Suite à une dure négociation avec mon homme ("si tu lis ce roman, je lis ce comic", qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour le faire lire un roman - qu'il a adoré, d'ailleurs - !), j'ai attaqué, avec réticence, ce fameux comic bourré de morts vivants (le genre que je fuis complètement) et...
Ah, c'est absolument génial !!!
Une oeuvre extraordinaire, profonde, qui va largement au-delà de toute l'image que l'on a sur les histoires de morts vivants, que l'on classe plutôt dans la catégorie "horreur" (je ne le classerai d'ailleurs pas dans la catégorie "épouvante-horreur", personnellement), puisque là, c'est différent : l'auteur se sert de cette base, en fait, pour poser énormément de questions, passionnantes, profondes, sur l'humanité d'une manière générale.
L'histoire : le personnage principal se réveille de son coma dans un hôpital devenu vide et découvre un monde nouveau, changé il ne sait comment, n'ayant suivi les évènements, et peuplé de morts vivants dans lesquels il ne voit, dans un premier temps, aucun autre survivant.
Alors, il part à la recherche de sa femme et de son fils.
L'auteur ne cherche à aucun moment à justifier son univers, et il a bien raison : on s'en fout de savoir comment tout ceci est arrivé, on n'a pas besoin d'avoir d'explication débile à coup de détails scientifiques, d'ailleurs, le fait étant peu justifiable physiologiquement. On se retrouve juste dans une situation donnée : voilà ce qu'il se passe, voilà ce que le monde est devenu, et, de cette situation donnée, l'auteur s'en sert pour soulever énormément de questions passionnantes.
C'est une série qui se dévore. Complètement. Les tomes de finissent quasiment à chaque fois sur un cliffanger absolument insoutenable, les dernières cases des doubles pages font souvent de même, poussant à lire très vite pour se précipiter voir ce qui a bien pu faire avoir une telle expression au personnage de la dernière case, etc. Le dessin est de très grande qualité : certes, bien plus faible dans le premier tome que dans la suite, mais l'émotion et la force de ce que ressentent les personnages est déjà là, de manière très expressive et dans la suggestion, les non-dits... Tout passe impeccablement sans que ni le scénariste ni le dessinateur aient besoin d'en rajouter.
Et, pourtant, malgré cette précipitation que l'on a à lire, on ne peut s'empêcher de s'arrêter, régulièrement, un instant lors de notre lecture ou entre deux tomes, pour se poser des questions. Comment réagirait-on dans une telle situation ? Comment les rapports humains se construisent ? L'importance du fait de former un clan, ce à quoi force la nécessité de survie, comment réagir à telle ou telle situation, d'autant plus que l'auteur nous montre rapidement que le plus gros danger ne vient pas des morts vivants, mais des survivants, en proie à des choix cornéliens face à de telles situations.
J'ai aussi énormément apprécié la façon dont l'auteur parle du thème de l'enfance : doit-on protéger les enfants de ces horreurs (autant qu'il le soit possible) ? Doit-on leur apprendre à se défendre ? (très vite évoqué par le héros principal qui se demande s'il doit donner une arme à son fils de sept ans). C'est fort, c'est poignant, c'est profond, c'est vraiment une excellente oeuvre.
Et, autre point fort : l'auteur ne tombe ni dans l’extrémisme ni dans la facilité du "vous avez cru que vous avez vu des choses horribles, je vais vous en montrer encore plus" : tout est ici parfaitement justifié, logique, réfléchi, ce qui fait que, pour quelqu'un comme moi qui craint énormément la violence gratuite que l'on nous montre parfois, ici, malgré l'univers très très dur qui est décrit, je n'ai pas eu ce sentiment de "trop".
Enfin... sauf lors des tomes portant sur le "Gouverneur", soit les tomes 8 et 9, où là, non seulement ça va un peu trop loin, mais on en voit trop, à certains moments, aussi, erreur qu'avaient jusque là évité de faire les auteurs. Du moins, c'est mon avis.
J'en suis au chapitre 11. Je commence à trouver que la barrière du "trop" a été un peu franchie, parfois, c'est donc un chouill' moins bien, à mon avis, mais ça reste toujours horriblement addictif et incroyablement humain : une excellente série, profonde, sur tous les points, et extraordinaire dans ses premiers tomes, même pour les réfractaires au genre.