Titre : Raisonne-t-on avec les sentiments ?
Auteur :
ylgBase : Saiyūki
Personnages/Couple : Cho Gonō/Cho Kanan
Genre : romance/drama
Gradation : PG-13 / T
Disclaimer : propriété de Minekura Kazuya, je ne cherche pas à me faire de sous avec.
Thème : 2#1, « pensée » pour
5_sensContinuité : on peut dire que
ma petite série de réponses pour ce claim peut se prendre comme une seule fic ?
Nombre de mots : 1300
(
mémoire )
(
rire )
(
mouvement )
(
amour )
***
Gonō et Kanan ne se quittent plus ; tout le temps qu’ils passent physiquement séparés, ils pensent l’un à l’autre, à leur prochaine rencontre, et à ce qu’ils vont encore se dire et ce qu’ils taisent.
« Kanan, tu es ma sœur et je t’aime. »
« Je t’aime parce que tu es toi, Gonō mon frère. »
Oui mais !
Qu’a-t-elle vraiment dit, comme un frère ou en tant qu’individu ? Cette ambiguïté le rend fou.
Que veut-il dire lui aussi avec ce et, cette union qui ne se fait pas…
Ils sont tous deux intelligents et éduqués. Au bout d’un moment, essayer de rationnaliser chacun ses pensées dans son coin et tenter de se convaincre qu’il ne se passe rien, ça ne suffit plus.
Ils savent.
Ils savent que l’autre sait.
Ils espèrent que l’autre éprouve...
C’est dit dans chacun de leurs gestes, à chaque contact, dans chaque regard. Et derrière chaque mot, indirectement. Il faudra bien qu’ils laissent tomber le voile et en parlent honnêtement…
Se cachent-ils encore, quand ils ne parlent plus que ça ?
« Tu connais l’effet Westermarck ?
Nous n’avons pas été élevés ensemble alors nous ne l’avons pas.
Mais ce n’est pas une raison pour agir comme deux étrangers… »
Science ou légende, tout est prétexte.
« On prétend que les jumeaux sont la réincarnation d’un couple ayant commis un double suicide par amour…
Réunis pour une deuxième chance ? moins tragique puisque leurs sentiments devraient changer au passage. »
Mais ça ne marche pas ainsi pour eux. Ils n’ont bien sûr aucun souvenir d’une quelconque vie passée, ils ont même oublié le début de leur enfance et leurs premiers souvenirs l’un de l’autre : ça se passerait plutôt dans l’autre sens.
Là donc, ça n’a pu marcher : alors une deuxième chance, c’est tout, de recommencer ?
Ça sera par défiance peut-être, envers le monde qui n’a pas été tendre avec eux, qui les a si longtemps privés d’affection, de famille. Ils seraient prêts à tout pour la reconstituer... différemment, et tant pis pour les normes ?
« Tu sais, j’ai longuement tenté de réfléchir à pourquoi les parents, en se séparant, nous ont-ils séparés aussi ?
Et pourquoi selon ce schéma-là ? La fille avec le père et le fils avec la mère, et non pas de garder les genres identiques, que nous ayons un modèle à suivre en grandissant ? »
Une autre question qu’ils éludent, si leurs parents ont dû se séparer, est-ce un mauvais augure pour eux, mais ils ne veulent pas être comme leurs parents.
Gonō ressemble-t-il au souvenir que Kanan garde de son père, he bien, non pas tellement.
Et en réponse à cette question, elle affirme bien fort qu’elle ne mélangera pas les genres.
Enfin !
« Mon père m’a élevée, précise-t-elle. Il me manque parce que je le connaissais. Toi tu n’étais pas là dans mon enfance. Ton absence je l’ai remplie de rêves, pas de souvenirs.
- J’ai rempli la tienne de regrets…
- Et puis un frère ça n’est pas un père. Papa m’a créée, toi et moi nous avons été créés ensemble. Ce sont deux problèmes, deux problèmes différents.
