Titre: Destins
Auteur: Dragonna
Personnages/Pairing: Arthur (Angleterre), Alfred (Amerique), Francis (France) et mention de Rome. Fruk plus ou moins sous-entendu.
Avertissement: France très sérieux (si c'est possible) et Arthur en pleine dépression nerveuse/crise de nerf. Et aussi avertissement pour un chapitre très long.
Raiting: T
Note éventuelles: Je vois la relation entre UK et USA comme une relation fraternelle ou père/fils, rien de plus.
La guerre était terminée...
….Les insurgés avaient gagné, avait remporté cette indépendance qui leur était si chère, si précieuse, qu'il voulait tant. L'armée anglaise avait été écraser et la nation adverse a la merci de la leur.
C'était enfin fini...après des années de conflits.
Le silence régnait sur cette plaine ravagée et boueuse, seulement troublé par la pluie qui tombait.
C'était vraiment terminé...
Les mots d'Alfred, d'Amérique, résonnèrent dans la plaine, malgré la pluie battante, alors qu'il se tenait debout devant un blond en uniforme rouge et noir, en larmes et à genoux...
- «You were so great...England!»
Il baissa les yeux, poings serrés. Il se sentait déchiré entre son affection pour celui qui avait son tuteur, son grand frère...son père pendant toutes ces années. Un autre côté de lui-même ressentait une certaine rancune à l'égard de cette nation qui lui avait refusé la liberté et l'avait ainsi poussé à la guerre.
Que c'était troublant de ressentir tant de choses à la fois. De se poser autant de questions, de se rendre compte qu'on n'avait plus besoin de se battre, qu'on avait enfin obtenu ce que l'on voulait.
Et surtout d'enfin se rendre compte des pertes, des sacrifices qui avaient du être fait à cause de l'obstination de l'adversaire.
Combien de personnes...de membres de son peuple étaient morts pour cette cause tant rêvée à cause de l'obstination d'Arthur? Combien de britanniques, d'espagnols et de français aussi?
Il se tourna vers ses troupes fatiguées, mais déjà plus détendue qu'il y a seulement une heure, qui attendaient ses ordres. C'était maintenant qu'il devait le faire...c'était pour le bien d'Angleterre qu'il faisait ça, et aussi pour achever ce qu'il avait débuté depuis si longtemps.
- «Allez-y!»
Deux soldats en uniforme différent du sien, signifiant leurs origines francophones, s'avancèrent et se placèrent de chaque côté d'Arthur. Celui-ci pleurait toujours, murmurant des paroles qu'Alfred ne percevait pas. Il était dans un état pitoyable, épuisé, tremblant, amaigri et blessé, des cernes presque noires soulignant ses yeux.
Lui aussi était à bout...
Il était vraiment temps que tout ça se termine, pour tout le monde, alliés comme ennemis.
Amérique inspira profondément pour se donner un peu plus de courage et s'exclama, d'une voix qui était à la fois dure, froide inflexible et forte: «Angleterre!» Il avait conscience qu'il devait agir comme un état indépendant et non plus le gamin affectueux qu'il était jusque il y a peu de temps.
C'était une époque révolue...ça ne serait jamais plus!
A cet instant, la personne devant lui n'était plus son (ex) grand frère et tuteur mais un ennemi qu'il venait de vaincre...
Le blond sursauta sous le ton et leva un regard perdu et douloureux vers son ancienne colonie, trop épuisé pour ressentir le danger ''pourtant'' présent de sa situation. Ce fut à ce moment qu'il vit les soldats français mais n'eut pas le temps de réagit que ceux-ci lui saisissaient les bras sans douceur, les tordant presque dans son dos.
- «Alfred? Qu'est...qu'est-ce que cela signifie?»
Il sentit qu'on lui attachait les poignets mais le pire était le regard neutre, indifférent de celui qu'il avait élevé comme son fils ou son petit frère. C'était semblable à un poignard qu'on lui enfonçait dans la poitrine. Une sensation glaciale l'envahit, le faisant trembler de peur malgré lui. Ses mauvais pressentiments l'avaient rarement trompés.
Pourquoi son ancienne pupille laissait-il les français, même si c'étaient ses alliés, le capturer? Qu'est ce que cela voulait dire? Et où était ce stupide Frog d'ailleurs?
Il ne l'avait pas vu sur le champs de bataille, ni depuis un petit moment, ce qui l'avait étonné.
Avait-il été blessé durant un précédant affrontement? Se battait-il sur un autre front, sur la mer ou encore aux côtés d'Antonio?
Impossible de le savoir. Cependant, Amérique avait bel et bien des troupes françaises sous ses ordres et c'était peut-être ça qui l'inquiétait.
Qu'avaient-ils préparé ces traîtres qui l'avaient poignardés dans le dos sans remords?
Le châtain haussa les épaules, semblant soudainement froid et cruellement indifférent, cachant sa pitié et son affection toujours présentes au fond de lui: «Conformément au pacte passé avec la France, le nation d'Angleterre leur sera livrée, si elle est capturée, en cas de victoire.» Il eut un nouveau remord, qu'il cacha, en voyant le regard horrifié de son vis-à-vis face à cette nouvelle. Mais il continua, impitoyable «Les traités concernant mon indépendance seront signés avec tes représentants et chefs militaires! Toi tu es la garantie qu'il n'y aura pas une vengeance contre mes alliés, sur les mers, lors du retour dans leurs pays! Demande bien compréhensible quelque part! Ne t'en fais pas France m'a promis qu'il te renverrait dans ton pays depuis le sien!»
Le blond n'arrivait pas à le croire. Son petit Alfred le livrait à son pire ennemi, sans regrets ou remords, l'offrait à celui qui le haïssait, qui ne souhaitait que se venger de lui. Une sourde douleur l'envahit, le faisant presque suffoquer. «Pou...Pourquoi?»
