Nov 16, 2007 11:27
Alors voilà un autre devoir que j'avais à faire en Expression Française, dans le temps. Cette fois nous devions écrire un poème de 30 vers environ à partir du Concerto N°2 pour piano de Rachmaninov.
Il fallait y mettre du rythme, et s'inspirer de la musique.
Le mien est un peu plus long. J'ai eu 12,5.
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Et ce soir fut différent de tous les autres...
Un bal royal, comme fête de ses dix-sept ans
Séraphin promène un regard endormi sur tous ces courtisans
Il se plait à imaginer ce que peuvent penser ces gens là ;
Uniquement figurants à l'anniversaire du fils du roi.
Ses yeux se posent tout à coup sur quelques demoiselles,
Danseuses professionelles
Cachées sous des ailes de soie chatoyantes,
Chantent, sautent, tournent et virevoltent
Avant de s'évanouir dans un vol de colombes rouge-orangé
Séraphin sourit à son père, qui a tout fait pour lui plaire.
Mais son regard s'assombrit, embué par cette oppressante pensée :
Tu as tout. N'es tu pas heureux ?
Que te manque t'il alors ?
Qu reste t'il en ce monde qui ne t'ai pas touché ?
C'est quand on songe à l'abîme que le vide nous attire
Frêle créature blanche et duveteuse tombée des cieux
C'est la plus discrète, mais la plus remarquée, de toutes les entrées.
A chaque pas, Sélène d'Olympia dépose une plume translucide,
Perte obligée de fine pureté, preuve de l'oubli d'un monde souillé.
Un mal insupportable étreint le coeur princier
L'enfant comprend seulement qu'elle est ce qu'il attend.
Sans un mot, et en quelques soupirs, on quitte salle de bal, rires et souvenirs
Fuyons, tempes battantes, pieds dénudés, jusqu'au coeur de la forêt
Hiboux et feux follets accompagnent notre promenade nocturne
Le doux vent d'été glisse sur les feuilles qui frémissent !
Séraphin, entends-tu le chant de la lune ?
Nous sommes tous deux ses blancs enfants,
C'est à toi qu'elle adresse ce refrain envoûtant.
Sans un mot et en quelques soupirs, leurs corps se rapprochent, s'embrassent et s'unissent
oubliés d'un monde souillé
Sélène pleura quant elle plongea la lame de diamant dans le coeur de son amant
Elle comprit ce qu'elle raillait jadis : l'amour est plus fort que la mort.
Condamnée à haïr éternellement se vie d'injuste nettoyeur,
Elle arracha ses ailes d'ange de cette lame qui tua
Ainsi l'ange de la mort connu l'amour
et en fut vaincu
Le rideau tombe. Applaudissements, sifflements du public enthousiaste
Les acteurs réapparaîssent, souriants, fatigués, mais satisfaits
C'est une réussite. L'actrice principale sèche une larme qui roule sur sa joue,
Mais laisse une larme-lame rouge couler le long de son échine
Et ce soir fut différent de tous les autres...