challenge 1 - épilogue - originale - rapunzelita

Apr 15, 2012 13:08

Titre : Epilogue
Auteur : rapunzelita
Fandom : Shadow Nexus (semi-originale - voir notes, c'est compliqué)
Challenge : Février 2012 (On est pas encore le 15 si les modés ne sont pas réveillées)
Rating : PG, sûrement...
Genre : Slash, romance, angst-qui-finit-bien.
Mots : 1500 mots et des patates. (Miam, des patates.)
Prompt choisi : 51) Héritage écossais de Barbara Cartland
Talbot Maesham n'en revient pas. Quelques jours plus tôt, ce bel aristocrate aux boucles noires, amant convoité des mondaines londoniennes, était ruiné. Aujourd'hui il fait route vers l'Écosse, vers la partie dont sa mère a été bannie. Sur le bateau, à son côté, se tient Tara, sa bonne fée, son amie d'enfance. Grâce à Tara, Talbot navigue, plus ou moins rassuré. Oui, les Écossais le réclament. Il est l'héritier d'un titre, le nouveau chef d'un illustre clan ! Mais il est aussi un outsider, dans ce pays de landes et de légendes, au climat rude et aux traditions séculaires. Oui, dans le pays de ses ancêtres, il est un étranger. Or, un autre prétendant au pouvoir l'attend au tournant... Tara, si jeune, si douce et cependant si déterminée, pourra-t-elle le préserver des pièges qui le menacent ? Saura-t-elle lui apprendre à se faire respecter de son peuple ? Et, par la même occasion, enseigner à ce coeur volage les secrets de l'amour ?
Notes : Les personnages utilisés ici sont des personnages d'une campagne de JdR (Mage: The Ascension pour ceux qui connaissent) masterisée par kerydwenn, qui a pour titre Shadow Nexus.
Pour présenter très rapidement, ça se passe à l'époque victorienne (1885 pour cette fic), avec des histoires de mages et de fantômes et un peu de fées pour donner du sel. Pour ce qui est des persos, nous avons Liam Oakley (qui est à moi), irlandais, druide SDF et ethical slut à ses heures perdues, et Floyd Alexander (qui est à mon cher et tendre), plus ou moins écossais, noble désargenté biclassé médecin-médium, avec des tendances très gentlemanesques.
On ne voit pas grand-chose du prompt d'origine dans cette fic, parce que je n'ai pas eu le temps de finir la fic-fleuve de 40 000 mots que j'avais prévue à la base, du coup j'ai rapidement écrit un truc hier soir pour pouvoir le poster à temps (ha, ha.) C'était censé être l'épilogue, mais il peut se lire relativement indépendamment. (Tout ce qu'il y a à savoir c'est que Liam a roulé un patin à Floyd alors qu'ils se baladaient sur le champ de bataille de Culloden et que tout le monde est très confus à ce propos.)


Liam fixait avec insistance le paysage écossais qui défilait derrière la vitre du train, espérant en vain que Floyd, assis en face de lui, ne lui adresserait pas la parole. Cette inquiétude qui saisissait son coeur, ce sentiment de défaite, n’avaient aucun sens. Après tout, n’avaient-ils pas accompli ce qu’ils étaient venus faire à Inverness, dans les terres natales de la famille de son compagnon de voyage ? Le mystère de la disparition de la claymore familiale avait été élucidé, un nouveau chef de clan désigné, et Floyd pourrait conserver le peu des terres du clan qu’il possédait...

Et pourtant... pourtant, il restait un point à élucider, une zone d’ombre parmi tous ces éclaircissements. Et, bien que Liam prie pour que Floyd ne soulève pas ce problème, il savait très bien qu’il en serait autrement. Il se sentait comme un condamné en train de marcher vers l’échafaud, ou comme un lièvre couru par un renard. Le couperet tomberait bientôt, et les terres du clan McAlexander, leur stupide épée maudite et leurs conflits de succession n’auraient plus aucune importance pour lui.

Liam ne regardait qu’à peine Moray Firth s’éloigner derrière le relief des Highlands. Il avait l’air absorbé par le paysage, mais en réalité, il ne le voyait même pas ; Il était absorbé par le souvenir de ce qui s’était passé alors qu’ils parcouraient la lande qui autrefois était Culloden. Ce qu’il avait dit, ce qu’il avait fait... Il n’arrivait toujours pas à croire qu’il avait eu le cran d’embrasser Floyd. Cela serait arrivé tôt ou tard, bien sûr, mais il s’en étonnait tout de même, comme on s’étonne de sa propre capacité à se jeter dans le vide du haut d’une falaise.

