Je me suis bottée le derrière, et j'ai décidé (après il faut voir ça dans l'application...) que je devais faire au moins un dessin par semaine, ou si j'y arrive vraiment pas, au moins poster un bout de texte relu de ce fameux NaNo incomplet qui ne se complètera jamais si je ne me motive pas !
Suite à un post lointain de mai, je crois, voici la suite de Délirium Cordia !
Par contre la police fait un peu ce qu'elle veut donc... désolé... éè
Titre : Delirium Cordia
Personnages : Isao est un de mes OC et Kei appartient à
graindecafeMusique d'accompagnement : Delirium Cordia - Fantômas, 74Minutes
Kei se retourna pour regarder Isao quitter le couloir. Elle serrait les poings, et on pouvait deviner que son regard, si elle avait maitrisé le pouvoir de foudre, aurait frappé instantanément son nouvel ennemi. Non mais pour qui se prenait ce mec ? Ce n’était pas parce qu’il était marginal, plus grand et plus fort qu’elle qu’il pouvait la traiter de la sorte ! Elle ne supportait pas ce genre de mecs, qui se croient tout permis et en profitent pour imposer leur loi aux plus faibles. Elle aurait bien aimé le lui faire comprendre à sa façon ! Elle réajusta la visière de sa casquette. Un léger sourire de satisfaction se dessina, faisant onduler la tâche de vin sur son visage. Il avait beau se la jouer en la bousculant à son tour, il n’avait pas remarqué qu’il était dans le faux. A son attitude, elle savait qu’il l’avait prise pour un garçon, un gamin, comme beaucoup. Et cela lui donnait une entière satisfaction. Qu’il la prenne pour un garçon, et elle lui monterait par la suite quel genre de fille elle était. Elle lui ferait comprendre assez rapidement qu’elle ne se laisserait pas marcher sur les pieds. Elle savourait par avance l’effet qu’elle produirait le jour où il découvrirait qu’il avait ainsi traité une fille, et que celle-ci lui avait rendu sa pareille.
Elle reprit son chemin vers son dernier cours de la journée. Elle aussi avait hâte de profiter de ce week-end prolongé. Elle était à la fois agacée par cette rencontre, mais aussi terriblement satisfaite de son subterfuge. Elle n’hésiterait sûrement pas, si la situation se reproduisait, à lui montrer qu’elle était apte à la confrontation physique et verbale, ce qui était un de ses traits de caractère surprenant qui contrastait avec son habituelle timidité et réserve. Elle lui apprendrait surtout que personne n’avait le droit d’insulter son équipe de baseball préférée en sa présence ! Il l’avait blessée, avec cette dernière provocation, et elle lui prouverait que les Hanshin Tigers n’étaient pas « minables », bien au contraire, et que leurs supporters savaient défendre leur réputation !
- « Masamune, dépêche toi d’entrer dans la classe, le cours va commencer. Et fait moi le plaisir de te décoiffer lorsque tu entres dans la salle ».
Elle regarda le professeur qui l’interpellait avec son air blasé qu’il connaissait si bien. Elle le vit soupirer. Elle retira sa casquette et s’exécuta. La journée était presque finie.
***
JOUR 2
Un long week-end ne suffisait jamais. On prenait vite goût à la tranquillité et à l’oisiveté. Il avait pu se détendre et évacuer toute cette crispation accumulée par une méfiance maladive à l’encontre de tous les agissements et propos de la directrice et du corps professoral. Il avait arrangé quelques morceaux, composés des nouveaux. Il avait pris son appareil photo et s’était baladé au hasard dans les rues du centre ancien. Il s’était reposé, il le sentait. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi bien, en osmose avec lui même, faisant ce qu’il aimait, comme il l’aimait, sans que rien ni personne, que ce soit un devoir, une sortie scolaire ou un délire magique, ne le dérange. Il regrettait simplement que le douloureux retour à la réalité soit aussi brutal et tragique…
Il aurait dû l’écouter, ce mauvais pressentiment. Celui qui noue l’estomac au réveil, à mi chemin entre le cauchemar de la nuit et l’enfer de la journée. Mamoru l’avait bien remarqué. Il avait pourtant manifesté sa traditionnelle amabilité du réveil, et sa loquacité muette, mais Mamoru savait discerné les tracasseries, futiles et graves, de chacun de ses protégés… Il commençait à les connaître à force, et il en avait sûrement connu des pires qu’eux. Ne pas pouvoir rester imperméable à son œil exercé agaçait Isao, et cela augmentait son irritation. Il se sentait désarmé, presque impuissant, et il ne savait pas pourquoi. Et cette désagréable sensation ne présageait rien de bon.
