[meme] Meme d'Halloween 2020
2020, c'est un peu le bouquet final des années de merde et quoi de mieux pour annoncer son déclin qu'une pleine lune le soir du 31 octobre ? Bah, un kink meme Halloween, pardi ! Car oui, même si cette année a décidé de nous casser massivement les gonades, on s'accroche à nos traditions et faute de pouvoir distribuer des bonbons cette fois-ci, au
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- J’ai voulu protéger des innocents et tuer des bourreaux, Merlin. Quelle est ton excuse ?
Le fantôme s’exprimait comme Morgana, mais quelque chose ne paraissait pas naturel, comme lorsqu’on regardait un reflet dans une eau troublée.
- Arthur était ton frère et mon ami. Nous aurions pu… je ne voulais pas ça, les choses auraient dû tourner autrement.
La jeune femme éclata de rire et bientôt, elle prit la forme de la sorcière d’autrefois.
- Ne me fais pas rire, pas quand vous m’avez trahi en premier.
Du poison imprégnait les paroles, un poison amer et froid comme la vengeance. Merlin avait fait ce qui lui avait paru nécessaire. Cela n’empêchait pas les questions.
Curieusement, le fantôme secoua la tête, une certaine lassitude se lisant dans ses yeux.
- Combien de fois avons-nous eu cette conversation en six siècles ?
- Je ne sais plus, dit le vieux sorcier, beaucoup trop.
- Tu aurais pu m’exorciser.
- Et me priver d’une conversation aussi agréable ?
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- Tu as toujours réponse à tout.
- Oh oui, c’est pour ça que tout le monde m’adorait, tu te souviens ?
- Tout le monde ne t’adorait pas, nous te supportions parce que ta bêtise nous attendrissait.
- Oh, tu m’en vois blessé. C’est la première fois en des siècles.
- Mais voyons… fais-moi une place.
Une chaise apparut inopinément. La jeune femme l’occupa aussitôt, portant la robe des beaux jours et la coiffure des funestes.
- Tu sais, ça me rassure presque que tu sois aussi misérable, d’une certaine manière, cela prouve que j’avais raison.
- Je suis encore vivant, moi.
- Et tu en es réduit à attendre le retour de ton cher Arthur.
- Je vois du pays, je rencontre des gens, je les aide. Toi aussi, non ? Enfin, en ce qui concerne voir du pays. Après tout, des fois, tu pars, mais tu reviens toujours.
La jeune femme (elle était si jeune à l’époque…) fit une mine mi-figue, mi-raisin, avant de lancer d’un air ironique.
- Il faut croire que tu n’es pas le seul à vouloir une conversation agréable.
Merlin soupira et, par un mouvement presque involontaire, servit un verre au fantôme.
- Touchante branche d’olivier, releva l’apparition. Tu me vois navrée de ne pas pouvoir la prendre.
- C’est l’intention qui compte ? tenta le sorcier, ce qui fit rire le fantôme.
- Comme tu veux, dit finalement Morgana au lieu d’évoquer l’enfer et ses pavés.
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- Alors dis-moi, grand Emrys, qu’est-ce que tu préfères dans ce monde dénué de magie ?
- Il y en a partout, Morgana, même dans les lieux les plus inattendus. La magie ne peut pas mourir, on lui donne juste le nom de miracle aujourd’hui.
- Que de poésie. Tu me vois navrée de ne pas pouvoir te croire, dit Morgana.
Un silence de plomb s’abattit sur la pièce, comme un mur invisible et dur. La rancune était souvent tenace entre deux anciens amis proches. Elle est semblable à un amour malade qui serait devenu effilé et pointu comme un poignard. Parfois, on ne pouvait la briser. Cependant, et les magiciens le savaient bien, il arrivait que certains mots simples fussent assez forts pour causer des fêlures.
- Je suis désolé, souffla le sorcier comme autrefois, il aurait tenté un sort de guérison. Je suis désolé que tu ne puisses pas voir ça.
- Ah…
- Je suis désolé pour tout…
L’apparition resta interdite au lieu d’éclater d’un rire sans joie. Elle l’aurait fait des siècles auparavant. Les deux en étaient conscients.
- C’est la première fois que tu me dis ça.
- Je sais.
- Des regrets ?
- Et toi ?
Morgana resta silencieuse pendant un instant. Ses longs doigts touchèrent le verre et passèrent à travers.
- Plein… dit-elle pensivement.
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- Oh nous avons toute la nuit voire toute l’éternité, donc ne te plains pas.
- De la positivité ! Enfin ! Et moi qui pensais que tu ne pourrais jamais être capable d’en avoir.
- Tu es vraiment insupportable, pas étonnant qu’Arthur passait ton temps à se plaindre de toi.
- Je conteste, je n’ai jamais été aussi insupportable que lui.
- Oh, tu crois ? renchérit Morgana avec une ironie mordante.
- J’en suis sûr.
La jeune femme explosa de rire, mais cette fois, une étincelle de joie y brillait.
- Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir alors.
Le vieillard fit une moue contrite convaincante.
En secret, son cœur battait la chamade.
Merlin attendait depuis des siècles le retour de son ami Arthur.
Cela ne voulait pas dire qu’il n’attendait pas aussi celui de son amie Morgana.
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