’allais m’asseoir dans notre galerie de portraits pour parler avec eux.
Et il se trouve que ma grand-mère paternelle -enfin, son portrait- était une grande amatrice de littérature. J’allais lui faire la lecture ou je lui demandais ce qu’elle pensait de tel ou tel livre. C’est comme cela que je me suis mise à aimer la lecture.
Plus que devenir un autre, j’aime l’idée de pouvoir me connecter avec ceux qui ne sont plus. Ce n’était pas très sain pour un jeune enfant, mais le Manoir était immense et il n’était pas très compliqué de fausser compagnie à ma mère pour satisfaire ma curiosité.
Je crois que nos elfes de maison s’en souviennent encore et m’en veulent encore. Trois d’entre eux étaient mes nourrices. Quand j’ai eu un enfant, je leur ai proposé de reprendre leur rôle (l’un d’eux a été libéré et est heureux ainsi). Ils étaient à la fois ravis de s’occuper de lui et terrorisés de ce qu’il allait pouvoir leur faire subir. Je crois que mon fils est bien plus angélique que je ne l’étais.
Que vous dire sur mon meilleur ami et le scotch… Ma famille a une petite fabrique de scotch depuis des décennies. Cela fait parti des choses dont je m’occupe. Nous ne vendons rien de notre production. Nous ne nous en servons que pour notre usage personnel ou comme cadeau.
Il n’est pas mauvais et comme il est introuvable, mon meilleur ami a pris la mauvaise habitude de venir descendre mes bouteilles. Il n’est pas toujours très raisonnable, mais le plus souvent mes elfes savent lui interdire l’accès au placard de spiritueux quand ils estiment qu’il en a assez profité.
Je ne sais pas si la dernière guerre aurait pu être évitée. J’ai du mal à imaginer « ce qui aurait pu être ». C’est porteur de trop de regrets et de trop de gâchis. J’essaye de ne pas regarder derrière moi et de ne pas me demander ce que j’aurais pu changer pour que ça se passe mieux ou moins mal. On ne peut rien faire pour modifier le passé. Il faut simplement apprendre à vivre avec. Et faire ce que l’on croit nécessaire pour l’avenir.
J’apprends à mon enfant le respect d’autrui, le droit à la différence. Ça ne permettra pas de tout résoudre, mais c’est une petite pierre dans un jardin et si nous en mettons tous une, le chemin finira par être pavé…
Le jour où mes proches décideront d’avoir des enfants, je sais qu’ils feront ce qui est nécessaire pour que jamais ils ne vivent ce que nous avons vécu.
J’imagine que cela a dû être difficile de voir quelqu’un que vous aviez aimé être tué sans pouvoir agir. Je comprends qu’être pétrifié puisse être horrible. Je suppose qu’il ne faut pas chercher à être rationnel face à la peur et aux sentiments. Néanmoins… Vous n’y étiez pour rien.
Vous n’aviez pas choisi. Vous ne pouviez que subir. C’est ainsi et vous ne pouviez rien faire contre. Vous ne devriez pas avoir honte. Harry… Ce que vous avez vécu était déjà bien trop pour un adulte. Alors, pour un enfant… Qu’en dire ? Vous n’auriez jamais dû porter cela sur vos épaules. Autour de vous, on aurait dû vous en protéger, comme tous les autres enfants auraient dû l’être. Tous les adultes ont été dysfonctionnels durant ces deux dernières guerres et cela a occasionné bien des drames.
Quand vous me dites que vous savez cuisiner autre chose que des cookies, c’est un encouragement pour vous réclamer des petits plats ? Parce que si c’est le cas, je pourrais parfaitement le faire. Je sais à peine cuisiner, je dois vous l’avouer. Par contre, je sais très bien passer commande à mes elfes ou chez le traiteur.
Mes secrétaires ont commencé, l’air de rien, à s’intéresser à mes appels de cheminette et mes coups de téléphone moldu. Juste histoire de voir s’ils n’arrivent pas à trouver le nom de la personne mystère. Peel m’a demandé s’il devait réserver un restaurant pour les soirs à venir et Madame Gale m’a demandé qui elle devait indiquer comme « + 1 » à l’invitation qu’elle venait de recevoir pour la semaine prochaine.
