One-shoot.
Titre: Prête-moi ton coeur.
Genre: Euh... Triste, peut-être.
Source: Hey!Say! JUMP.
Personnages: Yamada et Chinen.
Age conseillé: Tous les âges.
C'est toujours le même refrain. Les nuits se succèdent et c'est dans la même peur et le même désarroi que Chinen attend l'aube. Et si Yamada était à l'origine de tous ça?
Un souffle. Juste un souffle. C’est tout ce qu’il demande. Mais il n’y arrive pas. Depuis déjà deux mois, chaque nuit, c’est toujours la même angoisse. Sa respiration irrégulière et haletante, cette sueur, et ces remontées qui le réveillent subitement. Mais d’où vient le problème ? Qu’est-ce qui ne va pas chez lui ? Tant de questions sans réponses. Qu’est-ce qui l’empêche de respirer ainsi? Serait-ce ce à cause de sa dernière dispute avec… Non. Ca ne peut pas être ça. C’est impossible. Chinen n’est pas du genre à se torturer l’esprit pour ce genre de petites querelles, trop enfantines malgré la douleur qu’elles engendrent. Il avançait, quoi qu’il faille endurer, il ne savait que trop bien à quel point regarder en arrière était une erreur. Il n’était pas du genre à être pris d’angoisse pour des engueulades d’ados. Bien que ce soit son meilleur ami, et qu’il le voit tous les jours, au lycée ou encore à l’agence, il ne lui avait pourtant pas encore adressait la parole. Depuis deux mois déjà. Tout ça pour une histoire de filles. Et cet imbécile de Yamada qui disait vouloir privilégier sa carrière. Quelle ironie. Mais à ces pensées, c’en fut trop pour le jeune Chinen. Il se rallongea, puis, les yeux grands ouverts et enbués, il attendit le petit matin.
Le lendemain fut une journée banale. Il lui semblait qu’il vivait toujours la même journée, depuis bientôt 9 semaines. Il arrivait devant le lycée, attendait Yuto pour le saluer, et le quittait avant que Yama-chan n’arrive. Lors du déjeuner, il n’allait pas les retrouver, et le soir il rentrait tranquillement, sans un mot. Ce genre de journée futile et insipide, le jeune garçon ne les aimait pas vraiment. Du haut des ses dix-sept ans, il avait jugé ces deux derniers mois sans intérêt.
Encore. Encore une fois. Il a été réveillé par le bourdonnement de son cœur. De l’eau. Il se sent rempli d’eau. Il pense qu’il va éclater. Il n’avait jamais ressenti une telle oppression, avant. Enfermé dans la petite pièce qui lui sert de chambre, il regarde les 4 murs, qui lui semblent se resserrer lentement. Encore ce sentiment atroce. Comme s’il pouvait voir la mort, la caresser et bavarder avec elle. C’est comme s’il n’était plus maître de son corps durant quelques secondes. Il sursaute, revenant à lui. Cette dispute le touche énormément, même s’il ne veut pas l’avouer. C’est ce que sa conscience le laisse entendre. C’en est assez de ces nuits cauchemardesques. C’est décidé. Demain, il irait parler à Ryosuke. Puis alors, il serait libéré. Leur querelle est la seule raison de son mal être. Du moins, c’est ce que Chinen croyait naïvement.
Il se rendait à pied jusqu’à la maison de son ami, le regard plein d’assurance. Il va lui dire ce qu’il pense de cette histoire, c’est sûr. Il serre ses poings, il bombe le torse. C’est un guerrier. Jamais, il ne reculera. Il doit le faire. Il arriva devant la maisonnette, et se mit à sonner. Au même moment, son téléphone vibra. « Ah… Maman. Que veut-elle encore, juste maintenant ? ». Puisque personne ne lui avait encore ouvert la porte, il décrocha.
« - Oui, maman ? Qu’y a-t’il ?
-Yuri. Dis, assieds-toi. Maman doit te dire une chose importante.
Il détestait la façon dont sa mère le traitait. Elle agissait comme une mère poule et cela avait le don d’agacer Yuri. Malgré ça, il ne pouvait lui en vouloir. Après tout, c’est lui qui se repose toujours trop sur elle. Alors en lui mentant, il répondit.
-Je suis assis. Qu’est-ce qu’il y a de si grave ?
-Yu-kun, tu te souviens du check up que nous sommes allés faire il y a quelques semaines, pour contrôler tes conditions physiques ?
-Bien sûr. Et bien ... en quoi est-ce un problème ?
-Il semble que ton cœur n’aille pas très bien. Le docteur veut te voir et discuter avec toi. Viens à l’hôpital le plus vite possible. Je t’y attends.
