Bilan.

May 13, 2011 12:43

Vous savez quoi? C'est l'heure du

Questionnement personnel annuel!!!
Ou du moins du quatrième de l'année. Oui on est en mai, j'ai un début d'année assez chaotique.

Et cette année, je vais réfléchir sur le fait d'être graphiste professionnel, ou du moins, de la farce que c'est pour moi.
Bien. La plupart d'entre vous (enfin, tous je pense si vous suivez ce LJ moribond), savent que je dessine. Et ouais. J'ai toujours dessiné, j'ai toujours aimé dessiner, et c'est à peu près la seule chose que je sais faire (je sais aussi déboucher un évier et le remonter sans fuite, mais c'est une autre histoire).

Étant enfant, je voyais le métier de dessinateur de Bd comme génial: Tu dessinais ta BD, elle était mise en rayon, et tu recevais l'argent par la poste (ou directement sur ta carte de crédit, j'avais une connaissance de la vie professionnelle assez abyssale à l'époque). En grandissant je me suis aperçue que la réalité était tout autre. J'ai vite abandonné l'idée de faire des études de dessinatrice de bande dessinée et me suis orientée en lycée pour un bac art appliqué à l'industrie, sur les conseils d'un conseiller d'orientation qui n'avait pas vraiment une idée précise sur ce que c'était réellement. Je met fréquemment le fait que j'ai eut mon bac sur plus d'entêtement que de talents aux études. Sérieusement. Les MATHS m'ont fait passer mon bac. (Les MATHS! Tout ceux qui me connaissent personnellement doivent rouler de rire par terre).

Donc après un bac obtenu de justesse et le refus de toutes les écoles d’illustrations à laquelle j'ai postulé, je me suis retrouvée sans école supérieure. Ce qui, après m'être fait marteler la tête par les profs que « sans école supérieure vous n'aurez pas de travail, jamais, vous finirez SDF sous un pont! », m'angoissait réellement, au point de postuler dans une école privée pour un BTS communication visuelle.

Deuxième erreur de ma vie. S'ensuivirent deux années (redoublement, payant bien sur) ou la plus grande question qui me revenait était: « mais je sais mieux dessiner que les trois quart des élèves ici, comment ça se fait que je n'arrive pas à suivre? »
Réponse: en comm visuelle, on s'en bat les corones que tu saches dessiner. Ce qu'il faut, c'est que tu ais assez de tchatche, de gueule, de bagout, bref, que tu saches vendre ton dessin merdique comme une œuvre d'art publicitaire.
J'ai testé. J'ai fais les dessins d'une camarade de classe un jour et comparé avec mon propre travail. Elle a eut quinze. J'ai eut huit.
Au bout de deux ans, je me suis fait virer comme une malpropre, sous prétexte que la communication visuelle n'était pas pour moi. Sans rire?

Bac+0 à l'époque. Je ne connaissais que quelques commandes basiques de photoshop et je suis balancée dans la vie professionnelle comme un pavé dans la mare. Non, ça ne signifie pas que j'ai fait des vagues. Ca veut dire que j'ai coulé au fond, dans la vase.
Dans un sens, j'ai eut de la chance. Un boulot de graphiste s'est libéré dans un laboratoire suisse, près de là ou habitait mes parents. J'ai donc réussit à travailler dans un domaine plus ou moins lié au graphisme (moins que plus, plutôt) et j'étais déterminée à faire mes preuves en tant que graphiste et grimper les échelons de manière professionnelle à défaut de réussite estudiantine.
Il s'est avéré que je n'avais pas été engagée comme infographiste, mais comme larbin. Je ne faisais que les petits travaux que les messieurs du bureau ne voulaient pas faire, toutes les petites merdes indignes d'eux, des graphiques sous illustrator, la commande de matos d'impressions, recharger le papier et les cartouches d'impression des imprimantes, nettoyer le bureau, l'accueil clientèle, le suivi impression, le bouc émissaire auprès du patron quand l'un des collègues merdait, arroser la plante verte du collègue (et la décorer pour Noël, ça c'était fun il en a fait une apoplexie), et la seule raison pour laquelle je ne faisais pas le café, c'est que la cafétéria était à l'étage supérieur. (Le tout pendant que l'un des collègues faisait mumuse avec la caméra, et l'autre avec l'appareil photo et 3DSmax. Le patron? Je ne sais pas ce qu'il foutait enfermé toute la journée dans son bureau et je ne veux pas le savoir).
J'ai néanmoins apprit énormément pendant ces deux ans. D'abord pleins d'insultes en italien. Cazza. Figlio di putana. Putana. Stronza. Vaffanculo. (Parfois, je me demande si mon ex-patron n°1 n'était pas atteint du syndrome de Tourette).
Ensuite, j'ai appris à utiliser photoshop, illustrator, indesign et dreamweaver. Attention hein, je n'ai pas apprit grâce aux connaissances supérieurs que mes collègues m'auraient transmise dans un élan d'altruisme inégalé que Mère Theresa à coté, c'est une grosse égoïste.
J'ai appris en prenant le mode d'emploi des logiciels sur les genoux et en testant les commandes une à une. Dans un anglais plus qu'approximatif vu que mon patron estimait que les modes d'emploi en français, c'est de la merda.
Au bout de deux ans, c'est moi qui leur ait dit vaffanculo.
J'avais économisé, prit des cours de dessin pour remonter mon niveau (parce que après six mois de déprime à ne plus dessiner, j'en avais besoin) et j'avais passé l'entretien de passage à l'école Emile Cohl de Lyon.

