Et allez, archivons enfin ce qui attend depuis une paire d'années déjà...
Titre : Une tranche de rêve (ou de cauchemar)
Auteur :
ylgBase : FullMetal Alchemist, 1er anime
Personnages/Couple : Winry Rockbell/Scieszka ; anim!Sloth
Genre : drama/un soupçon d'action/UST
Gradation : PG / K+
Légalité : propriété d’Arakawa Hiromu, Square Enix, studio Bones ; je ne cherche ni à en tirer profit ni à manquer de respect.
Thèmes #06, «
entre le rêve et la réalité », et #17, « kHz » pour
30_baisersContinuité/Spoil éventuel : épisode 38 (1ère série), je crois ?
Notes : peut éventuellement servir de prequel à ma fic « la fin de quelque chose », ou bien se prendre comme one-shot
Nombre de mots : un bon petit millier
***
De sa courte vie de jeune fille, se dit Winry, cette aventure dans le couloir de maintenance du Quartier-Général Central a été le moment le plus excitant qu’elle a vécu. Il est arrivé plusieurs fois déjà par le passé que ses repères de ce qui était le monde et la réalité basculent, mais celle-ci, au contraire des précédentes, était loin de n’être que déplaisante.
Il se tramait quelque chose de terrible, quelque chose qui les dépassait. Les théories de Scieszka, sur les aliens, semblaient complètement fumeuses à Winry, mais comme elle-même ne trouvait pas d’autre explication... Comme elles n’arrivaient pas à bien cerner le problème, c’était encore plus inquiétant. Non, elles ne comprenaient pas réellement ce qui se passait. Mais du peu qu’elles savaient, elles avaient décidé de mettre sur écoute la Secrétaire du Généralissime, rien que ça. C’était risquer gros, très gros !
Enfin voilà, quoi.
La frayeur qu’elles se sont faite un peu plus tôt en croisant le sous-lieutenant Ross et le sergent Brosch, la crainte diffuse de ce qu’elles risquaient de découvrir… l’excitation faisait battre son cœur beaucoup plus fort. C’est ce qu’elle se disait, à ce moment-là. Peut-être qu’en fait, c’était de l’avoir si près d’elle c’est ce qu’elle se dit aujourd’hui.
Ça passé, l’effraction effectuée, une fois toutes les deux bien à l’abri dans leur petit recoin, elle a remis sa frange en place de ses doigts tremblants. Elles n’ont pas été démasquées immédiatement, c’était déjà ça.
Ensuite, Winry admet qu’elle n’était pas peu fière de faire étalage de son talent, d’expliquer comment fonctionnait le système de communication, quel voltage et quelles fréquences il utilisait, grosso modo comment s’arborisaient ses lignes et comment elle allait effectivement le pirater.
Les câbles correctement identifiés et branchés sur son appareil de mesure multifonction (pas juste un tensiomètre de base, s’il vous plaît !), la première phase d’écoute commença : il fallait prendre en compte les variations de fréquence des oscillations électriques sur la ligne et analyser brièvement les différents signaux reçus ici, l’état de base des circuits… et ensuite, he bien, avant de pouvoir passer à la seconde, il ne leur restait qu’à attendre, attendre, attendre... après un signal nouveau.
D’ici là, elles n’avaient rien de mieux à faire que de détailler ce qu’elles avaient déjà sous les yeux, sans comprendre les signaux échangés entre leurs deux corps sans passer par la part conscient du cerveau.
Dans les couloirs sous terre il fait toujours un peu frais, et ça faisait longtemps qu’elle n’avait plus porté de jupe courte… en plus, c’était la sienne, une jupe à Scieszka qu’elle lui avait prêtée pour l’occasion et cette idée lui donnait une drôle de sensation.
Il faisait sombre, presque noir, et elle devinait les traits de sa compagne plus qu’elle ne les voyait.
Elle distinguait encore le contraste entre la peau claire et l’uniforme foncé, mais aucune différence n’apparaissait plus entre les jambes lisses de Scieszka (l’habitude de porter des jupes tous les jours désormais : elles sont soigneusement entretenues) et le duvet blond sur les jambes de Winry qui se rendait invisible.
Il n’y avait plus là de couleur, juste des formes encore que la perception visuelle des volumes se trouvait faussée. Restait les perceptions tactile et auditive
Le bruit de leur respiration, et les battements de son cœur, tout semblait résonner plus fort, dans le noir, et dans ce coin où elles étaient tellement à l’étroit.
D’un corps à l’autre elles percevaient la chaleur dégagée, et peut-être, en faisant très attention, le parfum personnel (sans pouvoir détecter consciemment les phéromones produites mais qui devaient saturer l’atmosphère, à n’en pas douter).
Pour juguler la tension ressentie, elles se tenaient main dans la main, transmettant de l’une à l’autre un léger tremblement - peut-être, finalement, augmentant ainsi leur excitation au lieu de la réduire ?
Dans cette atmosphère confinée, il suffisait de trois fois rien pour que leurs souffles rendent l’air autour tout tiède et humide. Elles se frôlaient, et ça faisait comme des étincelles sous leur peau. À un moment, il a fallu qu’elles se touchent franchement et ça a généré sur leurs deux peaux comme une vague de chaleur dépassant toute logique physique et une tempête de sensations et de sentiments sous sa petite tête, dépassant de loin ses capacités d’analyse logique.
Winry a fini par se demander ce qu’elles faisaient là, exactement. Scieszka, elle, semblait l’avoir complètement oublié.
Et puis, la ligne s’est mise sous tension. Ça l’a complètement électrifiée. Au sens figuré bien sûr, ajoute-t-elle mentalement. Et ça l’a réveillée, aussi. Ramenée de cette espèce de transe fascinée aux faits purs et durs. L’aiguille du multimètre dansait ; dans le casque d’écoute, les signaux électriques se transformaient en vagues sonores audibles, ramenant brutalement leur attention sur leur première raison de se trouver ici.
Sans ça, qui sait ce qui aurait pu se passer, dans ce coin de couloir à l’écart de tout… elle le regrette un peu, aujourd’hui. Elle l’aurait peut-être embrassée. Ou bien c’est Scieszka qui aurait pris l’initiative ?
Oui, mais ensuite ?
Elle ne sait toujours pas. Aujourd’hui, chaque fois qu’elle tente de se remémorer cet épisode, elle a l’impression d’en réinventer la moitié. Elle ne sait plus où se terminent les souvenirs objectifs et où commence le désir brut.
Peut-être qu’elles seraient tombées dans les bras l’une de l’autre, qu’elles n’auraient jamais écouté les conversations secrètes de la secrétaire du Généralissime, qu’elles n’auraient jamais rien découvert de dangereux les mettant en danger et les forçant à fuir.
Ça a tourné au cauchemar. Elles ont failli se faire tuer. Ce qu’elles ont découvert n’a même pas aidé les frères Elric, comme Winry l’espérait, et bien peu contribué à expliquer la mort de Monsieur Hughes, ne les satisfaisant que bien peu.
Alors, ça aurait peut-être mieux valu qu’elles arrêtent l’espionnage là.
Et pourtant…
Winry ne regrette rien. Apparemment, Scieszka non plus. Si c’était à refaire, et même en sachant désormais les risques réels que ça comporte, elle le referait. Sans hésitation. Et en sacrifiant ce baiser manqué et leur chance d’avoir une histoire bien tranquille : après tout, leurs liens se sont encore plus resserrés dans l’aventure qui a suivi leur fuite, non ?