L'autre soupira et murmura, d'un ton presque accusateur: «C'est de ta faute si on en est arrivé là! Paie le prix de ton obstination!»
Et sans rien ajouter d'autres à son égard il lança aux soldats français que la nation anglaise était toute à eux et se détourna, partant sans un regard en arrière, le cœur lourd mais étrangement heureux d'avoir enfin obtenue ce qu'il voulait. Ses troupes lui emboitèrent le pas, laissant l'anglais seuls avec la troupe française qui avait été sous les ordres de leur nation pendant cette bataille.
- «ALFRED!»
Il ne se retourna pas, fermant cœur et ouïe pour ne pas avoir de regrets. Il devait être impitoyable jusqu'au bout, jusqu'à la signature des traités reconnaissant son indépendance. Il ignora les appels de son ancien frère, avançant vers l'avenir. Il avait rompu les liens avec son passé de colonie, l'attendait un avenir de nation libre, il était impatient de pouvoir briller lui-aussi, d'être l'égal de ceux ayant combattu autant contre lui avec qu'avec lui
Même si cette liberté avait un arrière-goût amer...
..Cependant la joie de ses hommes qui riaient, se félicitaient, le remerciaient...
...Tout cela finit par chasser la culpabilité..
...Oui il avait fait ce qu'il fallait, pour lui et pour son peuple.
Il n'avait pas à avoir de remords.
Pour être honnête, il n'en avait presque plus.
Un jour, il ferait la paix avec Angleterre, et ils pourraient redevenir amis..mais pas maintenant, cela attendrait qu'il soit enfin devenu le pays qu'il souhaitait être.
...Ou peut-être souhaitait-il que ça soit lui qui fasse le premier pas vers une réconciliation?
Arthur tenta de se lever, de se débattre, mais il était blessé, épuisé et les soldats étaient deux, le maintenant à genoux, l'empêchant de faire le moindre geste. Il ne pouvait cesser de regarder son petit frère partir, s'éloigner, le laisser derrière lui sans un regard en arrière. Il cria, une ultime fois, en désespoir de cause: «AMERIQUE!» Mais rien, l'autre n'eut même pas un regard en arrière. Bien vite, les troupes du pays, désormais libre et indépendant, disparurent à l'horizon.
Un sanglot lui échappa, malgré lui. Il n'avait pas le droit de lui faire ça, de l'abandonner...De le laisser seul...Il avait froid, terriblement froid mais ça ne venait pas seulement de la pluie qui avait déjà détrempé son uniforme, ses cheveux et qui le glaçait pourtant déjà. La douleur mentale qu'il ressentait et le chagrin qui serrait son coeur, tout cela ajouté à l'épuisement physique, le faisait souffrir et l'engourdissait. Il ne pouvait plus s'arrêter de pleurer devant ses adversaires, devant le peuple qui était l'ennemi presque héréditaire du sien.
Des mots lui échappaient, presque malgré lui, prononcés d'une voix affaiblie: «Pourquoi? Pourquoi?...Merde! Qu'est-ce que j'ai fait de travers?»
Les soldats ne disaient rien, parlant entre eux en français, ignorant la souffrance de leur prisonnier ou plutôt faisant semblant de ne pas la voir, tout en ne comprenant probablement pas ce qu'il disait.
Maigre générosité.
Il se sentait mal, fiévreux et nauséeux. Sa tête se mit à lui tourner. Il ferma les yeux quelques instants pour chasser un vertige quand on le força à se lever. La voix d'un des soldats parvint à ses oreilles, dans son esprit embrumé «On doit l'amener à notre propre nation, c'est ça?
- Oui! Le Général Lafayette a dit qu'il était au port, il vérifiait que le renvoie des prisonniers anglais se faisait correctement.»
Arthur sentit qu'il ratait quelque chose d'important mais il n'avait plus la force de penser, d'écouter ou de parler. Il était fatigué, comme il ne s'était jamais senti, quelque chose s'était rompu en lui, il se sentait si faible à cet instant...il avait tellement froid.
Je suis seul...pourquoi? Pourquoi tout le monde m'abandonne, me laisse?
Un voile tomba sur ses yeux, et il se sentit partir, petit à petit, se détachant de la réalité, ses sens l'abandonnant les uns après les autres.
Il avait raison, je ne comprend rien, je serais toujours seul...pourquoi?
Ses jambes le lâchèrent brusquement, le faisant vaciller tandis qu'une sensation glacée l'envahissait.
- «Hé! Il s'évanouit!»
- «Attention! Rattrape le! C'est quand même une nation et on doit le traiter comme tel!»
Il ne sentit pas les mains qui le rattrapèrent et le soutinrent presque avec douceur. Il ne sentait plus rien. Il bascula brutalement dans l'inconscience.
************
Il ne distinguait rien d'autre que des silhouettes, des ombres. Une d'elle se détacha de ce flot de souvenirs, de plus en plus précise...Espagne, blessé, des haillons couvrant son corps, les poignets encore liés, capturé il y a un moment par ses pirates. Son prisonnier toussa et le fixa de ses yeux verts, le toisant sans peur. Les paroles dures et méprisantes qu'il avait dite ce jour-là résonnèrent dans son esprit meurtris.
«Pfff tu dis que je suis devenu faible...peut-être que tu as raison ou peut-être est-ce que parce que tu te crois le meilleur?»
«Tu me trouves faible parce que je me préoccupe de Romano ou de France?..Ca ne m'étonnes pas que tu ne comprennes pas...!»
«Tu te moques de ''ma faiblesse''' ou du ''romantisme de Francis'' ...mais toi? tu n'obtiendras rien comme ça! Tu est seul, tu a toujours été seul tu le seras toujours si tu t'obstines dans cette attitude!»