Ce fut un an de pur bonheur. Un an où pour la première fois de la vie, je me sentais enfin à ma place, j'avais l'impression d'apprendre des choses, j'étais dans les dix premières de la classe! Pour une cancre, vous n'avez pas d'idée à quel point ça faisait du bien.
Et a la fin de cette année, j'ai dut faire le dur choix d'arrêter pour cause de finances (pourquoi les écoles d'art coûtent aussi cher?! Je ne pouvais me payer que deux ans d'études sur quatre et pas moyen que je prenne un prêt étudiant si je ne pouvait pas le rembourser après les études) ou de tenter une reconversion dans une école qui m'assurerait peut être un emploi plus demandé que simple illustratrice.

Troisième erreur.
Je suis partie en école d'infographie 3D.
L'année fut catastrophique, tant scolairement que personnellement. J'ai perdu toute la confiance en moi que j'avais accumulé à Emile Cohl.
Et je me suis fait virer. Encore. À un ou deux dixième de points près. Merci Mr Bigeast, je ne vous regrette pas, vous et votre incompétence notoire en tant que professeur.

Résultat des courses.
Bac+0.
Une expérience professionnelle de larbin graphiste mais interdiction de montrer les travaux de l'époque pour cause de clause de confidentialité.
Devoir justifier l'arrêt de trois écoles sans obtention du diplôme auprès de potentiels employeurs.
Une bonne maîtrise des logiciels professionnels, mais aucune idée des techniques de travail à appliquer.
Un book bourré de dessins mangasse, parce que les employeurs en ont rien à faire des pastels et fusains artistique d'Emile Cohl.

Avec tout ça, j'ai échoué dans mon second travail. A tout les sens du terme. J'ai été engagée comme illustratrice pour un site de jeu casual qui fut ma seconde désillusion du monde du travail et qui a détruit pour moi le mythe du professionnel adulte, organisé, méthodique et compétent.
Quatrième erreur, vite suivie par la cinquième: Démissionner et créer ma micro entreprise de graphiste indépendant.
Vous vous souvenez le coup de l'école privée de communication visuelle ou il faut maîtriser l'art de la tchatche? Ben graphisme indépendant, c'est pareil. Je suis incapable de démarcher des clients, de les convaincre de m'embaucher et surtout de les obliger à me payer bordel.

Troisième boulot. Graphiste dans le domaine du jeu vidéo pour greluches petites filles qui aiment le roses et les poneys. Je commence à me faire petit à petit à l'idée que la vie professionnelle est faite de guignols incompétents. Tant pis pour eux. Je m'organise, je bosse vite, je bosse bien, je découvre que j'ai été engagée parce que je suis une fille (je reste perplexe à ce sujet là,je dois en être contente ou vexée?) et la boite ferme pour mauvaise gestion au bout de neuf mois.

Quatrième boulot. J'arrête de déménager à l'autre bout de la france pour un CDI. Désormais, je déménage pour un CDD qui pourrait éventuellement, peut être, on ne sais jamais, si la conjonction est bonne, que le jeu marche et que la lune est assez haute, bref, pourrait déboucher sur un CDI.
Again, désorganisation, médiocrité du travail, démotivation, coup de pieds au cul pour les faire bosser et finir le jeu avant que mon CDD se termine, histoire d'avoir des retours et mon CDI.
Queudalle. (Il y a deux semaines, j'ai découvert qu'ils avaient fermé le compte mail de la boite avec lequel je communiquais avec eux. Même si c'était involontaire de leur part, ça en dit long sur l'importance de mon travail à leurs yeux. Après tout, je n'ai fait que tout les graphismes, animations et décor du jeu (fin du sarcasme). )

Chômage à nouveau.

Découverte que non, en tant que graphiste indépendante, je ne suis pas autorisée à vendre des reproductions de mes propres œuvres d'art. C'est des originaux ou rien.

Découverte après deux mois à m'entêter que non, prendre un job à mi-temps comme vendeuse de vêtements ne m'aidera pas à garder la tête hors de l'eau. Selon mon ex-patronne N°4: «Ce fut une erreur de t'embaucher. Ca a été catastrophique, les clientes se sont plaintes.» (Pas devant moi en tout cas, connasse. Si tu encourageais et aidais plus les vendeuses débutantes plutôt que mettre leur bons chiffres de vente sur le compte de la guérisseuse spirituelle qui venait se servir dans les rayons, ça aurait probablement mieux marché. Et mon poids t'emmerde au fait.)

Cette semaine, je commence une réflexion sur la reconversion.
J'arrête le graphisme professionnel.
J'enverrais des books d’illustrations aux maisons d'éditions, mais j'arrête de compter dessus à tout prix.
Je continuerais mes projets de BD en auto édition, au rythme que JE veux.
Désormais, le dessin, ce sera pour moi et pour ceux qui auront les sous de m'acheter des toiles et des aquarelles originelles.

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