La Magie, ça n'existe pas! - 2/5

Apr 03, 2011 17:50

Voici le deuxième chapitre de ma fiction sur Pétunia :


Nuits d’insomnie.

Au cours de ces six dernières années, à chaque fois ça avait été la même chose. L’angoisse qui se réveillait de sa sourde torpeur. Ce sentiment grandissant, étouffant envahissant les moindres cellules de son corps. Ce malaise qui entrainait chez Pétunia d’inéluctables crises d’insomnie.
À chaque fois que Lily rentrait pour les vacances, l’ainée des Evans voyait ses nuits hantées par des cauchemars où monstres et créatures invisibles en tout genre rodaient. La peur s’infiltrait dans son cœur et se distillait dans ses veines au rythme des pulsations.
Dès que la jolie rousse réapparaissait dans sa vie, Pétunia souffrait. Elle ne savait jamais à quel point la sœur qu’elle connaissait aurait changé, lui serait étrangère.

Les vacances de Noël de la première année avaient cependant été l’exception. À cette époque, c’était l’excitation de revoir sa sœur et l’envie d’en savoir plus sur ce monde inconnu qui avaient maintenu la brune alerte. Très tôt le matin elle s’était éveillée, trépignant d’aller sur le quai où ce train lui rendrait sa sœur.
En ce matin de décembre, l’air frais obligeait les passants à s’emmitoufler dans d’épais manteaux et de chaudes écharpes. La neige avait fait son apparition quelques jours plus tôt au grand ravissement des enfants du quartier. Pétunia savait qu’une partie de boules de neige serait au programme des retrouvailles avec sa sœur. Malgré ses quinze ans, elle prenait toujours beaucoup de plaisir à être avec sa petite sœur. Elles étaient différentes, mais avaient réussi à s’entendre et à s’aimer.

Attendant entre les voies 9 et 10 de la célèbre gare londonienne de King’s Cross, chacun des membres de la famille Evans guettait le retour de leur petite Lily. Celle-ci apparut enfin au milieu de la foule des voyageurs, trainant derrière elle sa grosse valise. Son père la trouva grandie, sa mère fatiguée, et Pétunia changée. Elle paraissait heureuse, comme si elle avait enfin trouvée sa place, mais triste. La jolie rousse avait les traits tirés et les yeux voilés de chagrin malgré le sourire qui s’affichait sur son visage.
La bataille de boules de neige, dans le jardin familial, permit à la cadette des Evans de retrouver un peu de son entrain habituel. Pétunia avait été impressionnée par ce que sa sœur lui avait confié concernant les batailles magiques que les élèves organisaient dans son école. Jamais la brune n’aurait imaginé tant de sortilèges et de formules pour un simple jeu. Des sorts permettant de faire léviter l’eau glacée, de faire fondre les projectiles avant qu’ils n’atteignent leurs cibles, ou bien encore la possibilité de les transformer en fleur, en bulle et en un tas d’autres choses encore, et même la capacité pour les plus âgés de se protéger du froid. Pétunia était à la fois fascinée par ces récits et torturée par la jalousie qui grandissait un peu plus en elle.

Les premiers jours, la jeune sorcière parvint à donner le change à ses parents, réussissant presque à convaincre sa sœur que la fatigue était la seule responsable à sa mine défaite et ses yeux bouffis. Pourtant, le soir de Noël, c’est en larmes qu’elle vint se réfugier dans le lit de sa grande sœur comme elle en avait eu l’habitude avant son départ pour Poudlard. En silence elle se réfugia dans les bras de « Tunie ». Cette nuit-là, elle pleura un bon moment, confiant à celle qui l’avait toujours protégée ses angoisses et ses tourments.
Dans son école, beaucoup étaient intolérants avec elle, l’insultant, la traitant de « Sang-de-Bourbe » car elle n’avait aucune parenté avec des sorciers. Severus n’était pas dans la même maison qu’elle, ainsi qu’elle le lui avait rapporté dans un de ses nombreux courriers, et de ce fait elle n’avait pas véritablement d’ami.
Il y avait bien ce Remus qui semblait vouloir se rapprocher d’elle, mais il trainait malheureusement avec ce Potter et ce Black, auxquels il fallait ajouter Pettigrow qui se faisait un malin plaisir à imiter ces deux comparses. Le sorcier au regard doux et chaud couleur miel essayait toujours de prendre sa défense, mais James, cet horrible James se défoulait sur elle. Pas un jour sans qu’il ne lui fasse une « blague », pas un jour sans qu’elle ne subisse ses attaques. Ça avait commencé dès le voyage de rentrée, où dans le train menant les jeunes sorciers vers leur école, Lily avait tenu tête aux deux bruns qui se moquaient de l’apparence de Severus. Et puis la façon dont il la fixait continuellement et qui lui faisait un peu peur… Tout devenait trop lourd pour la jeune sorcière.

Cette nuit là, ce fut le début des cauchemars de Pétunia. Pour calmer sa petite sœur, elle lui avait demandé de lui raconter tout ce qu’il y avait d’extraordinaire dans son école, toutes les créatures qu’elle connaissait, tous ces gens bizarres qu’elle côtoyait. Si cela avait effectivement redonné le sourire à la plus jeune des Evans, l’ainée quant à elle n’avait pu s’empêcher d’être à nouveau envieuse et amère envers ce monde auquel elle avait rêvé d’appartenir, de toutes ces choses qui la dépassaient et que jamais elle ne comprendrait.