Le souvenir disparut, remplacé par un autre plus ancien: France debout devant lui, les yeux plein de haine et de rage, la main crispée sur son cou, comme s'il allait le tuer. Un souvenir accompagné d'un sentiment de peur et de culpabilité. Jamais à cette époque il n'avait craint Francis, sauf cette fois là, où il avait été sûr que l'autre allait le massacrer, l'épée s'était plantée si prêt de son visage. Là encore seules certaines choses qu'avaient dite le français lui revenaient.
«COMMENT OSES-TU?»
«Tu n'as pas le droit de prononcer son nom, espèce de monstre sans cœur! Assassin!»
«Je l'aimais! Je l'aimais et tu l'as tué!»
«Impossible? Pour un type comme toi qui n'est aimé de personne, sans doute est-ce impossible à comprendre!»
«Je te le ferais payer Arthur! Je vais te chasser de MON pays ou je te tuerais... TU M'ENTENDS?»
Le souvenir s'estompa, laissant place à un douloureux silence...le laissant seul avec ses démons et sa douleur.
Il rouvrit brusquement les yeux, le cœur battant. Quelques secondes passèrent où il resta immobile, les sens aux aguets. Il se trouvait apparemment sur un bateau, dans une cabine. Bien...très certainement sur un navire français vu ses derniers souvenirs avant son évanouissement.
"Combien de temps ai-je dormi?"
Quel importance après tout? Pour lui qui était une nation ça ne changeait rien. Il se redressa en position assise et passa une main tremblante dans ses cheveux dorés. Il se sentait fatigué, las et indifférent à tout. Les souvenirs qu'il avait revécu en rêve revinrent le hanter. Les mots se firent à nouveau entendre dans son esprit.
Il a raison..
J'ai toujours été seul!
Et en voulant retenir la seule personne que j'avais, je l'ai perdu!
Le souvenirs de l'enfant qui souriait et qui riait. Qui courrait vers lui en criant son nom. Qui l'avait choisi au détriment de France. Qui, justement et ironiquement, s'était tourné vers France cette fois pour avoir ce qu'il voulait. Ce gamin, il y tenait tellement. C'était son petit frère, son fils plus que son pupille. Il aurait donné n'importe quoi pour revenir à l'époque où ce n'était qu'un petit garçon innocent qui se jetait dans ses bras. Parce que maintenant il était à nouveau seul.
Ho bien sûr il avait d'autres colonies mais aucun autre enfants-nations pour le moment. Chine et Inde n'était pas vraiment des gamins. La première avait clairement un dent contre lui, le traitant presque d'esclavagiste. La seconde le regardait avec indifférence et le maudissait dès qu'il avait le dos tourné.
Une boule se forma dans sa gorge. A nouveau seul...c'était tout ce qu'il avait gagné dans cette guerre: le retour de la solitude.
- «Tu es réveillé?»
Il se tourna vers la personne qui venait d'entrer dans la cabine et qui refermait tranquillement la porte derrière lui, le regardant comme si ne rien n'était, comme si rien ne s'était passé.
France.
Une bouffée de haine et de colère l'envahit malgré lui. «COMMENT AS-TU PU ME FAIRE CA?»
L'autre eut un haussement d'épaules «Je ne vois pas de quoi tu parles Angleterre, j'ai simplement aidé Alfred a obtenir ce qu'il voulait. Que c'est mignon les enfants quand ça grandis non?» Il avait un sourire presque sarcastique. «Je ne comprends pas vraiment ce que tu me reproches mon cher..toi aussi tu t'es engagé du côté de mes adversaires non?
- Pas...pas quand il y avait un tel...enjeu à la clé Francis!
- Parce que ça n'est jamais arrivé! Je ne me suis jamais battu contre une de mes colonies...je n'en ai pas tant que ça...et pour le moment toutes m'apprécient.» Il disait cela avec un sourire en coin, l'air très fier de lui.
Arthur serra les poings, la rage l'envahissant: «Évidement...quelqu'un de faible et de lâche comme toi, avec un Empire minable comme le tien ne peut pas comprendre!» Il avait craché ses mots, espérant blesser son rival de toujours, lui montrer à quel point il était minable...enfin de son point de vue.
L'autre eut une réaction qu'il n'avait même pas envisagé. Il eut un petit rire, comme s'il acceptait l'insulte et dit, d'une voix douce et calme «Tu as sans doute raison...» Sans s'occuper de l'autre qui avait écarquillé les yeux il poursuivit. «Mon Empire minable comme tu dis, il me conviens très bien! Pas besoin d'avoir un immense territoire pour avoir ce dont j'ai besoin!»
L'anglais se leva, réprimant le vertige qui l'assaillit. Il ne comprenait vraiment pas son adversaire. Celui-ci n'agissait pas du tout comme d'habitude. Ce n'était plus l'individu rieur et souriant qui l'avait toujours connu...enfin si mais moins que d'ordinaire.
Pourquoi un tel sérieux, et puis une telle expression désabusée, pourquoi acceptait-il sa critique d'être faible? D'être un lâche? De n'avoir qu'un Empire minable?
Pourquoi disait-il platement «Tu as raison?»
Normalement il aurait rit, aurait nié et serait parti dans un de ses délires, ponctué d'une petite répliques perverses qui l'aurait mis en colère tout en, paradoxalement, l'amusant malgré lui.
Mais là...non.
Était-ce une facette de sa personnalité qu'il ne connaissait pas?
Il se souvint vaguement qu'Espagne lui avait dit un jour: «Tu le connais pas aussi bien que moi alors je t'interdis d'affirmer de telles choses sur lui sans savoir de quoi tu parles!».
Le ton glacial, comme s'il avait pris pour lui l'insulte à l'égard du français, son regard perçant et menaçant. Arthur avait marmonné une excuse, plus pour se débarrasser de l'énervement d'Antonio qu'autre chose, ne l'ayant absolument pas cru.
Pourtant Prusse aussi, lors que la Guerre contre Autriche, Russie et France lui avait dit «Écoute Angleterre, t'es un allié génial (pas autant que moi bien sûr) mais je te le dis tout net, ne t'avises pas des prétendre que France est comme ça! Tu le ne connais pas comme moi je le connais!»
