Titre : Le Noël d’un solitaire.
Auteur : Katel Belacqua.
Fandom : Nodame Cantabile.
Perso et Pairing : Chiaki/Nodame, et toute la clique habituelle.
Rating : G.
Disclaimer : Heureusement qu’ils ne sont pas à moi… !
Thème : 01. L’invité surprise.
Nombre de mots : 1146 mots. C'est looong.
Note de l'auteur : Si vous ne connaissez pas ce manga, drama ou anime, ruez-vous dessus, c’est drôle, léger, touchant, décalé, prenant, génial, et un des épisodes spéciaux se passe à Paris (et oui !). Avec ce truc… c’est Noël toute l’année !
Le Noël d’un solitaire
Afin d’éviter tout malentendu, et d’épargner à Nodame la peine de lui faire goûter ses expériences culinaires, pompeusement appelées « gâteaux de Noël », Shinichi Chiaki avait averti à l’avance son envahissante voisine qu’il passerait le réveillon seul.
Il pouvait déjà voir le tableau : une bouteille de vin, un CD de classique, certainement l’enregistrement d’un orchestre dirigé par son idole, Sebastino Vieira, du riz arrosé de sauce soja et une bûche surgelée pour tout menu, bûche qui traînait dans le congélateur depuis un certain temps. Depuis que sa mère l’y avait mise, avant de décider d’aller au restaurant en famille, pour être exact. Et si jamais Nodame pratiquait son activité préférée, à savoir entrer chez lui sous n’importe quel prétexte et se faire offrir le repas, il en avait suffisamment pour deux. On ne pouvait pas le prendre au dépourvu cette fois.
Ce ne fut pas une surprise, la sonnette retentit dans l’appartement à dix-huit heures quarante-sept. Poussant un soupir résigné, Chiaki se releva, mit la musique sur « pause » et alla ouvrir la porte. Fallait-il préciser que c’était sa voisine ?
- Nodame…, gronda-t-il d’une voix peu engageante.
- J’ai pensé que Chiaki-sempai allait s’ennuyer tout seul, alors Nodame est venu fêter Noël avec lui !
La jeune fille s’était mise sur son trente-et-un, ce qui faisait qu’elle était hideuse. Les deux taches roses sur ses joues ressemblaient à des coloris d’enfant, le rouge à lèvres était trop foncé, elle avait des barrettes criardes, bleu fluo, qui retenaient ses mèches désordonnées - à quand remontait son dernier bain ? - et elle portait un débardeur vert pomme sur un sous-pull blanc, avec une jupe fuchsia. Certes, elle savait que le vert et le rouge étaient les couleurs du Noël européen que prisait Chiaki, qui avait été élevé là-bas. Mais ce vert… et ce… cette couleur entre le rouge, le rose et le violet… Devait-il lui dire qu’il n’avait aucune affinité avec le Brésil ? Et que ses couleurs tape-à-l'œil lui donnaient à penser que même ses robes informes lui allaient mieux ?
Il était trop poli, trop bien élevé pour formuler tout haut ses blessantes remarques. Et bien trop fatigué, en prévision de la longue soirée qu’il aurait à la supporter.
- Nodame, je passais Noël seul, lâcha-t-il, espérant vainement lui faire entendre raison. Etait-il tombé si bas qu’il en venait à attendre le fameux miracle de Noël ?
- Chiaki-sempai est triste. Nodame le sait, parce que Nodame a entendu la musique très très fort, comme quand il a besoin de réfléchir pendant longtemps ! Chiaki-sempai aurait pu jouer du piano, ça aurait fait un beau cadeau à Nodame… Mais Nodame a compris le message de Chiaki-sempai : « Viens chez moi, c’est moi ton cadeau »…
Et elle lui décocha une œillade prétendue aguicheuse.
Chiaki se demanda soudain ce que les voisins penseraient s’il se mettait à hurler au viol. Pauvre de lui, ils croiraient sans doute à une plaisanterie, sans compter qu’ils étaient sûrement ailleurs pour fêter le réveillon…
L’étudiant soupira donc et ouvrit la porte en grand.
- Entre. Mais n’espère rien de moi.
- Nodame sera sage comme une image.
Il en doutait fort. Particulièrement en la voyant lancer un « Gyabooo ! » ravi tout en se ruant à l’intérieur. Enfin… juste elle, c’était un moindre mal. Il saurait la contrôler ou, à défaut, l’attacher dans un coin. Ou à la forcer à pratiquer des exercices sur le piano, jusqu’à interpréter la partition sans aucune fausse note. Elle craquerait la première.
~ * ~
Chiaki eut un avant-goût de l’enfer. En l’espace d’une demi-heure, la sonnette d’entrée retentit dix-sept fois. Dix-sept. