Oui, alors, ça va vous sembler super bizarre, mais en fait hier j'ai décidé de continuer une vieille fic parce qu'y avait des passages déjà écrits mais pas encore partagés qui étaient trooooop bieng et que je pouvais tout de même pas la laisser en plan.
Malheureusement, le chapitre que j'ai rajouté arrive pas encore aux scènes trop bieng, mais je vais faire des efforts pour combler les trous. (Déjà que j'ai choisi de continuer la fic avec le plot de départ le plus stupide de toutes mes fics.)
Donc voilà...
1.
Je m'appelle Oishi Shûichirô, j'ai 15 ans.
En fait je suis né le 30 avril. Ca fait de moi un taureau. Et mon groupe sanguin est O.
Je suis en troisième et je vis avec mes parents et ma petite soeur.
Ce que j'aime ? Les poissons, j'en ai dans deux aquariums différents dans ma chambre. J'aime aussi la natation, mais mon sport favori est le tennis.
D'ailleurs je suis le vice-capitaine de l'équipe de mon collège. Un joueur de doubles.
Ce sont en gros les informations que j'ai pu recevoir, en deux semaines.
Oh, bien sûr, on m'en a dit bien d'autres : les prénoms de mes cousins, le chemin pour aller en cours et mon goût prononcé pour les karaage, mais il faut savoir se limiter.
Ca fait deux semaines.
Que je me suis réveillé.
A vrai dire, je n'ai dormi que deux jours, mais ce réveil-là a été dur.
Le constat à mon réveil était :
- beaucoup d'hématomes sur le flanc gauche qui commençaient déjà à prendre de jolies couleurs et qui me font encore bien mal deux semaines après
- une paralysie de deux doigts de la main gauche, heureusement pas les plus utiles *pas très envie de me faire opérer, mais le docteur a dit que ce n'était pas encore certain que ce soit une obligation*
- un traumatisme crânien engendrant de nombreux vomissements (qui se sont heureusement arrêtés au bout de deux jours environ) et une perte de mémoire massive.
C'est bien cet élément-là le plus gênant. Je ne me souviens plus du tout des gens, ou des situations que j'ai vécues. Bizarrement je suis encore capable d'écrire ou de résoudre une équation, même si je suis incapable de dire en quelles circonstances j'ai appris à faire ça. Et à côté de ça j'ai été incapable de reconnaître ma mère à mon réveil.
On m'a dit d'être confiant, que ça reviendrait. Que ça revenait souvent dans le même genre de cas.
A vrai dire, je suis confiant, même si je me contente très bien de la vie que j'ai.
Bien sûr, il faut que je réapprenne à quel point ma petite soeur peut être énervante quand on la contredit, mais ça n'a pas été désagréable de se réveiller et de se découvrir une vie pour le moins sympathique.
C'est un peu comme si ça ne faisait que deux semaines que je les connaissais, mais j'adore déjà mes parents (et ma petite soeur aussi).
Et puis ma mère fait de ces karaage.
En plus, je suis le vice-capitaine d'une équipe de sport qui a remporté le tournoi national cet été. Il y aurait de quoi être fier, mais on m'a dit que j'étais d'un naturel modeste. Je suis encore en train de me demander si c'est feint ou naturel.
Parce que bon, je suis plutôt fier d'avoir remporté les nationales, même si je ne m'en souviens pas.
Je ne prends peut-être pas cette perte de mémoire assez sérieusement.
En fait j'ai cherché un journal quelque part dans ma chambre pour voir si je n'avais pas eu la bonne idée d'écrire ma biographie avant l'accident, mais ce n'était malheureusement pas le cas.
_______________________________
Aujourd'hui, j'ai redécouvert un petit appareil qui m'a fait me poser l'une ou l'autre question. Mon téléphone portable.
D'ailleurs je suis allé demander à ma mère, vu qu'elle reste avec moi toute la journée depuis mon accident.
A vrai dire, elles étaient simples, mes questions : je voulais juste savoir qui étaient les gens dont j'avais les numéros en mémoire.
D'après ma mère, et parmi ceux qu'elle connaissait, le répertoire se constituait de numéros appartenant à :
- ma famille
- des camarades de classe
- des camarades de club
- deux magasins où j'achetais des trucs pour mes poissons.
De là, j'ai déduit :
- que j'aime les liste à tirets (c'est beau de redécouvrir les petits éléments de sa personnalité propre)
- que je suis grave au point d'avoir le numéro de magasins d'accessoires pour aquarium en mémoire dans mon portable.
Ma mère a tout de même pu me donner des détails sur trois personnes qu'elle pensait être proches de moi (je vous épargne les tirets).
Kikumaru Eiji est mon partenaire de doubles. Il est venu plusieurs fois à la maison. C'est un garçon rieur et enjoué, avec qui je m'entends apparemment plus que bien. Ma mère doit dire des quelques matchs qu'elle nous a vus jouer ensemble qu'elle a trouvé que nous formions une très bonne équipe. D'ailleurs on nous appelle la Golden Pair.
(On veut vraiment me faire croire que je suis modeste et que je me laisse appeler "golden" ?)
Tezuka Kunimitsu est aussi un ami du club. C'en est même le capitaine. Apparemment, je m'entends très bien avec lui depuis notre première année de collège, et lui aussi est venu plusieurs fois à la maison, surtout pour que l'on révise ensemble. De plus, il prend le même bus que moi pour aller en cours, et nous faisons fréquemment le chemin ensemble. D'après ma mère, c'est un garçon calme à l'air très sérieux, et elle ne l'a jamais vu sourire. Par contre, elle doit dire qu'il n'est pas capitaine du club de tennis pour rien et qu'il est très très impressionnant sur un court de tennis.
Harada Emi est une camarade de classe. En fait, nous sommes tous les deux délégués, et, elle aussi, fait partie des gens que j'ai déjà ramenés à la maison. Comme c'est d'ailleurs la seule fille dans le cas, ma mère se demande si ce n'est pas ma petite amie, mais c'est juste une supposition.
A cette déclaration, j'ai quand même senti mon coeur se serrer, parce que si j'avais vraiment une petite amie et que je l'eus oubliée, ç'aurait été... triste, non ? En plus ça lui aurait sûrement fait de la peine...
En tout cas, les trois ont appelé à diverses reprises pour prendre des nouvelles pendant ma convalescence, ainsi que d'autres amis.
Vu mon état, le docteur avait tout débord interdit des visites hors de la famille. Surtout de la part d'autres enfants de mon âge.
Apparemment, ça peut être mauvais dans certains cas.
Pourtant, hier, il a déclaré que je pouvais tenter de voir plus de monde. Apparemment, je ne prenais pas ma perte de mémoire de façon traumatisante et je n'allais pas me trouver mal en présence d'autant de personnes me connaissant mais que je ne connaissais pas.
J'ai demandé à mes parents à retourner en cours. Si j'allais revoir mes amis, je voulais tous les voir. Je voulais voir à quoi ressemblait ma -probable- petite amie, combien Tezuka Kunimitsu pouvait être bon au tennis et si les gens m'appelaient vraiment Golden Quelque chose.
J'avais l'aval du docteur et mes parents savaient qu'au moindre problème, je n'aurais qu'à rentrer à la maison, ce qui fait que j'ai eu l'autorisation.
Dans quelques jours, je pourrais retourner en cours.
________________________________
Mes parents ont prévenu l'établissement. Mon professeur principal ainsi que l'entraîneur du club ont fait passer le mot de mon accident et de ses conséquences auprès de mes petits camarades, avec le mot d'ordre de ne pas me harceler.
Trouver l'école n'a pas été si facile que ça.
Le plan de mon père était à moitié faux, mais il m'a suffi de suivre quelques élèves portant le même uniforme que moi.
Je me demandais sincèrement qui je pouvais connaître ou pas, quels étaient mes amis, mes ennemis... Avais-je seulement des ennemis ? D'après ma famille, je suis un garçon tellement aimé que c'en est dur à croire...
Ce ne fut qu'une fois dans l'enceinte de l'école que j'entendis le cri fatidique que j'attendais.
- Oishi ! Ca va mieux ?
Quelqu'un qui me connaissait.
Etait-ce mon partenaire de doubles ? Ou bien le fameux capitaine inébranlable ?
Je me tournais vers le garçon, qui était un peu plus petit que moi, avec les cheveux d'un noir brillant.