Ils étaient en guerre, et alliés contre trois autres nations, alors il s'était abstenu d'ajouter quoique ce soit, marmonnant encore une fois une excuse. Il avait simplement penser que ces deux là, étant les meilleurs amis de France, ne faisaient que leur ''devoir'' de ''frères'' en défendant leur voisin commun contre les critiques de son ''pire ennemi'.
Ces trois-là avaient toujours été très proches.
Peut-être avaient-ils raison finalement? Il n'avait jamais vu cette facette sérieuse, un peu désabusée, fatiguée.
*************
Arthur inspira profondément, occulta ses pensées, et dit d'un ton clairement rancunier: «Il n'empêche, tu savais que je considérais Alfred comme un frère, un fils...as-tu fait cette guerre par simple plaisir de me blesser? De te venger?» Il voulait savoir la raison de sa participation, qui devait aller plus loin que le désir d'aider la jeune colonie a obtenir sa liberté.
Par simple vengeance? Pour lui faire payer cet action de lui avoir pris Canada? Pour le reprendre justement? Quelle avaient été les closes de paix entre Amérique et son pays?
L'autre s'appuya à la petite table présente derrière lui et répondit: «Espagne oui...moi moins. Je ne suis pas si rancunier que ça voyons !» Vu le sourire bien à lui qu'il avait à l'instant, et qui était vraiment familier à l'anglais, on pouvait douter de la sincérité de son propos. «En fait..Je me suis battu pour deux raisons!
- Lesquelles?» cracha Angleterre, voulant savoir, voulant entendre sa minable justification. Pour ensuite lui cracher sa colère et sa haine au visage, même si son regard devait être suffisamment clair à cet instant et que les paroles ne soient pas nécessaires.
- «Pourquoi te les dirais-je?» S'amusa Francis, s'avançant jusqu'à lui, et le repoussant brusquement sur le lit, le faisant pousser un cri de surprise. «D'abord l'une d'elle était bel et bien le désir d'aider Alfred à gagner son Indépendance! Ensuite...même si mon roi y voyait bien, lui, une façon de se venger de la dernière guerre contre ton pays, ce n'était pas mon cas!» il resserra sa prise sur les poignets d'Angleterre et murmura, à voix basse «Quand à la seconde raison...
- Oui?
- ...Dis moi Arthur, tu n'as jamais rencontré Empire Romain non?
Cessant de se débattre, l'autre haussa les sourcils, surpris par ce qu'il voyait comme un brutal changement de sujet: «Jamais non...notre grand-père ne devait pas se préoccuper beaucoup de moi à l'époque!» il ne l'avait connu que par les récits de Francis lorsqu'ils étaient enfants et dans les livres. Quand son voisin l'avait envahit en 1066, ça faisait un moment que Empire Rome avait sombré, que la ville si florissante d'Italie avait été mise à sac par les barbare.
Non il ne l'avait jamais vu!
- «Il avait effectivement d'autres préoccupations...et étais-tu déjà là à l'époque? Je me le demande bien d'ailleurs...mais ce n'est pas le sujet...» Il eut l'air pensif pendant un court instant, comme s'il cherchait ses mots. Ou voulait-il faire une espèce de suspence de part son bref silence.
- «Le rapport avec ta participation? Arrêtes de tenter de diverger France!» Il avait pris un ton sec et autoritaire, espérant convaincre son ennemi d'avouer et vite.
Il en avait déjà assez de cette discussion.
Un soupir et, d'un ton presque attendri, l'autre murmura, secouant la tête: «Idiot...
- QUOI?
- Tu crois que le pouvoir et les richesses durent pour toujours? Que tu aurais pu garder Amérique sous ton aile pendant encore des siècles? Que ta souveraineté sur les mers serait éternelle?» Le regard n'était plus celui doux, ou joueur, ou amusé, ou pervers qu'il avait d'ordinaire.
C'était son regard sérieux, celui qui montrait qu'il restait malgré tout une grande nation.
Le regard sérieux qu'il avait à la fin de la guerre de cent ans, la froideur, la colère, le sarcasme et le mépris en moins. «Tu es bien naïf si tu pensais ça! Tu étais le plus fort pendant un temps oui et peut-être l'es-tu toujours d'un certain point de vue...même si tu as perdu la guerre!»
Angleterre réussit à se dégager de la poigne de son rival mais ne riposta pas, le regard avec perplexité. Qu'est-ce qui lui prenait au juste? Pourquoi disait-il quelque chose comme ça? Le silence qui suivit lui laissa une impression de malaise qui eut du mal à disparaître. «Je ne comprends pas..qu'est-ce que tu essaie de me dire? Je...je ne suis pas quelqu'un de faible!
- Ai-je dis cela? Non...tu sais à qui tu me fais penser depuis un moment? Depuis plusieurs années tu me rappelles Rome.» Il s'attendit à une réplique peu être moqueuse ou cinglante mais n'eut rien d'autre qu'un silence interloqué en réponse, les yeux verts de son interlocuteur légèrement écarquillés «Tu es une grande puissance, un grand Empire...tu as donc un certain pouvoir, des richesses...tu as remporté plus de guerres que tu n'en as perdu, tu étais jusqu'à peu le maître sur les mers. Comme j'admirais Rome, je te respecte et t'admire.»
L'autre ne sur pas s'il devait être flatté d'un tel aveu (son rival reconnaissait sa supériorité haha!), en être légèrement inquiet (pour dire un truc pareil, il devait être malade. C'était pas possible que son pire ennemi le complimente!) ou s'il devait dire quelque chose. Après un léger silence de sa part, il déglutit avec difficulté et murmura «Où veux-tu en venir en me comparant à Rome France? Ce n'est pas que je n'apprécie pas le compliment mais...»
