Une fois n'est pas coutume, j'ai dévoré un bouquin ces deux derniers jours (il faut dire que se réveiller spontanément à 5h30 du mat, ça aide à trouver du temps pour ça...). Le bouquin était La Langue du silence, que j'ai reçu il y a de cela quelques jours.
J'ai été agréablement surprise -- je n'avais pas fait de beta-lecture ou quoi que ce soit sur cet ouvrage, et il est vrai qu'à première vue, on pourrait plutôt le prendre pour de la littérature de jeunesse, mais une fois qu'on commence, on se rend bien compte que l'univers dégage tout de même une certaine noirceur. Les choses sont loin d'être aussi innocentes qu'elles en ont l'air.
Je vais essayer de ne pas spoiler la chose, espérons que je vais y arriver...
Ce qui m'a fascinée tout d'abord est le principe de l'Oraison (les oraisonniers sont à la base chargés d'envoyer l'âme des morts sur l'étoile qui leur correspond, afin qu'ils puissent se réincarner et avoir une vie meilleure), avec ce côté mercantile, "la mort finalement est un business comme un autre". On a ici une guerre de religion sous-jacente somme toute assez classique (la conversion des "païens" est après tout un motif de guerre comme un autre...), mais au fil du roman, on voit bien que cette même religion contient ses part d'ombres.
J'ai aussi beaucoup apprécié l'aspect "fusil de Tchekov" des personnages. Je m'explique: quand un personnage apparaît, il a un rôle à jouer, même mineur, il n'est pas là gratuitement. Alors je sais bien que dans la vie réelle, ce n'est jamais comme ça, mais dans le cadre d'un roman, en fait, j'aime bien, car cela permet de tisser ensuite plus efficacement la trame narrative, sans qu'il reste de bonshommes dont on se dit "heu, et lui/elle, c'était quoi l'intérêt?".
Il y a aussi la façon dont tout se tisse, et l'épilogue, qui m'a fait ricaner comme une hyène en me disant "j'aurais dû m'en doûter, c'est grandiose" (mais chut, je ne spoilerai rien!). Je mentionnerai aussi l'univers, dont on sent que l'auteur l'a bien peaufiné: on "sent" qu'il y a un" vrai" monde, de vraies civilisations, derrière, même si on n'en voit sans doute que 10 ou 20% au cours de l'histoire.
Enfin, une autre chose que j'ai encore appréciée est le traitement des voyages. Les personnages bougent, mais l'auteur ne s'étend pas sur la chose. Or les voyages qui s'étalent, du genre 10 chapitres pour arriver de A en B, moi ça me gave vite.
A l'inverse (parce qu'il y a toujours des mais pour tout), je pense que ce dernier aspect concourt un peu, justement, au côté parfois effréné de l'intrigue et au développement qui semble trop rapide de certains des personnages (Sam a dû faire des coupes, 300.000 signes en tout, ce me semble). Par moments, j'ai dû revenir 2-3 pages en arrière car je me disais "attends, là, j'ai pas tout suivi... ça va un peu trop vite". N'ayant pas eu les versions beta en main, je ne peux bien sûr pas comparer, c'est plus une impression qu'une analyse à ce niveau-là. Ceci dit, je crois que je préfère encore un déroulement rapide à l'inverse, donc à la fin ça ne m'a pas trop gênée.
De plus, certains éléments ne trouvent pas réponse la fin du volume, ou appellent à plus de mystère encore. Je suis partagée. J'aime bien que tout soit résolu à la fin... mais comme je sais aussi que c'est un diptyque, et qu'en plus je fais exactement la même chose quand je maîtrise une campagne de JDR, finalement, le fait de savoir que les réponses arriveront dans le volume 2 permet de maintenir une dose de mystère et de donner un petit cliffhanger. Après, il faut gérer son impatience... le volume 2 sera normalement publié en 2010.
En bref: j'ai bien aimé ce roman, il est d'un abord léger et agréable, tout en mettant en scène des personnages et des situations qui vont amener à un certain questionnement (la vérité sur l'assassinat de Mylianne et la religion, entre autres).