- Euh...
Vu le nombre de personnes dans le collège, j'avais une chance sur 500 de trouver le bon nom du premier coup.
J'aurais peut-être dû réfléchir à quoi dire dans ce cas-là.
- Tu vas être en retard si tu ne t'actives pas ! On a Satô en première heure !
Ah, Satô-sensei, c'était un de mes professeurs, on m'avait dit.
Au même moment, je réalisai n'avoir aucune idée d'où se trouvait ma salle de classe.
- Euh... hmm...
Tout à coup, le jeune homme face à moi sembla avoir un éclair de génie.
- C'est vrai que tu as perdu la mémoire ?
Je rougis légèrement, un peu mal à l'aise.
- Hmm. Oui. Je... en fait je ne sais plus où est notre classe.
Le garçon éclata de rire.
- Viens avec moi. Mais dépêche-toi, le prof qu'on a en première heure est un monstre.
Ah ben ça c'était une bonne nouvelle.
Je suivai tout de même le garçon, me décidant à formuler une autre question.
- Tu... euh... tu...
- Itô Keisuke. Je suis ton voisin de classe.
- Euh... enchanté ?
Il répondit en riant à nouveau, lâchant un "moi de même" avant que nous n'entrions dans la classe.
Nous n'étions pas les premiers, et bien sûr mon entrée attira l'attention.
Surtout quand Itô Keisuke cria "Oishi est revenu", en fait.
Je ne savais plus vraiment où me mettre, ne sachant pas vraiment que faire dans une telle situation.
- Alors tu vas mieux ?
- Euh... oui.
- Takahashi-sensei a dit que tu avais perdu la mémoire, c'est vrai ?
- C'est... c'est vrai.
- Comment tu vas faire pour suivre les cours ???
- Euh... je me souviens encore de ce que j'ai appris. Juste euh... pas de ce que j'ai vécu.
- Qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux ?
- ... hein ?
Les questions fusaient et je sentais mon coeur s'accélérer sans savoir pourquoi.
Au bout de trois questions auxquelles je n'avais pas répondu, pourtant, le brouhaha arriva à une halte, et les élèves s'écartèrent légèrement de moi, réalisant qu'on leur avait dit la veille de ne pas me harceler à mon retour.
Il était temps de prendre la parole !
J'avais remporté les nationales, j'avais une (probable) petite amie charmante, j'étais un Golden Truc-bidule... je pouvais prendre la parole devant le reste de ma classe !
- Je... euh... vous... vous pourriez juste me rappeler vos noms ? Je... enfin, je ne les retiendrai peut-être pas tous aujourd'hui, mais je vais faire un effort !
Tout le monde ou presque se mit à rire.
- Hayashi Makoto.
- Kurata Junko.
- Katsuragi Jin.
- Harada Emi.
Ah, ma probable petite amie.
Elle était plutôt mignonne, mais pas extraordinaire.
Mais elle devait être adorable pour être ma petite amie. Si elle l'était. Pour sûr je me jouais déjà un film.
En tout cas, je répondais à tout le monde avec un sourire, tâchant de me rappeler le maximum, quand notre professeur entra et tout le monde courut à sa place. Sauf moi qui ne savais plus où elle était.
Après une seconde d'hésitation, je réalisais qu'Itô Keisuke était assis près de la fenêtre et que j'étais censé être son voisin. Effectivement, une place était libre à côté de lui, et je m'y assis rapidement.
Le cours commença et se révéla être ennuyeux à mourir.
Je prenais des notes, en sachant que de toute façon, personne ne s'attendait à ce que mes résultats scolaires ne brillent après mon accident.
Je découvrais cependant bien vite que tous les cours n'étaient pas comme ça, même si les interclasses étaient à tous les coups bien plus intéressants.
Je réalisais aussi qu'au final j'étais quelqu'un de plus discret que ce que je pensais. Et de moins confiant.
Etre le centre de l'attention pouvait être agréable, mais me mettait tout de même mal à l'aise.
Je ne sais pas si c'est dû à ma perte de mémoire ou quoi que ce soit, mais je rougis facilement, et bafouille plutôt que de contredire quelqu'un.
Plus vite que je ne l'aurais cru, le repas de midi arriva. Ma mère m'avais préparé un bentô et mes camarades de classe s'étaient en partie assemblés autour de moi, me posant encore des questions... et répondant aux miennes.
Je découvrais quels avaient été mes meilleurs amis dans ma classe. J'avais vite deviné aux conversations que Harada Emi et Itô Keisuke devaient être ceux dont j'étais le plus proche, mais d'autres étaient venus s'asseoir avec nous. Peut-être des amis proches, peut-être juste des camarades curieux de mon état.
C'est là que je l'apperçus.
A la porte.
Un garçon grand, brun, qui me regardait fixement avec un air sévère.
Il devait me connaître, vu qu'il me regardait très clairement.
Je m'attendais à ce qu'il entre, si c'était un de mes amis, mais il quitta le pas de la porte au bout de quelques instants.
- Euh... vous avez vu le garçon à la porte, celui avec des lunettes ?
- Hmm. C'était Tezuka-kun.
Ah, Tezuka Kunimitsu. La légende du club de tennis.
Pourquoi il n'était pas rentré, alors ? Ou alors...
- Tezuka... Tezuka Kunimitsu ? Celui du club de tennis ?
- Celui-là même.
- ... je croyais qu'on était amis.
- Mais vous l'êtes.
- Et c'est pour ça qu'il m'a regardé avec cet air sévère sans dire un mot alors qu'il ne m'a pas vu depuis environ un mois ?
Tout le monde pouffa de rire.
- Tezuka-kun a toujours cette tête. Et il parle peu.
- ... quand même. Pourquoi il est parti ?
- Bah... il a peut-être vu que tu allais bien. On nous a dit il y a trois jours que tu allais bientôt revenir. Il est venu chaque jour à la pause déjeuner pour voir si tu étais là.
- ... ah.
Je trouvais tout de même son attitude étrange.
- Quelqu'un sait dans quelle classe il est ?
- 3e1.
- Vous croyez qu'il va le prendre mal si je vais lui parler ?
Personne ne répondit.
- Ben ?
- Tu sais, Oishi, personne ne le connaît vraiment à part toi, ici. Mais à te croire, ce n'est pas quelqu'un d'antipathique.
- ... ça me rassure, ça.
Harada Emi me fit un léger sourire.
- Tu devrais aller le voir. Il est peut-être intimidé par ton retour, c'est tout.
- Hmm.
Je me levai, me dirigeant vers la porte quand tout à coup, mon cerveau réalisa quelque chose.
Je me tournai vers mes camarades.
- Euh... la
- A droite, trois classes plus loin !
Apparemment, Itô Keisuke trouvait que mon manque d'orientation était définitivement matière à rire.
(Pourquoi est-ce que je me souviens des kanji et pas d'où est ma salle de classe, aussi ? Ca me paraît très illogique, tout ça.)
Sur le chemin, je ne croisai qu'une seule personne, qui ne m'adressa pas la parole, ce qui quelque part me rassura.
Une seule retrouvaille à la fois serait suffisant.
Je rentrai dans la salle des 3e1 et n'eus aucun mal à le repérer, assis vers le milieu, en train de lire un livre.
Je m'approchai, un peu hésitant, et il repéra mon arrivée avant que je ne lui adresse la parole.
Il posa son livre, mais ne dit rien.
... ah ben, c'était un sacré ami que j'avais là.
- Je... euh...
Comment je devais l'appeler ? Je me décidai pourtant rapidement.
- Euh... Tezuka-kun.
- ... hmm ?
- Je, euh... je t'ai vu tout à l'heure à la porte de ma classe. Tu... euh... on a dû te dire pour mon accident.
- ... oui.
................. arg.
- Et que, euh... j'ai perdu la mémoire. Mais... on m'a dit que nous étions amis alors je me suis dit que.............
C'était le moment où interrompre ma phrase, vu que je ne savais pas comment la finir, mais il semblait que Tezuka-kun (vu que j'avais penché pour cette option pour l'appeler) était muet comme une carpe.
- Tu... euh... je peux m'asseoir ?
- Bien entendu.
C'était la plus longue phrase qui était sortie de sa bouche.
Je tirai une chaise et m'asseyai rapidement, observant ce garçon qui était censé être mon ami.
- Tu... alors... on s'entend bien ?
