Fanfiction Final Fantasy - L'Accident

Mar 09, 2016 12:11



Septième partie

Après tous ces jours de beaux temps ou la chaleur commençait à s’installer, il se mit soudainement à pleuvoir. Le début de ce week-end fut donc tranquille, presque morose. L’humeur générale était maussade, terni par la pluie et l’orage, mais aussi par la révélation de Fang.

Le fait d’apprendre que Lightning avait eu des réflexes nerveux sans que cela ne résulte à quelque chose de positif, était pire que de savoir que ça pouvait seulement arriver. Ils essayaient tous de positiver, mais ça faisait maintenant un mois et les chances s’amenuisaient toujours plus. Probablement étaient-elles nulles maintenant.

Tous déprimaient à leur façon, tentant tant bien que mal de se soutenir mutuellement, sans grand succès. Fang avait passé une partie de son samedi avec Tama, allongée sur l’une des banquettes de la terrasse couverte du Nora House à observer les hauts et les bas du temps se répercutant dans le ciel et sur la mer.

Ce fut la sonnerie stridente de leur communicateur qui la tira du profond sommeil dans lequel la pulsienne se trouvait en ce dimanche matin. Fang grogna de désapprobation, tournant sur le ventre entre ses couvertures pour enfoncer son nez dans son oreiller. Il était hors de question qu’elle se lève, ayant décidé la veille de déprimer autant qu’elle le voulait, calfeutrer dans sa chambre.

Elle entendit Vanille répondre à la quatrième sonnerie lorsqu’elle rabattit sa couette sur sa tête. Aujourd’hui, Fang voulait ne se préoccuper de rien, et encore moins devoir rendre visite à leurs amis. Pour une fois, elle avait envie qu’on la laisse tranquille avec sa tristesse. Cependant, elle soupira quand une bruyante exclamation de surprise lui parvint malgré l’épaisseur des murs et la porte fermée.

Dans la seconde qui suivit, un boulet de canon débarqua dans sa chambre, envoyant valser le battant de la porte contre le mur.

-       Fang, lève-toi, tout de suite ! cria Vanille, surexcitée.
-       Fiche-moi la paix, Vanille ! j’ai pas envie aujourd’hui, soupira Fang avec lassitude.

Vanille fronça les sourcils, décidant de prendre les choses en main. Elle agrippa les couvertures et les tira violemment avant de faire face à son aînée qui arborait un air mécontent, voir limite coléreux. Pourtant, la petite rouquine esquissa un large sourire. Ses joues étaient rosies et elle semblait plus joyeuse que jamais. Bon, par rapport au moins qu’ils venaient tous de passer, c’est certain qu’il n’en fallait pas beaucoup pour paraitre guilleret, mais là, elle semblait carrément radieuse.

Fang fronça les sourcils, se redressant  sur son lit.

-       Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle, maintenant curieuse.

Vanille pouffa de rire, joignant ses deux mains devant elle, puis elle se jeta sur elle, un doux rire claironnant à ses oreilles.

-       Elle est réveillée, Fang !

L’information eut du mal à passer. Tellement, que la pulsienne brune croyait avoir mal compris ce que son amie venait de lui dire. Mais Vanille répéta avec plus de force, s’écartant d’elle pour s’emparer de ses épaules.

-       Tu m’entends, Fang ? Lightning est réveillée !

Cette fois, elle n’avait plus aucun doute. Elle avait parfaitement compris la première fois. Son souffle quitta ses poumons et elle inspira violemment par la bouche, fixant Vanille dans les yeux. Elle ne savait pas quoi dire. Est-ce que c’était vrai ? Rêvait-elle ? Ou plutôt, cauchemardait-elle ? Parce que si elle se réveillait maintenant, pour réaliser que tout ça n’était que le produit de son imagination, il était certain qu’elle allait tomber de très haut.

