Défi "Première fois" - Aux creux de ses mains

Jan 17, 2014 23:16



Aux creux de ses mains

Auteur : Gossip Coco
Genre : Erotique, One-Shot, hétéro
Pairing : Alex/Max
Rating : R/M
Disclaimer : Tout est entièrement ma propriété, l‘univers comme les personnages. Si ce texte vous inspire éventuellement des idées de fanfictions, je vous serai gré de me citer en note d’auteur avec un lien vers le ou les lieux de publication.
Warning :
Résumé : Ecrit dans le cadre du défi de kumfu « Première fois » sur le thème de la domination et de la soumission. Je précise que les personnages font partie d’un projet plus important de fiction.

Merci à kumfu pour ces corrections.

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La première fois que Max avait accepté de jouer du piano avec Alex avec seul spectateur, elle savait qu’elle laissait volontairement le jeune homme lui montrer sa façon particulière de l’aimer. Dès le début de leur relation étrange, en pointillé dans leurs vies respectives, Alex lui avait clairement signifié qu’il appréciait tenir les rennes dans ses rapports amoureux avec ses partenaires, homme comme femme. Mais Max représentait à ses yeux quelque chose de plus intense et profond qu’avec ses précédentes conquêtes. Ce n’était pas uniquement sexuel. Parce qu’elle était comme lui, un peu marginale, un peu anarchiste, déphasée avec son temps et son époque. Et cela se ressentait dans sa musique, bien que Max jouait principalement dans le répertoire classique. Sa touche personnelle était véritablement spéciale, aux yeux d’Alex.
« Quand tu joues, on sent que ce n’est pas simplement nous faire partager une mélodie, lui avait-il dit la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. C’est tout ton être, tout ton corps qui nous invitent dans ton univers. »
La jeune femme l’avait regardé, étonnée et surprise. Issue de la prestigieuse école Mozart de Salzbourg où elle avait étudié simultanément le piano et le violon, elle n’avait pas cherché à intégrer l’Orchestre Philarmonique de Vienne malgré les recommandations de ses professeurs. Elle vivait de petits expédients, jouait parfois des morceaux de Strauss ou de Bach dans la rue ou dans des restaurants pour des soirées spéciales. Beaucoup de ses camarades la considéraient comme une sorte d’extraterrestre et elle-même ne se sentait pas à son aise dans la société des hommes.
Ce fut Alex qui chamboula son existence lorsqu’il l’attendit à la fin d’une de ses innombrables prestations au Das Schick pour lui déclarer de but en blanc qu’il voulait tout savoir sur elle, insinuant qu‘elle représentait bien plus qu‘une musicienne à ses yeux. Max y avait lu qu’il la désirait avec ardeur.

Leur relation était en vérité bien spéciale. Ils ne se voyaient que peu. Leurs étreintes furtives avaient ce goût amer de l’éphémère mais réellement inoubliable, tant par son intensité que par la passion qu‘ils consentaient à donner. Alex avait peu brodé sur sa vie, si ce n’était qu’il était archiviste dans la bibliothèque d’un lycée, qu’il vivait seul et qu’il était végétarien. Il avait toujours cette démarche un peu claudicante, portant son éternelle veste noire délavée et des jeans à moitiés déchirés. Sinon, il ne parlait que peu de lui. Comme Max, d’ailleurs. Puis, un soir, Alex avait avoué ses penchants à Max. Elle n’avait pas vraiment réagi à cet aveu. Elle s’était rhabillée en vitesse avant de disparaître dans les rues de la capitale de la valse. Sa vie était d’ailleurs comme une danse sur un volcan, avait-elle songé alors qu’elle longeait le Burgtheater. Mais elle ne réfléchit pas aux conséquences des désirs particuliers de son amant. De toute façon, elle ne savait pas vraiment quand ils se reverraient ni même s’ils se reverraient. Il était un courant d’air dans son existence. Comme bien des choses.

Puis, il lui avait subitement demandé de lui jouer du piano alors qu‘elle finissait de jouer un morceau de Vivaldi dans la rue, la surprenant alors qu‘elle ne l‘attendait pas. Max avait su qu’elle connaîtrait une façon d’aimer différente de tout ce qu’elle avait connu jusque là. Se remettre entièrement entre les désirs d’un autre. Se laisser guider dans un monde de ténèbres. Les ténèbres d‘Alex. Et pour cette grande première, Alex lui avait demandé de jouer vêtue d’un corset de brocard noir, d’un slip de satin également noir, de bas auto-fixant et d‘une paire d‘escarpins aux talons à la hauteur vertigineuse. Seul, un épais manteau en fausse fourrure cacherait sa tenue pour le moins surprenante. Et, pour la première fois, Max avait l’impression d’être réellement vivante. Elle s’abandonnait aux mains d’un homme dont elle ne savait au final rien. Mais peut être était-ce pour cela, que cela était aussi simple. Elle n’attendait rien de lui d’un point de vue sentimental comme lui ne cherchait pas à savoir si elle avait d’autres amants ou même un copain régulier. Pourtant, obscurément, tous deux savaient qu’ils n’y avaient qu’eux, entre eux.

