[fic] Supernatural: Burned, about to burn (2)

Oct 15, 2018 15:03

Titre : Burned, about to burn

Auteur :
kandai_suika
Fandom : Supernatural
Personnages/Couple : Sam Winchester/Lucifer.
Genre : Angst, Dark.
Rating : NC-17
Disclaimer : Eric Kripke.
Warning : Viol/noncon. Captivité. Chantage sexuel. Isolation.

Résumé : Rien n'a jamais été gratuit dans la vie de Sam Winchester.

Note : Originellement posté en octobre 2018. Non relu.
Continuité : Alma Mater verse. Séquelle de White Room Blues.
Taille : ~3,900
(Chapitre 1) - (Chapitre 2) - (Chapitre 3)


Lucifer avait pris le parti de se montrer altruiste : il s’était éclipsé sitôt le pacte scellé sous le prétexte fallacieux de laisser à son prisonnier l’opportunité de se rétracter.

Sam avait dégluti avec amertume en voyant la porte nacrée se refermer sur le pas nonchalant de son ravisseur. Il ne voyait dans cette fuite aucun élan de générosité, aucun bon sentiment à peine dissimulé, uniquement une torture supplémentaire comme son geôlier aimait les infliger. Il avait passé la journée - si on se fiait à son horloge interne - qui avait suivi à faire les cent pas dans sa prison comme un lion en cage, interrompant de temps à autre ses allées et venues pour coller son oreille contre la clenche, espérant guetter le moindre signe annonciateur de la venue de son tourmenteur.

La poignée resta aussi impassible que silencieuse, même lorsqu’il essaya de la faire trembler d’un coup de genou. Il ne réussit à obtenir qu’un bleu persistant accompagné d’une douleur lancinante en retour mais au moins, le geste avait eu le mérite d’apaiser son angoisse pendant un moment.

Mais son accès de colère n’avait pas pu empêcher le temps de se délier aussi lentement, faisant défiler les minutes - les heures ? les jours ? Il n’aurait su dire, pas en l’absence de soleil et d’horloge, pas alors qu’il ne pouvait même pas être certain que le temps existait réellement au Paradis - avec une insupportable lenteur.

Lorsque Lucifer s’introduisit enfin dans la suite, les mains chargées de sacs en papier comme à leur habitude, Sam était à deux doigts de mettre un terme à cette attente anxiogène en se fracassant la tête contre les murs. Il battit des paupières, à moitié persuadé qu’il s’agissait d’une hallucination que son esprit ravagé par l’appréhension venait de conjurer, mais le froid caractéristique qui enveloppait la grâce de l’archange n’y trompait pas. Le chasseur détourna rapidement les yeux, honteux de s’être fait surprendre à dévisager son ravisseur - ce à quoi ce dernier répondit avec un clin d’œil appuyé.

Oh, le fumier.

Il était parfaitement conscient de la tourmente dans laquelle il avait plongé son prisonnier en lui offrant un sursis supplémentaire, parfaitement au courant que sa prétendue générosité n’était qu’un leurre dans lequel Sam sauterait à pieds joints, trop avide de se torturer lui-même pour avoir cédé à un chantage aussi vil. Et Sam ne pouvait rien y faire, ne pouvait pas même pas lui renvoyer son hypocrisie à la figure sans passer de nouveau pour un ingrat, sans risquer de voir la fausse bienveillance de son geôlier utilisée comme une arme pour démolir le peu de dignité qu’il lui restait.

Oh mais comme il en mourait d’envie !

- Je vois que je t’ai fait attendre, Samuel, souffla Lucifer d’une voix douce. Crois bien que j’en suis navré.

L’archange avait manifestement fait l’effort de se présenter sous son meilleur jour : il avait troqué son smoking austère pour une tenue plus décontractée et sensuelle, optant pour une veste crème par-dessus une chemise pourpre et préalablement chiffonnée, ce qui seyait à son attitude soudainement aimable. Il arborait même, comble du cliché, une rose rouge à la boutonnière - comme un maquereau qui se déguiserait en l’amant de sa prostituée favorite, comme si cette soirée n’était qu’un énième rendez-vous parmi d’autres et non pas une transaction basse et servile.

