Titre : Burned, about to burn
Auteur :
kandai_suikaFandom : Supernatural
Personnages/Couple : Sam Winchester/Lucifer.
Genre : Angst, Dark.
Rating : NC-17
Disclaimer : Eric Kripke.
Warning : Viol/noncon. Captivité. Chantage sexuel. Isolation.
Résumé : Rien n'a jamais été gratuit dans la vie de Sam Winchester.
Note : Originellement posté en novembre 2018. Non relu.
Continuité :
Alma Mater verse. Séquelle de
White Room Blues.
Taille : ~2,700
(Chapitre 1) -
(Chapitre 2) - (Chapitre 3)
Sam aurait été incapable de préciser combien de temps il était resté prostré sur le sol glacé de la cuisine, à contempler le sperme de son bourreau s'écouler paresseusement depuis ses cuisses. Les larmes qui s'écoulaient sur ses joues semblaient ne plus vouloir s'arrêter, même lorsqu'il essayait de les retenir, et les tressaillements qui secouaient sa poitrine se transformaient de temps à autre en crises de sanglots secs et paniqués, ce qui lui donnait la lente impression de s'étouffer sur l'air glacial de la cuisine.
Après ce qui lui sembla des heures, les spasmes s'espacèrent enfin pour devenir des tremblements légers et les larmes se tarirent, le laissant nauséeux et plus faible qu'un nouveau-né.
Sam inspira profondément et se leva, s'agrippant à la table pour se remettre sur ses jambes engourdies. La température de la pièce avait fini par revenir à la normale mais l'exposition prolongée à la furie glacée de l'archange ainsi qu'au plancher froid de la cuisine avait endormi ses membres inférieurs, rendant par la même occasion ses pas hésitants et titubants. Le chasseur avait l'impression qu'il était obligé de réapprendre à marcher, à l'instar d'un enfant, et la sensation lui laissait un goût désagréable dans la gorge.
Non sans mal, il ramassa le jeans laissé à l'abandon aux pieds de la table et l'enfila avec lenteur, grimaçant lorsque le vêtement rugueux frotta contre ses fesses sur lesquelles le reste de la semence de Lucifer avait fini par sécher. La sensation était poisseuse et désagréable mais l'idée de se présenter devant son tourmenteur sans porter de pantalon le rendait plus malade encore.
Il ne prêta aucune attention aux lambeaux de son sous-vêtements qui jonchaient tristement le sol. Il serait encore temps de s'en occuper plus tard, lorsqu'il se serait assuré que Lucifer avait bel et bien déserté les lieux et laissé son prisonnier à son triste sort.
Ce qui n'était pas le cas - du moins pas encore. En tendant l'oreille, il pouvait entendre le bruissement du tissu et le bruit de pas feutrés glissant sur le plancher de la pièce d'à côté. Le chasseur se souvenait vaguement que le diable lui avait ordonné de le rejoindre une fois qu'il serait "calmé" et bien que faire face à son bourreau soit la dernière chose dont il ait envie, il était également douloureusement conscient qu'il n'avait nullement le choix.
Avec précaution, Sam se dirigea vers la chambre.
Il y trouva Lucifer, nonchalamment allongé sur le lit dans lequel Sam dormait tous les soirs, deux boutons de chemise défaits et sans chaussures ni ceinture. L'archange lança un petit sourire au nouvel arrivant qui se transforma bien vite en une petite moue dépréciative.
- Oh, tu t'es rhabillé ? Dommage, minauda-t-il.
Sa voix semblait vaguement déçue, ce qui ne manqua pas d'arracher un frisson dégoûté à Sam. Ce dernier baissa la tête, dans le vain espoir de masquer la fureur et la honte qui avaient empourpré sa nuque.
- Ce n'est pas la peine de faire ta vierge effarouchée, Sam, soupira le diable en se calant confortablement contre les multiples coussins. J'ai déjà tout vu te concernant, dehors comme dedans. Parfois, tu peux être pire qu'une vierge dans un camp de vacances chrétien, tu devrais vraiment songer à...
- Qu'est-ce que tu fous encore là ? croassa Sam, incapable de supporter davantage de sarcasme.
Lucifer se tut, visiblement étonné. De toutes les questions que Sam aurait pu poser - pourquoi as-tu tenté de me faire croire que tu n'étais pas un enfoiré de parjure, qu'est-ce que tu vas dire à Jack, qu'est-ce que tu comptes faire maintenant - il ne s'attendait vraisemblablement pas à celle-là. Lorsqu'il reprit la parole, ce fut avec d'un ton contrit, à la manière d'un petit garçon prit en faute.