- Pendant des années j’ai espéré rencontrer quelqu’un créé juste pour moi.
- Et maintenant ?
- Maintenant je réalise que ça n’est plus la peine de chercher. J’ai été créé pour toi. »
Leurs yeux, leurs mains ne se quittent plus.
« Je voudrais faire ton bonheur.
- Tu n’as rien à faire de plus.
- Pourtant je pourrais faire n’importe quoi pour toi.
- M’offrir le monde ?
- Essayer au moins.
- Juste toi, ça suffira. »
Leurs regards sont bien forcés de se quitter quand ils se serrent l’un contre l’autre, yeux fermés à ce monde qui les entoure, cœur ouvert l’un à l’autre.
Les silences entre chaque conversation, les souffles entre chaque mot en disent autant, sinon plus.
Et cette fois ils disent,
Pourquoi ce monde à côté de nous ?
Nous sommes une réalité.
Nous sommes peut-être notre seule certitude dans ce monde.
« Il faudra quand même se cacher de tous ceux qui savent maintenant que nous sommes frère et sœur. Ils ne comprendraient pas. Même en leur expliquant des milliers de fois…
- Ceux qui ne sont pas nous n’ont rien à faire avec nous.
- On pourrait partir un peu plus loin là où personne ne nous connaît encore et nous serions mari et femme.
- N’est-ce pas un peu tôt pour faire des projets d’avenir ?
- Moi je trouve qu’il est même bien tard avec tout le passé que nous avons manqué. Penses-y quand même.
- Je pense d’abord au présent.
- Ça ne marche jamais, les secrets, ils sont toujours découverts et imagines-tu le scandale ? »
Penser à l’avenir c’est envisager la réalité du mariage, et par là, un autre aspect de leur union… de leur sexualité. Ils savent qu’ils en meurent d’envie l’un et l’autre. Ça arrivera bien tôt. Le temps de prendre les précautions nécessaires pour n’être découverts par personne…
Et parler de leurs parents c’est penser à ce rôle, pour eux à leur tour. Ils sont encore bien jeunes pour avoir des enfants eux-mêmes ! Mais si ça devait arriver, maintenant ou plus tard ?
« Il n’y a pas tellement plus de risque. Si nous n’avons pas de défaut à la base alors il n’y a rien à amplifier. La plupart des enfants nés d’union consanguines présentant effectivement une petite santé souffrent en fait de négligence à cause du stigma que leurs familles projettent sur eux.
- Ou alors que l’inceste a été pratiqué de façon répétée au cours de génération.
- Mais des enfants désirés, aimés et choyés, quelle que soit leur origine, n’auront pas ce problème. Surtout sur un cas unique.
- Est-ce déjà une proposition ?
- Non, juste un fait. Pour l’instant.
- Oui. Mais nous ne savons pas. Nous ne connaissons rien de notre famille. Pour autant que je le voudrais, tout ne commence pas magiquement juste avec nous. Imagine un instant qu’eux aussi étaient déjà liés, que ça serait pour ça qu’ils se sont enfuis après avoir découvert fortuitement, ou qu’ils savaient déjà et que tout à coup ils ne pouvaient plus, et que tout s’est cassé en petits morceaux...
- Mais pourquoi penser au pire !
- Ce sont juste des éventualités. »
Et ce n’est pas avec des éventualités qu’ils vont faire leur vie. Maintenant, ce qu’ils veulent l’un et l’autre c’est du concret.
« Rends-toi compte. Nous pensons déjà à toutes les complications du mariage alors que nous ne nous faisons même pas la cour ?
- Parce qu’il n’y a pas besoin de la faire. »
Enfin, enfin, leurs lèvres disent ce que leurs cœurs pensent.
Ça n’est pas,
Parce que ça ne nous mènera à rien,
Mais bien,
Parce qu’elle est déjà faite, peut-être depuis le tout début.
Un baiser scelle cette certitude, clôt la porte aux doutes, et l’ouvre à tout le reste.