Sam cligna les yeux, un rire nerveux se coinçant au fond de sa gorge. Tout cela était ridicule. Cette mise en scène était ridicule. Cet accoutrement était ridicule. Cette petite vie fantasmée dans laquelle Lucifer se prenait au jeu d’agir comme s’il était son courtisan - comme s’il pouvait prétendre qu’il n’avait jamais torturé Sam, qu’il ne l’avait pas kidnappé et ne le retenait pas contre sa volonté en attendant à ce qu’il cède face à son harcèlement - était le comble même du ridicule.

Cette attitude désinvolte, cette prétention à la limite du frivole donnait à Sam envie de lui hurler sa rage au visage, de le marteler avec ses poings jusqu’à ce qu’il soit exsangue. Il se contint avec difficulté, conscient que l’échange qui allait suivre était trop délicat pour qu’il puisse se permettre un accès d’humeur.

Lucifer sortit du papier à lettre et un stylo d’un des sacs et lui tendit sans plus d’explication.

- Je suppose que tu n’as pas changé d’avis ? Il est encore temps de te rétracter si tu le souhaites, proposa-t-il, un sourcil arqué en signe de défi.

Sam serra les lèvres, tiraillé.

Il aurait voulu changer d’avis. Il aurait voulu cracher au visage de Lucifer et lui tourner les talons là tout de suite, envoyer son pacte ignoble se faire voir et au diable les conséquences ! Il souhaitait par-dessus tout avoir la force de renoncer, vivre la nuit qui fondait sur eux avec sa dignité intacte, avec le soulagement de n’avoir rien à se reprocher.

Mais Jack était toujours là-dehors, seul et apeuré, peut-être blessé, à la merci de Lucifer et de ses sbires angéliques. Et sa prison était toujours aussi vide et blanche, les murs indifféremment immaculés malgré le nombre de coups de poing qu’il leur avait assénés, l’écho de ses pas le narguant constamment lorsqu’il se prenait à oublier qu’il était seul, enfermé dans une bulle de nacre hors du monde. Si Sam se rétractait maintenant, si Sam relevait le défi que Lucifer ne prenait même pas la peine de maquiller, il se condamnait peut-être à une éternité à rester emmuré dans le silence éclatant, avec pour seule compagnie la créature qui avait ruiné sa vie.

Le chasseur déglutit. Il avait eu un aperçu de ce genre de vie lorsque le gouvernement les avait détenus, Dean et lui, dans cette prison sordide au milieu de nulle part. Il avait goûté à cette solitude de toujours et même en sachant son frère à proximité, même rassuré par le fait de savoir le reste de sa famille sain et sauf, il avait préféré choisir la mort plutôt que la folie lente et douloureuse que sa cellule lui promettait.

Et si Lucifer avait été assez clément pour le lui offrir, Sam aurait fait ce choix encore et encore.

Mais point d’indulgence dans ce nouveau Paradis. Point de salut pour son âme damnée. Point de répit promis par les bras glacés et rassurants du néant. Point de Faucheuse auprès de laquelle il aurait pu troquer son âme contre un ultime sursis avant le dernier voyage.

Il n’y avait que les murs laiteux de sa cellule et la présence de Lucifer qui les hantait.

Ses épaules s’affaissèrent alors qu’il tendit la main pour prendre le papier et le stylo. Son geôlier se fendit d’un petit sourire satisfait et reprit son fardeau dans ses bras tout en hochant la tête en direction de la salle à manger de la suite.

- Dans ce cas, je te laisse à ta rédaction. Viens me rejoindre quand tu auras terminé.

Sam se laissa retomber sur le lit somptueux, la tête aussi vide que le papier et un goût de métal dans la bouche.

Les mots qu’il adressait à Jack lui vinrent aussi facilement qu’on arrache des ongles, se heurtant sur le barrage de la feuille blanche avec la même dureté que les poings de Sam avaient heurté la porte de sa prison. A chaque fois qu’il levait le stylo, il entendait Lucifer siffloter entre deux froissements dans la pièce à côté et l’innocence de ces bruits au ton presque domestique lui donnait le tournis. Les pas feutrés du diable battaient un tempo assourdi sur le sol immaculé, donnant à la scène une lenteur irréelle.

Le chasseur ratura sa première phrase pour la troisième fois, découragé. Maintenant qu’il avait payé le prix fort pour obtenir ce privilège, il était terrifié par la simple idée d’en faire usage.

