Cage - Chapitre 1

Jul 29, 2008 14:47

 Comme j'avais promis hier, un nouveau chapitre de fic ! C'est le début d'une fic à chapitre qui sera plutôt longue. Plutôt angsty, coeurs sensibles s'abstenir ! (Enfin si vous lisez du TRC il ne devrait pas y avoir de problème, vu les derniers chapitres x3)

CAGE

Univers alternatif qui a lieu dans la Grèce antique. Kurogane, soldat d'élite dans sa Cité, se voit confier la charge d'un prisonnier pour le moins intriguant ....

Rating : T
Spoils : Arc de Seles
Genre : Drama/angst/romance
Paring : KuroFai

Kurogane sut qu'il allait détester cet endroit à peine quelques secondes après son arrivée.

La vaste prison souterraine dans laquelle il devrait s'acquitter de ses nouveaux devoirs était, de loin, encore pire que l'image qu'il s'en était faite.

La lueur blafarde des torches appliquées aux murs laissait entrevoir des plaques de mousse et de moisissures, s'étalant comme de la gangrène sur la pierre humide. L'air tout autour exhalait une odeur de putréfaction, de mort, de sueur et de sang, tandis qu'au loin on percevait les échos des cris des malheureux qu'on menait en salle de torture. Kurogane tenta de chasser de son esprit l'image obsédante du temple dont il avait eu la garde depuis des années, véritable havre de paix à la végétation luxuriante, jusqu'à ce qu'il soit mandaté ici pour "une mission de la plus extrême importance."

Le garde qui l'avait guidé depuis son arrivée ne cessait de déblatérer des choses sans importance concernant la nourriture, le temps de pause des soldats, les excursions dans les auberges entre deux tours de garde, et tout un tas d'autres banalités que le brun avait écouté d'une oreille distraite.

Il s'était en revanche montré beaucoup moins loquace au sujet de la raison pour laquelle on avait requis sa présence dans cet endroit, c'est-à-dire ce mystérieux prisonnier, apparemment si redouté qu'on avait jugé bon de lui octroyer en tant que garde l'un des meilleurs soldats de la cité.

Le peu d'informations qu'il était parvenu à rassembler, était, somme toute, assez peu commun. D'après lui, en effet, le prisonnier serait un véritable monstre à forme humaine, une créature ignoble ayant à tel point offensé les dieux qu'il aurait fini par attirer leur malédiction sur lui en même temps que sur la cité qui l'avait engendré. Malheureusement, le criminel ne devait absolument pas être tué de main d'homme, sous peine que la malédiction dont il était l'objet s'étende à la cité toute entière. Il fut donc condamné à l'emprisonnement à vie, sans espoir de sortie, jusqu'à ce que les dieux décident de mettre un terme à son existence.

Cependant, semblait-il, le prisonnier était d'une malice sans limites, et tentait par tous les moyens de s'enfuir pour aller répandre les malheurs dans la cité. Il ne cessait de monter des stratagèmes pour s'échapper, en profitant du fait que ses geôliers redoutaient de le tuer par accident, en essayant de l'en empêcher. Le roi de la cité avait donc fait venir Kurogane, dont la réputation n'était plus à faire, pour qu'il se charge personnellement de la garde du dit prisonnier, et évite que le pire ne se produise.

Le garde le conduisit jusqu'à l'endroit le plus reculé des cachots. Loin des autres prisonniers, au bout d'un long et humide couloir aux murs de pierre sombres, se trouvait une unique cellule éclairée par quelques torches, devant laquelle une sentinelle était posté. C'était là qu'il se trouvait.

Kurogane s'avança jusqu'aux barreaux, et faillit s'arrêter net à la vue qui s'offrait devant lui.

La description des gardes était, comment dire … aux antipodes de l'apparence réelle du prisonnier. Couché au fond de sa cellule, à demi recroquevillé sur lui-même, un homme fin, au charme presque féminin semblait profondément endormi. Ses traits étaient doux et agréables, un flot de mèches blondes soyeuses encadrait son visage, d'une pâleur inhabituelle, probablement à cause de son séjour trop prolongé dans ce cachot souterrain. Il semblait sortir tout droit d'un temple ou d'un palais, pas de ce taudis infect habité par les rats.

"Touché par la grâce des Dieux". C'était le terme utilisé pour ce genre de beauté mystérieuse, le genre de personne qui semblait porter en lui ce quelque chose d'une étincelle divine, trop pur pour appartenir totalement à la race humaine. Plutôt ironique, pour quelqu'un dans sa situation.

"Stratège(1) Kurogane?"

Kurogane se maudit intérieurement pour avoir failli sursauter. Il n'avait même pas réalisé à quel point il s'était plongé dans son observation du prisonnier.

"Vous pouvez y aller. Je me charge de le surveiller."

Les soldats le saluèrent, avant de s'en aller d'un pas prompt, visiblement soulagés de quitter la compagnie du blond.

Kurogane haussa les épaules, et reporta son attention sur l'objet de sa nouvelle affectation, qui dormait toujours à poings fermés.