Il ne put achever sa phrase que l'autre interrompit encore, d'un ton tellement neutre et dénué de tout sentiment qu'il en paraissait glacial et menaçant: «Sais-tu comment meurent les Empires Arthur? En as-tu déjà vu un qui en était proche de cette fin?»
Une sensation glacée prit l'anglais au ventre, le faisant frissonner malgré lui. La simple perspective d'une nation sur le point de mourir le mettait mal à l'aise. Et surtout, il avait pris la question pour lui.
France voulait-il lui dire qu'il allait se tuer à force?
C'était ridicule n'est ce pas?...
Sortant de sa réflexion, il s'exclama, agacé «J'en ai assez de tout ça, arrête de parler par énigme, sois clair une fois dans ta vie!»
France eut un petit rire. Il semblait fatigué, lentement il se redressa et tourna le dos à son rival, posant une main sur la table avant de murmurer, d'un ton presque indifférent, comme s'il récitait quelque chose appris par cœur. «L'Empire qu'il avait bâti, qui était si grand, s'est d'écroulé...sur lui...Il s'est battu de toutes ses forces pour le garder, vraiment de toutes ses forces, de toute son obstination, pour que chaque morceaux de son empire reste à ses côtés mais il a échoué...et il l'a payé!»
Il prit une grande inspiration, se tournant à nouveau vers Angleterre mais sans le regarder, comme s'il voyait autre chose: «Mais il n'en ai pas mort...pas tout de suite...perdre une seule partie est une chose mais la totalité, c'est sans doute ça qui l'a tué à la longue. Peu de temps après que les Francs aient envahi la Gaule, il a commencé à faiblir, il avait déjà perdu Espagne et Suisse, me perdre n'a fait que l'affaiblir davantage».
Arthur tenta de dire quelque chose mais les mots se bloquèrent dans sa gorge. Il avait l'étrange impression que France n'avait jamais parlé de cela à quiconque avant. Tout le monde, s'étant documenté un peu, pouvait avoir appris l'histoire des Invasions Barbares mais France l'avait vu de ses yeux puisqu'il vivait dans la maison de Rome. Il regarda attentivement son rival qui semblait plongé dans ses pensées, comme s'il ne le voyait plus, comme s'il était retourné dans ses souvenirs en se détachant de la réalité.
- «France?»
L'autre continua soudain son ''histoire'' sans faire attention à l'interruption: «En 481 Clovis a exigé de me récupérer, moi qui était la désormais nation de son peuple...C'est à ce moment là que j'ai pris le nom de Royaume des Francs (puis de France plus tard) et que j'ai commencé à grandir. Empire Romain est parti avec Italie avant que ça n'arrive et je ne l'ai plus jamais revu. Ca faisait 70 ans que la ville de Rome avait été pillé par les vandales, il n'avait plus de raison de rester. Il avait définitivement et totalement perdu.»
Il baissa les yeux vers le sol. La suite n'avait pas besoin d'être dite. Rome avait du ''mourir'' quelques temps plus tard, et c'était pour ça qu'Italie était revenu seul. La vision de son grand-père allongé dans le lit, couvert de blessures, consumé par la fièvre, le visage crispé par la douleur lui revint brusquement et il serra le poing, chassant cette image qui lui faisait toujours aussi mal avec le temps.
- «Plus un Empire est immense...plus sa chute sera brutale et douloureuse...ce fut la dernière leçon qu'il me donna!»
***********
Arthur ouvrit la bouche pour tenter de dire quelque chose. Ces mots...France lui faisait la leçon. Lui disait qu'il n'avait fait que des erreurs ces dernières années, durant cette dernière guerre. Il l'avait certes comparé à Rome, mais il signalait qu'il avait également fait les mêmes erreurs que lui. «Je le sais...mais je...
- Nous sommes des nations, nous ressentons au fond de nous la douleur de la perte de notre empire, nous sentons les liens qui se rompent ou qui s'arrachent!» Francis posa une main presque amicale sur l'épaule de son adversaire de toujours et demanda «Je pense que...tu dois comprendre ça non?»
Angleterre se dégagea, lançant un regard assassin à l'autre blond, refusant d'admettre qu'il avait raison, qu'il sentait un vide au plus profond de lui, qu'il avait froid...qu'il se sentait abandonné...si seul. «Tais-toi...Tais-toi ou bien...
- Il faut admettre que ton empire se soit en partie écroulé, qu'Amérique t'a quitté, tu dois l'accepter sincèrement et au fond de toi-même qu'il n'est plus et ne sera plus jamais ta colonie... sinon cela te détruira de l'intérieur, et tu ne serais plus qu'une loque. Sinon..la douleur te torturera, et ta force sera alors un poison! Acceptes la perte, admets que tu as perdu et ta souffrance, petit à petit, disparaîtras! Rien n'est pire que de sentir notre propre empire s'effondrer sur lui-même! Je le sais car j'ai bel et bien vu Rome le subir!» A cet instant, France faisait presque peur, debout, digne, aucune émotion n'apparaissant sur son visage.
Arthur frissonna malgré lui et eut un léger mouvement de recul devant ces paroles et ce regard. Il sentait que l'heure n'était si à la lutte ni aux sarcasmes. Accepter la perte? C'était tellement facile à dire...et tellement moins à faire.
La voix de France résonna alors dans son esprit, comme un rappel...«I know someone who once made this mistake! And me too»
Alors il ne mentait pas ce jour-là, il parlait de Rome. Et de lui? Quand est-ce qu'il...
La Guerre de 100 ans, quand son pays avait failli gagner la couronne de France?
Quand les anglais avaient finalement rompu tout lien avec la France avant la dite-guerre?
Arthur se passa les mains sur le visage, abattu. Il aurait aimé que la douleur cesse...vraiment, mais comment accepter? Comment ne plus éprouver cette amertume? Il ne pourrait plus aller voir Alfred comme avant, ne s'amuserait plus jamais avec son petit frère, ne jouerait plus les tuteurs un peu trop protecteurs, ne regarderait plus l'enfant puis l'adolescent avaler sans rechigner sa cuisine...