-Qu’est ce que tu racontes encore ? Qu’a dit le médecin exactement ?
Il y eut un silence. Un silence dévastateur. Yuri en eu le sang glacé.
Elle ne pouvait répondre à son fils. Son enfant. Elle l’avait mis au monde et l’avait élevé, et il était si beau maintenant, si intelligent, et encore si jeune. Comme il haussa la voix, elle se mit à pleurer. Non pas parce que son enfant était capricieux et quelques foi détestable avec elle, sa propre mère, mais parce qu’elle ne pouvait lui dire la vérité. Elle ne voulait pas croire cette vérité foudroyante et intolérable.
-MAMAN, QU’EST-CE QUI SE PASSE A LA FIN ? ARRETE DE PSYCHOTER POUR UN PETIT PROBLEME DE RIEN DU TOUT ! CA NE DOIT PAS ETRE SI GRAVE APRES TOUT, NON ? JE VOUDRAIS BIEN SAVOIR CE QUI M’ARRIVE
-TU VEUX SAVOIR, YURI ? Tu veux savoir ce qu’est ton petit problème de rien du tout ? Tu veux savoir que… Tu es atteint de… Tu es atteint… d’une maladie cardiaque… Et … Qu’à moins d’une greffe, tu ne guériras probablement jamais. Tu veux savoir que… tu peux quitter ce monde n’importe quand, dans quelques années comme dans la minute qui suit. Tu veux savoir que l’ange de la mort torture mon unique fils, mon bébé. Il ne répondit pas. Comment pouvait-il ? Au fond de lui, il avait bien compris, mais il préférait se persuader que c’était une blague. Après tout, sa mère avait toujours aimé plaisanter. Mais la réalité était tout autre, et il le savait parfaitement.
-……Menteuse. Tu mens. Ca ne peut pas être vrai. Tu mens. TU MENS !
-Les troubles du sommeil, ta gêne à la poitrine, ton impression que ton cœur se noie. C’est la seule explication, Yuri. Et, le docteur… »
Il raccrocha... Et vlaaan. Cette annonce lui faisait l’effet d’une claque en pleine gueule. Peut-être même l’effet d’une bombe, plongeant son monde dans le plus assourdissant des chaos. C’était bien le cas de le dire. Lui qui s’était toujours reposé sur les autres, lui qui avait toujours été protégé par maman, à présent, il se retrouvait seul. Maman ne pouvait plus rien faire pour l’aider, personne ne pouvait plus rien pour lui. Il était seul face à la mort, seul face à ce monstre que l’on appelle « destin ».
Debout, immobile, le regard fixé sur la petite porte grise, il eut un léger vertige et sentit ses jambes fléchir. « Ecoute ta mère, Yuri, écoute ta mère », il aurait voulu que quelqu’un le lui rappelle, à cet instant. Il aurait du s’asseoir. Le voilà maintenant à terre. Alerté par le bruit de la chute de Chinen, quelqu’un vint ouvrir la porte.
-Excusez-moi, la sonnette fonctionne mal et je n’ai… CHINEN !
Yamada se précipita vers son ami. Paniqué, il ne savait pas vraiment quoi faire. Mais pour l’instant, hors de question de le regarder se traîner par terre. Instinctivement, il le saisit par les bras, et le leva difficilement avant de le faire rentrer à l’intérieur et de l’installer dans un futon.
Cet appartement, Ryosuke l’occupe seul, durant ses jours de congés. Ses parents veulent qu’il profite de son temps libre pour avoir un peu d’intimité et de calme. Il s’y sent bien, enfin seul pour profiter du silence, car la vie d’un jeune artiste est dure et peut s’avérer pénible.
Les yeux scrutant son ami, il était perdu dans ses pensées.
-Huu.. ahuum, ahuum.
-Ah, t’es réveillé ? Comment tu te sens
-Je… Aïe. Je crois que…
-Hep ! Non, ne bouge pas. Tu es encore trop faible.
Yamada rafraichissait tendrement le visage de son ami, mais bientôt des sanglots l’interrompurent.
-Eeeh ? Qu’est-ce qui t’arrive ? Ca te gêne ? Tu veux que j’arrête de t'rafraichir ?
- Non, ce n’est pas ça. Tu ne pourrais pas comprendre, de toute façon.
-Mais quoi ? J’aimerai bien que tu m’expliques, en tout cas.
-Je suis… Tu sais je vais… Oh, laisse tomber.
Yamada laissa échapper un soupir.
-Dis, Ryosuke, si… si un jour je devais… si un jour je n’étais plus, tu…
Yamada le coupa.
