Les jours passent, se ressemblent ou ne se ressemblent pas, et c'est toujours les mêmes questions qui m'agitent... "En participant au blocage, je ne me sens pas moins étudiante que toi mais plutôt plus citoyenne". Il serait grand temps qu'on remettre "la citoyenneté" en avant en France, parce que c'est un concept un peu perdu. Je ne comprends toujours pas pourquoi il n'y a pas plus de discussions politiques organisées sur la place publique, régulièrement. Enfin bref. Je dis ça mais si ça se faisait je passerais mon temps soit à y aller (on sait que je ne suis pas assez occupée comme ça ^^) soit à m'en vouloir/être déçue de ne pas pouvoir y aller, alors finalement peut-être que c'est aussi bien que le lien entre la politique, le local et le citoyen soit un peu faible en France. :)
Bref après l'épisode CPE hier, je vais parler Verts, parce que déjà ça me perturbe moins, je sais un peu mieux où je me situe, et en plus c'est à mon avis beaucoup plus important. Déjà parce que ça s'inscrit dans la longueur, et qu'en plus c'est quand même une dynamique beaucoup plus constructive à mon avis. Bref.
Donc comme vous le savez sans doute, les Verts aiment bien (trop?) les principes démocratiques, et donc le problème du moment c'est qu'il faut choisir qui on va présenter comme candidat aux élections de 2007. Alors on fait des primaires, comme aux Etats Unis, et au passage avant cette année je ne savais même pas que ça se faisait en France, des primaires. Mais j'aime bien le principe et pour une fois qu'on importe des éléments positifs des Etats Unis, ça fait du bien. Bref donc les Verts ont cinq candidat(e)s à la candidature,
Yves Cochet,
Dominique Voynet,
Cécile Duflot,
Alain Uguen et
Jean Desessard. Hier soir à Paris il y avait le premier meeting de présentation des candidats - personnellement avant de rentrer dans la salle, je ne connaissais qu'Yves Cochet et Dominique Voynet.
Et avant de me lancer dans le vif du sujet, je voulais juste dire que Yann Wehrling était présent et j'étais bien contente d'enfin voir la tête de notre secrétaire national,
surtout qu'il n'est pas moche.
Tout d'abord Yann est intervenu sur le fait qu'on se concentre sur une Présidentielle alors qu'en fait ce n'est pas ça le plus important, j'ai trouvé ça bien qu'il leur rappelle, le plus essentiel c'est les législatives, parce qu'outre le fait que les députés ont finalement beaucoup plus d'impact dans la vie de tous les jours, c'est le mode de scrutin qui est plus "sain". Le poids des idées par rapport à l'importance d'un individu est forcément plus grand dans un scrutin de liste, et je suis tout à fait d'accord qu'il faut voter pour des idées plus que pour des têtes. Sur ces paroles sages, je vais aller faire le contraire et faire des commentaires sur des individus plus que sur des programmes puisque de toute façon le candidat choisi à la fin ne portera pas son propre programme mais celui des Verts.
Donc, dans l'ordre de parole...
Jean : Il a rappelé que ton de campagne changeait quand même d'un candidat à l'autre. Très vite il s'est positionné contre Yves, en faisant référence aux problèmes d'énergie, au pic de Hubert, toutes ces bonnes choses là. C'est le TCE (Traité Constitutionnel Européen) qui motive sa candidature (il a voté contre) et lui veut mettre l'accent sur une écologie sociale. L'idée c'est que ce sont les réalités économiques qui imposent le cadre social et qu'il faut donc remettre en cause le libéralisme. Jusque là, je le suis, c'est pas très novateur comme discours, et surtout c'est plus facile à dire qu'à faire. Il s'interroge aussi sur le bilan des Verts à propos de leur participation au gouvernement Jospin - et est ce qu'on serait prêts à y retourner? Lui dit oui, mais sous une tonne de conditions (la proportionelle aux élections, l'augmentation des minimats sociaux, mise en place d'écotaxes, positionnement clair contre les OGM...) qui à mons avis rendent assez improbable une quelconque association avec le PS pour l'instant (et bizarrement je ne m'attends pas à un réveil du PS dans les 6 mois à venir). Il veut que les Verts s'adaptent aux classes populaires, là où ils peuvent gagner des élections, plutôt que de "radoter leur programme" : question de stratégie. Il n'a pas dit que des bêtises mais je n'ai pas trop aimé les attaques contre Yves et Dominique, et puis surtout il n'avait pas pour moi la prestance d'un candidat, il ne s'exprimait pas top, s'embrouillait, hésitait.
Alain : Ouch, prestation encore pire que la précédente. Il avait 15 mns pour s'exprimer et il n'a parlé quasiment uniquement de ses motivations, de son parcours personnel, avec en plus une touche de victimisation ("j'ai déjà eu du mal à trouver les signatures nécessaires pour me présenter") qui ne m'a pas du tout donné envie de lui laisser sa chance. Il a parlé du principe d'autonomie contractuelle mais je ne suis plus sûre de ce que ça veut dire. Bref dans le fond pas grand chose à dire sur ses idées, et malheureusement sur la forme non plus, il ne m'a pas transmis un enthousiasme extraordinaire.