Il ne se tourna pas vers lui, bien entendu, mais il était conscient du regard scrutateur, voire franchement insistant, de son ami. Il aurait voulu pouvoir l’ignorer, pouvoir ignorer tout ce qui s’était passé à Inverness, mais, de toute évidence, cela n’arriverait pas. La simple idée de se retourner vers Floyd - celui qu’il considérait comme son meilleur ami, son frère de sang, pour qui il s’était battu un nombre incalculable de fois - et de voir sur son visage le regard compatissant qu’il réservait aux malades lui était insupportable. La simple idée que Floyd puisse le considérer comme malade le révulsait. Il aurait préferé mourir.

Malade ! C’était ridicule. Liam n’était certes pas la personne la plus stable qui existe, et il courait les jupons et les redingotes sans distinction, mais il savait pertinemment qu’il n’y avait rien de maladif là-dedans. Répréhensible par la morale, certainement, mais cela faisait partie du plaisir qu’il en tirait - son esprit de contradiction était particulièrement acéré. Mais Liam avait vu les manuels de médecine et de psychiatrie de Floyd. Ils étaient plutôt sentencieux à propos des gens de son « espèce ».

« Liam... soupira Floyd. Comptez-vous fixer cette tache sur la vitre pendant les cinq heures de notre voyage jusqu’à Edimbourg ? »

Liam haussa les épaules, se recroquevillant dans le coin du compartiment comme s’il espérait devenir complètement invisible. Il ne savait que dire. Accepter de parler était synonyme

« Cela dépend... marmonna-t-il. Comptez-vous recommander un internement d’urgence ? Quelques séances d’électrothérapie, peut-être ? »

Liam savait qu’il venait de dire la pire chose possible à Floyd, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Il préférait encore en venir aux coups avec lui que de devoir subir sa pitié, ne serait-ce qu’une seconde. Lorsqu’il se retourna vers son ami, les yeux de ce dernier brillaient effectivement de colère.

« Vous devriez savoir que dire pareille chose est très mal avisé, » gronda-t-il avec dans la voix ce qui semblait être de la peine. « Je suis peut-être médecin, mais je ne suis pas nécéssairement de l’avis de mes collègues, aussi estimés soient-ils. En particulier lorsqu’il s’agit de vous. »

Le léger sourire qu’arborait Floyd en finissant sa phrase indiquait que Liam aurait dû se sentir vaguement rassuré par cette dernière remarque. Mais il n’arrivait à en tirer que de la colère - de la panique, en réalité, et l’espoir stupide qu’il arriverait à détourner la conversation en dispute. Tout pour ne pas parler de ce qui les préoccupaient véritablement

« Et pourquoi ? Parce que vous rechigneriez à faire subir un tel sort à un ami, mais pas à un inconnu ?
- Assez ! Il ne me semble pas avoir dit quoi que ce soit de cet ordre ! Vous avez le jugement un peu hâtif !
- Vos jugements sont tout aussi hâtifs que les miens !
- Je ne porte absolument aucun jugement, et très certainement pas sur vous ! Ne croyez-vous pas que si je désapprouvais de vos moeurs, j’aurais cessé de vous fréquenter depuis longtemps ? »

Cette dernière remarque piqua particulièrement Liam. Elle n’avait rien de réprobateur - au contraire, elle avait l’effet particulièrement désagréable d’entretenir le peu d’espoir qui lui restait, alors qu’il essayait de le tuer dans l’oeuf pour éviter que la chute ne soit plus douloureuse que nécéssaire.

« Vraiment ? » répondit-il avec encore plus de véhémence, absolument incapable d’arrêter le véritable torrent de panique qui s’emparait de lui. « Vous n’allez pas me faire croire que vous ne pensez que du bien concernant ce qui s’est passé à Culloden ! »

Malheureusement, éviter les sujets sensibles n’avait jamais vraiment été son fort, et il était encore moins bon à ce genre de jeu lorsqu’il s’énervait.

« Comment pourrais-je avoir le moindre avis sur la question ? rétorqua Floyd avec tout autant d’agacement. « Je ne comprends tout simplement pas !
- Vous ne comprenez pas ? Vraiment ? Cela me semblait pourtant relativement simple.
- Non, je ne comprends pas. Je vous prie de m’excuser, mais je ne suis pas capable de lire vos pensées ! Ne pouvez-vous donc pas vous exprimer clairement et directement ? Avec des mots ?
- Je vous aime, espèce d’imbécile ! » s’écria-t-il.