- ... oui.
- Tu parles toujours aussi peu ?
- ... souvent, oui. Excuse-moi.
- Ah non, pardon... c'est juste que...
- Ne t'inquiète pas. Ca fait ça à tous les gens qui ne me connaissent pas.
Je sentis mon coeur se serrer à cette déclaration.
Est-ce que pour lui je ne valais plus rien si je n'avais plus de mémoire ? Ou alors je n'étais plus le même ?
- Je... pardon de t'avoir dérangé.
J'esquissai un mouvement alors que je réalisais que Tezuka Kunimitsu redeviendrait mon ami quand j'aurais retrouvé la mémoire, et sûrement pas avant.
Je sentis une main sur mon épaule avant que je n'aie eu le temps de me relever et restai à ma place.
- Pardon. Je... Je dois t'avouer que je ne sais pas quoi faire dans une situation pareille.
- Euh... est-ce que... est-ce qu'on s'était fâchés avant mon accident ?
- ... non. Pourquoi ?
- Tu donnais cette impression.
La main de Tezuka-kun quitta mon épaule.
- Ne m'en veux pas, s'il te plaît.
... tout porte à croire que je suis d'un naturel généreux.
- ... hmm. Je... ça ne te dérange pas que je te pose quelques questions ?
- Non.
- On est de très bons amis ?
- ... très. En tout cas tu es mon meilleur ami. J'ose espérer que c'est... enfin, que c'était réciproque.
Ah ben tiens, je l'avais bien choisi, mon meilleur ami.
Tout de même, je lui offrai un sourire, au moins pour le féliciter d'une phrase aussi longue.
- Depuis le début du collège, c'est ça ?
- Oui.
- Par le club ?
- C'est ça.
- Et nous sommes champions nationaux.
Tezuka-kun remonta ses lunettes sur son nez.
- ... oui.
- Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression que c'est très important.
- ... tu as pleuré quand tu as tenu la coupe.
- ... non.
- Si.
- Je suis si sensible que ça ?
- ... hmm. Disons que tu es un peu émotif. Et tu tiens beaucoup de choses à coeur. Comme ce titre national.
- Ah ?
- Hmm...
- C'est dommage de ne pas se souvenir des matchs, alors...
- Oui, ils étaient mémorables.
Je poussai un léger soupir, me sentant un peu mal.
Au final, Tezuka-kun n'était peut-être pas si désagréable. Peut-être juste un peu laconique.
Mais il me faisait regretter ma mémoire. Il me faisait regretter le fait d'être inhabitué à son manque cruel de choses à dire encore plus que d'avoir oublié les matchs qui nous avaient faits champions, en fait.
Un petit silence s'installa, et Tezuka en profita pour boire une gorgée de la bouteille de thé qui traînait sur sa table.
C'est là que je réalisai.
- Tezuka-kun, tu es gaucher ?
Pendant une seconde, je crus lire une expression peinée dans ses yeux.
Je me ravisai aussitôt. Son expression n'avait pas changé, j'imaginais des choses.
- ... hmm.
- C'est connu que les gauchers sont forts au tennis ! On en a d'autres dans l'équipe ?
- ... un.
- Qui ?
- Echizen.
- Le garçon en première année, c'est ça ?
- C'est ça.
La sonnerie de fin de la pause-déjeuner retentit et je me levai pour retourner dans ma classe.
- ... Oishi.
C'était la première fois que j'entendais mon nom dans sa bouche.
Enfin, la première fois depuis l'accident.
Quelque part, je me disais que ce son était familier... que mon nom avait sa place, quand il était prononcé par lui.
Pour la première fois, je voulais bien croire que Tezuka-kun avait été... mon meilleur ami.
Au final, je répondis seulement par un sourire.
- Je viendrai te chercher pour aller au club. Après les cours.
Le club. Beaucoup de retrouvailles en perspective.
- ... avec plaisir.
2.
- Je n'ai même pas pensé au fait que tu devais être dispensé.
Je fis un léger sourire à Tezuka-kun, attrapant mon sac pour le suivre au dehors.
- Ce n'est pas grave, je ne peux pas m'entraîner, mais je veux revoir tout le monde. Enfin...
Tezuka-kun restait silencieux, marchant en fixant droit devant lui, semblant peu perturbé parce que je pouvais dire.
- ... enfin... je suppose que je veux les revoir...
- ... hmm.
- ... comment ça "hmm" ?
- ... sûrement. Que tu veux les revoir. Après tout, les membres du club sont parmi tes meilleurs amis et tu dois être un minimum curieux, non ?
- Oui... oui, ça doit être ça.
J'étais toujours légèrement mal à l'aise en présence de Tezuka-kun, mais je m'accomodais de mieux en mieux à sa présence.
Il était évident qu'il n'avait aucune pensée négative envers moi et que son attitude froide était juste quelque chose... d'habituel.
Le premier membre du club que nous rencontrâmes fut un garçon portant la veste des titulaires de l'équipe, qui était en train de s'entraîner non loin du vestiaire.
Il s'arrêta en voyant que Tezuka-kun allait ouvrir la porte et nous rejoignit à petites foulées.
- Tezuka-buchô, Oishi-fukubuchô.
Il inclina légèrement la tête, ce à quoi Tezuka-kun répondit aussi par un mouvement de tête.
Apparemment, aucun des deux n'était particulièrement bavard.
J'hésitais entre demander discrètement à Tezuka-kun de qui il s'agissait, de lui dire directement mon problème (dont il avait sûrement entendu parler) ou juste ne rien faire du tout.
Au final, alors que nous venions de rentrer dans les vestiaires, le garçon s'inclina profondément vers moi et reprit la parole.
- Oishi-sempai, je suis heureux de voir que vous allez mieux. Je vous souhaite une prompte guérison.
De tels mots auraient pu sonner vides, mais on entendait bien à son intonation que le garçon pensait chaque lettre de ce qu'il disait.
- Merci... je... enfin... merci.
Il s'inclina à nouveau, plus légèrement, et se dirigea vers un coin des vestiaires.
Je n'avais même pas osé demander son nom.
- OISHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Avant même que j'aie eu le temps de me retourner, je sentis quelqu'un atterrir dans mes bras, nous faisant nous écraser tous deux à terre vu que je ne m'y attendais pas du tout.
- Kikumaru ! Tu penses que c'est intelligent alors qu'il est encore convalescent ? 50 tours de terrain !
Kikumaru ? C'était donc lui, la deuxième moitié de la Golden Pair ? Le garçon dont je pouvais comprendre les moindres mouvements sans aucune concertation ?
Il sembla réaliser aux paroles de Tezuka-kun que ce qu'il avait fait n'était pas très intelligent et je dois avouer qu'effectivement il m'avait fait légèrement mal vu que sa main droite avait atterrie sur l'un des hématomes de mon bras gauche.
- J'y vais après, j'y vais après !
- 60 tours.
- Oh, tu peux monter jusqu'à 150 000 si tu veux, je ne bougerai pas alors qu'Oishi est revenu !! Oishi, tu vas bien ? Tu vas mieux ? Tu te souviens de ton partenaire de doubles préféré ?
Je répondais par un léger sourire alors que le garçon m'aidait à me relever.
Je n'avais pas du tout imaginé Kikumaru Eiji comme ça, en fait. Mais il me plaisait déjà.
- Ca va, ça va... mais... non, je ne me souviens pas. On t'a dit ?
- Hmm ! C'est triste, tu as oublié toutes nos victoires !! Et toutes nos défaites aussi... c'est peut-être pas si mal que ça, en fait !
Je me mis à rire alors que Kikumaru m'entraînait à l'extérieur des vestiaires, laissant toutes nos affaires en plan.
- Tu ne vas pas t'entraîner, Kikumaru-kun ?
Il s'arrêta sur place et sembla prêt à crier, mais sa voix fut plus calme que je n'aurais cru.
- Eiji. Tu m'appelles Eiji ! Et non, on s'en fiche, les nationales sont passées, de toute façon les troisième année vont quitter le club bientôt ! Et puis tu es revenu !!
En fait, j'aimais bien Kikumaru -non, Eiji-, mais il parlait un peu trop. Ca faisait trop d'informations à gérer pour ma cervelle vide.
Ou alors était-ce la différence avec Tezuka-kun qui me choquait ?
Il s'arrêta contre un grillage et me regarda d'un oeil curieux.