Autant dire que j’ai pris un air parfaitement innocent et que j’ai dit que je ne voyais pas de quoi ils parlaient, bien sûr.
Harry, pardonnez mon audace, cela ne se dit pas, ne se fait pas, mais… j’ai eu une image très ferme sur la manière dont vous vous êtes occupé de mon cadeau.
M’en voudriez-vous si je vous avouais que je me repasse cette image le soir ?
A bientôt,
William. »
Harry pouffa de rire en lisant la conclusion de la lettre de son correspondant. Cela faisait plusieurs semaines qu’ils tournaient autour de cette question : est-ce que l’autre les excitait ?
Il n’avait jamais encore osé se masturber en pensant à William. Par contre, oui, il le faisait de plus en plus en imaginant des hommes. Même s’il n’avait jamais dépassé les quelques baisers et furtives caresses avec eux, il avait des idées bien claires dans ce qui pouvaient se faire. Et plus encore, sur ce qu’il avait envie de découvrir avec son inconnu.
Regardant le contenu de l’enveloppe, il sortit son présent.
J’espère que vous me pardonnerez d’envahir vos placards avec ce présent. Je vous imagine déjà très bien là dedans et je rêve littéralement de vous voir avec. Vous seriez… Superbe.
William.
Il ne savait pas ce qu’il avait en tête, mais il brûlait de le savoir.
A l’intérieur, une fois la taille normale retrouvée, il découvrit une chemise. Une chemise blanche, cintrée, en coton égyptien. Elle était superbe et elle était parfaitement à sa taille, découvrit-il en l’essayant.
Il savait parfaitement quand il allait la porter. Et il espérait qu’il y aurait des photos de l’événement pour que William puisse en profiter.
***
Draco envisagea de se planquer dans son bureau pour lire la réponse de Harry, avant de se souvenir qu’il n’était pas celui qui devait battre en retrait. Après tout, il était chez lui !
Néanmoins… Il n’avait pas prévu de trouver Greg dans son salon. Il n’était pas du genre curieux ou fouineur. Il pensait avoir le retour de Pansy ou d’Astoria, mais non. Il n’en était rien.
- Greg. Que puis-je faire pour toi ? Demanda-t-il bien qu’ayant des doutes sur la réponse.
- La rumeur voudrait que tu dragues…
- Courtises, coupa Draco.
- … Harry Potter, continua son ami sans prendre garde à l’interruption. Et que veux-tu, on prend notre ticket pour en savoir un peu plus que cela, vu que tu es cachottier. Mais si tu nous envoyais un rapport précis chaque semaine, cela nous éviterait de venir récupérer les informations à la source.
Le blond le regarda pendant de longues secondes, avant que son ami ne lui tende l’enveloppe décachetée.
- On se doutait que tu ne voudrais pas, répondit-il comme si tout cela était normal.
- Je te préférais quand tu obéissais sagement et bêtement à ce que je te disais, fit-il en lui arrachant les feuillets des mains.
Le ricanement de Greg valait toutes les réponses du monde.
« William,
Je vous remercie pour votre compréhension. Et votre colère face à la situation. Ça fait du bien de savoir que ces idiots ne sont pas majoritaires et que les hommes de bien existent toujours.
C’est compliqué de s’en souvenir quand on voit uniquement des horreurs -même si c’est la raison même de mon travail. Un peu de baume au cœur dans un monde de brutes.
Néanmoins, il faut que je vous dise quelque chose. Il y a une différence dans les faits entre ne rien faire pour empêcher quelque chose et commettre le crime soi-même. Et ne rien faire par peur n’est pas la même chose que ne rien faire parce que l’on approuve.
On ne peut pas demander à tout le monde d’avoir le courage d’un lion. C’est l’être humain qui est au cœur de notre métier. On ne peut pas imposer à l’autre d’être comme on le souhaite. S’impliquer fusse uniquement avec de l’argent ou par le biais de son réseau, c’est mieux que rien. C’est mieux que laisser faire.
Je ferai tout pour les faire condamner par notre justice.
Je n’ai jamais pensé à devenir le « visage » d’une association, comme vous dites. Je suppose que j’ai tellement eu l’habitude d’être utilisé sans mon consentement que maintenant… Je n’y pense plus. Pas.