Jack allait lire ces mots, allait savoir - si ce n’était déjà pas le cas - que Sam était en vie et en bonne santé, peut-être même à quelques pas de l’endroit où il se trouvait. Et si le néphilim ne voulait pas lui répondre ? Et s’il ne voulait plus le voir ?

Pire encore… Et si Lucifer se prenait la fantaisie de lui avouer, juste en lui donnant la lettre, ce que Sam avait accepté de céder pour lui faire parvenir ce message ?

Cette pensée lui glaça les entrailles d’effroi.

Il s’était juré, il y avait presque un an de cela, de prendre Jack sous son aile et de le protéger contre la malveillance de son père. Il s’était juré en découvrant le visage perplexe et apeuré de l’adolescent blond recroquevillé dans la cellule d’un commissariat que jamais il ne laisserait à ce garçon l’occasion de se sentir comme étranger, comme un monstre. Et il avait fini par s’attacher au gosse, à son plus grand dam, l’avait accepté dans sa famille comme il aurait accueilli un petit frère ou… un fils.

Et il avait inévitablement rompu sa promesse. Il avait échoué à tous les niveaux.

Il avait été impuissant face au mal-être du néphilim, face à ses craintes et ses cauchemars. Il avait été totalement incapable de protéger Jack contre les manigances de Lucifer ; pire encore, il l’avait laissé entrevoir les horreurs dont l’archange était capable, avait laissé le diable reprendre son emprise sur lui. Le dernier souvenir qu’il conservait de Jack était celui d’un gosse torturé par son propre père, condamné à l’impuissance alors que ce dernier abusait de Sam sous ses yeux.

Comment pouvait-il encore prétendre au titre de mentor, de protecteur alors que toutes ses tentatives de protection avaient si misérablement échoué ? Comment pouvait-il se considérer comme un parent pour le jeune homme quand Lucifer souillait cette image avec sa vision familiale ignoble ?

Jack devait probablement le maudire depuis la cellule dans laquelle le diable l’avait enfermée.

Sam ravala la bile qui brûlait lui la gorge et griffonna quelques mots hésitants, espérant de toutes ses forces que le néphilim ne les déchirerait pas sous le coup de la colère en reconnaissant son écriture. Il aurait aimé prendre davantage de temps, trouver les bons mots pour rassurer Jack qu’il devinait seul et perdu en terrain hostile ; il aurait aimé repousser l’échéance fatale mais l’attente de la journée lui avait laissé les nerfs en vrac et l’envie brutale d’en finir au plus vite, comme lorsqu’on arrachait une croûte purulente.

Ce n’était même pas la première fois, pensa le chasseur en se traînant vers la salle à manger à contrecœur. Pas la première fois qu’il se retrouvait aux mains de Lucifer, pas la première fois qu’il se prostituait pour survivre, pas la première fois qu’il était mis devant l’illusion d’un choix qui le privait lentement de toute autonomie. Il avait déjà survécu à tout ça et à bien pire encore ; aussi prit-il une longue inspiration avant de franchir le seuil de la pièce et de sceller son sort.

Le diable avait dressé la table pour une personne et s’était installé nonchalamment contre le rebord d’un buffet immense en l’attendant, ses doigts jouant avec une des chandelles qu’il avait ramenées avec lui comme pour pousser la farce encore plus loin. Une flamme froide dansait sur chacune des mèches, baignant la petite cuisine dans une lumière ténue et dansante, presque intimiste. Le décor lui évoquait la triste parodie d’un dîner aux chandelles.

Sam retint un haut-le-cœur.

- Si tu as terminé tes simagrées, Samuel, commenta l’archange sans le regarder, pose ton message sur la table et viens t’asseoir.

Il termina sa phrase en désignant le siège vide qui se trouvait devant lui.

Évidemment, pensa le chasseur sans parvenir à réprimer un profond frisson de dégoût à l’idée de présenter son dos à son geôlier. Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même pour avoir été pris par surprise, pour avoir oublié l’espace d’un instant à qui il avait affaire - évidemment que Lucifer n’allait pas manquer une occasion pour exploiter sa vulnérabilité temporaire. Il fut tenté de résister à l’ordre à peine déguisé mais un simple coup d’œil à l’expression implacable de son ennemi l’en dissuada.