-       Comment… ?
-       Je ne sais pas. Serah n’est pas rentré dans les détails, elle était trop surexcitée et impatiente de se rendre à l’hôpital. D’après ce que j’ai compris, ça s’est passé rapidement. Ses constances étaient stables, il n’y avait aucun changement, et puis sans prévenir, la minute qui suivait, elle était réveillée.
-       Oh par Etro ! Alors c’est vrai ? Je ne rêve pas ?
-       Non, tu ne rêves pas, Fang. Et oui, c’est vrai. Je ne m’amuserais pas à te dire le contraire.

Sa respiration s’accéléra. Son cœur tambourinait si fort dans sa poitrine qu’elle avait l’impression qu’il allait en sortir. Fang porta ses mains à sa bouche, étouffant un sanglot de joie. Vanille et elle se regardèrent, un large sourire barrant leur visage. Puis Fang sauta du lit, trébuchant dans les couvertures, rencontra douloureusement le bois du sol de sa chambre, mais elle se releva, toujours souriante.

Elle courait de gauche à droite, attrapant les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main, troquant son débardeur et sa culotte pour des propres, avant d’enfiler un pantalon et une chemise. Quand elle eut terminé, elle se tourna vers Vanille qui l’observait faire sans rien dire, heureuse de revoir l’impulsivité et l’hyperactivité de son aînée.

-       Tu es prête ? On n’y va ! ordonna Fang, surexcitée.
-       Attends au moins que je me change.
-       Dépêche-toi, pendant que je mets mes chaussures.

La brune partie en trombe vers le vestibule et Vanille secoua doucement la tête. Elle se précipita quand même dans sa propre chambre pour enfiler des vêtements corrects pour sortir, faisant tout son possible pour éviter de leur faire perdre du temps. Fang serait bien capable de partir sans elle. Ce qu’elle comprendrait parfaitement, mais quand même.

-       Vanille ? s’impatienta Fang.
-       Me voilà, me voilà ! On peut y aller, répondit la rouquine, glissant dans ses chaussures.

Fang s’empara des clés et referma derrière elles avant de se précipiter dans la direction de l’hôpital.

oOo
           Il faisait sombre. C’était angoissant et étouffant. Rien n’avait de consistance autour d’elle. C’était comme si elle stagnait en suspend à l’horizontale, sans pouvoir bouger. Même penser était difficile. Elle avait l’impression que sa tête était dans du coton.

En dehors de ça, elle n’avait pas froid, ni chaud d’ailleurs. Elle ne ressentait aucune douleur non plus. Elle ne ressentait rien en fait. C’était terrifiant. Où était-elle ? Que c’était-il passé ? Pendant une fraction de seconde, une autre question traversa la noirceur de ce qui l’entourait. Qui était-elle ? Puis, des prénoms percèrent les limbes autour d’elle.

Tous lui disaient quelque chose, mais lequel la représentait ? Elle voulait bouger, savoir et comprendre. Cependant, elle était comme enchaînée. Respirait-elle seulement dans cet endroit ? Le temps n’avait pas de prise et malgré toute sa volonté, elle n’était capable de rien ici. Elle avait le sentiment de s’enfoncer de plus en plus. Parfois, son corps s’alourdissait et son esprit se déconnectait.

A plusieurs reprises elle avait oublié ces prénoms, qui étaient la seule source de réconfort qu’elle arrivait à glaner dans cet enfer. Certains avaient même réussi à faire pulser quelque chose au centre de son être. Mais ça avait été fugace et aussitôt, elle avait tout oublié. Cela faisait combien de temps qu’elle flottait comme ça ? Avait-elle toujours vécu ainsi? Elle était persuadée que non.

Néanmoins, son esprit restait vide et la peur, le désespoir et la résignation s’emparèrent d’elle. Si elle était incapable de se rappelait quoique ce soit, à quoi bon lutter ? Peut-être que s’était sa destinée. Peut-être que son existence ce résumé à ça et qu’elle n’avait pas de consistance. Toutefois un murmure parvint à ses oreilles, comme une caresse sur son âme abîmée.

