La Commune de Paris

Apr 03, 2009 22:53

Parce que
gabriela_gosden  a l'air fichtrement intéressée, et que je n'aurai pas pu résumer ça pour en faire un article de la Baguette, je vais vous faire un petit article historique sur une période des plus WTF de l'histoire française.
A savoir l''Année Terrible de 1870 - 1871  Et plus précisemment la Commune de Paris

Commençons par le commencement :

Nous sommes à l'été 1870.
La France et la Prusse, après des années à se tirer dans les pattes (j'empêche ton unification allemande vs j'emmerde tes diplomates) entrent en guerre. Pour une histoire de télégramme.

Le 19 juillet 1870, la France déclare donc la guerre à la Prusse et à ses alliés, réunis dans la Confédération Germanique.
Le cliché hetalien comme quoi la France est nulle à la guerre s'applique bien évidemment ici, car après quelques semaines d'epic fail français, l'empereur Napoléon 3 est capturé lors de la bataille de Sedan, le 2 septembre.
D'ailleurs pour la petite anecdote amusante: Bismarck a su que l'empereur se rendait à Sedan parce qu'il l'avait lu dans le journal. Hahaha, Francis n'avait pas encore inventé le secret défense...



Bref, la capture du chef de l'Etat conduisit à la chute de l'Empire et à l'instauration rapide et totalement pas préparée de la 3e République parce qu'il fallait bien le remplacer par quelque chose.
Dans le même temps, les armées prussiennes s'étaient ramenées à Paris et entamaient le siège de la capitale à partir du 19 septembre. Un siège dur, parce que l'hiver arrive et que tout manque (parait qu'on nourrissait Victor Hugo avec les animaux du zoo ;_;)

Mais malgré le changement de régime et une tentative de contre-attaque (hahaha quand on attaque l'empire, la république contre attaque hahaha), la France n'est pas capable de bouter les Allemands hors du pays; on est donc bien contraint de signer un armistice le 28 janvier 1871.
Et la Prusse en profite pour créer l'empire allemand dans la foulée, autant tout faire bien comme il faut.
Ludwig is born quoi.



Résultat?
Et bien les Parisiens, ils ne sont pas contents, mais pas contents du tout.

Et pourquoi?
- Ils se sentent trahis par le gouvernement républicain. En effet, pour éviter de tomber aux mains de l'ennemi si Paris était prise, le gouvernement de 'défense nationale' s'est réfugié à Bordeaux. Ce que les Parisiens ont interprété comme un abandon. Trahison renforcée au retour du gouvernement, qui préfère s'installer à Versailles début mars 1871, par peur de la population.
- Ils considèrent l'armistice comme une humiliation, encore plus que dans le reste de la France. En effet, eux ont été assiégés (comme s'ils avaient été les seuls!), eux ont résisté, ont souffert pour la patrie et ne se sont pas rendus, donc ils acceptent mal que la France soit défaite, paye des compensations et perde un bout de son territoire. Et ils acceptent encore moins que dans les conditions d'armistice on accorde aux Allemands de défiler dans LEUR ville le 29 janvier 1871.
- Pour eux, le combat aurait encore pu continuer. Parce que eux étaient encore prêts à en découdre, à se sacrifier et que Paris a parfois la fâcheuse tendance de croire que la province pense comme elle. Ce qui n'était pas le cas; le reste du pays avait bien compris que militairement, c'était une catastrophe et voulait donc que la paix soit signée au plus tôt pour limiter les dégâts.
Genre payer moins de sous à Bismarck et garder Belfort française.




Ainsi le jour où le chef du gouvernement, Adolphe Thiers ordonne que les 277 canons de la ville, financés par les Parisiens, utilisés pendant le siège pour la défense parisienne (tout un symbole quoi!) et situés sur à Monmartre et Belleville, soient saisis, et ben, ça ne va pas du tout du tout. Les parisiens protestent, râlent, et le refus de ce retrait est même relayé par un petit maire du nom de Clémenceau (oui le même qui impose le diktat de Versailles en 1919). On est le 18 mars 1871.

