Fandom : Good Omens (De bons présages)
Persos : Aziraphale et Crowley
Disclaimer : L'univers et les personnages appartiennent à Terry Pratchett et Neil Gaiman
Rating : PG - 13
Nombre de mots : 158, 221, 593, 206, 300, 191
Prompts : Perfect, Noel, canard, cuir, Queen, pudding, ordinateur, danse, arc en ciel, oreille, laine, arrosoir, mauve
Note : voici les règles qu'on m'a donné: "je te donne des mots alors et tu dois en utiliser deux par drabbles. Tu choisis les combinaisons que tu veux, et au mieux tu peux réutiliser un prompt deux fois max "
1 Crowley observait d'un air extrêmement dubitatif le pudding tremblotant devant lui. D'une cuillère tenue à deux doigts par le bout afin de conserver une distance de sécurité la plus importante possible, il appuya avec grande prudence sur l'élément alimentaire qui se mit à bouger avec une vigueur toute renouvelée.
« Uh, fit le démon.
Ce n'était pas tellement le produit en lui même qui le faisait réagir de la sorte. Quelques siècles passés en Angleterre lui avaient donné tout loisir de le découvrir. Il n'avait jamais vraiment été parfaitement convaincu de son caractère comestible cependant. Mais ce qui le faisait réellement hésiter était la provenance du produit. Aziraphale l'avait cuisiné. Oh, l'ange faisait du très bon thé et un excellent chocolat chaud mais pour autant que Crowley le savait il n'avait jamais rien fait de solide.
Ce fut alors que le démon remarqua que le visage de l'ange s'était décomposé au fur et à mesure de l’examen attentif. Il sentit ses oreilles rougir. Si Aziraphale avait franchi cette étape dans la confection culinaire, c'était pour lui faire plaisir. Crowley était plus que content avec les produits fins du Ritz ou des épiceries de luxe, mais la Principauté avait dû lire dans un de ses livres* que cuisiner soit même était une preuve d'affection ou quelque chose comme ça. Mais la lèvre du dit ange commençait maintenant à faire le même mouvement inquiétant que le pudding, aussi le démon prit son courage à deux mains et, sans prendre le temps de réfléchir, plongea sa cuillère dans la masse gélatineuse et la porta à sa bouche.
« Mmmmmh, fit-il en forçant un sourire qui s'élargit nettement après avoir fait miraculeusement disparaître ce qu'il avait en bouche.
L'expression enchantée de son ange en valait la peine.
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* : depuis qu'Adam avait refait sa bibliothèque, l'ange avait quelque peu diversifié ses lectures, se mettant notamment aux livres de conseils et de développement personnel que le jeune Antéchrist avait du voir sa mère lire
2 James. Un très bon nom. Qu'on pouvait trouver dans celui d'une bible, dont Aziraphale possédait bien sûr une première édition. Mais aussi dans celui d'un parc, où il se trouvait à l'heure actuelle et qu'il appréciait beaucoup. Après y avoir nourri les canards, comme à leur habitude, Crowley et lui avaient décidé d'un petit pique-nique sur la pelouse, où ils avaient dégusté des petits sandwichs au concombre, et du très bon vin. Aziraphale était très fier de ses petits sandwichs au concombre, il était devenu plutôt doué pour les faire, s'il pouvait se l'avouer. Même son ami était d'accord, qui avait même déclaré qu'ils étaient encore meilleurs que son pudding. Cependant, ça faisait longtemps qu'ils avaient disparus, et depuis une heure, le duo se passait de bonnes bouteilles.
C'était vraiment un monde sublime, songea l'ange, en admirant les derniers reflet du coucher de soleil et sirotant un grand Bordeaux. Quelle joie qu'ils aient été capables de le sauver.
3 Chaud. Il avait délicieusement chaud. Doux. Et frais. Sa joue était sur quelque chose de doucement, agréablement frais. Il prit une grande inspiration, qu'il avait l'intention de faire suivre par un soupire de contentement, et ses narines furent envahies d'une merveilleuse odeur de cuir. Uh ? Pourquoi donc du cuir ? Son oreiller était en coton blanc, pas en cuir. Intrigué, il se dessoûla miraculeusement (mais seulement à moitié) et ouvrit un œil. L’intérieur de la Bentley. Mais nulle trace du ronronnement du moteur. Et à la fenêtre un paysage immobile. Immobile mais connu, ils étaient garés devant sa librairie. Étrange.