-       N’abandonne pas.

Abandonner ? Ne pas abandonner quoi ? Pourquoi ? Il y avait quelque chose d’important ? Pourquoi ne fallait-il pas qu’elle abandonne ? C’était son destin, non ?

-       Souviens-toi.

Le murmure était plus fort. Pourtant, ça ne ressemblait qu’à un souffle, mais il fit trembler l’entité qu’elle représentait.

-       Ecoute.

Elle avait la sensation d’être soutenue, retenue. A la fois tiré vers le fond et vers l’avant et il n’y avait qu’elle qui pouvait choisir dans quelle direction aller. Si seulement il y en avait une. Que ça soit d’un côté ou de l’autre, tout était sombre et angoissant.

-       Non, écoute, répéta le murmure. N’aie pas peur.

Ne pas avoir peur. C’était difficile, encore plus quand cette chose à l’intérieur d’elle, pulsait avec autant de force. Que pouvait-elle faire de toute façon, en dehors de faire confiance à ce chuchotis ? Elle résista à cette sensation étouffante qu’était la crainte, essayant de calmer ces battements qui résonnaient comme une fanfare autour d’elle. Elle se laissa porter, n’allant ni dans un sens ni dans l’autre. Elle attendit, ouvrant autant que possible toutes ses perceptions qui étaient à sa disposition.

Elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Encore moins si cela avait un résultat, mais peut-être avait-elle tout à y gagner. Dans le cas contraire, tant pis. Ça voudrait seulement dire qu’elle ne pouvait échapper à son destin.

Pendant un temps indéfini, qui parut durer une éternité, il ne se passa rien. Le néant l’entourait, assourdissant ses oreilles de ce silence morbide. Même le murmure avait cessé, la laissant seule, à son tour. C’était injuste. Pourquoi ? Pourquoi l’avoir aidé ? L’avoir poussé à lutter, Si c’était uniquement pour qu’elle stagne dans cette mer noire sans aucun espoir.

Puis, une étrange chaleur la saisit. Comme si quelque chose la réchauffer de l’intérieur. Les pulsations reprirent alors qu’une voix perça la brume de ce néant. Un son doux, chaud avec une pointe d’exotisme. Elle connaissait cette voix. L’entité qu’elle était en était certaine, vue la façon dont ça la faisait trembler.

-       Salut, Sunshine.

Quelque chose se coupa en elle. Après plusieurs secondes, elle réalisa que c’était son souffle. Elle respirait. Et ce mot résonnait avec force autour d’elle. Sunshine. C’était elle ? Elle était Sunshine ? C’était elle sans être elle. C’était une partie d’elle. L’un des morceaux le plus important de sa consistance.

Presque aussitôt, un flot considérable de voix explosèrent dans la noirceur de son environnement. Elle avait l’impression de tourner sur elle-même alors que les voix défilaient en même temps sans lui laisser une minute de répit.

-       Salut, petite. Tu nous manques beaucoup, tu sais. La protection du village n’est pas pareille sans toi.
-       Hé ! Comment vas-tu, aujourd’hui ? Yuj, Maqui et Gadot te passent le bonjour. Ils n’ont pas pu venir, mais tu peux être certaine que tu les verras demain.
-       Coucou, Sis’. Tu nous manques à tous. Surtout à Serah et à Fang, si tu savais. Alors si tu m’entends, fait un effort, d’accord ? Reviens-nous vite belle-sœur.

Au fond d’elle, un sentiment se tortilla sur lui-même. Etrangement, elle savait qu’elle n’appréciait que moyennement cette appellation, mais que c’était pourtant, quand même, une partie d’elle. Les deux prénoms tintèrent différemment à ses oreilles, faisant naître une brûlure qui accompagna les puissants battements. Serah et Fang. Une forte émotion la saisit. Dévorante, dévastatrice. Des prénoms aimés, adorés, qui bizarrement, avait plus d’importance que le sien.