- Je dois te sembler bizarre, hein ?
- Euh... non... pas plus que ça. Par contre, moi...
- Bah ! Tout reviendra ! Tu peux me poser des questions sur tout ! Je répondrai !
- C'est vrai ? Merci !
Eiji me fit encore un sourire et tira sur ma main pour que nous nous asseiyons tous les deux.
- Mais d'abord dis-moi ce que ça fait !!
- Euh... ben... je ne sais pas vraiment expliquer ça. Je suis un peu paumé, mais j'ai l'impression que... ben que j'avais su bien m'entourer, à voir mon partenaire de doubles.
- Eh eh... si ça se trouve, je sais plus de choses sur toi que toi-même, maintenant...
- ... probablement.
- Et bien il faut réparer ça ! Qu'est-ce que tu veux savoir de passionnant ?
- ......... on nous appelle vraiment la Golden Pair ?
Eiji éclata de rire.
- Oui ! Mais on le vaut bien.
- Vraiment ?
- Hmm ! On a gagné les nationales, après tout ! Tu veux savoir quoi d'autre ?
- Euh... on était très proches ?
- Oui ! Enfin, je crois ! Toi tu es du genre à aimer tout le monde et à te faire du souci pour tout le monde... mais tu es mon meilleur ami !
- ... ça m'en fait déjà deux...
- Ah bon ? Je ne suis pas le premier à clamer la place ?
- ... Tezuka-kun.
L'expression d'Eiji changea légèrement, se faisant moins moqueuse.
- Bah, c'est pas grave ! Fuji et Momo sont aussi mes meilleurs amis, tu peux être le meilleur ami de Tezuka si tu veux !
Je faisais un petit sourire en guise de réponse.
Eiji était un garçon attachant.
- Je ne sais pas ce que je 'veux', hein... C'est juste que... Tezuka-kun m'a dit qu'il me considérait comme son meilleur ami, et que je n'avais écrit nulle part qui pouvait bien être mon meilleur ami...
- Arrête avec tes "kun", on te croirait revenu en première année.
- Hein ?
- Tezuka. Tu l'appelles Tezuka. Mais tu nous appelais tous les deux avec des "kun" quand tu ne nous connaissais pas encore bien, en première année.
- Oh. ... désolé, il ne me l'a pas dit.
- Ce n'est rien. Et puis ça ne m'étonne pas de Tezuka.
- ... ah ?
- Hmm. On s'y fait avec le temps, en fait. Enfin, toi, j'ai toujours eu l'impression que tu ne te rendais même pas compte de l'attitude de Tezuka.
Je ne répondis pas, réfléchissant.
C'est vrai que l'attitude de Tezuka-kun m'avait parue bizarre au premier abord, mais après avoir surmonté la première difficulté, le garçon m'avait paru plus approchable.
Avait-ce été comme ça la première fois que nous nous étions rencontrés ?
Est-ce que j'avais surmonté la première impression que donne Tezuka plus facilement qu'aujourd'hui ?
- Tu as une tête à te poser des questions. Tu peux me les poser, tu sais !
Je fis un sourire à Eiji. C'était vraiment agréable d'avoir quelqu'un à qui je pouvais tout demander. Après tout, ma mère ne savait pas tout sur moi et Tezuka avait été peu enclin à la conversation...
- Je me demandais comment ça s'était passé quand je vous ai rencontrés, Tezuka-k... Tezuka ou toi... si... en fait, si j'avais eu les mêmes impressions qu'aujourd'hui...
- Pour Tezuka, je ne peux pas dire... quand je t'ai connu, tu étais déjà accroché à lui comme un toutou, mais nous... ben en fait, au début, je ne t'aimais pas vraiment. J'avais un peu un sale caractère en première année. Mais toi tu étais tellement ouvert et tu m'as tellement impressionné qu'après on est devenu amis en un clin d'oeil !
Je me demandai ce que ça avait été, de voir pour la première fois Eiji me sourire comme il le faisait maintenant ?
- Alleeeez, une autre question !
- Euh... euh...
- Tu vas pas me dire que tu n'as plus de question !
- Ben... ah ! Eiji, tu me connais bien, hein ?
- Oui !
- Alors voilà, ma mère m'a dit que si ça se trouve, l'autre déléguée de ma classe, Harada Emi, était ma petite amie. Tu sais si c'est le cas ? J'oserai jamais lui demander en face.
Eiji éclata de rire.
- C'est trop chou ! Non... enfin je ne crois pas. Ou alors tu le cachais bien. Mais tu caches tout très mal, donc je suppose que ce n'était pas le cas !
- ... ah.
- Déçu ?
- Non... peut-être... enfin, non, je suis plutôt rassuré, parce que si j'avais été avec quelqu'un, ç'aurait été une situation bizarre et enfin... tu vois...
- ... hmm, oui, je pense... enfin, tu n'as pas de petite amie connue ! Mais je peux toujours faire mon enquête si tu veux !
Je me mis à rire à l'offre d'Eiji.
- Ca ira, je pense... mais... enfin, je n'ai pas de question spécifique à poser, mais j'aimerais bien que... euh, enfin, tu peux me parler de ce que tu veux, de choses qu'on a faites ensemble, ou bien du club, ou je ne sais pas...
Eiji me fit un grand sourire.
- Attention, une fois que je serai lancé, on ne m'arrêtera plus !
_________________________________
J'avais appris des tas de choses grâce à la conversation que j'avais eue avec Eiji.
Des tas de choses sur lui, des tas de choses sur moi, des tas de choses sur nous, et des tas de choses sur tous les autres, vu qu'apparemment Eiji était friand de commérages.
Entre autres, j'avais pu apprendre que le garçon qui m'avait souhaité un bon rétablissement était Kaidô Kaoru, un des deuxième année les plus sérieux de notre club.
Au bout d'environ une demie-heure de discussion, pourtant, quelqu'un sembla remarquer notre présence assis contre un mur.
Un jeune homme particulièrement grand, suivi d'un plus frêle dont le sourire faisait plisser les yeux tellement qu'on ne distinguait plus vraiment s'ils étaient ouverts ou non.
- Alors comme ça tu es assez en forme pour revenir au club ?
- Pas pour participer, mais au moins pour venir discuter.
Eiji se leva et attrapa le bras du plus grand des deux collégiens.
- Ca c'est Inui ! Surtout s'il te propose de boire quelque chose, refuse !
Eiji sauta ensuite sur l'autre garçon.
- Et ça c'est Fuji ! Et s'il te propose quoi que ce soit, refuse aussi !
Je me mis à pouffer de rire, et Eiji se rapprocha de moi avec un faux air sérieux.
- Je t'assure, ils sont très dangereux ! C'est pour te protéger que je dis ça !
Le dénommé Fuji émit un léger rire et vint s'assoir à mes côtés.
- Tu as l'air en pleine forme, en tout cas, Oishi.
- ... hmm. A part la tête, tout va à peu près bien.
- Surtout, s'il y a quoi que ce soit qu'on peut faire...
- ... ne pas hésiter à répondre même aux questions les plus stupides.
Ce fut au tour d'Inui de s'assoir, vite suivi par Eiji.
- ... ça devrait être possible.
____________________________________
- C'est quoi ce rassemblement ?
- ... on ne fait que discuter.
- ... et vous êtes sûr de n'avoir rien de mieux à faire ?
- Les tournois sont passés, et Oishi a besoin de compagnie et d'éclaircissements sur ce qu'il était avant. Ca ne te coûte rien de nous laisser discuter, Tezuka.
Tezuka remonta ses lunettes à la remarque d'Inui et ses sourcils se froncèrent légèrement plus.
Il n'avait aucune raison de ne pas laisser faire, mais il n'en avait juste pas envie.
... pourquoi est-ce que je pensais ça ?
Je ne devais pas interpréter le peu de gestes de Tezuka comme je l'entendais. Ca risquait de nous conduire à un malentendu si je prenais cette mauvaise habitude.
- ... hmm. Ca ira pour cette fois. Kikumaru, n'oublie pas tes 60 tours de terrain.
- Hmmppfffffffff... bon... j'y vais. Inui, Fuji, je vous le confie !
Eiji partit en agitant la main en signe d'au revoir, puis tira la langue à Tezuka quand celui-ci eut le dos tourné.
Quelque part, j'avais l'impression que mes deux "meilleurs amis" ne s'entendaient pas le mieux du monde...