Il aurait dû deviner que les choses ne feraient qu’empirer. Il aurait dû jouer les devins sur le chemin, analyser tous les signes néfastes croisés : le chat noir qui fuit à son passage, les corbeaux plus nombreux que d’ordinaires, la cloche d’un temple… Il aurait dû deviner qu’une fois passé le portail de Majutsu, sa journée ne ferait que prendre un mauvais tournant. Parce que ça ne pouvait être que ça. Ce ne pouvait être que les mauvaises ondes de Majutsu qui l’avertissait de la nouvelle catastrophe qu’avait imaginé leur « chère directrice adorée » …
Lorsqu’il était arrivé devant les grilles de l’établissement, une foule compacte d’élèves se tenait déjà au milieu de la cours devant un grand panneau d’affichage.
Putain mais qu’est-ce qu’elle nous a pondu encore ?
Il s’approcha en jouant des coudes, bouscula quelques élèves, et arriva face au panneau qui arborait de façon presque énigmatique des intitulés de cours - ou ce qui devait s’en rapprocher - et affichait fièrement une grande banderole blanche ornée de lettres d’or et de feu annonçant une « semaine spéciale de découverte du monde humain »… Il savait qu’il aurait dû se faire porter pâle, inventer une histoire ou une quelconque connerie à raconter à Mamoru, ou, pour cette fois, simplement sécher les cours. Il n’aimait pas les banderoles frivoles de la directrice et leur façon de devenir subitement une arme de destruction massive…
Lorsque la foule dense d’élèves commença à hausser la voix à un degré de décibels intolérables, les hauts parleurs de la cours grésillèrent de façon encore plus désagréable pour les rappeler à l’ordre et créer le silence. L’attention des élèves, qui, d’une manière générale, savaient tous qu’il y avait anguille sous roche, se porta sur l’estrade qu’il n’avait pas encore remarquée. Il n’aimait pas les estrades non plus. Son expérience lui avait appris que banderole bariolée plus estrade avait pour résultat discours interminable de la directrice, présentation du projet par un prof coincé et dévoué à sa supérieure, et début d’une interminable torture pour lui et le reste de la meute d’élèves plus ou moins conscients du danger… Il détestait les matins qui commençaient de cette manière !
Comme prévu, la directrice monta sur l’estrade, accompagnée de sa cour de profs plus ou moins ravis. Eux aussi savait que les délires de la directrice pouvait leur retomber dessus et qu’ils en subiraient eux aussi les conséquences… Elle s’avança au bord de la foule d’élèves, comme une artiste prête à se jeter dans la fosse pour nager au milieu de ses fans. Elle saisit le micro, faisant onduler ses longues manches de soies pourpres dans l’air. Elle était vêtue d’une de ses habituelles tenues aguicheuses, pleines de voiles, de soies et de couleurs, avec un bustier plongeant et une jupe fendue de façon presque outrageuse. Ses cheveux étaient ornés de perles et organisés en une coiffure si élaborée qu’on pouvait se demander combien de temps il avait fallu pour arriver à faire tenir cela. Mais il avait comme une réponse sournoise à son oreille qui lui disait : la magie, bien évidemment ! Elle aimait se faire voir, et surtout mettre en avant ses atouts, de sorte que toute la gente mâle succombât à son glamour magique. Mais il n’était pas dupe. Elle ne l’aurait surement pas de cette manière !
- « Mes chers élèves adorés, j’espère que vous avez tous passé un agréable week-end ! Malheureusement vous le savez, toutes les bonnes choses ont une fin… Ne soyez pas si triste, parce que votre Directrice bien aimée vous a oranisé une animation à sa façon pour prolonger ce bon temps ! Une semaine d’animations, d’ateliers de découvertes, et autres délices pour recommencer en douceur les cours ! » …
Il le savait, elle avait encore préparé un sale coup et essayait de noyer le poisson dans un flot continu de paroles.