-       Oh Lightning, tu me manques tellement. Je ne veux pas te perdre à ton tour. Tu es ma dernière famille. Je t’en prie, Light…

Les ténèbres autour d’elle se mirent bizarrement à tourner violemment. Les battements eurent des ratés alors que son souffle se coupait. C’était une petite voix douce, chaleureuse au ton déchirant qui réveilla tous ses instincts.

-       Réveille-toi, Claire !
-       S’il te plaît, Sunshine.

Pour la première fois, une sourde douleur explosa à la place des pulsations. Lightning, Claire, Sunshine. Elle était chacune d’elle et toute à la fois. Comme une vidéo, tout lui revint en mémoire. Ses amis, Serah et Fang. Sa dispute avec cette dernière. Tama en danger. L’accident. La douleur tellement fulgurante qu’elle ne dura qu’une seconde. Et finalement, le noir total.

La souffrance et la lassitude dans les voix de sa sœur et de son amante, déchirèrent sa poitrine. Son devoir était de les protéger, pas de les faire souffrir. Elle n’en voulait même pas réellement à Fang pour leur dispute. Elles auraient fini par en discuter, mettant les choses aux claires et Fang aurait fini par céder.

Elle voulait rassurer Serah. La prendre dans ses bras et lui dire que tout était fini, comme elle lorsqu’elles étaient petites et que sa cadette faisait un cauchemar. Elle voulait revoir Fang. Enfonçait son nez dans son cou pour sentir son odeur, glissait ses mains dans ses mèches noires et sauvages et sentir son corps se presser contre le sien. Elle voulait sa chaleur et l’embrasser.

Elle voulait encore profiter de la joie de vivre de Vanille. De son insouciance enfantine qui mettait toujours du baume au cœur. Elle voulait continuer à jouir des bons petits plats de Lebreau et la regarder se chamailler avec ces idiots de Yuj et Gadot. Discuter avec Maqui de ses inventions, parce que ce gamin avait de la matière grise à revendre, comparait à ses amis. Elle voulait même revoir Snow. Cet idiot ou sa seule intelligence résidait dans ses muscles, mais qu’elle savait droit et intègre. Se batailler avec lui était devenue une habitude et elle avouait adorer ça.

C’était trop tôt pour elle. Il y avait encore beaucoup de choses qu’elle désirait faire et elle avait encore de nombreuses années à vivre devant elle. Toutes ces années avec Fang et sa famille.

Lightning mit toute la volonté qu’elle avait dans l’espoir de se sortir de ce néant. Mais la torpeur et le gouffre dans lequel elle se trouvait, essayaient déjà de reprendre ses droits, commençant à grignoter ses souvenirs. Cet endroit ne voulait pas la laissait partir et résister était plus ardue qu’elle ne l’imaginait. Elle faisait travailler en boucle son esprit pour ne pas encore oublier. La fatigue la saisit, menaçant de la faire sombrer à tout instant. Il fallait qu’elle bouge, qu’elle réagisse.

Pendant une seconde, elle crut avoir réussi. Elle avait eu le sentiment de presque y être arrivée alors que la sensation de son corps lourd s’était faite plus tangible. Pendant une fraction de seconde, Lightning avait eu l’impression d’atterrir dans une coquille étroite, douloureuse et aux contours écrasant. Mais dans la seconde qui suivit, ce fut comme si elle y était violemment arrachée.

Le souffle court, ça lui avait fait l’effet d’être lacérée de l’intérieur, percevant presque la présence de sa chair et de ses os qui, eux, étaient restés sur place.

Le temps et les efforts s’éternisèrent. Elle était courageuse et combative. Lightning savait ce qu’elle voulait, mais elle était épuisée, à la limite de l’inconscience. Si elle baissait les bras, ça en serait fini d’elle. L’idée n’en était pas moins attrayante.