À ce sentiment coupable s’était aussi ajoutée la peur de laisser repartir sa petite sœur sans réel soutien. Cette angoisse s’était accentuée et transformée au fil des années. Lily s’était fait de vrais amis, dont Remus et Alice, et avait peu à peu laissé tomber Severus, au grand soulagement de son ainée. Mais la rumeur d’une menace plus grande se faisait de plus en plus insistante.
Quand Lily était rentrée pour les vacances d’été avant d’entamer sa dernière année, Pétunia avait été affolée d’apprendre que le qualificatif « Sang-de-Bourbe » dont était souvent traité sa sœur n’était pas qu’une insulte et recouvrait une réalité beaucoup plus sordide. Un certain mage noir, qui se faisait nommer Voldemort, mais dont jamais personne ne prononçait le nom, semblait vouloir « purger » la communauté sorcière, en exterminant les Sangs Impurs, et les Sang-de-Bourbe. Lily était révoltée et voulait se battre contre cet homme qui se croyait au-dessus du reste de l’humanité.

Lily et Pétunia s’était fortement disputées à ce propos. La brune ne voulait pas que Lily se batte, alors que celle-ci ne voulait pas faire partie des lâches qui se taisaient. Ce conflit avait duré toutes les vacances et ne s’était pas résolu au moment où la jeune femme rousse avait pris le train pour sa dernière année en tant qu’étudiante à Poudlard. Les deux sœurs s’étaient quittées sans un mot, sans un regard, mais le cœur lourd avec chacune une boule d’angoisse leur nouant le ventre et des milliers de regrets.

Pas un courrier ne fut échangé. Aucune nouvelle ne fut donnée jusqu’à ce jour où Pétunia vit un hibou qu’elle ne connaissait pas frapper à sa fenêtre. On était à deux jours des vacances, et les insomnies de la jeune femme brune avaient commencées depuis une bonne semaine déjà. Aux angoisses habituelles de savoir à quel point sa sœur et elle seraient devenues différentes, s’ajoutait celle du pardon espéré pour cette stupide querelle à propos de l’avenir. La jeune brune était revenue chez ses parents pour Noël, espérant passer un agréable moment en famille. Seulement cette lettre que lui adressait sa sœur venait de lui gâcher ses vacances.

« Pétunia,

Comment vas-tu ?

Je sais que je n’ai pas écrit, mais j’avoue que j’étais et que je suis toujours en colère contre toi. Je sais que tu ne veux que mon bien, mais je vais avoir dix-sept ans, ce qui signifie, dans mon monde, que je vais être majeure. Je suis en droit de faire ce que je pense juste et utile.
Mais ne nous attardons pas sur ce point, je ne t’écris pas pour te faire des reproches. Non, malgré les apparences, cette lettre contient une excellente nouvelle.

Je ne rentrerai pas pour les vacances de Noël cette année, j’ai décidé de les passer à Poudlard avec mes amis et avec James. Depuis deux mois déjà nous sommes ensemble. Qui l’aurait cru ? Pas moi, en tout cas.

Je suis sûre que tu te demandes ce qui a bien pu se passer pour que je tombe amoureuse de ce « crétin de Potter » comme nous l’appelions il n’y a pas si longtemps encore… Parce que oui, je l’aime, Tunie. Je ne sais pas comment cela s’est produit, c’est devenu une évidence à la rentrée, comme si au fond de moi je l’avais toujours su. Je parlais avec Remus, de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom-Et-Dont-Tu-Ne-Veux-Pas-Entendre-Parler, quand James s’est joint naturellement à la conversation, argumentant et défendant ses idées posément. Il a beaucoup muri et je partage bon nombre de ses convictions.

Et puis… il m’aime Pétunia, depuis le premier jour m’a-t-il confié. Tous ces tours n’avaient d’autre but que d’attirer mon attention. Il s’y est mal pris, nous avons mis du temps à nous entendre, à nous comprendre, mais nous nous sommes enfin trouvés.

Tunie, je suis heureuse.

Alors cette année, j’ai envie de profiter de lui un peu plus tranquillement que quand tous les élèves sont là. Ma charge de préfète-en-chef ne me laisse déjà que trop peu de temps pour profiter de mon amoureux pour que je gaspille ne serait-ce qu’une minute.

Je n’ai pas le courage de le dire à Papa et Maman qui ont déjà dû tout préparer. Dis-leur que je ne peux pas rentrer à cause de mes fonctions, et que je leur enverrai un hibou très prochainement. Je vous ferai parvenir mes cadeaux au moment voulu.

Je t’embrasse fort.

Lily »

Pétunia souffrait, se sentant trahie, déçue et terriblement jalouse. Lily respirait le bonheur dans les bras de cet homme qui durant six longues années l’avait faite pleurer. Six longues années durant lesquelles Pétunia avait été là pour calmer les pleurs de sa cadette, six longues années au cours desquelles elle avait appris à détester Potter.
Cette année, Pétunia ne verrait pas Lily qui ne voulait pas « gaspiller » son temps avec ceux qui étaient sa véritable famille, qui l’avaient toujours aimée et entourée.
Cette année, contrairement à sa petite sœur, Pétunia serait seule. Seule au milieu de tous, sans quelqu’un pour partager ses soucis, sans épaules sur laquelle se reposer ou sans bras dans lesquels se sentir en sécurité.

Cette année, il n’y aurait pas cette fameuse magie de Noël, car comme on l’a souvent répété à Pétunia, la magie, ça n’existe pas !

isfah.livejournal.com/10544.html

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