Une larme roula sur sa joue sans qu'il ne puisse l'arrêter. Il poussa un gémissement de fatigue et de douleur. C'était dur...comment accepter ça? Accepter de ne plus voir Alfred comme sa petite colonie? Comme l'enfant qu'il était et qu'il adorait?
Comme s'il lisait dans ses pensée, France signala: «Rien ne t'empêche de le voir comme un petit frère...je suis sûr que le sentiment est réciproque mais Amérique veut construire son propre avenir sans ton soutien. Et il veut que tu comprenne qu'il est adulte maintenant et qu'il n'a plus besoin de toi. Tu l'as aidé à poser les bases de ce qu'il est aujourd'hui mais est venu le moment pour lui de continuer seul. Comme nous avant la guerre de 100 ans. Tu te souviens?»
Ho oui il se souvenait...
La réaction fut immédiate et presque brutale: «Comment ça ? C'est TOI qui m'a repoussé!»
France haussa les épaules: «C'est bien ce que je sous-entendais. Tu n'avais plus besoin de moi...
- Mais TOI si! Et je n'admets toujours pas que tu ai pu me faire ça! Après tout ce que j'avais fait pour toi! J'ai sauvé ta stupide vie dans la bataille de l'écluse en 1340. Ta flotte entière avait été détruite et nous t'avons sauvé! Je t'ai sauvé! Et tu m'as remercié en me poignardant dans le dos! Alors que...» L'anglais, à ce souvenir serra les poings de rage, comme si la pensée qu'il avait ''perdu'' le français ce jour là l'énervait également. Dire que s'il était resté, tout aurait pu être différent...
Sa mauvaise foi l'empêcha de se rappeler que c'était SA flotte qui avait coulé celle de France.
Sur le coup celui-ci n'avait pourtant pas eu l'air de lui en vouloir. Il avait été embarqué plus ou moins de force dans la bataille après tout.
Le plus vieux ferma les yeux et murmura, tristement: «Tu es vraiment stupide Angleterre! Tu n'as rien compris!»
Décidant de passer outre l'insulte pour le moment, l'autre répondit, sombrement, le regard aussi noir que la cendre: «J'ai très bien compris que tu détestais ton roi Philippe VI et que tu respectais Edward III! Je ne comprend pas comment tu as pu choisir ce type au final! Si si...Tout aurait été différent si tu me m'avais pas laissé tombé ce jour-là! Si tu avais choisi MON roi!»
Il se tût. La phrase "Tout aurait été plus simple" ne fut pas dites mais clairement sous-entendue. Il y eut alors un sillence durant lequel les deux rivaux se fixèrent, chacun plongé dans un maleström de sentiments divers et variés.
Francis plissa les yeux et soupira intérieurement, comprenant enfin totalement ce qui n'allait pas.
Haaa d'accord là était le problème. Angleterre ne supportait pas qu'on le laisse, qu'on l'abandonne.
Était-ce de la fierté (il voulait que des gens dépendent de lui?) ou autre chose?
Un besoin.. de ne pas être seul?
Le plus âgé regarda fixement son rival et durcit un peu son ton dans sa réponse, comme pour laisser voir qu'il n'allait pas laisser l'autre avoir le dernier mot.
- «Tu as vraiment un problème à ce niveau Arthur! Quand comprendras-tu que si j'ai refusé ton aide et ta protection ce n'est pas seulement parce que je refusais de me battre contre mon propre peuple (donc le trahir en quelque sorte) mais aussi parce que ...» Il serra les poings et se tut comme s'il hésitait à poursuivre.
Il ne savait pas quelle réaction la seconde raison allait déclencher chez la personne fière et quelque peu possessive qu'était Angleterre.
Arthur s'était levé, l'air désormais plus en colère que déprimé. Amérique fut relégué au second plan de ses pensées tandis que le déballage des quatres vérités (quelque sois le côté) avait lieu. «Quelle est ton excuse? Tout aurait été plus simple si...»
L'autre ne lui laissa pas le temps ou la possibilité de terminer sa phrase: « ...Je ne voulais pas dépendre de quelqu'un! Je voulais être libre de mes choix et décisions, sans influence! Tu m'aidais oui mais tu essayais de m'influencer, même si à l'époque ce n'était pas consciemment. Tu voulais déjà m'accaparer, tu disais ''Que tout irait bien, que nous aurions le même roi, que nous serions alors un seul royaume, que nous serions invincibles''...mais cela passait forcement par l'occupation de mon pays par le tiens...je serais devenu ta colonie, exactement comme le fut Alfred et comme le sont les autres!»
Ca y est, il l'avait dit...
Arthur écarquilla les yeux, ne s'étant pas attendu à ça...c'était pour cette raison? Pour une raison si simple? Si...stupide? Il articula, stupéfait: «Mais c'est...» Il cherchait les mots pour nier ce qu'avait dit son rival, tout en sentant au fond de lui que c'était pourtant la vérité.
Que c'est ce qui se serait passé, et qui c'était passé durant la guerre de 100 ans dans les territoires occupés par son armée.
Que c'était la première raison, ce par quoi ce sentiment était venu.
C'était vrai...
C'était bien le désir inconscient qu'il avait à l'époque.
C'était pour ça qu'il avait détesté France ensuite.
La honte flamba dans son ventre et il sentit ses joues le brûler malgré lui. Quoi juste pour ça? Non pas juste pour ça...il y avait eu d'autres choses, d'autres guerres, croisades et évènements ensuite.
Mais la base de sa haine...était...la frustration? Parce que France ne voulait pas de lui? Ne voulait pas former un grand royaume avec lui? Qu'ils aient le même roi? A ce moment cela lui paraissait quelque chose de merveilleux, assurant un avenir où personne ne pourrait les arrêter!