Tezuka nous jeta un long regard puis se remit en mouvement.
J'avais espéré une seconde qu'il se joigne à nous, mais apparemment, ce n'était pas son style de passer l'entraînement à discuter.
- Je peux poser une question bête ?
- Vas-y, on t'écoute.
- Eiji et Tezuka... ils ne s'aiment pas ?
Inui ouvrit son cahier, et même si Eiji et Fuji m'avaient expliqué en long en large et en travers que le collégien prenaient des notes sur tout, je n'arrivais pas à m'habituer à ce geste.
- Je pense... qu'ils ont juste des caractères trop différents. Kikumaru trouve Tezuka trop coincé et Tezuka trouve Kikumaru trop... trop...
- ... pas assez coincé.
Je ne pus m'empêcher de rire à la remarque de Fuji qui avait conclue la phrase d'Inui.
C'est vrai que mes deux "meilleurs amis" étaient un peu extrêmes, chacun dans leur genre.
- Ca fait bizarre de se dire que j'apprécie tellement deux personnes si... opposées.
- Bah, ici je suppose que tout le monde les aime bien tous les deux.
- ... vous savez lequel des deux je préfère ?
- Tezuka.
- Eiji.
Inui et Fuji se jetèrent un regard interrogatif après avoir répondu à l'inverse l'un de l'autre.
- Il préfère Tezuka.
- Eiji.
- Tezuka. Il a un lien émotionnel fort avec lui.
- Oui, mais Eiji est plus amusant. Eiji.
- Fuji, sois réaliste, Tezuka.
- Je veux bien qu'il aime Tezuka, mais il préfère passer du temps avec Eiji. Qui préfèrerait passer du temps avec Tezuka ?
- Tu marques un point. Mais je suis catégorique, il préfère Tezuka. Il aime les gens qui portent des lunettes.
J'étais plus étonné qu'autre chose par cette conversation, en apprenant autant sur moi-même que sur les autres.
Alors apparemment, l'affaire de savoir qui était mon meilleur ami n'était pas si facile à démêler que ça...
- Ne vous fâchez pas, s'il vous plaît. On s'en fiche un peu, de qui je préfère. C'était juste que... j'étais curieux. Maintenant je suis certain que je devais les adorer tous les deux.
- Hmm.
- Soit.
Les deux garçons se regardèrent un instant puis Inui se tourna à nouveau vers moi.
- Si tu arrives à te décider sur lequel tu aimes le plus, tu pourras toujours nous le dire.
- Je parie Eiji.
- ... et moi je parie sur Tezuka... qu'est-ce que tu veux parier ?
- A... arrêtez, je ne veux pas que vous fassiez des paris sur... sur ce genre de choses. C'est un peu... enfin...
- Désolé, Oishi.
Inui referma son cahier alors que Fuji m'offrait un léger sourire.
- Bon, il serait temps d'y aller. J'ai entendu Tezuka annoncer la fin de l'entraînement tout à l'heure...
Je n'avais rien entendu de tel, mais je devais avouer ne pas y avoir prêté attention.
Je jetais un coup d'oeil aux alentours. Effectivement, il ne restait plus tellement de monde sur les courts. Quelques première année ramassaient des balles et il ne restait plus que deux joueurs échangeant encore des balles, plus Eiji qui semblait en grande discussion avec un garçon que je ne connaissais pas. Enfin... dont je ne me rappelais pas.
Je me surpris à chercher Tezuka des yeux mais ne le trouvai nulle part.
Accompagné de Fuji et Inui, je retournai aux vestiaires, continuant de discuter avec les deux garçons alors que ceux-ci se changeaient.
- Il faudra que tu voies Taka-san. Il a arrêté l'entraînement juste après les Nationales pour pouvoir aider plus souvent au restaurant de son père.
- Oui, pas de problème ! Il est dans quelle classe ? Je pourrais le chercher demain.
- On a qu'à manger tous ensemble. On viendra dans ta classe demain avec Taka-san.
- D'accord !
Encore quelqu'un à rencontrer. Je ne savais pas grand chose de "Taka-san", mais pour l'instant, j'appréciais tous les membres du club de tennis, donc je ne voyais pas pourquoi Taka-san ferait exception.
Finalement, Inui et Fuji furent prêts pour repartir et se dirigèrent ensemble vers la porte.
- Tu ne viens pas, Oishi ?
Non, j'avais... j'avais encore quelqu'un à voir.
- Ah, euh... j'aimerais bien revoir Tezuka. Il va revenir fermer la porte, non ? Vu que ce n'est plus moi qui le fait...
Fuji m'offrit un sourire.
- Il devrait être là sous peu. A demain, alors.
- Salut !
La porte se referma et le silence se fit dans les vestiaires.
Je m'asseyai sur l'unique banc de la pièce, tâchant de faire le tri de tout ce que j'avais appris aujourd'hui.
Il ne fallait pas que j'oublie que tout ce qu'on pouvait me dire n'étaient que les avis subjectifs d'autres personnes, et je devais faire attention à accorder une certaine valeur à chaque information, mais jamais trop.
Sinon j'aurais pu me retrouver avec 25 meilleurs amis.
La porte se rouvrit plus vite que je ne l'aurais cru, laissant apparaître les quelques élèves que j'avais vu traîner encore sur les courts ainsi que Tezuka.
Tout le monde se dépêcha, et très vite, seul Tezuka resta dans la pièce avec moi.
Contrairement à ce que je pensais, je n'eus pas à prendre la parole le premier cette fois-ci, vu qu'il m'adressa la parole tout en rangeant quelque chose dans son sac.
- Tu n'étais pas obligé de rester.
- Tu oublies que je suis chargé de fermer la porte.
Il se retourna soudainement vers moi.
- Tu...
- Ah... non... je ne m'en souviens pas, on me l'a dit.
Tezuka se retourna vers son sac.
Etait-il déçu ?
Quelque chose dans son expression me disait qu'il l'était, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus.
Est-ce que j'avais appris par le passé à lire l'expression de Tezuka ? Est-ce que je m'en souvenais inconsciemment, comme l'écriture ?
- ... Je m'en charge à ta place, tu peux rentrer.
- ... on m'a dit que je prenais cette tâche à coeur.
- Mais ce n'est pas nécessaire alors que tu ne peux même plus participer aux entraînements.
... il pouvait le dire clairement, s'il ne voulait plus me voir là.
- J'ai compris...
Je sortis de mon sac le plan à moitié faux de mon père, espérant que mon expérience du matin me permette de retrouver le chemin de chez moi.
Mouais...
- Dis, tu ne saurais pas où est l'arrêt de bus où s'arrête le 23 ?
- ...... je vais te ramener chez toi.
Ah.
On m'avait dit que Tezuka n'habitait pas très loin de chez moi. On devait sûrement prendre le même bus.
- Ca... ça ne te dérange pas ?
- Bien sûr que non. Attends juste une minute.
Tezuka finit de réenfiler sa veste d'uniforme et après avoir inspecté les vestiaires de l'oeil une dernière fois, il attrapa son sac et se dirigea vers la sortie.
Je me contentai de le suivre et d'attendre alors qu'il fermait la porte.
- C'est à quelle heure l'entraînement du matin ?
- 7h30. Mais ne te sens pas obligé de venir.
- ... je sais que je dérange l'entraînement vu que les gens viennent me parler mais... enfin...
- Tu ne déranges pas, Oishi.
- Alors laisse-moi venir...
- Je ne te l'ai jamais interdit.
Je répondis par un sourire, espérant que les paroles antérieures de Tezuka ne correspondaient qu'à de la bienveillance.
Après tout, s'il était mon meilleur ami, ça devait être le cas.
- Je peux te poser quelques questions ?
- Oui.
- Pourquoi... pourquoi tu ne m'as pas dit que je t'appelais seulement "Tezuka" ?
- ... tu m'appelles comme tu l'entends.
- Tu aurais dû me le dire.
- ......
- S'il y a autre chose du genre, je préfèrerais que tu me le dises... s'il te plaît.
- ... hmm. Si tu y tiens.
- On fait... on fait souvent le trajet ensemble ?
- Assez. Surtout pour rentrer. Tu viens toujours plus tôt que moi, habituellement.
- D'accord... et d'habitude on fait le trajet ensemble dans le silence le plus complet ou on discute ?
- ... ça depend des jours, je suppose.
