Noël se fête en janvier…

Jan 04, 2011 11:34

Premier one-shot de l'année. Texte sans intérêt ni prétention, simplement né parce qu'un petit garçon au visage rond courait sur la plage de mes vacances.

Titre : Le Lac noir, la robe en velours de Gênes, et le maillot de bain rayé.
Personnage: Augusta et Neville Londubat
Rating : PG
Disclaimer : Il appartienne à JKR,
Note : Merci à rebecca_vonbird, pour son béta patient. Elle a du supporter l'énormité de mes fautes post-vacances, c'est une sainte! *biz'*
Ce texte est un cadeau de noël à peine en retard pourtaraxacumoff



Au creux des Hauts Pics, là où les nuages viennent caresser les cimes, inaccessibles aux simples mortels, se trouve un lac noir. Immense et sombre, il ne laisse échapper, à sa surface, aucun reflet. Il avale les pentes des montagnes, la végétation, les roches, la terre, ne restituant même pas l'image des arbres au feuillage cendré, penchés au dessus de lui avec bienveillance.
Le vent fait onduler sa surface de soie, opaque et noire, rejetant en petites vagues l'eau couleur d’ébène sur la plage de galets gris pâle.
D'immenses rochers couverts de mousses scintillent sur ses berges. Le lichen prend ici une teinte argentée et patine les pierres, effaçant leurs angles abrupts .
Même le chant des oiseaux semble plus doux, plus assourdi.
Ici, tout est n'est que paix, magie et sérénité.
Un paysage dessiné au fusain, calme et délavé.

Aujourd'hui, pourtant, des cris viennent déchirer les nuages, et la plage de galets est le théâtre d'une agitation sans précédent. C'est un bien étrange manège auquel se livrent Lady Augusta, Neville et un petit elfe de maison.

- Viens ici, Neville! appelle la dame vêtue d'une robe de velours vert et d'un immense chapeau.

Comme venu des montagnes alentour pour observer la scène, un vautour empaillé est perché sur le couvre-chef. Il lance un regard courroucé au petit garçon qui s'est, lui, posté sur un rocher.

- Descends donc de là. Tu vas te briser le cou et ca n'arrangera rien à l'affaire.

Le petit se tortille sur l'immense bloc de pierre. Il est vêtu tel un de ces petits baigneurs d'antan, maillot une-pièce le couvrant des cuisses jusqu'au cou de rayures blanches et bleues. Avec ses cheveux parfaitement peignés, partagés d'une belle raie bien droite et plaqués sur son crane, on le dirait tout droit sorti d'une carte postale moldue des années 20. Une réclame ambulante pour les congés payés, et les longues plages de Normandie.

- Non, non, non, répète-t-il sans cesse.
- Voyons, descends ou je me fâche!

Compte tenu du ton employé par la dame, il y a fort à parier qu'elle soit déjà bien fâchée. D'autant qu'elle arbore maintenant un regard tout aussi courroucé que celui de son vautour empaillé.

- Non, non, non. Je ne veux pas y aller.
- Viens ici, Neville! Regarde, Twinny va nager avec toi. Descends vite et entre dans l'eau, dépêche-toi un peu.

Twinny, brave petit elfe au service des Londubat depuis au moins vingt ans, attend patiemment sur la plage de galet, un pied déjà dans l'eau. Dans l'idée d'attirer l'enfant, ou simplement parce qu'elle a toujours un talent comique qu'elle se plaît à développer, elle a noué le torchon lui servant de vêtement, comme le paréo d'une vahiné, et elle secoue son petit corps en une imitation très convaincante du tamouré hawaïen.
Lady Augusta ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel devant ce pathétique spectacle. Mais comme elle est depuis longtemps habituée aux excentricités de l'elfe, et que Twinny est la favorite de Neville, elle ne pipe mot sur la pitoyable danse.

- Allez mon garçon. Tu sais bien ce qu'a dit le médicomage : puisque l'huile de foie de requin…

Le garçon laisse échapper un « beurk » et se couvre la bouche des deux mains. Visiblement le remède ne lui plaît pas plus que l'idée de faire trempette.

- … Oui je sais, tu n'aimes pas ça. Le médicomage a dit que puisque cela ne fonctionnait pas, seul un bain dans le lac magique pourrait guérir tes démangeaisons. Tu ne veux pas te gratter toute ta vie, voyons !
- Je ne me gratte plus ! réplique Neville en se grattant vigoureusement l'avant bras. Je suis tout à fait guéri, ajoute-t-il en se grattant si fort le pied qu'il manque de chuter de son rocher.
- Par Merlin, Viviane et toute la tripotée des saints magiciens, descends immédiatement ! hurle Augusta.

Puis après avoir pris une grande respiration et s'être exhortée au calme, elle ajoute avec un sourire charmeur :

- Si tu viens tout de suite, tu auras le droit de manger deux chocogrenouilles avant le souper.

L'enfant paraît très intéressé. Il se redresse un peu, se lèche même les babines. Il semble près de céder, mais il jette un coup d'œil à l'eau noire qui s'étire jusqu'aux montagnes derrière sa grand-mère, fronce les sourcils, et reste finalement campé sur ses hautes positions.