Mais...il était jeune à l'époque non? Il releva la tête et tenta de se justifier. De dire quelque chose pour nier, par pur principe.
Il n'allait pas admettre que France avait raison quand même.
- «Tu te trompes, c'est...
- Faux? Idiot? Je ne penses pas non...je peux même affirmer que je ne me trompe pas. C'est juste que, à l'époque, tu n'en étais probablement pas conscient! C'est pareil pour Alfred non? Lui aussi ne voulait plus dépendre de toi, s'est séparé de toi, n'avait plus besoin de toi, comme moi à l'époque (même si les situations sont différentes, je te l'accorde)...Ce n'est pas qu'il t'en voulait spécialement ou qu'il te détestait. C'est que tu régissait sa vie...tu décidais de tout, tu lui imposais des lois parfois (excuses-moi de te le dire) vraiment stupides! Tu le considérais comme ta propriété, TON frère ou TON fils.»
Angleterre sentit la colère revenir comme un cheval au galop «DE QUEL DROIT TU...
- Du droit d'un des vainqueurs...» Le sourire narquois du plus vieux acheva la patience entamée de son rival. Celui aux yeux verts serra les dents de rage, et se jeta finalement sur le français pour le frapper, pour évacuer sa frustration sur quelque chose, sur quelqu'un...mais l'autre s'y attendait et lui saisit le poignet, le tordant légèrement. «Si tu ne veux pas que je te rattaches, tu va te calmer Arthur!» Menaça t-il avec grand sérieux.
L'autre le frappa au visage de son poing libre comme unique réponse. Ils basculèrent tout deux au sol, partis dans un combat de poings comme c'était souvent de cas entre eux, se lançant leurs insultes traditionnelles à la figure. Finalement Francis prit avantage de sa taille (il était le plus grand désormais) et plaqua son adversaire au sol.
- «Lâche-moi!» cracha le blond plus jeune, se débattant comme un diable, essayant même de mordre celui qui le retenait.
- «Tu veux vraiment être pieds et poings liés? Moi ça ne ne me dérange pas de te ligoter tu sais? Je dois même avoir te quoi te bâillonner!» plaisanta Francis dans un sourire...bien à lui...que l'autre ne connaissait que trop bien.
- «...PERVERT!» S'écria Angleterre avec horreur en pensant comprendre là-dessous un sous-entendu.
France haussa les épaules: «Je l'ai déjà entendu celle-là...écoute...je vais te dire comment était Amérique après sa victoire parce que je lui ai parlé à ce moment là.»
**********
Il revoyait la jeune nation, le visage encore couvert de poussière, les habits humides et déchirés...mais les yeux brillants de bonheur qui courrait vers lui
- «France! France on a gagné! Je suis libre! Mon peuple est libre! Les États-Unis d'Amérique existent enfin!» Un sourire immense, une joie non cachée, débordante, un ton exultant. «Tu verras, mon pays deviendra celui où les gens seront libres et heureux, je t'en fais la promesse!» Il était vainqueur, il avait enfin ce qu'il voulait, pour lui tout était fini et tout allait bien.
France avait ébouriffé les mèches claires de le jeune nation qui se dégagea en riant. Il souriait, sentant une certaine fierté paternelle naître en lui.
Difficile que ça ne soit pas le cas avec ce garçon.
Au début...Il voulait juste empêcher Arthur de se briser contre quelque chose qu'il ne pouvait empêcher...l'empêcher de se blesser lui-même...
….Paradoxalement il voulait aussi, quelque part, le voir vaincu...
Voir cette jeune nation, la fougue de la jeunesse l'emportant, si sûre d'elle, si pleine d'espoir et de promesses, ne pouvait le laisser totalement indifférent, sans compter qu'il était attaché à ce garçon.
- «Félicitation Alfred! Je suis heureux pour toi et te souhaite sincèrement la réalisation de ton rêve!»
**********
Le silence se fit lorsqu'il eut finit de raconter l'attitude d'Alfred, sa joie et ses projets d'avenir. Arthur regarda le sol. Amérique était heureux, vraiment heureux. Il avait eu ce qu'il désirait depuis si longtemps. Comment en aurait-il pu être autrement? Il avait du faire la guerre pour ça mais il la lui avait arraché. Parce qu'il avait été trop têtu pour écouter, trop stupide pour ne pas voir que sa petite colonie en avait assez...assez d'être régenté. Parce qu'il n'avait pas accepté d'écouter ses revendications. Parce qu'il entendait régir sa vie encore longtemps...
«Je ne suis plus un enfant désormais, ni ton petit frère...»
«Aujourd'hui je reprend ma liberté!»
Tout cela se superposait avec ses souvenirs de l'enfant qu'il avait élevé. Il ressentit un pincement au cœur mais cette fois fronça les sourcils. France ne disait-il pas qu'Alfred était heureux? Heureux d'être enfin libre, d'avoir ce qu'il avait voulu. Plein de promesses et de rêves d'avenir, pour son peuple qu'il allait guider pour construire un futur meilleur.
N'est ce pas ce que tout les pays avaient fait un jour ou l'autre?
Comme le sien?
S'il était heureux...
- «Francis...» Sa voix avait soudain pris un accent fragile «Tu penses qu'il me pardonnera?
- Bien entendu Arthur, laisse lui juste le temps!» France regarda celui qu'il retenait toujours et qui ne le regardait plus, baissant un regard triste vers le sol. «Écoute...tout ça est vraiment ridicule. Tu n'as pas compris que si j'ai participé à cette guerre, c'était aussi pour tenter de te faire renoncer? Grand-Père disait qu'il fallait mieux lâcher sois même son Empire plutôt qu'il ne nous soit arraché...comme cela vient de t'arriver.»
Il avait bien compris...Il avait agis en personne têtu, égoïste mais...sans Alfred. «Tu ne comprends pas ce que je ressens, ça n'a rien à voir avec Rome. Sans Amérique je suis...