- Ce que je fais là ? Hm, je m'installe. Tu m'avais promis une nuit en échange d’un message à l’intention de Jack, tu te souviens ?
Sam le contempla un long moment, interdit. Le battement de son cœur bourdonnait contre ses tempes avec tellement de force qu’il crut un moment que sa cervelle allait exploser, voler en éclats et repeindre les murs nacrés de la suite en rouge et pensées. Il mit plusieurs minutes avant de répondre et même alors, les mots trébuchaient contre ses dents avant de se former dans sa tête ; sa langue lui semblait peser aussi lourd qu’un sac de plomb.
- Et tu m’avais promis de ne plus me baiser, tu te souviens ?
Les traits de l’archange se rembrunirent tout aussi vite qu’ils s’étaient éclairés. Son regard incrédule devint mauvais et il se redressa avec brusquerie, les poings serrés sur les draps soyeux - malgré le fait qu’il fût assis, il semblait prendre plus d’espace que jamais, irradiant une aura glaciale qui pulsait contre les murs de la pièce.
- Si j’étais toi, Samuel, je ferais très, très attention à ce que je dis.
Sam garda les lèvres fermement serrées, ses mains s’agrippant au col de sa chemise dans l’espoir futile de cacher leur tremblement. Son attitude sembla plaire à son ravisseur car l’expression de Lucifer devint progressivement plus neutre, sans pour autant perdre l’aura de terreur qui émanait de son véhicule. Après un long silence tout aussi appuyé et inconfortable que les précédents, l’archange reprit la parole sur un ton doucereux :
- Du reste, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même pour ce qui est arrivé. Ce n’est pas parce que je te fais la cour que je suis tenu de supporter tes incessantes provocations, encore moins de les laisser impunies.
Le captif éclata d’un rire bref et sans joie.
- Bien sûr, quel idiot je fais ! ironisa-t-il avec dureté. Violer la personne que tu es censé courtiser juste parce que ça blesse ton ego d’être qualifié de menteur, ça va vachement l’aider à changer d’avis sur le mariage !
- Appelle ça comme tu veux si ça te fait bander, répliqua Lucifer montrant les dents. Mais ne t’avise pas d’insinuer que je t’ai menti encore une fois, Sam. J’ai promis lorsque j’ai lancé le sort qui t’enchaîne au Paradis que je ne te prendrais plus de force et quoi que ta petite cervelle de singe arriérée en pense, j’ai tenu parole.
Une vague de nausée frappa le chasseur si violemment qu’il dût se retenir pour ne pas vomir ce qui lui restait de bile sur la moquette étendue au pied du lit. Certainement, il devait avoir mal entendu - c’était là toute la justification que son bourreau avait à lui présenter ? Une pirouette rhétorique ? Un tour de passe-passe langagier ?
Sam hoqueta, révolté par la désinvolture de son tourmenteur. Sa vision se brouilla mais une profonde inspiration parvint à maintenir les larmes à l’écart, le temps qu’il puisse puiser en lui la force de répondre.
- C’est… je… c’est vraiment… c’est… tout ce que tu as à dire pour te défendre ?
Lucifer lui jeta un regard dégoulinant de pitié.
- Tu présumes beaucoup de choses, Samuel, si tu penses que j’ai à défendre quoi que ce soit devant toi.
Sam aurait voulu répliquer avec toute la violence dont il était encore capable, aurait voulu se jeter sur la silhouette assise sur son lit et la marteler de coups jusqu’à ce qu’il s’écroule d’épuisement mais il ne servait à rien de nier la triste réalité : Lucifer ne lui devait effectivement rien. Il avait gagné toutes ses batailles, régnait aujourd’hui en maître là où Dieu avait un jour siégé, avait enlevé Sam et Jack dans son nouveau Paradis comme trophées et la seule chose qui l’avait jusqu’ici empêché de transformer Sam en punchingball ou en poupée gonflable vivante, c’était cette étrange désir de fonder une famille en forçant ses prisonniers à en faire partie.
Et pourtant, il était encore là. Toujours là. A envahir tous les espaces, à se transformer en eau et en oxygène pour que Sam ne puisse plus boire et respirer que lui, son aura, sa grâce, la forme de ses ailes qu’il devinait refermées autour d’eux comme un cocon. Dépité, il croisa les bras et lança en fixant ses pieds :
- Alors, tout ceci n’est qu’une Cage comme une autre. Elle est simplement mieux décorée que la précédente.