Pas de pirouette possible. Pas de mots retors en guise de défense. Il avait signé un pacte avec le diable et ce dernier avait fermement l’intention de veiller à ce que le chasseur tienne parole, jusqu’à la dernière seconde. Cet ordre à peine déguisé n’était qu’un test supplémentaire que Lucifer espérait sans doute le voir échouer, salivant d’avance à l’idée de voir la résolution de son captif flancher devant la perspective d’être à nouveau à sa merci.

Mais l’enjeu était trop important. Il ne pouvait pas se le permettre un tel échec.

Avec répugnance, Sam s’avança lentement et s’assit sur le siège qui lui était présenté, tournant ainsi le dos à son tourmenteur. Quelques secondes plus tard, une paire de mains froide se glissa sur ses épaules et entreprit d’effectuer quelques gestes circulaires doucereux.

- Détends-toi, lui souffla la voix honnie de l’archange à l’oreille. Je ne vais pas te faire de mal.

Le chasseur ne put retenir un petit ricanement incrédule auquel Lucifer ne prêta aucune attention. Celui-ci continua son massage en veillant à ne pas toucher la peau nue que le col laissait à découvert - une attention délicate en apparence mais qui ne manquait pas de répugner Sam à chaque fois qu’un des doigts glacials de l’archange frôlait le bord du vêtement.

- Je t’en prie, Sam, mange avant que cela refroidisse, intima le diable après quelques minutes de silence tendu. J’ai choisi un plat que tu aimes spécialement pour l’occasion.

La cuisse de poulet grillée accompagnée d’un gratin d’aubergines, tomates et courgettes semblait en effet des plus excellentes et en temps normal, Sam n’aurait pas renâclé à l’avaler en quelques bouchées, surtout après des semaines passées à se nourrir de plats à emporter. Cependant, il avait peine à avaler la moindre bouchée : les mains qui caressaient ses épaules l’empêchaient de se concentrer sur son assiette et le souffle de son bourreau se lovant dans le creux de son oreille avait eu tôt fait de lui donner une nausée persistante. Il reposa ses couverts après quelques tortueuses bouchées, tentant vaillamment de faire redescendre la boule qui lui serrait la gorge.

- Déjà fini ? commenta Lucifer en claquant la langue avec désapprobation lorsqu’il le vit repousser son assiette. Tss, tss… tu as plus d’appétit que ça, d’habitude… ou alors, ce n’est pas à ton goût ? Je pensais que tu apprécierais un peu de changement par rapport au chinois.

La langue du chasseur alla plus vite que sa tête. Sam se tourna vers son geôlier et lança une réplique cinglante :

- J’aurais peut-être pu apprécier davantage si je n’avais pas eu une sangsue collée dans mon dos pendant que je mangeais.

L’humain se fit violence pour freiner son élan d’amertume, conscient qu’il avait largement dépassé les bornes, mais à sa grande surprise, l’interpellé ne s’énerva pas. Au contraire, il se contenta de croiser les bras et de se fendre d’une petite moue dépitée.

- Quoi, le massage ? Tu veux dire que ça non plus, ça n’a pas marché ? J’ai pourtant écumé les sites de techniques de drague pendant des heures pour trouver cette astuce !

Sam le fixa un long moment, sa frustration s’évaporant devant le choc de la nouvelle. De toutes les réactions auxquelles il s’était attendues durant la journée, celle-ci était certainement une des plus improbables qui puisse exister.

- Des sites de drague… T’es… t’es pas sérieux ? Tu te fiches de moi, c’est ça ? parvint-il finalement à hoqueter.

Mauvaise réponse. La température de la pièce se fit brusquement glaciale tandis que la bouche de Lucifer se tordait en une affreuse grimace, montrant une rangée de dents hostile.

- Penses-tu encore que tout cela n’est qu’un jeu, Sam ? gronda l’archange d’un ton polaire. Que je ne prends pas cette séduction on ne peut plus sérieusement ? Que je fais tout cela uniquement dans le but de te faire une farce ? Que je perds un temps précieux - un temps que je pourrais passer à faire comprendre des choses importantes au sale gosse pour qui tu t’es vendu sans hésiter - penses-tu que je perdrais ce temps-là à tenter de te faire la cour pour le plaisir et ce malgré le fait que tu es plus frigide qu’une adolescente catholique alors qu’il me serait si facile de prendre ce que je désire ?