Malgré le charme général qu'il dégageait, en l'observant de plus près, on pouvait voir sur son corps les traces de la vie carcérale. Sa silhouette un peu trop fine, bien qu'elle soit un peu cachée par un uniforme de prisonnier défraîchi, laissait comprendre qu'il ne devait pas manger tous les jours à sa faim. On pouvait discerner quelques cernes autour de ses yeux, ainsi que des marques de coups, plus sombres et violacées, qui se détachaient sur une peau naturellement blanche comme la neige.

Le jeune blond semblait définitivement très impopulaire auprès de ses geôliers.

Kurogane fronça les sourcils, tandis que ses yeux suivaient alternativement plusieurs marques assez appuyées sur le cou et le visage du prisonnier, sa lèvre inférieure légèrement fendue sur le côté droit. Il avait de sérieux doutes quant au bien-fondé du zèle dont les gardes semblaient faire preuve à son égard, tentatives d'évasion ou pas. Ces derniers s'acharnaient sur lui par simple plaisir ou haine, c'était évident. Il faudrait qu'il ait une discussion sérieuse avec eux sur les limites de la discipline carcérale.

Kurogane poussa un soupir puis se retourna, et se mit en faction face au couloir, pour commencer sa garde. Si le prisonnier était aussi désagréable que le décor et le reste de la garde, cette nouvelle mission s'annonçait encore plus rébarbative qu'il l'avait imaginée. La seule personne à peu près potable ici semblait être le jeune apprenti qui l'avait accueilli à son arrivé : un garçon aux cheveux châtains, un peu timide mais de bonne volonté, qui, si ses souvenirs étaient exacts, répondait au nom de Shaoran. Il faudrait qu'il …Que ?

Il venait de sentir un souffle d'air chaud, juste à côté de son oreille.

Kurogane fit volte-face - pour se trouver nez à nez avec un blondinet qui le regardait fixement. Ses yeux étaient d'un bleu azur, clair et pur, qui finissait de compléter son apparence de véritable nymphe. La tristesse qu'ils semblaient dégager formait un contraste saisissant avec le sourire enfantin qui fendait son visage.

"Je t'ai fait peur ?"

"Enfoiré ! Quand es-tu …"

Kurogane se maudit intérieurement. Seconde erreur de la journée. S'il perdait son calme, il entrait dans son jeu.

Mais comment avait-il pu s'approcher d'aussi près sans qu'il s'en aperçoive ? Il n'avait jamais été plongé dans ses pensées au point de baisser sa garde une seule seconde. Non, le blond était indéniablement … fidèle à sa réputation. Assez habile à dissimuler sa présence pour que Kurogane, qui représentait l'élite des gardes de la cité, n'ait rien senti quand il s'était réveillé, et approché ainsi dans son dos …

"Éloigne-toi des barreaux. Maintenant."

Le blond garda son calme, se contentant de le dévisager avec curiosité, la tête légèrement inclinée sur le côté.

"C'est toi, ces fameux "renforts" dont on me parle depuis des jours ? Tu n'as pas l'air si terrible que ça, pourtant."

Kurogane décida de ne pas tiquer sur le tutoiement. Il savait exactement à quel jeu le prisonnier était en train de jouer. Sympathiser avec le nouveau garde, endormir sa méfiance, créer une faille suffisante dans sa vigilance, s'évader en toute tranquillité le moment venu. Un tour vieux comme le monde, mais dont l'efficacité n'avait jamais faibli.

S'il voulait discuter avec lui, grand bien lui fasse. Kurogane se servirait des informations qu'il pourrait récolter pour en apprendre plus à son propos, et savoir exactement comment le gérer.

"Je pourrais te retourner le compliment. Tu me sembles assez frivole, pour quelqu'un qui aurait commis toutes les atrocités dont tu es accusé. Qu'est-ce que tu as fait, au juste, pour te retrouver ici ?"

Les yeux bleus s'écarquillèrent légèrement - de toute évidence, les questions du blond ne devaient pas souvent obtenir de réponses de la part des gardes - mais son sourire ne faiblit pas un seul instant.

"On dirait que monsieur le beau brun ténébreux s'intéresse à moi ! Qu'est-ce que je vais faire s'il finit par tomber amoureux ?"

Kurogane manqua de s'étrangler.

"Tais-toi, et éloigne toi de ces putains de barreaux !"

Apparemment, l'enfermement prolongé n'avait pas dû arranger le cerveau de ce type. Kurogane donna un coup contre les barres de fer pour le faire reculer - toute idée de self-control à présent oubliée -mais le blond se contenta de hausser les épaules, et lui montra les lourdes menottes qui entouraient ses poignets avec un maigre sourire. Elles étaient reliées au mur du fond de la cellule par d'épaisses chaînes d'acier trempé, dont la longueur ne lui permettait pas d'aller beaucoup plus loin que les barreaux de la cellule.

"Tu vois ? Je ne peux pas aller bien loin de toute façon."

"Peu importe."

L'importance des mesures prises pour la garde de ce prisonnier était décidément de plus en plus singulière.

