États d'âmes
Chapitre Trois
« Ce sont choses les plus superficielles que l'on croit le plus. »
- Kira
Il leva les yeux sur une affiche et faillit s'évanouir de surprise. La réincarnation d'Axel, l'un de ses personnages préférés de Kingdom Heart II, cet attachant garçon garni d'un hérisson rouge en guise de cheveux s'y trouvait sauf que le hérisson en question était noir. Il secoua la tête et soupira. Bill Kaulitz bien sûr. A sa droite, son homologue, poulpe malgré lui qui devait avoir plus de plaisir avec sa guitare qu'avec n'importe quelle fille vu la tête qu'il faisait sur scène, après, il n'avait pas vérifié et ne comptait pas le faire, bien que l'homosexualité ne le dérange en rien. A gauche de Bill, la réincarnation humaine de Padington avec les poils en moins, une casquette au lieu d'un chapeau, la capacité de bouger, l'incapacité malheureusement (?) de voir les filles se déshabiller à chaque concert à cause de l'opacité de sa batterie. Opacité que lui-même ne semblait pas posséder lors des interviews et émissions télés, en même temps, c'était une chose difficile lorsque Kaulitz au pluriel se trouvaient dans les parages, et ils étaient toujours là. Jamais un Kaulitz sans l'autre, ou toujours un pour remplacer l'autre. A droite de Kaulitz aîné, le plus âgé qui d'après une charmante remarque du cadet avait la chiasse. Chose qu'il encore une fois n'avait pas vérifié et ne tenait en aucun cas à le faire. L'aîné qui devait avoir vu ses cheveux plus de succès auprès de son fer-à-lisser que des filles. Tokio Hotel. Deux mots qui en résumaient quatres : Bill, Tom, Gustav et Georg, ou deux peut-être : Bill et Tom vu l'attention que portait les gens sur les deux G comme Gadget, Gambits et Garniture. Il n'avait rien contre Tokio Hotel. Il était juste réaliste et prenait les choses tel qu'il les voyait. Lui-même appréciait Tokio Hotel, leur musique tout du moins. Les membres du groupe, il ne les avait rencontré que par le biais d'un écran ou d'un papier, et il ne tenait pas à les rencontrer plus que ça.
Détournant le regard du panneau, il passa son chemin pour se laisser dériver dans la ville au gré de ses pieds. Son Ipod lui arracha un grognement. Quelle d'idée d'avoir mis Can you feel the love tonight d'Elton John dedans, alors que l'amour il s'était envolé avec Elle. Il la passa. Nouveau grognement. Même chanson, mais en français. Il la passa aussi en se disant qu'il se fierait moins à Disney dont il était un grand fan dorénavant pour remplir son Ipod. Une fille l'aborda. Jeune, son âge. Cheveux roux ou blond cuivré peut-être, les couleurs et lui, ça ne faisaient pas bon ménage même s'il n'était pas daltoien. Habits banals, trop normaux, yeux bleus tout choux, pas à son goût. Bien trop mimi. Que voulait-elle ?
« - Kira c'est bien ça ? Kira la chanteur et le leader de Lyrics, c'est bien toi ?
- Oui, c'est bien moi. »
Sourire creux, simulé qui cachait son véritable lui, hypocrite qui bluffait tout le monde, même et surtout les médias, tous sauf ses amis, ses véritables amis, sauf Elle. Il n'avait jamais pu rien Lui cacher. Sourire, simple geste, un étirement des lèvres sensé marquer le plaisir, le contentement ou la joie d'une personne. Un jour il aura une crampe à force de faire semblant de sourire. Elle sortit un album. Le leur. Il sortit un stylo et signa. Les fans étaient-elles magiciennes pour sortir des cds de nul part ? Peut-être.
« - Merci beaucoup !
- Mais de rien, c'est normal ! »
Sourire on remet ça. Sourire factice, comme ce nom de scène, Kira. Kira, abréviation du mot kirakira qui voulait dire scintillant, brillant comme Elle, comme lui, enfin son lui factice, son lui avec ses amis, son lui d'avant ; pas son vrai lui, pas son lui tout seul, éclatant comme toutes les personnes portant ce nom qu'il a vu et rencontré, lui et Elle y comprit. A la base, elle s'appelait Kira. Elle avait bien rigoler lorsque celui-ci lui avait annoncé son nom de scène. Il ne se voilait pas la face. Il était narcissique. Aujourd'hui, il l'était encore plus, surtout depuis qu'Elle n'était plus là, mais pour lui, tout homme qui aimait la vie un tant soit peu s'aimait un minimun. Tout le monde était donc narcissique. Chez lui c'était juste un peu plus poussé et un brin différent : il aimait sa vie et s'aimait, mais il n'aimait pas la Vie, il la détestait même. C'était compliqué mais c'était lui. La fille, ayant obtunue c qu'elle voulait, se détourna et s'en alla, le masque avec elle. Le sourire était parti. Une voiture passa, puis une puis deux puis trois, puis un van noir aux vitres noires pour conserver l'intérieur des regards indiscrets.
Remarque : C'est rare que l'homme soit vraiment lui vu que pour être accepté par la société, il se crée inconsciemment nu masque. Les marginaux sont ceux qui sont restés eux-même et ils sont immédiatement mis au banc par la société.
Gadget = Objet nouveau mais jugé peu utile
Gambit = Sacrifice volontaire d'une pièce en vue obtenir un avantage d'attaque ou de supériorité de position aux échecs
Garniture = Ce qui accompagne la pièce principale