DESTIN DU DESSIN

Aug 03, 2013 23:49



mon pinceau ne fait que des courbes
s'il avait été une plume, il eut fait des volumes.
mais c'est un pinceau de poils de martre
qui caresse le vélin, qui est fin, si fin,
qu'on voudrait l'embrasser comme la pointe d'un sein,
il fait des arabesques,
 la rosace de la cathédrale de Chartres,
se lève, se baisse, parfois grotesque,
mais toujours traçant,
délimitant des zones franches,
une fine limite,
 un lien noir sur ta chair blanche,
excitant la retenue, le franchissement,
ce contraste étonnant entre trait et fond.
ça résume toute la vie,
la frontière entre peau et dedans,
là où l'on peut aller
et là où personne ne peut errer,
le temps d'avant et celui d'à-peu près,
c'est une chaîne infranchissable
dès qu'elle est tracée,
et rien n'y fait,
ni la gomme, ni le recouvrement,
elle est là, ça se devine,
on le sait,
c'est barré.
sauf.
je vois ta main,
elle tire la fibre,
l'étire,
la rompt,
libère le flux,
lève l'embarras du barrage,
accueille l'inédit,
dénoue la bourse,
se fait héros d'entrée en ville,
debout sur le char fièrement dressé,
et dit à la foule rassemblée et fébrile,
" oyez, oyez, peuple du désir, éclatez !"
et s'en est finit du projet,
j'ai renversé l'encrier,
la Chine gagne l'assemblée,
Rorscharch et l'esthétisme tachiste
ont eu raison de la délicate main de schiste,
quitte à tourner la page,
et à recommencer.

понравилось, красиво

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