Titre : Le cœur en cage
Auteur :
ylgBase : Naruto
Personnage : Kimimaro
Genre : tragique
Gradation : PG-13 / T
Disclaimer : propriété de Kishimoto Masashi, je ne cherche pas à me faire de sous avec.
Notes : j’ai arrêté de lire la série il y a plusieurs années ; faisons comme si le canon s’arrêtait juste avec l’ellipse temporelle, OK ?
Avertissements : sur le fond, abus sur enfant ;
sur la forme, j’ai peur d’avoir complètement merdé la concordance des temps dans ce truc mais je n’arrive pas à la corriger ce soir et je voudrais volontiers un coup de main extérieur, s’il vous plaît ?
Thème : o1#o1, «
cellule » pour
10_choixNombre de mots : ~800
***
D’aussi loin que Kimimaro puisse se souvenir, il a toujours vécu cloîtré. Sa toute petite enfance a bien dû lui offrir des horizons plus vastes, mais il ne s’en rappelle pas. Quand il a commencé à développer une conscience et garder des souvenirs, il a aussi révélé ses aptitudes et reçu alors ses premiers entraînements.
Son clan a vite remarqué son génie et mesuré son potentiel. Aussitôt, il est devenu un secret jalousement gardé. On l’a mis dans une cage d’où il voyait pas la lumière du jour, où il ne pouvait pas sentir le vent. On lui a dit que c’était pour le protéger. Et les gens qui s’occupaient de lui n’étaient pas méchants avec lui. À côté de sa cage, on en parlait, avec de l’admiration dans la voix, comme de leur plus belle et plus puissante arme.
Il avait le droit de continuer à s’entraîner tout seul dans son coin sombre, tant qu’il ne s’en prenait pas barreaux. Mais pourquoi les aurait-il attaqués ? Il ne désirait rien du monde extérieur. Il ne savait rien du monde extérieur : on ne le tirait de sa cellule que pour l’envoyer au combat. Ces moments passés dehors, il les détestait. Le monde extérieur lui fait mal aux yeux, mal aux oreilles ; il se bat parce que c’est ce qu’on attend de lui, et qu’il le fait si bien, mais il n’éprouve rien envers ses cibles, ni respect ni mépris ni envie.
Après, on le félicite, on lui fait un bref triomphe, et on le ramène à son minuscule quartier et on boucle sur lui les verrous. Mais les verrous sont inutiles : les mots qu’on a tissés autour de lui depuis toujours l’enferment plus sûrement que les barreaux et les sorts.
Il reste assis sagement dans son coin et s’ennuie patiemment. Pour passer le temps, il joue aux osselets avec ses propres phalanges. Il tape un peu sur le mur, pour entendre le son que fait son poignard d’os, et pour éprouver la résistance des matériaux. Pas pour le démolir.
Le jour où ça n’est pas directement les murs de sa cellule et tout le bâtiment autour, mais son clan entier qui s’est fait démolir, tous les combattants massacrés et le reste brûlé, il s’est retrouvé perdu. Hors de ses murs, il était peut-être une splendide machine à tuer, mais incapable de fonctionner comme un être humain normal. Il lui fallait quelqu’un pour l’encadrer, et quelqu’un l’a ramassé.
De là, il s’est laissé enfermer de bonne grâce dans les promesses et les mensonges d’Orochimaru.
Désormais en théorie libre de ses mouvements, il préférait le suivre à la trace comme un gentil petit chien au bout d’une laisse invisible.
La période de liberté fut relative et de bien courte durée.
Mensonge pour le tenir tranquille et triste coïncidence, ou avertissement fondé ? Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que se réalise une sinistre prophétie faite par ses gardiens autrefois. Comme quoi, Kimimaro ne survivrait pas longtemps hors de sa cellule. Que le monde extérieur était mauvais pour lui. Qu’on l’en sortait de temps en temps parce qu’il fallait bien, qu’il n’y avait pas d’autre possibilité, mais que vraiment, il était mieux à l’intérieur sous la surveillance constante de ses pairs. Qu’il y était protégé du mal.
Il tomba malade. Et les médecins dépêchés à son chevet ne purent rien pour lui. L’on supputa que peut-être, l’enfermement en soi était la cause : trop de carences, un système immunitaire non développé ? Mais le mystère resta entier. Ils ne purent que soutenir, péniblement, ses fonctions vitales de plus en plus défaillantes, ne lui offrant qu’un sursis de plus en plus douloureux, sans jamais pouvoir identifier clairement la cause et encore moins le guérir.
De nouveau enfermé dans une chambre minuscule des quartiers de recherche scientifque du Village du Son, Kimimaro est surveillé plus étroitement que jamais. Harnaché de tuyaux et de sondes, de câbles d’électrodes et de supports de sorts, il ne quittera plus son lit. Il ne voit même plus les murs de sa prison.
Il est de retour à la place qu’il n’aurait jamais dû quitter. Son court temps de liberté si relative qu’elle soit sous la tutelle d’Orochimaru a passé comme un rêve ou un cauchemar ; enfin, il est révolu. Mais d’avoir goûté au monde extérieur, si brièvement que ce fut, et même sans que ça lui ait fait si bonne impression, il rentre désormais dans ce qui pourrait aussi bien être un caveau funéraire avec des regrets qui le minent plus durement encore que sa maladie. Il est persuadé de n’avoir plus aucune valeur et d’avoir irrémédiablement gâché sa vie.