Pour commencer, j'avoue n'avoir même pas cherché à savoir si ce livre existait en français, d'où ma lecture dudit ouvrage en anglais (ce qui tombe bien, j'ai pu le faire passer dans mon challenge ABC 2007). Quoi qu'il en soit, pour en avoir entendu "parler" par le biais de mes lectures lovecraftiennes et derlethiennes il y a de cela des années déjà, j'étais contente d'avoir enfin pu le trouver.
Il s'agit donc là d'un recueil de nouvelles, tournant toutes plus ou moins autour d'une pièce de théâtre fictive en deux actes, Le Roi en Jaune, réputée pour être à la fois d'une beauté terrible et d'une ignominie à faire damner tous les saints. En bref, ceux qui ont l'audace de la lire ne sont plus jamais les mêmes, lorsqu'ils ne meurent pas ou ne voient pas leur âme détruite, tout simplement.
Dans les faits, les premières nouvelles du recueil sont les plus axées autour de cette pièce et de son mystérieux protagoniste, ce Roi qui vraisemblablement existe indépendamment d'elle. D'ailleurs, la toute première est à classer dans la catégorie SF/Anticipation, puisqu'elle se déroule dans un New York de 1920 (le livre, lui, a été publié en 1895, ne l'oublions pas). Les suivantes, quant à elles, traitent également du thème de l'innocence à jamais perdue, de la connaissance que l'on ferait mieux de ne pas découvrir, mais le côté fantastique s'y perd quelque peu au profit d'une peinture du Quartier Latin et de la vie des "artistes français" à la fin du XIXème siècle. L'on aimera ou pas, mais j'ai trouvé qu'il s'en dégageait malgré tout une ambiance fort poétique, bien que paraissant peut-être, à notre époque, "idéaliser" le côté "bohême" de Paris.
Bizarrement (ou pas?), la nouvelle que j'ai le plus aimé est [i]The Street of the First Shell[/i], retraçant le siège de Paris en 1870. A mon goût, il s'en dégage un parfum tout particulier, à la fois de désespoir (on a l'impression qu'ils ne vont jamais la faire, cette percée) et d'espoir (la fin, lorsque l'on voit enfin cette "rue du premier obus"). Pas de Hastur ni de Roi en Jaune, juste des humains essayant de croire de leur mieux en un avenir meilleur. Et c'est en fait ce que l'on retrouve à la fin de l'ouvrage -- une percée vers l'espoir, plus que vers l'horreur.
Pour finir, une "petite" citation: Cassilda's Song, l'un des très rares extraits de la pièce...
Along the shore the cloud waves break,
The twin suns sink behind the lake,
The shadows lengthen
In Carcosa
Strange is the night where black stars rise,
And strange moons circle through the skies
But stranger still is
Lost Carcosa
Songs that the Hyades shall sing,
Where flap the tatters of the King,
Must die unheard in
Dim Carcosa
Song of my soul, my voice is dead,
Die thou, unsung, as tears unshed
Shall dry and die in
Lost Carcosa
Voir la liste complète du challenge.