-       Elles t’attendent. Tu n’as pas le droit d’abandonner.

Le murmure résonna sans prévenir autour d’elle, faisant sursauter son âme. Toujours là quand on s’y attend le moins, pensa Lightning. Elle ne savait pas qui l’aider du tréfonds de cet abîme, mais elle lui en était reconnaissante, car elle avait raison. Elle n’avait pas le droit. Serah et Fang méritaient plus que les efforts qu’elle fournissait déjà. Elles méritaient beaucoup mieux.

Elle déploya les dernières forces qui lui restaient, mettant tout en œuvre pour s’extirper de ce cocon noir, étouffant et angoissant. Elle n’était pas certaine que ce qu’elle faisait servait à grand-chose. Est-ce que cela avait-il même un quelconque résultat ?

Elle ne pouvait pas bouger et sa seule capacité pour se battre, était d’utiliser son esprit et seulement lui. Elle fit alors la première chose qui lui passa par la tête. Elle imagina une porte fermée, barricadait par des verrous et des chaînes qu’elle s’acharna à faire sauter. Réussir à ouvrir cette porte serait sa sortie de secours. C’était ce qui la ramènerait chez elle.

Il ne se passa d’abord rien. Sa tête allait comme exploser, pourtant, les obstacles restaient accrochés avec obstination. Puis, un souffle l’enveloppa, s’immisçant dans les failles de son être. Avec un soupir de soulagement, Lightning sentit des forces lui revenir et de la détermination. Plus que jamais, elle avait maintenant le sentiment d’être incapable d’échouer. Elle s’obstina sur chacun d’eux, ne cédant pas aux douleurs qui pulsaient en elle.

Quand le dernier cadenas, la dernière chaîne explosa sous sa volonté, la porte s’entrouvrit, laissant filtrer une lumière blanche qui allégea son esprit. Elle était soulagée. Rassurait. Elle n’avait plus qu’à la traverser et ce cauchemar serait finit. Elle pourrait enfin retrouver les siens.

Le néant délia ses liens qui la retenaient, et Lightning se sentit être doucement entraînait vers la délivrance. Elle allait perdre conscience pour mieux revenir, mais avant de se laisser allait, elle adressa une dernière parole au murmure qui l’avait aidé.

-       Qui que tu sois… merci, souffla-t-elle, souriante.
Et le murmure lui répondit :

-       Tu m’as aidé par la force à une époque. Je t’ai aidé à mon tour. Nous sommes quittes à présent.

Lightning était trop fatiguée pour être surprise, et certainement qu’elle aurait tout oublié quand elle se réveillerait. Son esprit s’éteignit et ce qu’elle représentait dans ce lieu de ténèbres se dispersa en passant la porte. Cette dernière se referma lentement alors que Lightning retournait dans son corps solide. Le premier signe de son réveil, fut cette main dont les doigts se plièrent et se déplièrent, tandis que confuse, elle ouvrait enfin les yeux pour la première fois en un mois.

oOo
           Fang déboula dans l’hôpital comme une fusée, suivit difficilement par Vanille qui avait renoncé à l’idée de la faire ralentir. Elle se précipita sur Serah et Snow qui patientaient dans le couloir, jetant un rapide coup d’œil à sa cadette qui se courba en deux en arrivant, mains sur les genoux, pour reprendre son souffle.

Snow était étrangement calme et le connaissant, c’était anormal. Quant à Serah, elle était assise sur une chaise, se rongeant nerveusement les ongles. Qu’est-ce qui se passait ? Pourquoi ils n’étaient pas dans la chambre avec Lightning ? Une angoisse plomba son estomac.

La jeune Farron lui adressa un petit sourire quand elle la vit et Snow un simple signe de tête auquel elle répondit.