- Il faudra bien que tu quittes ce rocher à un moment ou à un autre, Neville. Et si tu ne viens pas tout de suite, c'est une grand-mère très en colère que tu vas trouver comme comité d'accueil !

Les yeux de Neville s'ouvrent en grand.

- Ce sera pire que lorsque tu as mangé toutes les prunes du verger d'un coup !

Les yeux du petit ont maintenant la taille de soucoupes.

- Pire que lorsque tu as fait tomber le portrait de ton grand-père !

Les yeux du garçon sont tellement écarquillés qu'ils paraissent près de tomber de leurs orbites.

- Pire que lorsque tu as voulu donner un bain à mon vautour !

Là Neville ferme les yeux, et se met à pleurer. Mais il ne descend toujours pas. Lady Augusta reste un moment stupéfaite. Que le petit ait plus peur de ce satané lac que d'elle, c'est tout de même inouï!

- Voyons, mon chéri, il ne t'arrivera rien. Regardes, Twinny à l'air de trouver l'eau très bonne.

La petite elfe, ne voyant pas la situation évoluer, a décidé d'avancer un peu plus dans le lac. Elle s'amuse maintenant à courir le long de la rive en faisant le plus possible d'éclaboussures. C'était un spectacle à la fois charmant et … désolant. Difficile de se prononcer.

- Mais, mais, mais…

Neville pleure tant qu'il a bien du mal à trouver ses mots.

- C'est tout-tout noir là dedans.

Et il ponctue la fin de sa phrase d'un formidable hoquet, puis se remet à pleurer de plus belle.

- Sapristi et saperlotte, tu exagères ! Bien sûr que c'est noir. Voilà pourquoi on l'appelle le lac noir. Ce serait vraiment inconvenant si le lac noir était vert !
- Et bien je préférerais qu'il soit rose, répond tout bas le petit baigneur entre deux sanglots.

Sa grand-mère est dans un tel état d'exaspération qu'elle tape frénétiquement ses talons sur le sol, faisant sautiller son vautour de façon redoutable. On le dirait prêt à bondir sur sa proie. En se forçant à penser à la surface glissante du rocher, et à la chute mortelle que Neville pourrait faire si elle lui jetait un maléfice de Jambencoton, elle prend une profonde inspiration … Deux profondes respirations … Un grincement de dents … Recommençons … Respirer, souffler … Respirer …
C'est ce moment que choisit malencontreusement l'elfe de maison, visiblement emportée par l'euphorie de sa baignade, pour envoyer une gerbe d'eau sur sa maitresse.
Un quart de seconde plus tard, Twinny se retrouve ligotée par une corde magique tout droit sortie de la baguette d'Augusta. Si cela est bien malheureux pour l'elfe qui ne peut plus patauger librement, c'est heureux pour Neville, car cela a au moins eu pour effet de calmer quelque peu les nerfs de sa grand-mère.

Après avoir pris trois bonnes respirations, pour finir de s'apaiser, elle opte pour une nouvelle tactique "d'amadouement de petit garçon récalcitrant". S'approchant du lac au plus près, elle tapote du bout du pied les galets à demi immergés.

- Regarde, Neville. Tu vois bien qu'il n'y a rien à craindre.

L'enfant renifle bruyamment, puis tend le cou, intrigué, pour voir ce que trafique sa grand-mère. Se sentant en veine, la dame se penche et plonge les doigts dans l'eau. Le bas de sa robe se mouille, et ses jupons humides viennent se coller contre ses bottines. Voilà comment on abime des chaussures de prix, c'est fâcheux. Mais elle tente de rester impassible devant ce désagrément. S'occuper d'un enfant demande vraiment des sacrifices éprouvants ! Respirer, souffler…
En surjouant peut-être légèrement la délectation, elle caresse doucement les flots noirs qui sont en train de ruiner le cuir souple et merveilleux qu'elle n'arrivera pas à rattraper, c'est sûr.

- Ooooh, Il faut que tu la goûtes, mon chéri. Elle est bien plus chaude que l'eau de la mare du manoir.

L'enfant, visiblement intrigué, cesse de pleurer, et se frotte les yeux des deux mains pour mieux observer la scène. Sa grand-mère les pieds dans l'eau, toute habillée, c'est une première!
Augusta plonge plus profondément sa main dans l'eau, et mouille sa manche par la même occasion. Nous ne sommes plus à cela près, une robe en velours de Gênes entièrement cousue à la main par madame Guipure fichue, si ce n'est pas malheureux ... Respirer, souffler…

- C'est aussi doux qu'un bain de lait et de miel. Il faut que tu essayes, mon cœur.