Lorsqu’elle était arrivée dans la salle de musique du lycée dans lequel travaillait Alex, la nuit était tombée depuis un moment. Le jeune homme l’attendait dans la semi-pénombre.
« Retire ton manteau et viens jouer, » lui fit-il en guise de salutations.
Sans un mot, elle obtempéra mais avant qu’elle ne s’asseye pour se mettre à jouer, Alex l’enlaça brusquement avant de l’embrasser avec passion.
« Je t’ai manqué? Lui chuchota-t-il.
- Evidemment. » fut sa réponse à elle.
Puis, il laissa s’installer au piano et commencer à jouer une nocturne de Chopin. Elle pensa durant quelques minutes que jouer au violon aurait été plus sensuel. Mais Alex lui avait préféré le piano.
Alors qu’elle jouait depuis une demi-heure, Alex posa sa main sur son épaule nue avant de lui souffler à l’oreille :
« Remets ton manteau et suis-moi. »
Un peu surprise par ce changement imprévu et auquel elle ne s’attendait pas, elle sentit l’anxiété monter en elle. Sa musique lui avait-il déplu? N’était-elle finalement pas à la hauteur des attentes du jeune homme? Elle n’avait pas envie de mettre un point final à tout cela alors qu’enfin, elle touchait du bout des doigts la sensation d’être en vie.
Un peu inquiète, Max remit son manteau. Lui saisissant la main, Alex l’entraîna hors de l’établissement avant de marcher d’un pas vif à travers les rues de la ville comme s’il avait le diable aux trousses. Max se sentit soudainement plus gênée que soucieuse. Elle n’avait pas l’habitude ni de se promener nue sous un manteau à une heure pareille ni même de marcher avec des chaussures pareilles.
Finalement, Alex pénétra dans un restaurant coquet mais au charme désuet, rappelant par son mobilier la splendeur passée de l’empire austro-hongrois. Ce n’était pas le genre d’endroit que Max fréquentait en tant que cliente. Et cela la mit encore plus mal à l’aise. Pourtant, une vague d’excitation la parcourut. Elle commençait à cerner les attentes de son amant. Ce n’était qu’un jeu. Un jeu de pouvoir qu’il prenait plaisir à exercer sur elle, c’était évident. Elle devait remettre aux creux de ses mains tous les évènements de cette soirée. Inconsciemment, elle s’abandonna un peu plus à cet abandon en se calant confortablement sur sa chaise alors qu’Alex passait commande de leurs menus.
Ils parlèrent à bâtons rompus durant tout le repas ; Alex questionnant Max sur ses années passées à l’école Mozart. Elle lui répondit qu’à cette époque, seule la musique avait compté. Elle avait eu un ou deux petits copains, rien de bien extraordinaire. Quand, soudain, Alex la regarda droit dans les yeux avant de lui demander :
« Ces jeux auxquels je pense et auxquels tu as forcément pensés… Veux-tu vraiment te livrer à moi? N‘éprouves-tu pas de peur? Parce que je suis très exigeant, en la matière. »
Max le dévisagea, sans un mot. Des pensées brûlantes défilèrent dans son esprit. Et cela redoubla son excitation. Jusqu’à présent, elle avait toujours été livrée à elle-même. Ses parents avaient été plutôt absents de sa vie qu’ils jugeaient plutôt dangereuse. Mais cela faisait presque trois ans qu’elle ne les avait pas revus, n’éprouvant pas l’envie de faire le voyage jusqu’à Aix-la-Chapelle. Personne ne l’avait vraiment guidée sur le chemin de la vie. Et, subitement, Alex qui vivait à l’envers traçait pour elle une route pavée de désirs secrets, de jeux mystérieux, à leurs images à tout deux, loin des conventions qu‘ils avaient rejetées depuis longtemps.
Elle laissa éclore un léger sourire narquois.
« Tu penses que tu en seras capable? » lui murmura-t-elle en guise de réponse.

Ils finirent de manger rapidement avant qu’Alex ne l’emmène pour la première fois à son appartement. Une percée dans son intime à lui, un intime à l’image du jeune homme. Désordonné, des ouvrages aux sujets hétéroclites jonchant joyeusement le tapis du minuscule salon, une pile de vinyles débordant de son bureau encombré lui aussi de livres. Ils ne cherchèrent pas à se séduire mutuellement, ils étaient déjà dans une osmose qui se passaient de phrases toutes faites et de compliments au rabais.

Pour la première fois, Max s’abandonna complètement à l’impétuosité d’Alex, à ses fantaisies pendant qu’ils firent véritablement l’amour.

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