-       Tu es là, fis Serah, comme soulagée.
-       Oui, acquiesça Fang. Qu’est-ce qui se passe ? Pourq…
-       Ne t’inquiète pas. Le médecin est seulement en train de l’examiner. Mais je ne l’ai pas encore vu et je ne sais pas s’il y a des séquelles. Si jamais elle ne se souvient pas de nous.

Avec impulsivité, Fang étreignit Serah, plaquant la tête de la plus petite contre son ventre. Elle caressa tendrement les cheveux roses qui, en y regardant de plus près, étaient plus foncé que ceux de sa sœur aînée.

-       Ça va aller. Tu te rappelles, tu m’as dit qu’il fallait toujours rester positif.
-       Oui, renchérit Vanille. Ne nous inquiétons pas pour rien, d’accord.

Elle donna du poids à son soutien en posant une main réconfortante sur l’une des épaules de son amie, esquissant un sourire à Snow qui était resté silencieux.

Presque une demi-heure plus tard, la porte de la chambre s’ouvrit enfin, laissant passer un homme grand et mince en blouse blanche.

Les cheveux bruns coupaient court, la peau de pêche et de fines lunettes sur son nez, le médecin se présenta devant eux avec un sourire. Serah sauta sur ses pieds pour se rapprocher. Fang et elle se tenait côte à côte, suivit par Vanille et Snow qui était tout aussi impatient qu’elles d’avoir des nouvelles.

-       Comment va-t-elle, docteur ? craqua Serah, alors que Fang était muette d’appréhension.
-       Eh bien, elle est très fatiguée, apprit-il.
-       Mais elle va bien ? finit par questionner Fang.
-       Oui, vous n’avez aucun souci à vous faire. Il va lui falloir beaucoup de repos et un peu de rééducation aussi après être resté un mois sans bouger, mais en dehors de ça, elle va très bien.
-       Est-ce qu’elle a des séquelles ? Est-ce qu’elle se souvient de nous ? interrogea Serah, ses angoisses se répercutant sur Fang qui tourna son regard vers le médecin.
-       Rassurez-vous, elle n’a aucune séquelle. Elle se rappelle de tout. Dans les moindres détails, ce qui est fou quand on sait qu’avec le choc qu’elle a reçu, elle aurait au moins dû oublier l’accident.
-       Elle a toujours eu la tête dure la belle-sœur, lâcha Snow, le soulagement perceptible dans sa voix.
-       Tu lui rediras ça en face mon gaillard, répliqua Fang, narquoise.
-       Avoue qu’il n’a pas tort quand même, ria Vanille.
-       Vous êtes irrécupérable, soupira Serah. Est-ce qu’on peut la voir ? demanda-t-elle en se tournant vers le médecin qui les regardait avec amusement.

Pendant un mois, il les avait tous vu passer ici un par un. Il avait vu la détresse, la peur et l’angoisse dans cette petite tête rose. Il avait remarqué l’impuissance et la frustration dans ce mastodonte de muscle qu’était ce grand blond. Ainsi que la tristesse et l’espoir dans cette petite rouquine. Et par-dessus tout, il avait observé cette jolie brune exotique se battre contre le désespoir de perdre la personne aimée. Encore maintenant, elle en portait les stigmates, mais rien n’était plus réconfortant et valorisant pour son métier, que de voir ce large sourire de bonheur balayait tous ces jours de souffrance.

-       Bien sûr, mais pas longtemps. Elle a vraiment besoin de repos. Nous commencerons la rééducation dès qu’elle se sentira assez en forme.
-       La connaissant, elle va vouloir commencer dès demain pour sortir le plus vite possible, ria Fang en s’avançant vers la chambre.

Serah, Vanille et Snow rirent à leur tour, approuvant la pulsienne brune. Ils prirent congé du médecin avant de pénétrer dans cette chambre  qui, jour après jour, les avait tous vu défiler.
 
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