Après, il faudrait que je trouve une cause et des gens en qui je pourrais croire. C’est le plus compliqué, je suppose. Faire confiance est compliqué pour moi, surtout quand on parle de ce qu’autrui pourrait faire de mon nom. Comme vous le disiez dans votre lettre, les adultes n’ont pas joué leur rôle et j’ai du mal à faire confiance à cause de ça, j’en ai bien peur.
C’est compliqué de croire qu’il n’y a pas un but caché derrière certaines actions, quand il y en a toujours eu par le passé. Et si j’arrive à le dire aujourd’hui, c’est grâce à presque dix ans de thérapie. Ce n’est pas radical, mais ça aide sur certaines choses.
Je vous pardonne parfaitement de m’imaginer la tête sur vos genoux et vos mains dans mes cheveux. J’adorerais le vivre. Vous me ferez le plaisir de le réaliser pour moi quand nous nous rencontrerons ? (Voyez-vous, en bon Auror, j’ai compris que vous aviez une idée en tête et qu’il me faudra attendre le moment que vous trouverez bon. La seule chose que je n’arrive pas à savoir, c’est si vous avez déjà choisi la date ou si c’est un acte que vous attendez. Mais j’accepte d’avoir la surprise.)
J’ignorais que vous lisiez les pages « people » de la Gazette. C’est plutôt mignon. J’espère que vous ne m’en voulez pas trop de ne plus autant les alimenter. Mais rassurez-vous, je pourrais essayer de vous faire parvenir des clichés plus privés, si cela vous plait.
J’ai besoin de faire du sport. Je cours même pendant mes vacances, mais je n’ai pas besoin d’un métier physique. J’ai besoin de me dépenser, mais pas à ce point. (Et quand je parle de me dépenser, je ne pense pas qu’au sexe. Même si c’est une bonne dépense. Et oui, je crois que je viens de dire le mot que nous évitions depuis le début. « Sexe ». Vous m’en voulez de ne pas avoir autant d’élégance que vous ?)
Lorsque j’ai commencé mes études pour devenir Auror, j’avais besoin d’arrêter de penser le soir en rentrant. Sauf que le sport, à un moment, ça ne marchait plus. Grâce à l’entraînement, j’avais une meilleure endurance et cela ne m’épuisait plus autant. Alors, j’ai fini par lire les cadeaux d’Hermione. J’avais presque dix ans de retard.
À défaut de pouvoir arrêter de penser, je pensais à autre chose. Et l’un dans l’autre, je me suis mis à dévorer tous les livres qui me tombaient sous la main. Sans aucune exception. ‘Mione m’a rapidement fait des listes, m’a fourni et… Un jour, elle a arrêté de pouvoir suivre. Elle déteste l’avouer, mais je sais qu’au fond d’elle, elle en est très fière. Grâce à elle, je suis devenu cultivé. Les miracles arrivent !
Quant à votre analyse de Blake… Sachez que je vous rejoins. J’ai toujours trouvé Bataille trop réducteur. Je ne vois pas pourquoi montrer que le Mal existe ferait de nous le supporteur du mal. Il faut un peu plus de nuance que cela, dans notre monde.
Ma question de la semaine n’a rien de personnel, mais je suis très curieux. Est-ce que vous allez suivre l’Eurovision ?
Pour ma part, je le regarderai. Depuis que je vis seul, je le regarde tous les ans. Je crois que je me suis laissé gagner par la passion toute britannique pour ce concours. Je ne sais pas encore qui je soutiendrais. Je n’ai pas eu le temps d’écouter les différentes chansons, en dehors de celle de Molly.
Pour ce qui est de votre peluche, j’aime beaucoup l’histoire qui va avec. Elle est très belle. Votre père semble tellement amoureux de votre mère quand vous racontez cela. On ne croirait pas que c’est un mariage de convenance. Mais je comprends pourquoi vous la conservez. C’est important les symboles et celui-ci tout particulièrement.
Oh ! Je vous imagine si mignon, petit à faire la lecture à vos portraits de famille. A croquer. L’image est terriblement touchante. Vous semblez avoir eu une enfance très solitaire, néanmoins.
Je prends par contre bonne note que vous étiez un petit monstre enfant. Êtes-vous sûr que vous êtes sage, maintenant ? Ou avez vous toujours quelques diableries en réserve ? J’espère que c’est le cas, si vos proches sont volontaires pour les vivre.