-A quoi est-ce que tu joues à la fin ? C’est quoi cette séance de sentimentalisme ? T’as décidé d’être émotif, maintenant ? Ca ne te ressemble pas. Toute cette scène est trop bizarre. Où est le petit Chinen qui sorte partout sans jamais s’épuiser ? Tout ça ne te ressemble pas. Ca n’est pas Chinen Yuri.
-Pour la première fois de ma vie, j’aimerai vraiment ne pas être Chinen Yuri.
-Oh, assez d’idiotie maintenant. Regarde, tu as sommeil. Repose-toi encore un peu. Je reste là, je veille sur toi.
-Mais, si jamais je.. Tu feras.. Prêteras...
-Quoi ? Qu’est ce que tu dis ?
Avant même d’avoir pu poser entièrement sa question, l’adolescent s’endormi. Pendant qu’il dormait paisiblement, Yama-chan restait perplexe. C’était quoi cet espèce de scénario semblant sorti d’un drama du genre bien dramatique ?
Au réveil de Chinen, celui-ci expliqua tout à son ami. Mais malgré le fait qu’il s’était libéré de ce secret, il était véritablement effrayé.
-J’ai peur. Pour de vrai, cette fois. Je n’aime pas toute cette incertitude. Je suis terrifié à l’idée de ce qui pourrait m’arriver.
Yamada, pour le moins perturbé, finit par lui dire :
-Qui êtes vous ? Et qu’avez-vous fait de mon ami ?
-Ce n’est pas une blague. Et je n’ai pas franchement envie de rire.
Yamada devint plus sérieux. Il attrapa Chinen par les épaules et lui lança:
-Le Yuri que je connais n’a peur de rien. Il n’a pas peur du futur, et encore moins de la mort. Le Yuri que j’admire pense qu’il a l’âme la plus guerrière de tous les temps, il pense qu’il peut vaincre le destin, et même la fatalité.
-Mais comprends bien, Ryosuke, que la situation est différente. Chinen Yuri est au pied du mur. Il ne pourra jamais continuer à vivre dans cette peur. C’est trop pour lui.
-Tout ira bien, puisque je resterai à tes côtés.
Chinen répondit par un sourire.
Quelques mois avaient passé, et la situation ne s’était pas dégradée. Bien que le cœur de l’adolescent puisse lâcher subitement, à tout moment, la confiance s’était réinstallée lentement en lui, et il avait moins peur du quotidien à présent.
Il est vendredi. 16 heures, fin des cours. Comme chaque jour à la fin des cours, Chinen squatte le canapé, dans le petit appart de Yamada. Mais cette fois, c’est un peu différent de d’habitude. Cette fois-ci, les parents de Chinen sont en déplacement, affaires obligent, donc il reste dormir.
Ils dormiront tous les deux dans des futons installés côte à côte. Si jamais Chinen est pris de ses angoisses nocturnes, Yamada sera tout près.
La soirée se déroula comme lorsque deux « potes » se retrouvent seuls un vendredi soir. Au menu, Junk Food et film. Ca faisait longtemps qu’il ne s’était pas retrouvé de cette façon, et ils étaient vraiment heureux. Evidemment, les autres seven n’étaient pas là. Ils auraient tellement voulu les inviter mais, Chinen avait trop peur d’être découvert. Après avoir discuter un long moment, les garçons se couchèrent et s’endormirent profondément.
Au milieu de la nuit, Yamada fut réveillé par des toussotements répétitifs et des cris de douleur. Il ne réfléchit pas. Il se leva, et tout en paniquant, essaya de calmer son ami.
-Chi qu’est-ce qu’il y a ? Doucement Chi, ça va aller. Reprends-toi. Respire petit à petit, lentement. Prends ton temps.
Mais, il n’y avait plus le temps. Alors que Chinen s’aggripait au bras de Yamada, celui-ci comprit que la crise de son ami n’était pas anodine. Il avait l’impression d’être à présent dans un cauchemar épouvantable. Il priait de toutes ses forces pour se réveiller, mais à chaque fois qu’il rouvrait les yeux, la situation n’avait pas changée. C’est alors qu’il prit conscience que ce n’était pas à lui d’avoir peur. C’est vrai, ça. Qu’en était-il de Yuri ? Après tout, c’est lui qui était en danger. Pendant que cet idiot de Ryosuke priait comme une fillette, il était peut-être en train de toucher le fond. Yamada allongea Chinen doucement.
-Non, non. Ne me laisse pas, Ryosuke. J’ai peur. J’ai froid. Me laisse pas.
Yamada, les yeux noyés de larmes, le prit dans ses bras.
-Je suis là. Je suis avec toi, Yuri. Je te l’ai promis, n’est-ce pas ? Après tout, un homme tient ses promesses. Et puis, tu es mon meilleur ami. Comment je pourrais te laisser ?