- « Je vois que vous êtes tous ravis, et que vous avez hâte de découvrir ce qui vous attend pour cette semaine festive ! Je vais donc laisser la parole à vos dévoués professeurs en charge des animations qui vous expliqueront le déroulement des modules dont ils sont responsables. Bien évidemment toutes les classes et tous les niveaux ont été mélangés par groupe et par atelier par le plus grand des hasards ! Aucune réclamation ne pourra donc être admise si vous voulez changer de groupe ou d’atelier… Amusez-vous bien mes enfants ! »
Bien sûr, le hasard, rien que le hasard. Il lui en foutrait des hasards ! Comme si elle allait lui faire croire qu’elle n’avait rien manigancé de louche dans cette histoire…
Les professeurs présentaient à tour de rôle leur activité et appelait des groupes d’élèves, par poignets de trois ou quatre, où le hasard avait manifestement, et en tout innocence, décidé de jouer à la patate chaude en mettant une ou deux bombe à retardement dans chacune de ces équipes. C’en était tellement prévisible que cela en devenait presque lassant… Isao se demandait s’il devait lancer les paris pour savoir avec qui il se retrouverait. Il avait eu droit à Munashi, dans les genres bavards, Aelin, la bonne blague…, puis d’autres gars, mais il avait occulté plus ou moins au fond de sa mémoire tout ce qui avait un rapport de près ou de loin avec les évènements d’une certaine épreuve de courage… Bon… il avait donné niveau boulet, mais il n’avait encore jamais été avec quelqu’un avec qui il se prendrait sérieusement la tête. Personne avec qui son attitude et ses remarques acerbes n’auraient pas suffit, et où la démonstration physique, ou magique, se serait révélée la seule solution pour imposer son choix dans le dit exercice, parcours, mission, suicide. Il y avait bien eu Tenjirô, mais c’était un cas particulier… c’était plus de la rivalité primaire, comme deux mâles qui s’affrontent pour un bout de territoire. Ouais… donc comme il avait pu, par expérience, prouver qu’il n’y avait rien de plus prévisible que le hasard, cette fois-ci il serait forcément dans un groupe de merde, pour changer, avec de fortes têtes ou avec des gens qu’il ne pouvait pas se piffrer… genre au hasard… Juristu ! Ouais à tous les coups il allait se le payer ! … Il n’aurait vraiment pas dû se lever…
Ce fut au tour d’Amami-sensei de présenter l’atelier qu’elle allait diriger. Le sourire en coin qu’elle affichait n’était pas du tout rassurant, comme le regard que Mî, ce satané serpent lové autour de son bras, lui lançait à travers la foule. Il avait sûrement dû s’amuser à lui susurrer quelques manigances pour mieux se repaître du désastre de cet atelier à ses dépends. Un jour, il lui ferait la peau et ferait de ses écailles un joli étui à ukulélé !
- « Les élèves qui auront la chance de faire l’atelier en ma compagnie pourront observer les caractéristiques particulières de l’habitat humain. Même si cela est familier pour vous, l’habitat humain propose de nombreuses curiosités à qui veut les voir et parfois recèle d’un peu de magie. Le travail se déroulera en trois temps, un premier temps d’observation, un second temps de croquis sur le vif, et un dernier temps de reproduction pratique au travers d’une maquette que vous aurez élaboré en étroite collaboration avec votre binôme. A la fin de ce stage, votre travail sera bien sûr exposé à Majutsu et évalué par le public et le corps professoral. Bien entendu, aucune négociation des termes du projet ne sera tolérée, et aucun élève ne pourra bénéficier d’un statut particulier d’électron libre sous peine de sanctions pédagogiques… »
Isao jura qu’il ferait la peau à ce satané ophidien. Il était sûr que c’était lui qui avait suggéré à Yûu cette ultime réplique. Il rendit son regard au serpent qui siffla de satisfaction, et glissa son regard sur le professeur. Il acceptait le défi, et demanderait une dérogation à un autre propos une fois le projet terminé. En guise de récompense, ou de compensation morale.
Loki, qui adorait mettre en scène la composition des groupes, appela les paires de binômes. De tous les ateliers possibles il avait fallu qu’il tombe dans celui qui ne fonctionnait que par paire… Et il se demandait si cela pouvait être pire que par groupe de 3 ou 4… s’il tombait sur Juritsu, il était persuadé qu’ils s’entretueraient avant la fin de la première journée.
- « Et enfin, le dernier binôme sera composé de… »
Il agitait des bracelets de couleurs jaunes dans sa main, « parce que c’est tellement plus joli comme ça » avait-il dit (et Isao ne reviendrait pas sur les goût douteux de Loki en matière de ce qui pourrait être qualifié de « joli »), devant servir de signe distinctif pour les groupes et les ateliers.
- « Hiraoka-kun et Masamune-kun ! Amusez-vous bien ! »
Masamune ? Ce nom ne lui disait rien du tout… Il se demandait qui cela pouvait bien être, et se surpris du fait que ses suppositions étaient finalement erronées. Peut-être que cette fois-ci le hasard avait vraiment fait les choses par lui même.
Il monta le premier sur scène, alla voir Loki pour que celui-ci se fasse le plaisir non dissimulé de lui accrocher cet immonde bracelet en plastique jaune au poignet, et attendit que son binôme le rejoigne.
C’est une blague … ?!
Un élève monta sur l’estrade, tête baissée et dissimulée sous une casquette des Hanshin Tigers, et se dirigea vers Loki pour se faire accrocher le fameux bracelet jaune qui les unirait tous les deux, pour le pire comme pour le pire… Il revenait sur ce qu’il avait dit. Le hasard avait manifestement été aidé, et même s’il ne connaissait pas ce Masamune, ils s’étaient déjà rencontrés une fois de trop. Il entendait la petite voix de la directrice lui sifflotait de manière cajoleuse « c’est pour que vous fassiez mieux connaissances, je suis sûre que vous vous entendrez à merveille », et lorsqu’il regarda Yûu, le regard brûlant de colère, il la vit sourire intérieurement. Elle aussi était plus que satisfaite de la situation. Cela l’amusait de le voir se démener dans ce lycée pour survivre, et c’était une occasion de plus pour le mettre à l’épreuve. Il serait très exigeant lorsque qu’il demanderait une compensation pour les désagréments subis…