Cette fois-ci, il avait vraiment sauté dans le vide depuis une falaise.

Le silence dans le compartiment était pesant, palpable, insupportable, et pourtant Liam ne pouvait se résoudre à le briser. Il avait l’impression d’être pris en cage, une cage trop petite pour lui qui restreignait ses mouvements et l’empêchait de parler, de respirer, même. Floyd ne semblait pas vouloir parler non plus - il avait l’air de tomber des nues. Liam n’arrivait pas à croire qu’il ne s’était douté de rien. Il l’avait tout de même très clairement embrassé, certes pas dans les circonstances les plus habituelles, mais il s’était imaginé que cela serait suffisant pour signifier une certaine attirance à son égard. Qu’il soit étonné à ce point était à la fois vexant et désésperant.

L’habitude de Liam de voyager léger s’avéra encore une fois util, de manière assez inattendue: il n’avait aucune valise à récupérer dans le porte-bagage, rien qui l’empêche de tourner les talons et de fuir ce silence insupportable. Il se leva pour ce faire, mais, avant qu’il n’ait eu le temps d’ouvrir la porte du compartiment, la main de Floyd se referma sur son poignet.

« Liam, attendez. »

Lui tournant toujours le dos, Liam tenta faiblement de se dégager, plus par réflexe qu’autre chose. Il voulait être ailleurs, le plus loin possible de tout cela, ne plus avoir à y penser, ne plus avoir à penser à.

Toute force, toute motivation l’avaient quitté. Il se sentait aussi faible et impuissant que lorsqu’il avait cinq ans, et tout aussi incapable de contrôler ce qui se passait autour de lui, incapable d’enrayer les mécanismes qui lui .

« Lâchez-moi... » gémit-il d’une voix faible et suppliante, alors qu’il essayait toujours de se dégager, en vain.

La prise de Floyd sur son bras était étonnamment ferme, d’autant plus que Liam sentait ses forces l’abandonner. Il ne trouvait pas le courage de se retourner, d’affronter le regard de son ami, d’affronter l’espoir qui naissait à nouveau en lui - un espoir d’autant plus douloureux qu’il était absolument vain. Il était impossible que ses sentiments soient partagés.

« Hors de question, » répondit Floyd, d’une voix calme mais ferme, qui ne laissait rien trahir de ses sentiments. « Regardez-moi. »
Il ne se retourna pas, ne parla même pas, se contentant de secouer la tête négativement. Il n’arrivait plus à penser, ni même à voir ce qui se trouvait autour de lui. Il semblait perdre jusqu’à cet équilibre qui ne lui faillissait pourtant jamais.

« Regardez-moi ! »

Il y avait quelque chose de douloureux dans la voix de Floyd, cette fois-ci, une colère qu’il était à présent incapable de contenir, et quelque chose d’autre - de la supplication, peut-être ? Quoi que ce fût, le ton de cette voix qu’il chérissait tant, qu’il avait entendue hurler de douleur et réconforter les mourants, lui était irrésistible. Il se retourna, et se rendit soudain compte qu’il était au bord des larmes. Floyd le fixait intensément, les joues rouges, l’air aussi troublé que lui, voire plus. Il était silencieux, mais refusa de lâcher prise. Au contraire, d’un geste si inattendu que Liam n’eut même pas l’occasion d’y resister, il l’attira contre lui.

Avant qu’ils n’aient le temps de dire un mot, avant que le moment ne passe, avant qu’ils ne redeviennent de simples amis, Floyd l’embrassa, avec une fougue qui sembla le surprendre lui-même. Liam hésita, puis s’abandonna à cet instant d’autant plus intense qu’il était complètement inattendu. Les conséquences, le rejet, la douleur... Tout cela viendrait bien assez tôt.

Lorsque leur baiser prit fin, Liam s’apperçut que les larmes qu’il avait retenues si longtemps coulaient à présent à flots. Agrippé à Floyd du peu de forces qui lui restaient, il tremblait violemment, comme quelqu’un qu’on vient de sauver de la noyad. Avec des gestes d’une douceur infinie, Floyd essuya ses pleurs et le tira contre lui, simplement pour l’étreindre, cette fois-ci.

« Moi aussi, » souffla-t-il avec un sourire. « Espèce d’imbécile. »

fandom : shadow nexus, défi : février-mars 2012, auteur : rapunzelita

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