-Dis, tu crois que c’est la fin ?
-Mais qu’est-ce que tu m’racontes encore !? Arrête dire ça. J’ai appelé l’ambulance. Tout ira bien.
-Tu sais, Yama-chan, tu dois pas t’en vouloir, hein.
-Je ne m’en voudrais pas, Chi, puisque tout va bien se passer. Demain matin, tu sautilleras gentiment devant ma télé, tu verras. Tu verras.
-Ryosuke. Il y a cette question que je voulais te poser.
-Q’y a-t-il ?
-Tu.. ne m’oublieras pas, n’est-ce pas ?
-Mais qu’est-ce que tu dis ! Je ne vais pas t’oublier. Je ne risque pas, puisque demain on ira jouer ensemble. Dis, soyons sûr de faire un karaoké cette fois, hein.
Sa voix était brouillée par les pleurs, et les larmes affluaient maintenant. Il parlait de choses si banales, alors que son ami mourrait dans ses bras ! Qu’est-ce que le karaoké venait faire dans cette discussion ? Il ne savait pas. Mais il voulait absolument croire qu’il y chanterait, avec Chinen, le lendemain.
-Yama-chan, tu dois vivre pleinement. Tu dois faire en sorte que ce monde se rappelle de Chinen Yuri, hein. Et tu dois profiter de tout ce que la vie ne pourra jamais m’offrir. Avec ce cœur qui est le tien, tu dois me faire vivre, Ryosuke. Continue de faire vivre le guerrier Yuri, au travers toi. Prête-moi ton cœur, pour que mon nom laisse sur cette Terre, une trace immuable. La trace de ma naissance, ainsi que celle de notre rencontre, et de mon amour infini pour vous tous. Prête-moi ton cœur.
-Non, non, NON ! Tu dois rester. Reste avec moi. Yuri, regarde-moi. Je suis là, avec toi. Regarde-moi. YURI ! YURI !
Ce furent les dernières paroles du jeune homme. Un sourire paisible accroché aux lèvres, il a rendu son dernier souffle dans les bras de celui qui l’avait supporté durant tout le long de son combat. Les larmes de son ami ruisselaient sur ses joues pâles et gelées. C’était un guerrier, un battant, un vainqueur. Un garçon au grand cœur. Il est mort fier comme un héros.
Une dernière fois, Yamada regarda son ami. Dans ce cercueil de chêne blanc, il semblait qu’il n’avait jamais été aussi beau. Son visage affichait un air pâle mas tellement radieux. On aurait pu penser qu’il était dans un rêve. Des fleurs. Des fleurs colorées ornaient son petit corps. Il était vêtu d’un costume. Le costume du dernier concert des JUMP. Il n’y avait que comme ça qu’il se sentait bien, après tout. Yamada rejoint les autres membres du groupe, déjà tous présents. Ils se soutiennent dans ce moment affreux. Perdre un ami, un collègue, une petite part d’eux-mêmes, ils ressentent tous cette abominable tristesse, cette souffrance indéfinissable. Ils regardent le cercueil passé, main dans la main. Ce n’est pas un adieu. C’est un au revoir. C’est la promesse de se retrouver un jour, peut-être dans une autre vie, qui sait. Après tout les JUMP étaient 10. Même au-delà-de la mort.
Yamada arbore ces murs. Il cherche une image agréable, un souvenir heureux, à associé à ces cloisons. Ses yeux se mouillent, puis bientôt des larmes le surprennent. Le rouleau à la main, il applique la peinture. Il y passe deux couches, trois, puis bientôt quatre. Comme s’il pouvait cacher ce malheur, comme s’il pouvait couvrir la mort, la faire disparaître. Mais peu importe le nombre de fois qu’il peint ces murs, il sait que ça ne lui rendrait pas Yuri. Depuis des jours et des jours, il peint. Sans relâche. Il veut cacher ça. Il veut dissimuler la tragédie derrière des litres de peinture. Alors qu’il se retourne pour prendre un nouveau pot, il entend un léger bruit. Il se penche vers l’étagère et voit qu’un petit papier est tombé. Il ne peut s’empêcher de sourire quand il le ramassa. Sur le papier était écrit « Début des dessins animés : 9.OO ». Il sourit radieusement. Malgré sa maladie, Chinen était toujours resté fidèle à lui-même, il n’avait pas changé. Et ces murs non plus, n’avaient aucun besoin de changement. Ryosuke avait enfin compris. Il avait enfin compris les paroles de son ami. Il doit faire vivre son ami. Il doit vaincre la mort. A travers ces murs sur lesquels il a versé des millions de larmes, Chinen Yuri laissera toujours une marque indélébile de son existence.