- Détrompe-toi là-dessus, Sam, répondit le diable avec férocité. Le Lucifer que tu as précipité au fond de la Cage n’aurait pas hésité à te réduire en miettes avant de te reconstruire, te retourner sur ce tapis et te baiser jusqu’à ce que tu en meures. Pense ce que tu veux mais j’ai changé.
Pas sur les points importants, songea l’humain avec feu. Pas là où il aurait fallu que tu changes. Pas au bon moment.
Il resta silencieux, incapable de mobiliser suffisamment d’énergie pour rétorquer. Les évènements s’étaient enchaînés sans qu’il puisse prendre la moindre distance ni le moindre répit. Tout ce à quoi il aspirait à l’instant, c’était à la promesse de l’oubli que conférant une longue nuit de sommeil, le néant sombre et bienfaisant qui se profilait à l’horizon comme une vague rassurante.
- Sam, reprit Lucifer sur un ton radicalement différent de sa dureté précédente, presque cajoleur. Bébé, viens te coucher.
Il tapota le matelas avec douceur, comme pour appeler un chiot capricieux.
Partager sa couche avec la créature qui hantait ses cauchemars depuis des années était bien la dernière chose que Sam avait envie de faire et encore moins avec les reins encore maculé de sperme séché. Mais la perspective de se battre de nouveau contre Lucifer, la perspective de perdre - car l’archange ne le laisserait jamais gagner, pas tant qu’il resterait enchaîné à ce putain d’endroit, à cette putain de cellule déguisée en suite nuptiale - et d’être soumis à de nouvelles tortures était encore moins réjouissante que celle de grimper dans le lit qu’occupait son bourreau.
Si ce dernier pouvait justifier ses actions en plaidant avoir respecté le serment qu’il avait prêté dans son sens le plus littéral, alors qui savait ce qu’il trouverait comme excuse la prochaine fois qu’il le violerait.
Parce qu’il y en aurait une, évidemment. Sam n’était pas dupe.
Il se sentait soudain profondément ridicule d’avoir vaguement entretenu un espoir lorsqu’il avait vu les journées défiler dans sa cellule sans que son tourmenteur poussât plus loin que le baiser et les attouchements appuyés. L’espoir et le diable n’avaient jamais fait bon ménage et franchement, c’était presque de la faute du chasseur pour avoir été aussi crédule, pour avoir cru une seule seconde que Lucifer était seulement capable de changer.
Il aurait dû s’en douter. Il aurait dû refuser toute forme de négociation, il aurait dû trouver autre chose à marchander, il aurait dû…
Il aurait dû mourir dans cette église.
Il s’y était préparé. Au moment où il avait vu Lucifer tendre la main pour s’emparer de Jack, Sam avait su qu’il serait incapable de le laisser faire sans s’interposer. Et qu’il paierait cet ultime affront aux yeux du diable de sa propre vie.
Mais il n’était pas mort sur le sol de cette église. Et Jack… Jack était peut-être encore vivant, quoi que son géniteur en dise. Alors peut-être… peut-être que tout ce qu’il avait subi depuis qu’il avait été enlevé du bunker en valait un tant soit peu la peine, au moins pour le néphilim qu’il avait appris à chérir comme un membre de sa propre famille.
Maigre consolation.
Le cœur gros et la tête lourde, Sam se traîna d’un pas lent jusqu’à l’énorme lit qui trônait au milieu de la suite et s’y laissa tomber sans grâce. Il n’eut pas à attendre longtemps avant de sentir une paire de bras se refermer sur sa taille tandis qu’un corps froid se lovait dans son dos. Le chasseur frissonna mais ne tenta pas d’échapper à la poigne qui le maintenait allongé ; il s’attendait vaguement à ce que les mains qui l’enserraient lui arrachent le reste de ses vêtements avant de le retourner sur le ventre mais elles se tinrent étrangement tranquilles, se contentant de caresser doucement ses hanches par-dessus son jeans.
- Tu te rappelles de notre première rencontre, Sam ? souffla le diable en déposant un baiser dans ses cheveux. La première fois que j’ai visité tes rêves ? Tu te souviens de ce que tu m’as demandé ?
Le visage de Jessica, engoncée dans une nuisette blanche, son corps alangui allongé sur les draps rouges du motel minable dans lequel il avait trouvé refuge, clignota dans son esprit avant de se dissoudre pour laisser place aux traits tristes de Nick. Le chasseur serra les dents, piqué par le souvenir de la première femme qu’il avait profondément aimé, sacrifiée sur l’autel brûlant des péchés de sa famille.
- Je me souviens, murmura-t-il, la gorge nouée par le chagrin.