L’air qui flottait dans la pièce devint électrique. Sam poussa un cri et voulut se lever de son siège pour s’enfuir - n’importe où, le plus loin possible de Lucifer, le plus loin possible de la grâce glaciale et pleine de rage qu’il voyait suinter du corps décharné de Nick, loin, loin, là où il ne pourrait pas lui faire le moindre mal - mais une main de fer l’agrippa avant qu’il ne puisse se relever et le projeta sur le ventre en travers de la table.

Sa tête heurta le bois solide avec brutalité ; un goût de sang envahit sa bouche alors qu’il sentait le poids d’un corps massif et froid s’écraser sur son dos, l’immobilisant contre la surface aussi sûrement que s’il y avait été attaché. Paniqué à l’idée d’étouffer sous la masse qui le clouait contre la table, Sam commença à se débattre jusqu’à ce qu’une main glacée l’empoigne par les cheveux et le tire vers l’arrière.

- Si j’étais toi, Sammy, marmonna la voix glaciale de son bourreau contre le lobe de son oreille, je fermerais ma jolie petite gueule.

Comme pour appuyer la menace, une seconde main glissa sur la boucle de sa ceinture.

Le chasseur se figea.

C’était comme si un projecteur s’était allumé dans sa tête et s’amusait à faire défiler à toute allure les souvenirs de toutes les fois où il avait laissé son bourreau abuser de lui, comme s’il était de nouveau allongé sur le sol froid de la chapelle en ruines avec le poids écrasant de Lucifer pesant contre son dos, entre ses cuisses, au plus profond de lui-même : il n’avait pas besoin de menaces pour deviner l’excitation qui s’était emparée de l’archange, pas besoin de coups pour ressentir l’érection naissante qui se pressait contre son jeans.

Pas besoin d’être médium pour deviner ce qui l’attendait.

La panique fit place à un sentiment d’horreur sauvage, primaire et Sam recommença à se débattre sous la poigne de l’archange, animé par l’énergie du désespoir.

Ce n’était pas en train d’arriver, ce n’était pas en train d’arriver, ce n’était pas en train d’arriver, il avait promis que ça ne recommencerait pas, il avait promis que ça n’arriverait plus, IL AVAIT PROMIS !

- Non, non, non, non, Lucifer, arrête… hoqueta Sam alors que les doigts de son bourreau dégrafaient son pantalon. T-Tu m’as promis, espèce de- bâtard ! Tu m’as… t’as promis !

Un rire froid éclata dans son dos tandis que son jeans tombait mollement autour de ses chevilles, exposant ses jambes nues à l’air de la pièce dont la température venait sans aucun doute de chuter en-dessous du zéro. Un frisson remonta l’échine du chasseur ; de froid ou de terreur, il n’aurait su faire la différence. Son sous-vêtement connut un sort similaire, déchiré par les mains furieuses de l’archange qui s’étaient brutalement emparées de ses hanches.

- Oh, Sammy, tu as un sacré culot d’invoquer ma parole alors que tu viens de la remettre en doute une nouvelle fois, marmonna Lucifer avec un venin que Sam ne lui avait jamais connu, même au milieu des tourments de la Cage. Ca te fait mouiller de t’ériger ainsi en martyr, baby ? De tester les limites de ma patience pour ensuite t’en plaindre ? Tu ne récoltes que ce que tu sèmes, Sam, alors sois gentil et. Ferme. Ta. Gueule.

Sam siffla de colère et recommença à se débattre, donnant des coups à l’aveugle avec l’intention de ne pas se laisser faire comme une obéissante petite marionnette. Le bruit d’une braguette se baissant le submergea d’une vague de panique qui le vit retomber inerte et pantelant sur la table en chêne, terrorisé par la perspective de redevenir le jouet sexuel de Lucifer.

Il avait promis, il avait promis, il lui avait promis…

Les mains qui lui agrippaient les hanches remontèrent de quelques centimètres, emprisonnant son bas-ventre contre la surface dure de la table. Le chasseur ferma les yeux et se mordit les lèvres avec force, décidé à ne pas laisser à son bourreau la satisfaction d’entendre ses cris de douleur.

Ces derniers ne virent jamais.