Puis, Aziraphale réalisa brusquement quelque chose. Ce n'était pas le solide cuir patiné des sièges de l'automobile qui lui servait de coussin, mais la fleur d'agneau du blouson de Crowley. Uh.
Il se redressa alors, regardant le visage aux hautes pommettes et aux fiers yeux jaunes.
« Que se passe t'il ?
- Eh bien, tu dormais si bien, je ne voulais pas te réveiller mon ange.
- Oh, c'est gentil, dit-il avec un sourire que de mauvais esprits auraient qualifié de niais. Puis, il remarqua qu'à l'est, le ciel se teintait de mauve.
- Mais... depuis combien de temps sommes-nous là ? s'exclama il.
Les hautes pommettes du démon se colorèrent légèrement et il détourna ses fiers yeux jaunes.
4 Crowely, étant un démon, n'aurait pas dû être du genre à célébrer Noël. Cependant, les gens rendus fous par la pression des courses, l'avarice, la jalousie et la mesquinerie qui envahissaient la période des fêtes le rendaient suffisamment à l'aise à l'idée de faire quelque chose pour l'occasion. C'étaient, au moins, de bonnes excuses. Aussi, comme il en avait prit l’habitude depuis quelques décennies, il dînait en compagnie d'Aziaphale. Sauf que cette fois, ce n'était pas au Ritz, ni même dans l'un de ces autres établissements luxueux. C'était dans le petit appartement au dessus de la librairie de Soho. L'ange (ses bouquins de développement personnels soient maudits bénis blâmés) avait décidé qu'ils feraient un repas préparés par eux même, et avait en effet eu la ferme intention de mettre Crowley à contribution aux fourneaux, avant de le bannir à vie de la cuisine. Cependant, une fois les conséquences de l'Accident De La Dinde miraculeusement réparé, et un repas festif digne de ce nom posé sur la table, les deux amis se regardaient par dessus leurs assiettes pleines.
« Tu ne manges pas ? demanda l'ange.
- Toi non plus, se défendit l'autre.
- Oh, eh bien, comme tu es l'invité, il me semblait seulement plus poli de t'attendre.
- Très bien, mangeons ensemble dans ce cas.
- Bien.
- Bien.
- Bien.
S'observant attentivement, ils prirent chacun une fourchette de nourriture, qu'ils portèrent lentement à leurs lèvres sans se quitter un instant du regard. La mirent en bouche. Mâchèrent. Lentement. Les yeux dans les yeux. Avalèrent.
- C'est... commença Crowley. Intéressant, conclut-il en détournant un peu les yeux.
- Mh, fit Aziraphale, dépité. Ce n'est vraiment pas très bon.
Un ange passa, ou plutôt, resta assis, mais avec l'air assez déçu. Crowley senti ses entrailles se nouer, et il avait mangé trop peu de viande pour que ça en soit la cause. Il prit une inspiration et transforma miraculeusement le repas en un menu de Noël complet du Ritz*.
- Tu sais mon ange, c'est n'importe quoi ce qu'il y a écrit dans tes livres. Les repas cuisinés à la maison n'ont aucun intérêt, autant manger quelque chose de bon. Ni toi ni moi ne sommes doués en cuisine, et alors ? On a sauvé le monde non, c'est bien plus important. Ce qui compte, c'est qu'on le partage ensemble ce repas.
- Je suppose que tu as raison, soupira Aziraphale, en jetant un œil appréciateur aux tournedos de thon rouge. Cependant, tu te trompes sur un point, il y a bien des choses pertinentes dans mes livres.
- Vraiment ?
- Oui. Vois-tu, j'ai bien réfléchis et tout indique - vraiment, j'ai comparé avec ce que disent mes livres, tout concorde - que notre relation a dépassé le stade de la simple amitié vers quelque chose de plus profond. Or, continua l'ange, ignorant son interlocuteur qui avait ouvert la bouche pour intervenir, si nous voulons franchir le pas, et agir selon nos inclinaisons, cela ne peut évidement pas venir de toi. Si je te laissais me tenter et que je succombais, je serais vraiment en très mauvaise posture. La conclusion logique à tout cela est donc bien sûr que je dois faire le premier pas. Te tenter, si tu veux.
- Uh.
Sur ces mots, Aziraphale se leva, lissa d'une main les plis de la laine de sa veste** , et se dirigea vers le démon.