Neville s'est redressé sur ses genoux, il parait conquis … Oui ... Non … Doit-il descendre ? C'est qu'il aime beaucoup le lait et le miel. C'est doux et sucré … Peut-être pourra-t-il boire un peu d'eau du lac pour voir si elle a bon goût … Peut-être … Mais elle est bien noire tout de même … Lait et miel … Et si au fond du lac bien noir, il y a un monstre qui aime lui aussi le lait et le miel ? Et s'il n'apprécie pas du tout qu'un tout petit garçon en maillot rayé vienne boire son eau au lait et au miel à lui ? Et si le monstre aime encore plus le goût des petits garçons en maillot rayé que celui du lait et du miel ? Oh lala, alors c'est sûr, le montre va venir le croquer tout rond, et après pour bien le faire passer dans son estomac, il va boire une grosse gorgée d'eau au lait et au miel, et après il fera un énorme rot, et après Bonne-maman va lui crier dessus parce que c'est malpoli de manger les petits garçons en maillot rayé et de faire des gros rots, et le monstre ne va pas aimer se faire gronder comme ca. Le monstre, il veut manger qui il veut, et il fait des rots énorme s'il en a envie. Et alors il va aussi manger Bonne-maman pour ne plus qu'elle ne lui cri plus dessus, et on sera bien avancé !

- Non, non, non ! se met à hurler Neville, et ses pleurs reprennent de plus belle.
- Oh, maintenant c'en est trop ! crie Lady Augusta.

Elle se relève d'un bond et tape fortement du pied sur les galets pour marquer son mécontentement. Peut-être un peu trop fortement, car la rive est glissante, et elle dérape sans pourvoir se retenir. Dans un grand plouf, la Dame, ses jupons, sa robe en velours de Gênes, son immense chapeau et son vautour courroucé se retrouvent dans le lac, trempés de la bottine au chignon et du bec aux plumes de la queue.
Il faut plusieurs minutes à Lady Augusta pour retrouver ses esprits et pour s'asseoir correctement, les fesses et les jupes toujours dans l'eau. Alors qu'elle redresse tant bien que mal son chapeau qui tombe sur ses yeux, elle sent Neville qui s'installe, le plus innocemment du monde, sur ses genoux.
Le bain forcé a rincé la colère de l'une et la peur de l'autre. Aussi, à la place du sermon et des pleurs, Augusta recueille de l'eau sombre entre ses mains réunies en coupe pour la verser sur les plaques rouges qui constellent l'épaule gauche de son petit fils. Le garçon, lui, trouve très amusant de frapper la surface du lac avec la paume de ses mains pour faire un feu d'artifice de gouttelettes. Son rire clair résonne contre les montagnes autour.
Quand les plaques de l'épaule gauche ont disparu, la grand-mère s'attaque à l'épaule droite. Neville, lui, entreprend de mouiller Twinny toujours ligotée sur la rive. Et la petite elfe apprécie visiblement l'attention puisqu'elle entreprend de fredonner en imitant le son du yukulélé.

- Finalement, je l'aime bien ce lac, Bonne Maman.
- Et bien … Moi aussi, mon Chéri.
- Je pense qu'il faudra revenir demain après midi. Pour être sûrs que ça ne me gratte plus.
- C'est une sage décision.
- Et il faudra que l'on apporte un biscuit en forme de petit garçon aussi, pour le monstre du lac.
- Le monstre du lac ?
- Et oui ! Il ne doit pas être très content que nous barbotions dans son eau au goût de lait et de miel. Ca ne doit pas lui plaire du tout même. Moi ça ne me plairait pas en tout cas qu'on patauge dans mon lait et mon miel. Mais, vous avez vu, il ne m'a pas mangé pour autant, alors qu'il aime encore plus les petits garons que le lait et le miel. Il ne m'a même pas léché les orteils, pour goûter si j'étais bon.
- Ma foi, voilà qui est vraiment gentil de sa part. C'est un monstre fort bien élevé.
- Je trouve aussi.
- Alors nous lui porterons un gâteau en forme de petit garçon. Twinny ira le lui offrir en nageant.

A ses mots, L'elfe ravale ses dernières notes de ukulélé dans un gloups indigné, et entreprend de se faire la plus discrète possible, au grand soulagement des tympans d'Augusta. Une bonne chose de faite !
Neville reprend ses éclaboussures, et sa Grand-Mère s'attaque aux plaques de son cou. L'eau coule lentement sur sa nuque, chatouillant le garçon qui glousse et se tortille. Mais soudain il se redresse, puis se tourne et prend le visage d'Augusta entre ses petites mains.

- Oh, j'oubliais le plus important.
- Ah bon? Et quoi donc?
- Si nous revenons demain, il faudra que l'on trouve un maillot de bain pour votre vautour. Un joli, à rayures, comme le mien!
- Ah oui, effectivement c'est indispensable, répond la dame avec beaucoup de sérieux.

Heureux à l'idée de ce maillot tout comme le sien, Neville embrasse sa grand-mère, et se retourne pour continuer à jouer, tandis qu'elle lui frotte le dos.
Perché sur le chapeau trempé, le vautour courroucé est lui fort mécontent d'être empaillé ! Un maillot à rayures bleues, non mais vraiment, on lui aura tout fait ! Pauvre bête, lui qui aurait tellement préféré des pois rouges, pour mettre en valeur ses yeux courroucés !

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