Titre : Le parfum d'une amie
Auteur : ylg
Base : Yoko Tsuno, L'Or du Rhin
Personnages/Couple : Yoko Tsuno/la Comtesse Olga
Genre : UST/sensuel
Gradation : PG / K+
Disclaimer : propriété de Roger Leloup, je ne cherche pas à me faire de sous avec.
Note : juste le temps de cette fic, faisons semblant que Le Septième Code n'existe pas, d'accord ?
Thème #5, «
comme un parfum de femme » pour
yuri_a_tt_prix ;
+ «
brutalité » et contrainte accessoire "parfum" pour
31_jours (13 janvier '08)
Nombre de mots : 900 et quelques
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Yoko se le répète souvent : être électronicienne et travailler pour la TV n'est pas une sinécure. Après des journées à cent mille volts - métaphoriquement bien sûr, mais parfois pas loin de l'être littéralement - un peu de proverbiale douceur dans un monde de brutes est plus que bienvenue. Déchargée de ses obligations, Rosée s'occupant d'elle-même « comme une grande », elle peut s'offrir quelques minutes de détente, rien qu'à elle, s'évader de ce monde.
Le parfum que Yoko utilise pour se créer une bulle de tranquillité, n'a pourtant pas grand' chose de doux… mais il fait merveilleusement office.
La Comtesse Olga a tenu sa parole, et plus encore : quelques semaines après l'épopée du Rheingold, dans un colis envoyé spécialement de Russie, Yoko a trouvé non seulement le grand flacon de Cuir de Russie promis, mais également une bouteille de vodka. Elle a souri en la voyant et a rangé l'alcool dans un coin de placard loin de sa vue - et de celle de Rosée - et l'y a oublié. Le parfum en revanche, elle le garde précieusement.
Régulièrement, quand elle a besoin de réconfort, Yoko ouvre le flacon et laisse le parfum de la Comtesse Olga l'envelopper. Pour quelques minutes, elle est là à ses côtés.
C'est une fragrance quelque peu violente. Elle lui trouve quelque chose de presque masculin ; la note du cuir donnant son nom au parfum évoque les cavaliers des steppes et la brutalité de leur première rencontre. Elle lui rappelle le claquement sec des talons hauts sur le quai de la gare, la sécheresse de sa voix quand elles étaient forcée de s'adresser la parole. Un zeste d'agrumes, piquant et frais à la fois, renforce encore cette impression.
Derrière cela, une touche boisée, quelque chose d'épicé, crée pour elle les grandes plaines, l'immensité de la Nature sauvage qu'elle imagine partie intégrante de l'héritage de la Comtesse.
Enfin, un voile de douceur après toutes ces senteurs capiteuses, nettement féminin, l'apaise. Elle n'est plus troublée que par un fantôme d'encens qui lui rappelle l'accusation portée par elle, sur l'agression de Minako. Toute leur mésentente était venue de là, à l'origine, de ce triste quiproquo. Et elles n'avaient pu le dissiper, leur fort caractère à toutes deux prolongeant et soutenant la discorde entre elles. Il leur était impossible de reculer, de s'excuser, de perdre dans leur rapport de force, se laisser dominer par l'autre. Il leur a fallu, après trois jours de rivalité, devoir s'unir pour faire face à un ennemi commun, sauver la vie l'une de l'autre, pour pouvoir, enfin, s'accepter.
Quand la bouffée de parfum se dissipe, il en reste quelque chose d'un peu suranné, dans les notes de cuir et de bergamote. Comme un sac à main classique, assorti à la coiffure élaborée - une tresse de ce type-ci, on en voit rarement dans l'Orient natal de Yoko et jamais dans ce coin d'Occident - et les rangs de perles de la Comtesse, l'image d'aristocrate et de femme de goût qu'elle entretient.
Derrière cette apparence première, Olga est également une femme d'action et une femme d'affaires, affiliée au KGB, capable de frayer avec des individus peu recommandables. Elle a eu le cran de s'associer avec le sosie de Kazuki, de faire neutraliser l'élément gênant que représentait Watanabe Minako à ses projets. Yoko lui en veut toujours pour cela, mais quel droit a-t-elle de la juger ? Elle-même a déjà dû par le passé tremper à son corps défendant dans de sombres affaires, elle a dû commettre des actes qu'elle réprouvait pourtant, a même été tentée de se substituer à la Justice.
Enfin, ce qu'elles ont fait l'une et l'autre ne compte plus aujourd'hui. L'important à ses yeux est ce qu'elles sont. Des femmes au caractère bien trempé… à la fois sœurs et rivales, trop semblables dans leur entêtement pour pouvoir s'entendre tout à fait, et trop différentes dans leur histoire personnelle peut-être pour se comprendre entièrement ? Fille du Ciel venue de son archipel d'Extrême-Orient, fille des steppes de la Sainte Russie, elles ont chacune des vécus très différents, qui leurs donnent des personnalités affirmées étrangement similaires. Le Destin a parfois des convergences que lui seul comprend.
La complexité de ce parfum, étroitement associé au souvenir d'Olga, illustre savamment leur relation. En cela, il lui est doublement précieux. Il évoque à la fois la simple présence de la Comtesse et fait écho à ce qu'elles ont vécu ensemble. Si brève que fut leur histoire, si brutaux qu'en furent les débuts, elle était riche en émotions et lui laisse un souvenir vivace, qu'elle ressuscite à loisir avec Cuir de Russie.
Le flacon rebouché, Yoko se dit souvent qu'il n'y a pas que la Comtesse et elle-même qui s'opposent ; sa propre personne est un concentré de contradictions. Pas étonnant qu'au gré de ses aventures, elle s'accroche à tout va avec quiconque sortant un peu du moule.
En le rangeant, elle se dit que son appartement est un curieux écrin pour abriter ces épisodes de réminiscence. De type principalement européen, avec une touche de Soleil Levant, dans son appareillage à la pointe de la technologie et quelques détails traditionnels, ses services à thé, l'autel des ancêtres… il somme sa propre complexité. N'entrons pas dans la chambre de Rosée, c'est encore quelque chose à part dans sa vie. Le parfum d'Olga y est déplacé, mais qu'est-ce qui ne l'est pas, dans sa vie ? Elle a voyagé au bout du temps et au-delà des étoiles connues, ça n'est finalement pas se transplanter pour quelques minutes d'un continent à l'autre, qui la dérangera.