Il n'en n'est pas non plus à sa première mesure impopulaire : il voulait établir le remboursement des loyers suspendus pendant la guerre, ou supprimer la solde de la garde nationale, enlevant ainsi un des rares emplois surs qui existaient, ce qui risquait de plonger dans la misère les familles les plus pauvres.
Ainsi des soulèvements insurrectionnels avaient déjà éclaté quelques mois auparavant, comme le 22 janvier.

Sauf que cette fois là, tout dérape et se termine en émeute avec exécution de deux généraux chargés d'ôter les canons et de quelques soldats. Et Mister Thiers ordonne tout simplement le retrait des troupes qui fraternisaient avec la population.



Donc on a une foule en délire pas d'accord avec le gouvernement, et qu'on laisse livrée à elle même.
Mmmm ça sent la sécession.
Dans le mille.
Le 26 mars ont lieu des élections municipales pour élire les futur administrateurs de la ville et 2 jours plus tard, le 28, la Commune est déclarée, soit Paris qui décide de se gouverner toute seule.

La Commune se divisera en 10 commissions (finances, militaire, services publics...) et produira toutes sortes de lois plus ou moins appliquées : séparation de l'Eglise et de l'Etat, travail de nuit interdit, pension pour les blessés de guerre, école obligatoire -gratuite- laïque - mixte, plafonnement des salaires des fonctionnaires, création de l'enseignement professionnel...
Elle suspend de nouveau le remboursement des loyers non payés pendant la guerre, que Thiers avait voulu remettre à l'ordre du jour.
Un programme assez social dans l'ensemble. En effet, les élus sont surtout issus de la classe populaire et de la petite bourgeoisie parisienne.
Il y a aussi des mesures symboliques : on reprend le calendrier révolutionnaire, on adopte le drapeau rouge, on abat la colonne Vendôme parce que symbole impérial.



Et pour l'anecdote, c'est à cette époque que fut créée l'Internationale, l'ancien hymne de l'URSS et la chanson phare des manifestations pendant les grèves. Fin de la parenthèse.

Pendant ce temps là, le mouvement n'est pas trop suivi dans le reste de la France; quelques insurrections ont lieu, comme à Marseille, mais sont vite réprimées. En général, on réprouve plutôt la Commune.

Comment a réagi le gouvernement?
Le 2e siège de Paris débute en avril, mais ne commence que par quelques attaques, qui permette au gouvernement de se poster à l'ouest de la ville. Seulement, les insurgés n'ont qu'à se protéger derrière les murailles qui entouraient la ville (et qui furent construites sur ordre de Thiers lui même)
Et il ne faut pas oublier que l'armée allemande enserre toujours la capitale.
Le gouvernement se charge dans le même temps de signer la paix avec l'Allemagne : le traité de Francfort est ratifié le 10 mai, mettant fin à la guerre et permettant la libération de 60 000 soldats français prisonniers.
Mi-mai, l'armée 'versaillaise' du gouvernement compte 130 000 hommes.



(Mister Thiers)

En face, la Commune a décrété la conscription des hommes valides, et compte mi mai entre 10 et 15 000 soldats.



Le 21 mai, l'armée versaillaise entre dans Paris même, et se met à la conquérir barricades après barricades durant 7 jours. C'est ce qu'on appelle la 'Semaine Sanglante'
En représailles pour leurs hommes morts au combat ou fusillés, les communards exécutèrent 480 otages, dont l'archevêque de Paris et mettent le feu à la ville (palais des Tuileries, palais d'Orsay...)
La semaine se termina au cimetière du Père Lachaise où 147 communards furent fusillés au mur des Fédérés après combat entre les tombes.
Au total, il y eut environ 4000 morts au combat, 20 000 à 25 000 fusillés et 38 000 prisonniers.







Il y eut environ 50 000 condamnations, dont plus de 10 000 à la déportation. L'une des figures les plus connues de ce jugement est celle de l'institutrice Louise Michel, envoyée au bagne de Nouvelle Calédonie.

L'amnistie pour les Communards n'eut lieu que le 11 juillet 1880.

Donc voilà pour cet événement totalement jovial!!!

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