- ......
- ... mais n'hésite pas à me parler.
- Hmm... alors tu es prêt pour l'avalanche de questions jusqu'à ce qu'on soit rentrés ?
- ... hmm.
Je lui offrai un sourire alors que nous arrivions au portail du collège.
Tezuka tourna à gauche.
Seul, j'aurais tourné à droite.
Il allait vraiment falloir vraiment que je corrige mon plan.
- On se voit des fois en dehors de l'école ?
- ... et des activités du club, je suppose que tu veux dire ?
- Oui.
- Hmm, de temps à autres.
- On fait quoi ?
- Ca dépend des fois, je suppose. On fait nos devoirs ensemble, par exemple.
- Ca compte comme "école", ça.
- ... on est déjà allé au bowling ensemble. Et hmm... avec tous les autres, on a dû faire pas mal de choses, aussi. Enfin, rien d'extraordinaire.
J'acquiesçais doucement.
- Tu sais le prénom de ma petite soeur ?
Il sembla étonné de la question.
- Akemi.
- Tu l'as déjà vue ?
- Hmm.
- Tu ne la trouves pas énervante pas moments ?
- Elle a toujours été plus que polie et agréable envers moi. Même si je crois qu'elle ne m'aime pas trop.
- ... Pourquoi ?
- Je vole son grand frère et je ne souris pas.
- Ah bon, tu me voles ?
- ... je suis l'infect capitaine qui oblige son grand-frère à aller jouer au tennis même le dimanche quand il pourrait l'accompagner faire du shopping.
- ...... Je ne savais pas que j'avais une telle dette envers toi.
Je le fixai un sourire aux lèvres, et pour la première fois, je me permettai d'interpréter la lueur que je voyais flotter dans ces yeux.
S'il venait de faire un trait d'humour, cette lueur correspondait forcément à un sourire.
Ca ne pouvait pas être juste mon imagination.
- ... J'en déduis qu'Akemi-chan te fait des misères ?
- ...... non, mais des fois elle n'en fait qu'à sa tête. Je sais qu'elle est petite, mais bon... Des fois elle peut être si possessive...
- .........
Qu'est-ce que c'était que cette expression ?
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- ... rien.
- Si.
Tezuka s'arrêta dans sa marche, me regardant fixement.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Je suis sûr qu'il y a quelque chose. N'oublie pas que les choses que tu ne dis pas, je ne peux pas les deviner. Ou alors je ne peux plus. Alors dis-les moi.
- Ce n'est pas bien important.
- Dis-le moi, je veux savoir. Réponds aux questions d'un pauvre amnésique en quête de savoir.
Tezuka poussa un léger soupir.
- ...... tout le monde est possessif envers toi.
Et il s'était remis en marche, sans me regarder, alors que je n'arrivais plus à lire quoi que ce soit sur son visage.
3.
- Shûichirô !!!!!
Ma mère me sauta au cou et je mis bien deux minutes à la détacher.
- Ta... tadaima ?
- Je me suis fait un sang d'encre ! Si tu comptais rester après les cours, tu aurais pu m'appeler ! Ou au moins allumer ton portable !
Ah.
Hmm.
Je me mis à rougir.
Je devais reconnaître qu'elle avait parfaitement raison.
- Pardon.
- Ce n'est rien, je suis contente que tu ailles bien. Viens dans la cuisine, j'ai préparé un goûter.
J'ôtai mes chaussures et la suivai, un léger sourire apparaissant sur mes lèvres.
Ca me faisait plaisir que quelqu'un s'inquiète comme ça pour moi, en fait.
- Onii-chan ! Il y a des mochi à la glace !
- C'est bon ?
- Hmm ! Prends celui à la vanille, c'est ton préféré !
Je m'asseyai dans la cuisine aux côtés de ma petite soeur, attrapant le mochi qu'elle me désignait, alors que ma mère me servait un grand verre de thé.
- Alors, Shû, comment était ta journée ?
- ... intense ?
Ma mère prit un regard inquiet alors qu'Akemi me regardait avec de grands yeux, ses deux petites mains fixées sur le mochi qui dépassait de sa bouche.
- Tu n'es pas obligé d'y retourner tout de suite, tu sais. Tu peux aller plus doucement.
- Non, non. C'était bien. J'étais un peu perdu par moments, mais tout le monde a été adorable avec moi.
- ... tant mieux. Mais n'en fais pas trop, hein ?
- D'accord. Quand je sentirai que ça fait trop d'informations à emmagasiner, je ferai une pause, d'accord ?
Elle se contenta d'acquiescer, et je pouvais voir son air inquiet.
J'étais connu pour m'inquiéter pour tout le monde, mais je crois que sur ce point, ma mère me bat à plate couture.
Histoire de ne pas la laisser se faire du mouron pour quelque chose qui n'en valait pas la peine, je décidai de changer de sujet.
- Maman, quelqu'un a fait quelque chose à mes cheveux depuis l'accident ?
- Non.
- Alors pourquoi on m'a demandé ce que j'avais fait à mes cheveux ?
Ma mère se mit à rire doucement.
- Ca fait des années que tu n'as pas eu les cheveux aussi longs, Shû. Ca doit étonner les gens qu'ils dépassent largement le centimètre.
- Ce n'est pas si long...
- Pour toi si. C'est vrai que je ne t'ai pas montré beaucoup de photos récentes, mais tu n'as pas dépassé les 3 millimètres, ces deux dernières années.
- ... tu crois que je devrais faire quelque chose ?
- Comme tu le sens. En général tu commences à ne plus les supporter très vite, donc on va voir...
Maintenant qu'elle le disait...
- C'est vrai qu'ils me chatouillent. Dans la nuque. Je pourrais raser ceux du bas ?
Akemi se mit à rire et quitta la cuisine sans que je ne comprenne vraiment ce que j'avais pu dire de si drôle.
__________________________________
Le lendemain matin, je me levai tôt, avec l'espoir d'arriver le premier au club et d'ouvrir la porte. J'avais toujours la clé, et même si je savais que Tezuka m'avait relayé sur ce point, je voulais voir si je ne me souviendrais pas de quelque chose en accomplissant une tâche à laquelle j'étais habituée.
Quand j'arrivai à mon arrêt de bus, pourtant, je reconnus une silhouette familière.
- Tezuka, bonjour !
- Bonjour.
Tant pis, je ne serai pas le premier au club aujourd'hui. Ou alors premier ex-aequo.
- Tu vas bien ?
- C'est plutôt à toi qu'il faut poser la question.
- Pourquoi ?
- ... parce que tu as eu un grave accident il y a trois semaines ?
- Ah, ça... bah, ça va comme d'habitude. Ca va même mieux. J'aime bien aller au collège, je vois du monde.
- ... tant mieux.
Un silence s'installa, pendant lequel je réfléchissais à quoi je pourrais parler avec Tezuka.
C'est vrai que le jeune homme n'initiait pas la conversation en règle générale, mais il m'avait bien dit la veille qu'il ne l'évitait pas. J'avais sûrement bien des choses à lui demander, je n'arrivais juste pas à trouver quoi en particulier... exactement comme la veille avec Eiji, en fait...
Ah, si, peut-être...
- Tu habites loin de l'arrêt de bus, toi ?
Oui, bon, d'accord, c'était pas la question du siècle non plus.
- ... une minute à pied.
- Oh... on peut voir ta maison d'ici ?
- Une minute à pied de l'arrêt précédent.
- ... hein ?
- Ca fait environ 12 minutes de marche jusqu'ici.
- ... mais pourquoi tu prends le bus ici, alors ?
- ...... parce que ton plan était tellement faux hier que je me demandais si tu pourrais vraiment arriver au collège avant l'entraînement du matin.
- ... Merci. Je tâcherai de me souvenir du chemin aujourd'hui, comme ça tu n'auras plus à t'embêter !
- ...... ça ne m'embête pas.
J'étais un peu embarrassé que Tezuka ait fait l'effort de venir jusqu'à mon arrêt... ça me faisait plaisir, mais quelque part, comme c'était quelqu'un que je ne connaissais pas, je trouvais ça... bizarre.
Et puis j'ai réalisé.
- Comment tu as su à quelle heure je viendrais ?
- ... j'ai deviné.
- Tu es là depuis longtemps ?
Il regarda sa montre.