- Seul? Abandonné? Sans vouloir te vexer mon ami tu n'as rien fait pour t'attirer des sympathies parmi les pays proches du tien, et je ne me compte pas là-dedans pourtant.»
C'était vrai.
Espagne le détestait (il n'avait toujous pas digéré le coup des pirates). Autriche ne lui accordait plus aucune confiance et ne lui avait donc pas pardonné son coup de le laisser tomber durant la guerre contre Prusse. Celui-ci le méprisait sans le dire. Les deux Italies avaient peur de lui. Empire Romain Chrétien avait disparu. Chine le détestait aussi. Russie l'ignorait, préférant le français avec qui il entretenait des rapports cordiaux depuis un bon moment.
Personne n'était réellement proche de lui, ne lui faisait une totale confiance. Aucun allié durable, aucun ami fiable. Avec son attitude et son isolement il avait mis un mur entre lui et les autres.
Le seul avec qui les relations ne changeaient pas vraiment, qui était toujours là malgré la haine, les guerres et les tensions...
Il tourna lentement son regard vers France. Celui-ci, sentant qu'il s'était calmé le lâcha. Mais aucun des deux ne bougea. L'anglais osa finalement poser la question qui lui brûlait les lèvres. «Pourquoi?
- ….Hum?
- Pourquoi as-tu fait ça, je veux dire...pourquoi as-tu tant voulu m'aider? M'empêcher de faire ce que tu nommes une erreur stupide? Alors que tu me détestes non?»
France eut un petit rire et fit, doucement «C'est vrai que je voulais te voir battu...mais à aucun moment je n'ai dit que je te haïssais...sauf quand tu...quand tu as agis de façon inhumaine dans le passé.»
Pas besoin d'être devin pour savoir qu'il faisait référence à Jeanne d'Arc.
Il poursuivit cependant: «Parce que je n'ai aucune envie de te voir souffrir pour une cause...une raison aussi futile, une guerre perdue d'avance!» Alfred aurait gagné à un moment ou à un autre. Si ça n'avait pas été cette guerre, il aurait eu sa liberté autrement, plus tard mais il l'aurait eu de toute façon.
Les seules différences...auraient été les chances de réparer la relation familiale entre Arthur et lui.
Le français reprit: «Ca fait longtemps que je t'ai pardonné pour Jeanne, pour Azincourt et pour tout le reste de cette stupide guerre de 100 ans et aussi...pour Canada! Je ne voulais pas le dire de vive voix devant les autres...»
C'était une blague? Il ne lui en voulait plus? Il lui pardonnait tout?
Arthur détourna les yeux et marmonna «Tu es vraiment un sentimental! Arrêtes de t'écraser comme ça devant moi!» Il eut cependant un léger sourire et se dépêcha de dire, pour chasser son malaise: «Ca me fais mal d'avoir perdu contre toi à certaines batailles de cette guerre!
- Il était temps que gagne à mon tour non?
- Ce n'est pas un jeu Stupid Frog!
- Vraiment? Parfois je me le demande monsieur ''je n'entre dans une guerre que parce que France y participe du côté adverse et je me retire dès que je l'ai battu''!» Son visage ressemblait enfin et à nouveau à celui que l'anglais connaissait. Un air rieur, un regard malicieux...une attitude presque désinvolte.
Arthur vira au rouge et grogna un «Oui bon j'ai compris!» un peu vexé. Il soupira et finit par dire de mauvaise grâce mais puisqu'on en était au déballage complet: «Tu sais, ca m'a ...vraiment blessé que tu aide Alfred...J'ai pensé que tu voulais me faire souffrir...je me suis senti doublement trahi! C'était stupide n'est-ce pas? Je pensais que tu n'avais aucun droit de t'en mêler! Que...
- Je t'ai trahi quelque part, il y avait une paix précaire entre nos deux pays à ce moment-là!
- Ce n'est pas ce que je veux dire Frog!» Jusqu'ici leurs affrontements ayant suivi la guerre de 100 ans n'avaient pas de réels enjeux pour eux. Là Angleterre avait tout...à perdre. Sa seule famille, l'ascendant qu'il avait réussit à prendre sur son rival et sans doute son respect (le perdant se doit de respecter le vainqueur non?), sa colonie, une partie de son Empire, sa supériorité sur les mers... Mais n'y avait-il pas eu autre chose?
- «Hoo Arthur...Ne me dis pas que tu étais jaloux? Tu ne supportais pas que je sois proche de ton petit Amérique? Que je me comporte de façon fraternelle avec lui?
- Moi? Jaloux d'Alfred? Haha...Ne me fais pas..» Il écarquilla les yeux, choqué par ces mots qu'il avait dit sans réfléchir.
Pourquoi avait-il dit ça? Pourquoi avait-il dit ''jaloux d'Alfred?'' et pas ''jaloux'' tout court?
Virant au rouge vif il cria, l'air furibond:«NE TE FAIS PAS D'IDEES! CE N'EST PAS CE QUE JE VOULAIS DIRE!
- Mais...je n'ai rien dit!» Il s'abstint de signaler à son rival qu'il rougissait. Celui-ci grogna quelque chose d'indistinct et lui tourna le dos de façon très mature. Francis eut un petit rire et attrapa soudain l'anglais par les épaules, le faisant basculer dans ses bras pour sans doute (tenter de?) lui faire un câlin: «Awww ne t'inquiete pas! Grand Frère France est là et va te consoler! Je serais toujours là pour toi!
- Tu étais de son côté...stupid Frog!» il ajouta un faible ''I Hate You'' pour la forme mais le ton n'y était pas et ca n'était donc pas crédible pour deux sous. Il ne tenta même pas de se dégager et se laissa faire, un petit sourire à la fois amusé et satisfait aux lèvres.
Pour une fois...ca n'allait pas le tuer n'est ce pas?
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A Suivre dans la partie IV «Waterloo»
(Oui on change d'époque...)