Dominique : Les Verst sont là pour parler de ce que les autres oublien. Il faut mettre en oeuvre le recul de la pauvreté (la précarisation est visiblement un sujet qui lui tient à coeur) et remettre en cause le système du "chacun pour soi". C'est marrant parce que j'aime beaucoup Dominique, son aisance à l'orale et sa vivacité ont insuflé un vent d'air frais à la tribune, mais en fait j'ai pris très peu de notes sur son discours. Je crains que ce soit parce qu'elle n'a pas dit grand chose sur le fond. Mais je continue quand même de beaucoup aimer cette femme, elle me donne de l'énergie et elle est rassurante en même temps, et ça me paraît très important dans un candidat.
Cécile : Je l'attendais avec impatience parce qu'elle est jeune (30 ans et encore elle en fait 23) et que je ne la connais pas du tout. Apparement elle est beaucoup plus récente chez les Verts mais ce n'est pas forcément un handicap. Pour elle l'écologie c'est s'intéresser à l'ensemble de la société, et la présidentielle représente une opportunité de faire connaître un nouveau projet de société au reste de la population. Comme Jean l'avait fait, elle a parlé de trois temps dans l'écologie qui m'ont paru plutôt justes : d'abord, la période où il a fallu faire entendre notre projet, ensuite la période d'ancrage dans la politique (avec participation au gouvernement et tout le travail au niveau local) et maintenant viendrait le temps des responsabilités. Elle a aussi fait remarquer que les Verts n'avaient pas vraiment à recevoir de leçons de crédibilité de ce gouvernement. Une urgence pour elle c'est la solidarité à l'échelle planètaire - l'Europe c'est notre avenir commun. Elle a condemné la démolition comme solution proposée aux banlieues parce que ça met les gens devant une incertitude tellement totale face à leur futur qu'ils se tournent vers la violence. Elle a d'ailleurs tenu à réaffirmer l'importance qu'il y a à sortir du discours violent, l'importance de revenir aux principes de la non-violence. Les solutions existent, et l'utopie d'aujourd'hui sera la réalité de demain. En conclusion, j'ai été plutôt conquise par son intervention, il y avait du dynamisme et des idées très intéressantes, elle m'a vraiment paru valoir le coup. Après est ce que les Verts veulent choisir quelqu'un qui entre tout juste dans le monde de la politique et du Parti comme candidats pour les représenter, je ne sais pas, mais en tout cas elle fait sérieusement concurrence à Dominique pour moi dans le genre femme dynamique qui me motive.
Yves : Last but not least. ;) Le but du parti c'est d'affronter la réalité, d'analyser le monde avec des nouveaux yeux, avec un nouveau contrat social, un nouveau logiciel (oui Yves est quelqu'un de moderne chers amis ^^). Il faut se préparer à penser l'impensable car nos outils de pensées aujourd'hui ne sont plus adaptés. Petite pique à ceux qui le traite de pessimiste : "la plupart du temps, les pessimistes sont les plus informés". L'idée n'est pas de dissocier crise écologique et crise sociale, de différencier les problèmes, c'est de tenir les deux ensembles, de rassembler les deux, car tout se rejoint. Cela dit c'est la crise écologique qui va le plus vite et c'est pour ça qu'il faut en faire une priorité. Ses trois propositions concrètes (dans le but de redonner de l'espoir, de reconstruire un avenir) : une relocalisation de l'économie (plus d'autosuffisance locale + économie de la réparation, pas du jetable), un revenu d'existence pour tous (pour lutter contre l'exclusion), et du fédéralisme européen. Il veut parler franchement, on a la capacité de tous vivre ensemble. Notre responsabilité, c'est de sauver la France. Ce qui est génial avec Yves, c'est qu'il peut dire des trucs comme ça et ne pas paraître ridicule un instant, c'est fou. Il n'y a aucun doute qu'Yves est un excellent orateur, énergique et sûr de lui, et je l'aime vraiment beaucoup. En tout cas entre les trois hommes, il n'y a pas photo, c'est Yves que je choisis sans hésitation. En plus on sent un désir de concret dans son discours, il veut faire changer les choses mais il s'en donne les moyens. Et j'aime beaucoup la façon dont il a commencé son discours, en expliquant qu'il fallait changer notre façon de voir le monde pour pouvoir évoluer. Le seul truc sur lequel j'aurais besoin d'un peu plus d'info, c'est ce fameux revenu d'existence, parce que les critiques que les libéraux pourraient faire sur ce revenu sont évidentes mais pas toujours faciles à contredire, je serais curieuse d'écouter les réponses d'Yves à ces critiques.
Malheureusement je n'ai pas pu rester pour la partie des questions, c'est dommage parce que du coup je n'ai pas pu en apprendre plus sur les candidats. La soirée m'a au moins permis de me donner la certitude de ne pas vouloir voter ni pour Jean ni pour Alain. Il me reste quand même trois candidats, même si je penche toujours plutôt pour Yves, et que je pense que je mets Cécile un peu devant Dominique, bah je ne suis pas du tout sûre de mon choix. J'aime bien l'idée de choisir une femme, quand même, mais Yves me plaît bien avec ses propositions concrètes. J'ai encore plus d'un mois pour y réfléchir et obtenir plus d'infos, cela dit...
Juste pour finir : deux trucs que j'adore chez les Verts : c'est quasiment systématique d'appeller les gens par leurs prénoms, c'est tout bête mais ça fait super convivial. Et quand on s'interpelle, on dit "chers amis", ce que je trouve trop mignons. Les Verts, c'est un peu le pays de Bisounours, en plus réaliste et en plus écolo. ^^