Ginger Snaps & Ginger Snaps: Unleashed

Sep 13, 2009 18:56


Ginger Snaps & Ginger Snaps: Unleashed

Réalisateurs: John Fawcett & Brett Sullivan
Date: 2000 & 2004
Note:


Sans spoilers
Ginger Snaps est une production horrifique canadienne, réalisée en 2000 par John Fawcett. En portant un regard inédit sur le mythe du lycanthrope et loin des clichés hollywoodiens, le film de Fawcett propose bien plus qu’une pellicule sanglante et sans âme. Bien au contraire!
D’entrée, on nous propose un regard curieusement dérangeant sur deux jeunes sœurs adolescentes, Ginger et Brigitte, qui se promettent de rester unies à la vie comme à la mort. Et la mort justement c’est ce qui obsède certainement le plus les deux sœurs qui n’ont comme attachement social que l’une et l’autre, elles seront bien vite devenues les parias de leur lycée. Mais leurs vies alors peut-être trop insipides vont basculer lorsque Ginger sera grièvement blessée par un monstrueux animal qui semait déjà la terreur depuis quelques temps dans la ville. Petit à petit, le comportement de Ginger va changer, et son physique aussi. John Fawcett oublie la mythologie propre du loup-garou, ici pas question de pleine lune. Le changement physique de Ginger s’opère étape par étape, un prétexte pour parler des blessures psychologiques engendrées par l’adolescence. Finalement, la blessure physique de Ginger ne sera que le seul moyen pour elle de devenir femme. Ses sens vont se développer au fur et à mesure, et les mènera à sa déchéance: son attirance pour les garçons, la soif de sexe, mais aussi la soif de sang. La transformation de Ginger se verrait donc plutôt comme une sorte de renaissance, mais une renaissance pleine de paradoxes car cela l’amène directement à sa perte, mais aussi à celle de sa sœur qui ne fait que s’enfoncer un peu plus dans l’ombre de son aînée entrain de devenir une bête prête à tout détruire sur son passage. Hormis peut-être quelques longueurs, le scénario ne tombe jamais dans l’excès avec des dialogues percutants et quelques touches légères d’humour toujours bien placées. Cela compte aussi pour la mise en scène qui sait se faire discrète et ne fait jamais dans le racoleur sans pour autant oublier sa dose de scènes chocs et brutales. Le tout l’emporte sur un réalisme assez bluffant notamment grâce à l’interprétation des deux comédiennes principales, Emily Perkins et Katharine Isabelle, incroyables de justesse. On peut peut-être reprocher au film la plasticité de certains effets dont la transformation finale du personnage, la faute certainement à un budget trop serré. Mais le traitement global du métrage fait qu’on y croît et on se laisse facilement emporter par l’atmosphère froide et pesante de l’histoire.
Ginger Snaps est un film d’horreur émouvant, et original. On aurait même des regrets que le film n’est était destiné qu’au marché du DVD en Europe alors qu’il était précédé d’une très bonne réputation (le film a raflé la mise lors de plusieurs cérémonies).

Mais c’est justement ce succès critique et public qui permettra à une séquelle de voir le jour quatre ans plus tard. Une séquelle étonnante, logique et cohérente: ici, on ne prend pas vraiment les mêmes et on pousse un peu plus loin les thématiques abordées dans le film de John Fawcett (qui fait maintenant seulement office de producteur): la schizophrénie, le deuil et l'absence. Le film est tenu par Brett Sullivan qui parvient à faire de Ginger Snaps: Unleashed une suite peut-être un peu plus tranchante que l’original. A l’instar du Halloween 2 de Rick Rosenthal, le film prend place dans un hôpital psychiatrique, on ressent d’ailleurs terriblement bien ce climat d’angoisse et de folie appuyé par des protagonistes secondaires tous aussi allumés les uns que les autres. Idem au niveau de la mise en scène et de l’esthétique du film qui ne fait jamais faux bond aux bases instaurées dans le premier opus, au contraire, certains défauts sont même effacés et améliorés, on pense surtout aux effets gores et à l’image de la bête. Brett Sullivan réussit le pari d’être à la hauteur du film de John Fawcett, loin des clichés habituels auxquels on peut s’attendre dans l’exercice de la séquelle horrifique.
Ginger Snaps, et Ginger Snaps: Unleashed sont deux très bonnes surprises, à conseiller autant aux aficionados du genre qu’aux non initiés. A noter qu’il existe un troisième film, Ginger Snaps Back: The Beginning, que je n’ai pas encore eu l’occasion de visionner mais qui d’après quelques échos ne serait pas aussi fort et réussi que ses prédécesseurs.

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