- 20 minutes. Tu te lèves plus tard qu'avant ta perte de mémoire, apparemment... J'ai eu peur un instant que tu m'aies précédé.
- Désolé !!!
- ... tu n'as pas à t'excuser, ce n'est pas comme si tu avais su que j'étais là.
- ...... mais quand même.
- Si tu as encore besoin de moi un autre matin, on fixera une heure.
- Je ne veux pas t'embêter.
- Je t'ai dit que ça ne m'embêtait pas.
Je ne savais pas trop quoi répondre à ça, mais le bus choisit d'arriver pile à cet instant, dissipant mes doutes.
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Seulement quelques minutes après que Tezuka et moi eûmes mis les pieds dans les vestiaires, un troisième membre du club arriva.
Il s'agissait d'Inui, et dès son arrivée, il décida de me monopoliser.
- J'ai quelque chose pour toi.
- Ah, quoi ?
Après avoir fouillé dans le fond de son sac, Inui me tendit un CD.
- C'est une compilation.
- Ah ? De quoi ?
- Tu as un ordinateur chez toi, Oishi ?
- Oui.
- Je fais une exception pour toi. C'est une compilation de toutes les notes que j'ai pu prendre sur toi.
- ... oh. C'est vrai que tu prends des notes sur les gens....
Décidément, je n'arrivais pas à m'y faire.
Inui avait beau être la moitié du temps en train de prendre des notes, ça me semblait toujours bizarre.
- ... oui. C'est ma façon de jouer au tennis, après tout.
- En prenant des notes ?
Est-ce que je trouvais déjà ça bizarre avant qu'on puisse jouer au tennis en gribouillant dans un cahier ?
- Hmm. Ca peut très bien marcher.
- En tout cas, merci... je vais au moins avoir un éclairage sur comment je joue au tennis.
Inui m'offrit un sourire qui me fit légèrement peur.
- Tu as déjà oublié que je ne prends pas des notes que sur le tennis ?
- ... oh.
- J'ose espérer que tu apprendras plus d'une chose intéressante en lisant tout ça.
Inui s'écarta un sourire aux lèvres alors que la porte des vestiaires s'ouvrait à nouveau, laissant place à quelques deuxième année et à Fuji et Eiji en grande discussion.
Eiji bondit sur moi mais s'arrêta juste avant de me toucher, ne voulant peut-être pas renouveller l'incident d'hier.
- Oishi ! Alors tu te souviens de moi ?
- Depuis hier, oui, quand même...
Eiji fit une moue faisant bien comprendre que ce n'était pas la question.
Je décidai de reprendre la conversation.
- Au fait, je ne veux pas trop déranger ce matin. Ca me ferait plaisir que vous vous entraîniez.
- Tu ne veux pas jouer ?
- Ah... j'ai bien peur de ne pas encore en être capable.
D'autres membres du club arrivèrent et le vestiaire fut vite plein, je choisissais donc de sortir avec les troisième année qui avaient fini de se changer.
La fin de l'entraînement matinal arriva très vite et Fuji et Eiji me raccompagnèrent jusqu'à ma classe, où mes camarades m'accueillirent avec autant d'enthousiasme que la veille.
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A midi, une bonne partie du club de tennis vint me chercher dans ma classe.
Il y avait Fuji, Eiji et Inui, ainsi que quatre autres personnes. Nous nous installâmes rapidement, et de nouvelles présentations arrivèrent, menées par Eiji.
- Voilà Taka-san, dont on t'a parlé hier...
J'inclinais la tête vers le plus grand des garçons présents. Il avait l'air un peu timide (ou plutôt intimidé), mais je ne doutais pas de sa gentillesse.
- ...puis ces trois-là n'ont pas remarqué ta présence hier et ont zappé l'entraînement du matin, alors on leur permet de s'incruster... Ils sont tous les trois en deuxième année : voilà Momoshiro Takeshi...
- ... dit "Momo-chan"
- Personne ne t'appelle Momo-chan, Momo.
- Hmpf. En tout cas bon rétablissement, Oishi-sempai !
Je le remerciais d'un sourire alors qu'Eiji s'apprêtait à me présenter les deux dernières recrues.
- Voilà Arai Masashi et Ikeda Masaya.
Les deux garçons s'inclinèrent bien plus profondément que ce que Momoshiro avait pu esquisser, et nous prîmes rapidement place à "table".
J'appris rapidement que "Momo", comme on l'appelait, était le deuxième deuxième année déjà titulaire, ce qui n'était pas le cas d'Arai et d'Ikeda.
Ces deux derniers semblaient d'ailleurs légèrement moins à l'aise que Momo à partager leur repas avec des troisième année, et je ne mis pas bien longtemps à réaliser que Momo se permettait des "Eiji-sempai" et des "Taka-san" là où les deux autres utilisaient "Kikumaru-sempai" et "Kawamura-sempai".
C'était intéressant de se rendre compte de ce genre de choses. Etait-ce parce que Momo était déjà titulaire ? Ou était-ce une question de caractère ?
La conversation allait et venait sans que je n'y prenne vraiment part, en fait, mais il y avait beaucoup de choses à y reconnaître.
- Et ben Oishi, on t'a coupé la langue ?
- Non, j'apprends.
- Tu apprends ? Quoi ça ? On est juste en train de parler de Flushing Meadows, je vois pas ce qu'il y a à apprendre...
- ... la façon dont vous vous comportez les uns envers les autres, ce genre de choses... et puis ce n'est pas parce que je ne prends pas la parole que je ne suis pas intéressé.
C'est là que je réalisai.
- Tezuka ne viendra pas pour déjeuner avec nous ?
Apparemment, ma question laissa tout le monde plutôt perplexe et il fallut attendre vingt bonnes secondes avant que Fuji ne prenne la parole.
- C'est vrai qu'il mange avec toi d'habitude.
- En fait, comme ça nous paraît naturel que vous mangiez ensemble, on n'a pas pensé à le chercher.
- Je... enfin... si ça se trouve il n'aurait rien contre manger avec nous...? Je vais aller lui demander !
Je me levai de table, mon mouvement vite arrêté par la main d'Inui sur mon bras.
- J'y vais, reste là.
- Mais...
- C'est toi qui a le plus besoin de discuter avec tout le monde. Ou d'écouter. Je ramène Tezuka dans deux minutes.
Je me rasseyai, me disant qu'Inui avait peut-être, voire sûrement raison.
La conversation reprit sur les quarts de finale de l'US Open et je dus constater qu'effectivement, Inui mit moins de deux minutes à ramener Tezuka qui prit place entre Fuji et Inui.
Je découvrais des tas de choses en écoutant juste mes camarades du club parler : tous semblaient férus de tennis, Ikeda semblait largement plus intéressé par le tennis féminin que le tennis masculin, Inui avait des remarques techniques à faire sur tous les matchs et Eiji tentait de dériver la conversation sur une idole dont il avait vu un concert la veille mais dont seul Momo avait apparemment entendu parler.
Et Tezuka ne parlait pas. Du tout.
C'était presqu'à se demander s'il suivait la conversation.
Les autres lui posaient une question de temps à autres, voire le taquinaient, ce qui laissait penser qu'il était totalement à sa place ici, parmi les membres du club.
- Il faudrait fêter le retour d'Oishi, quand même.
- Vous pouvez tous venir au restaurant un de ces soirs, si vous voulez !
La proposition de Taka-san fit littéralement baver Momoshiro et un grand sourire apparut sur les lèvres de Fuji.
- Ah, euh... surtout ne vous embêtez pas... ça vaut pas la peine...
Ma réponse sembla désespérer Momoshiro.
- ... enfin, ça me ferait plaisir de passer une soirée avec vous tous quand même, hein.
- Alors c'est décidé ! J'en parle à mon père et je vous tiens au courant !
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- Momoshiro ! Arai ! Ikeda !
Du banc où je m'étais assis, je pouvais voir les trois garçons se diriger vers l'endroit d'où Tezuka les avait appelés.
- Je suppose que vous avez une bonne excuse pour ce matin ?
Apres un petit silence Arai prit la parole.
- Non. Juste... une interro de maths en première période.
- Et vous avez révisé à la place de l'entraînement du matin ?
Les trois garçons inclinèrent la tête.
- 30 tours de terrain. Que ça ne se reproduise pas.
- Oui !
Les trois garçons se mirent à courir ensemble, Tezuka restant immobile au même endroit.