- Tu te souviens de ce que je t’ai dit à ce moment-là ? continua l’archange en caressant son oreille du bout des lèvres.
Sam resta silencieux. Au fond de lui, il savait que Lucifer connaissait parfaitement la réponse.
Cela ne peut en être autrement, lui avait révélé la silhouette masculine qui avait pris la place de Jessica dans son lit. Cela devait forcément être toi. Cette nuit-là, Sam avait repeint les murs de la salle de bains miteuse du motel avec l’intérieur de sa cervelle, incapable d’en supporter davantage. Il s’était réveillé dans une baignoire maculée de sang, avec un mal de crâne épouvantable et le son d’un rire moqueur dans les oreilles.
Il se souvenait d’avoir frissonné des jours durant.
Derrière lui, un soupir se fit entendre alors qu’une bouche froide descendait le long de sa nuque, maculant sa colonne vertébrale d’une traînée de salive moite. Une paire de doigts diligents s’appliquèrent à défaire les boutons de sa chemise pour dévoiler progressivement son col puis ses omoplates et le reste de son dos - bientôt, Sam se retrouva torse nu et légèrement tremblant, coincé entre les draps de satin et l’enveloppe charnelle de l’archange qui s’affairait derrière lui.
Une paume se pressa contre son nombril.
- J’y repense souvent, tu sais, et je me demande… je me demande si nous pourrons un jour recommencer, conclut Lucifer, toujours sur le même ton bas et mélancolique. Repartir de rien, toi et moi. Je me demande si c’est possible.
Le chasseur connaissait Lucifer depuis assez longtemps pour savoir qu’il ne s’agissait pas d’une question. Ni l’avis, ni l’accord de Sam n’avaient d’importance, d’ailleurs - seuls comptaient les remords que le diable se prenait l’envie de ressasser comme une punition personnelle, comme s’il était le seul dont la souffrance était légitime.
Une main captura son menton, le fit tourner jusqu’à ce que sa nuque proteste. Une paire de lèvres se pressèrent contre les siennes, aussitôt suivie d’une langue fourchue et humide qui se fraya un chemin jusqu’à la gorge de Sam. Ce dernier étouffa ses faibles protestations dans le baiser langoureux, trop épuisé pour résister comme il l’aurait dû ; toutefois, il ne prétendit pas ne pas être répugné par la caresse buccale, par le plat de la main qui étaient descendue pour déboucler les boutons de son jeans, par le corps de l’ange qu’il sentait lové contre lui - derrière lui.
- Sam ? chuchota le diable.
L’interpellé cligna mollement des yeux. Le froid qui émanait de son ravisseur avait fini par pénétrer sous sa peau tremblante, plongeant son corps et son esprit dans une brume aussi blanche et inerte que les murs de la suite. Il sentait la perte de connaissance approcher à grand pas tandis que son pantalon lui était une nouvelle fois retiré - intérieurement, il s’en félicita. Rester éveillé était une perspective qu’il préférait éviter ; Lucifer lui-même semblait s’accommoder de sa nouvelle docilité sans trop de protestations.
- Tu crois qu’un jour, reprit ce dernier en se positionnant derrière son captif, les mains sur sa taille et les lèvres dans son cou, tu pourras me laisser te faire l’amour ?
Sam pressa la tête contre l’oreiller. Étira ses lèvres en un sourire presque cruel.
- Mais comment pourrais-tu, puisque tu n’aimes que toi ?
Le néant bienfaisant de l’inconscience le cueillit avant qu’il puisse entendre la réponse.
Lorsque Sam se réveilla enfin, des heures plus tard, les reins en feu et les cuisses toujours maculées de sperme séché, il était seul. Une rose rouge avait été déposée sur sa table de chevet, accompagnée d’une lettre sur laquelle deux simples phrases avaient été écrites à l’encre fine.
Bonne nuit. Je t’aime.
Oh, le fumier.
Le prisonnier se leva en grimaçant et agrippa la fleur d’un geste rageur avant de s’avancer en direction de la cuisine, avec la ferme intention de la jeter. Ce ne fut que lorsqu’il l’eût dépouillée de ses pétales et qu’il les eût jetés dans l’évier que son regard tomba sur la table et sur la petite tache blanche et sèche qui reposait paresseusement à ses pieds.
Qui le narguait presque.
Putain, putain, putain de bordel de MERDE !
Pour la deuxième fois depuis qu’il s’était réveillé dans sa prison paradisiaque, Sam se laissa glisser sur le sol et se mit à pleurer amèrement.
Les murs nacrés de sa cellule nuptiale semblaient le contempler avec la plus profonde indifférence.
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