A la place de la brûlure familière et douloureuse de la pénétration, Sam sentit le poids moite et dur du sexe de son tourmenteur se presser contre ses fesses, glissant lentement sur sa peau glacée avant de se figer. Depuis sa position, il lui était impossible de voir ce que Lucifer était en train de faire mais lorsque l’une des mains qui le maintenaient immobile se rétracta pour venir se refermer autour du membre chaud qui pesait entre ses cuisses, le chasseur ne put retenir un haut-le-cœur.

Lentement, avec un détachement délibéré, l’archange commença à se masturber.

Sam poussa un gémissement étranglé et baissa la tête jusqu’à ce que son front touche la table, les joues et les yeux brûlants de larmes honteuses. Le sexe avec Lucifer avait toujours eu un aspect punitif, qu’il prît place dans la Cage ou sur le sol d’une église en ruines - d’aussi loin que le jeune homme se souvenait, l’acte n’avait jamais été qu’un instrument de torture comme un autre, un moyen pour le diable de faire souffrir sa victime en violant ses retranchements les plus intimes. Une douleur que Sam devait expier, dans le sang et les larmes.

Mais ils n’étaient plus dans la Cage où la torture et l’abus n’étaient guère plus que des passe-temps au milieu d’un désert d’ennui - ils n’étaient même plus dans l’église où Satan l’avait allongé à même le sol avant de le prendre de force pour le punir de lui avoir volé son fils… non, ils étaient loin derrière ces tortures absurdes, enfermés dans une bulle de nacre au Paradis.

Un Paradis dans lequel Lucifer lui avait promis de ne pas répéter les erreurs de la Cage.

Un Paradis dans lequel Lucifer pouvait le violer sans lui faire le moindre mal.

L’humiliation avait empourpré les joues de Sam alors que ce dernier tentait faiblement de s’extirper de la poigne de fer de son bourreau - en vain. Ce dernier continuait sa masturbation lente, frottant de temps à autre son membre gonflé contre la peau de son captif. Ses gémissements de plaisir parvenaient aux oreilles de Sam comme à travers de l’eau, brouillés et distants, alors que le chasseur s’efforçait de ne pas vomir de dégoût. Il n’avait même plus l’échappatoire que pouvait offrir la douleur, même pas la vague opportunité de l’évanouissement : non, il lui fallait subir du début à la fin, sans parler ni bouger, la punition humiliante que le diable lui infligeait.

Les minutes s’écoulèrent avec une lenteur insoutenable, rythmées par le son saccadé des sanglots étouffés et des gémissements, par le bruissement du frottement entre les chairs. Enfin, après ce qui lui sembla être une éternité, Sam entendit un grognement plus fort que les autres, un cri avorté, avant de sentir un liquide chaud et poisseux se répandre sur ses fesses écartées.

C’était fini.

Quelques gouttes se glissèrent le long de son échine, coulant paresseusement dans les plis et creux de son intimité. Il banda ses muscles par réflexe avant de ravaler un nouveau sanglot, tremblant sous le poids de cette nouvelle humiliation. De tous les viols qu’il avait subi aux mains de Lucifer, celui-ci était peut-être un des plus avilissants qu’il avait vécu.

Et il n’avait même pas eu besoin de lui faire mal.

Son geôlier se retira en poussant un soupir, laissant Sam penché et hoquetant sur la table. Un froissement de tissu se fit entendre puis une main douce et chaude se posa sur la nuque du captif, caressant doucement la peau mise à nu. Le chasseur le laissa faire sans réagir, ses efforts concentrés à tenter d’endiguer sa nausée persistante.

- Sssh, c’est tout. Reprends-toi, mon amour, lui intima Lucifer sur un ton extrêmement doux. Et viens me rejoindre dans notre chambre quand tu seras calmé.

L’archange se pencha sur l’homme prostré contre la table et déposa un baiser dans ses cheveux emmêlés. Puis, il se détourna et quitta la pièce dans un bruissement d’ailes et d’étoffe, laissant son prisonnier à moitié nu et tremblant.

Seul.

Sam se laissa glisser sur le sol glacial, le souffle court et les yeux écarquillés. Son esprit ressemblait à une bouillie statique, bloquée en boucle sur une vérité qui ne le protégerait plus de rien : Il avait promis, il avait promis, il avait promis…

Entre ses cuisses écartées, une petite mare blanche commença à se former.

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