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* : celui servit le 25 décembre 1981 pour être précis, le favori de Crowley
** : d'un sublime tartan mauve, choisi spécialement pour l'occasion
5 Se dirigeant vers l'autre coté de la table, il appuya sur le bouton de la chaîne hi-fi*, relâchant la musique endiablée d'un rock de Queen**. Puis il s’arrêta devant Crowley et lui prit la main, le faisant se relever. Et entreprit de danser.
La danse, on le sait, n'était pas le fort des anges, à l'exception d' Aziraphale, qui quand il décidait d'apprendre à danser finissait par y arriver. Il avait prit des leçons de rock'n'roll depuis environ un mois, et se débrouillait d'une façon qui laissait à penser qu'à ce rythme, il finirait là aussi par être un danseur potable quand cette musique serait passée de mode.
Le talent de son partenaire était cependant la dernière chose dans l'esprit du démon. Celui-ci était encore en train d'essayer de procéder les dernières informations. Puis les lèvres de l'ange entrèrent en contact avec les siennes et il ne pensa plus à rien du tout.
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* : offert par Crowley, qui lui avait expliqué qu'étant donné le temps qu'il passait dans le petit appartement, il pouvait bien y amener un peu de confort moderne
** : d'une cassette prise au hasard dans la voiture du même Crowley. Sur l'étiquette on pouvait lire ''apprenez l'espagnol en deux semaines''
6 Anthony J. Crowley possédait bien sûr un ordinateur. À vrai dire, il avait même aidé à financer un jeune californien très entreprenant qui voulait en vendre* dans les années 70. Il ne s'en servait pas, c'était bien trop infernal, même pour lui, et l'avait pour ainsi dire presque oublié quand Aziraphale lui posa la question.
« Uh ?, fit-il, très intelligemment, en relevant la tête du pot de fleur qu'il arrosait avec soin.
- Mon cher, je te demandais à quoi te servait cette machine, reprit l'ange sans s'offusquer le moins du monde d'avoir à se répéter. Il était, après tout, bien installé dans le canapé et trouvant assez attendrissant le soin que le démon portait à ses plantes.
- Oh. Et bien à rien en fait. Il va juste bien avec cet appartement, voilà tout.
- Vraiment, demanda Azirapahle en fronçant les sourcils. Mais cet endroit est si froid, si impersonnel... Les seules choses qui semblent recevoir de l'amour ici sont ta collection de musique et tes plantes.
- Mon ange ! S'exclama le démon, horrifié. Ne dis pas ça à haute voix, voyons, elles pourraient t'entendre ! Je n'aurais plus aucun respect de leur part, conclut-il lugubrement en faisant la moue.
- Tt, émit l'ange en secouant la tête. Je ne vois vraiment pas pourquoi tu restes encore ici.
- Comment ça ? Mais où donc voudrais-tu que j'aille alors, demanda Crowley, sincèrement perplexe.
- Et bien, tu pourrais t'installer chez moi, c'est là que tu passes le plus clair de ton temps désormais, de toutes façon.
Le démon en lâcha son arrosoir.
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*: la seule influence sur le produit avait été son prix ainsi que les nom et logo de la firme. Il recevait toujours des récompenses régulières chaque année depuis de la part de l'Enfer
7 Alors qu'il traversait Soho avec Aziraphale pour aller de la librairie de celui-ci à un restaurant chinois qui venait d'ouvrir, et où avaient-ils entendu dire était servi de l'excellent canard laqué, Crowley se fit remettre un papier publicitaire par un jeune homme enjoué qui lui fit un clin d'oeil. Avec un dressement de sourcil qui ne se vit pas derrière ses lunettes de soleil, le démon examina la feuille aux couleurs de l'arc-en-ciel vantant un night-club The Perfect Ganymede. L'ange, curieux, et un peu éméché après les libations faites plus tôt dans l’après-midi, essaya de lire par dessus son épaule, et, gloussant, proposa qu'ils s'y rendent plus tard dans la soirée, flatté d'avoir été ainsi invité dans un endroit hype par un jeune.
« Tu n'aimerais pas la musique, mon ange, lui dit Crowley, qui avait d'autres plans pour la soirée, en souriant.
- Oh, fit Aziraphale en fronçant les sourcils. Du Bebop.
Lui passant son bras autour de sa taille pour le stabiliser, le démon éclata de rire, heureux et profondément satisfait. En accord avec l’univers. Après tout, si on y pensait, tout cela devait faire partir du plan ineffable.