Est-ce que vous allez toujours parler aux portraits ou est-ce que vous avez abandonné la pratique ? Avec ces deux dernières guerres, je suppose que vous avez dû perdre des proches. Un des frères de mon meilleur ami est décédé, ainsi qu’un certain nombre de personne que je connaissais. J’ai perdu les derniers amis de mes parents avec elle. Mais je n’ai jamais pensé à aller parler à leurs peintures. Peut-être devrais-je essayer… Néanmoins, je crains que ce ne soit une chasse aux alouettes dans mon cas.
Vous êtes plein de surprise. Vous avez votre propre distillerie ? C’est inattendu.
Je n’aime pas réellement le scotch. Je trouve son goût ton âpre, mais peut-être que vous m’apprendrez à l’apprécier. J’espère que vous aurez beaucoup de patience, par contre. En échange, je vous apprendrais à cuisiner si vous voulez.
Je ne bois pas beaucoup -ce n’est pas par conviction personnelle, mais plutôt par absence de goût pour l’alcool- et je sais encore moins choisir une bouteille. Alors, vous avez déjà un avantage sur moi. Peut-être que vous saurez aussi m’aider à choisir le bon vin avec le bon plat. Est-ce que vous savez aussi faire cela, William ?
Comme je vous le disais plus haut, je sais que je n’ai rien à me reprocher, car je n’ai pas choisi quoi que ce soit à l’époque. Je l’ai juste subi comme n’importe quel autre enfant. Néanmoins, oui, les adultes ont été parfaitement dysfonctionnels, même ceux qui m’aimaient. La peur fait faire des choses bien stupides, comme laisser un enfant aller au combat, juste parce qu’il est soi-disant l’élu…
Pour mes proches, c’était des choses difficiles à comprendre, car ils ont vécu comme moi, le besoin, l’urgence d’agir. Je sais que j’ai fait ce que je devais, tout comme eux. Mais cela ne veut pas dire que c’était normal qu’on nous laisse faire. C’est ce dernier point qu’ils ont mis longtemps à comprendre. Et qui vous semble si naturel. Vous connaître plus tôt m’aurait certainement permis d’échapper à des années de thérapie. Quel dommage que cela n’ait pas été le cas !
J’aime beaucoup comme vous êtes cruel avec vos secrétaires. Dire qu’ils ne veulent rien d’autre que votre bonheur (je resterais sur cette image d’Epinal, jusqu’à ma rencontre avec eux).
Quant à votre cadeau… Il est magnifique. Je suis purement et simplement amoureux de votre présent et j’ai déjà une idée sur l’occasion parfaite pour le baptiser. Peut-être que si vous êtes charmant, je m’arrangerai pour que vous ayez une photo de cette première fois entre elle et moi.
Je ne vous en veux pas une seule seconde, William, de vous repasser en technicolor les images que vous avez de moi dans mon lit. Je crois que je peux comprendre ce qui vous y pousse.
Vous avez ma bénédiction. Après tout, vous êtes un gentleman dans vos lettres, mais je ne voudrais pas vous y contraindre le soir.
A bientôt,
Harry. »
- Tu sais, commença Greg, je le voyais pas comme ça, Potter. Il a l’air drôlement joueur et pas bégueule. Je le voyais plus… donzelle en détresse. Mais comme dans les mauvaises compositions de Pansy. Tu vois ?
Draco hocha la tête. Il voyait parfaitement.
Il ne portait pas réellement d’intérêt à son ami à cet instant, alors qu’il faisait glisser le présent de l’enveloppe. C’était une simple boule à neige, mais clairement Harry l’avait bidouillée pour qu’en lieu et place des flocons, il y ait des petits dragons. C’était terriblement mignon.
- Il ne faut pas toujours croire ce qu’on lit, Greg, marmonna le blond totalement fasciné par son cadeau.
- Et il ne m’écoute plus du tout, soupira son ami, faussement énervé.
Il connaissait Draco depuis toujours et c’était bien la première fois qu’il le voyait baisser sa garde ainsi. Il était parfaitement ailleurs à cet instant et il se moquait éperdument de ce que les autres allaient penser.
Comme quoi, Potter pouvait peut-être avoir du bon dans la vie de leur blondinet préféré…
A suivre...
N'hésitez pas à reviewer, cela fait toujours plaisir !
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