Je ne l'avais pas beaucoup vu la veille lors de l'entraînement, mais de ce que j'avais vu ce matin et cette après-midi, il n'avait pas l'air de s'entraîner beaucoup.
Etait-ce parce que les nationales étaient finies ?
Je me rappelai ma mère dire qu'il était très impressionnant une raquette en main, et après tout, il était le capitaine de l'équipe censée être la plus forte du Japon... je réalisai que j'avais bêtement envie de voir comment il jouait au tennis.
Je me levai du banc et me dirigeai vers lui, histoire d'entamer la conversation et de satisfaire ma curiosité.
- Tu ne joues pas ?
- ... peut-être plus tard.
- Tu ne participes pas beaucoup à l'entraînement.
- Non, pas vraiment. Il y a assez à faire à surveiller tout le monde et à diriger les différentes activités.
- ... ce n'est pas parce que je ne peux plus t'aider ??
Après tout, j'étais vice-capitaine, et il y avait de fortes chances que Tezuka ait juste endossé nos deux rôles confondus après mon accident.
- Non... non, ça a toujours été ainsi.
- ..... C'est dommage, j'aurais aimé te voir jouer. Ma mère m'a dit que tu étais vraiment fort.
- Si ce n'est que ça ce n'est pas un problème. Attends juste cinq minutes.
J'acquiesçai de la tête alors que Tezuka allait corriger la façon dont un des deuxième année tenait sa raquette, me contentant d'attendre que quelque chose se passe.
Quelques instants plus tard, Tezuka faisait stopper la série de swings auxquels s'entraînait la quasi-totalité du club et envoya les non-titulaires s'entraîner au smash sur deux des courts, gardant les autres pour faire de petits matchs en 3 jeux entre les titulaires.
- Kikumaru, Kaidô, prenez le court A. Inui, tu joueras contre Momoshiro quand il aura fini ses tours de terrain. Fuji, court B.
Fuji s'approcha de Tezuka avec son éternel sourire aux lèvres.
- Tu vas être mon adversaire ?
- ... hmm.
- Ca fait longtemps.
- ...... hmm.
- Comme Oishi regarde, je vais te laisser gagner.
- Ne te donne pas des excuses pour une fois que tu auras perdu.
Je me rapprochai du court B, de plus en plus intrigué.
- Buchôôô...
Un garçon portant la veste des titulaires, mais bien plus petit que tous les autres, s'était approché de Tezuka.
Je l'avais déjà entraperçu.
Ca devait être Echizen, le premier année particulièrement doué. On m'en avait parlé.
- ... et moi ?
- Tu t'assois et tu regardes. Tu prendras le vainqueur du match Kikumaru-Kaidô.
- ... pff.
- D'ailleurs tu vas en profiter pour aller l'arbitrer d'abord.
Quelque part, avec leur différence de taille et l'air plus qu'adulte de Tezuka, les deux avaient plus l'air de père et fils que de deux collégiens membres du même club et je ne pus m'empêcher de sourire à la mine boudeuse que prenait le plus jeune des deux collégiens.
J'allais m'asseoir sur le banc du court où Tezuka allait se mesurer à Fuji, même si techniquement j'étais aussi curieux de voir ce qui se passait sur les autres courts.
Je me dis que chaque chose viendrait en son temps, certain que j'allais de toute façon assister à un bon match.
Ce fut le cas.
Tezuka était... époustouflant.
J'avais beau avoir oublié tous les matchs de tennis que j'avais pu voir par le passé, j'avais l'impression que sa façon de jouer était proche de la perfection.
C'était comme s'il n'avait absolument aucune difficulté et que son jeu était solide en tous points.
Et pourtant Fuji marquait des points aussi. Je ne comprenais pas pourquoi je trouvais le jeu de Tezuka tellement au-dessus alors qu'il ne menait même pas Fuji d'un jeu.
Finalement quand Tezuka fit un amorti qui fila vers le filet dès qu'il eut atteint le sol, je ne pus m'empêcher d'applaudir.
C'était... extraordinaire. Comment pouvait-on faire ça ?
- Tu as gagné, Tezuka.
Je ne m'étais pas rendu compte que cet amorti avait scellé le match.
Fuji se dirigea vers le banc où j'étais, et je lui tendis une serviette qui était près de moi.
- Merci.
- Le match était très impressionnant !!!!
- ... bah.
- Si, si, quand tu as rattrapé le smash, là, en faisant un lobe, et puis le dernier amorti de Tezuka et puis... wow.
Fuji émit un petit rire.
- Tu n'es plus habitué, c'est tout.
Tezuka nous rejoint, et quand je voulus lui passer une serviette à lui aussi, je réalisai qu'il ne suait pratiquement pas. Je me ravisai pour la bouteille d'eau, ayant quand même envie de servir à quelque chose.
- Curiosité satisfaite ?
Je hochai de la tête en me fendant en un grand sourire.
- Hmm ! Je vais aller voir un peu les autres matchs.
Je me dirigeai vers le court A où Eiji jouait contre Kaidô, et je dus réaliser que le tennis était un sport vraiment différent de ce que j'avais imaginé.
Eiji et Kaidô faisaient tous les deux des mouvements assez extraordinaires et la balle fusait à une vitesse assez impressionnante.
Le match se termina sur la victoire de Kaidô. Mais Eiji avait très clairement volontairement laisser la balle de match passer et vint me rejoindre directement en criant derrière lui :
- Kaidô, je suis sûr que tu meurs d'envie de jouer contre o-chibi !
Il se retourna vers moi avec un grand sourire et vint s'asseoir à mes côtés.
- Je préfère mille fois venir discuter que me faire battre par notre petit génie.
- Echizen est si fort que ça ?
- Je ne te dirai pas sur quel score s'est fini votre dernier match.
- Merci de ta sollicitude...
- On reste là où tu veux bouger ?
- Je préfère rester, j'aime bien regarder. On ne les gêne pas tu crois ?
- Non, non, ne t'inquiète pas. Je suppose que Tezuka a battu Fuji ?
- Tu supposes juste. Ils sont.... vraiment forts.
- Individuellement peut-être, mais je suis sûr qu'en doubles on les battrait à plat de couture !
- Vraiment ?
- Hmm, on est la Golden Pair, n'oublie pas.
- Ce n'est pas toi qui avait dit que ça nous arrivait de perdre, aussi ?
- Des exceptions, ça.
- Tu m'en cites une ?
- Hmm... la finale du Kantô, contre Rikkai. J'ai vraiment cru qu'on était fini en plus. On a perdu les deux doubles, donc après l'erreur n'était plus permise, et je m'en voulais tellement d'avoir perdu...
- Je suppose qu'on a perdu ce match à deux...
- On peut dire ça comme ça.
- Et puis avec o-chibi en simple contre Sanada, sincèrement, je pensais perdre. Autant je pensais qu'Inui ou Fuji avaient une chance de gagner, autant je ne m'attendais pas à ce que notre bout de chou batte Sanada. Tu verrais Sanada. C'est euh... un peu comme Tezuka mais en pire.
J'émis un petit rire.
- Qu'est-ce que tu entends par là ?
- Il a l'air encore plus sévère, en fait...
Je me demandai ce à quoi pouvait ressembler un garçon à l'air plus sévère que Tezuka...
... en parlant de Tezuka.
- Tu as dit que les simples étaient Inui, Fuji et Echizen ? Tezuka jouait en doubles ?
- Non, en fait Tezuka était à Kyûshû, à ce moment-là !
Alors que j'allais demandé ce que Tezuka faisait loin de Tôkyô pendant une finale de tournoi, celui-ci apparut et appela au rassemblement.
Tous les élèves présents allèrent écouter ce que Ryûzaki-sensei, le professeur en charge de notre club avait à dire.
Même si tout le monde l'avait déjà senti dans l'air, l'annonce de la date à laquelle elle ne voulait plus voir de troisième année aux entraînements sembla acceptée avec un pincement au coeur par tous les gens présents.
Dès la fin de ce mois, nous étions censé nous consacrer à nos examens d'entrée au lycée, même si tout ceci nous parraissait encore bien loin.
Mais même l'équipe championne devait se plier au règlement du lycée.
En ce qui me concernait, j'étais surtout triste de me rendre compte que les activités du club seraient finies d'ici à ce que je me remette de mon accident.
Promis, vous aurez les bons morceaux dans moins de 2 ans ce coup-ci.