Cette affaire était louche, et il avait la désagréable impression qu'on lui cachait volontairement une partie de l'histoire. Et ça, c'était une chose qu'il n'aimait pas du tout.

Bon. S'il voulait en apprendre plus, il allait sûrement falloir qu'il y mette un minimum du sien. Malgré les capacités évidentes du blondinet pour détourner la conversation. Résigné, il leva les yeux pour croiser le regard azur du prisonnier.

"C'est quoi ton nom ?"

Le blond lui lança un regard surpris.

"Mon nom ? Á moi ?"

Kurogane poussa un soupir exaspéré.

"Non, celui de ton compagnon de cellule invisible. Á ton avis ?"

Le prisonnier eut un petit rire gêné, et Kurogane se figea. Il avait vu une expression étrange passer dans le regard du prisonnier, l'espace d'un instant. Une sensation de désespoir glaçante, qui lui fit réprimer un frisson.

"C'est juste, où avais-je la tête. Je m'appelle … Fai."

Le garde fronça les sourcils, sceptique.

"C'était quoi, ce temps d'hésitation ? Tu viens de l'inventer ?"

Fai - en assumant que c'était bien là son véritable nom - haussa les épaules d'un air dégagé, les yeux fixés sur les barreaux de métal en face de lui.

"Manque d'habitude."

"Tsss."

Kurogane se détourna de la cellule, pour reprendre son poste. Le sourire du blond le rendait malade, associé à ce que de tels propos impliquaient. Manque d'habitude. Même si peu de gardes prenaient la peine d'appeler les prisonniers par leur nom, aucun des prisonniers dont il avait pu avoir la charge ne lui avait jamais sorti ce genre de choses. Depuis combien de temps ce type était-il enfermé là-dedans, au juste ? En estimant qu'il n'avait pas dit ça juste pour faire le malin … Un crime contre les dieux, avait dit le garde qui l'avait escorté jusqu'ici, hein ? L'histoire de ce prisonnier était de plus en plus tordue. Et louche.

Une main surgit à sa droite, et Fai lui pinça la joue avec un air contrit.

"Tu boudes ?"

"Tu ne t'arrêtes jamais, toi … " Une large veine palpitante apparut sur le front de Kurogane. "Tu tiens vraiment à ce que je rajoute d'autres bleus, pour tenir compagnie à ceux que tu as déjà ?"

"Quelle douce attention …" Fai plaqua ses mains contre son cœur. "Comme ça, ils se sentiront moins seuls."

"…….."

Fai pencha la tête sur le côté, et lui lança un regard interrogateur.

"Quelque chose ne va pas, monsieur le garde aux yeux tout rouge ?"

Kurogane secoua la tête, tentant à grand-peine de conserver son calme. Il prit une profonde inspiration, et sentit ses muscles se détendre lentement.

"Kurogane. C'est Kurogane mon nom. Alors arrête tes surnoms débiles."

Il jeta un regard meurtrier au prisonnier en face de lui, prêt à le remettre à sa place s'il continuait à l'énerver. Ce type était vraiment trop … déstabilisant. Énervant. Horripilant. Comme Tomoyo, cette fichue prêtresse qui le harcelait dans le temple dont il avait la garde, avant de devoir s'installer ici. Une fille d'apparence douce et sans défense, qui se transformait en vraie diablesse si on avait le malheur de ne pas assez se méfier.

Etonnamment, son regard sembla calmer le blond, cette fois-ci. Il se mordit doucement la lèvre inférieure, semblant réfléchir quelques instants, puis dit d'un ton léger :

"Kurogane … c'est joli."

Kurogane réprima un petit sourire de contentement. La situation n'était peut-être pas si désespérée, après tout. Ce type n'avait pas l'air bien méchant, dans le fond. S'il parvenait à se tenir tranquille un minimum, ils réussiraient peut-être à cohabiter.

Pourtant, il ne parvenait pas à chasser cette impression désagréable qu'il avait chaque fois qu'il le regardait. Son sourire léger et insouciant ne parvenait pas à dissimuler ce qui se lisait clairement dans son regard. Un petit air d'oiseau blessé, et quelque chose d'encore plus terrible soigneusement dissimulé dans le fond de ses yeux. Le désespoir. Le vrai. Pur, et irrémédiable.

Fai détacha son regard du sien, semblant redouter que Kurogane s'introduise encore plus loin dans son esprit. Il sourit et tapota le front du brun.

"Je sens qu'on va bien s'entendre, Kuro-toutou."

Étrangement, à ce moment précis, le brun n'en aurait pas vraiment mis sa main au feu.
Notes : (1) Stratège (cf wikipedia) : En Grèce antique, c'est simplement le commandant d'une unité militaire ou d'une flotte. Chaque stratège commandait le régiment d'hoplites ( un soldat lourdement armé, par opposition au gymnète) de sa tribu, sous le commandement suprême du polémarque.

J'avais oublié de le préciser dans les précédents chapitres : Tout est corrigé par Yuuko-sama ( Poiroo sur FF.net ), ma beta. Un grand merci à elle :)

kurofai, cage, fanfiction, trc

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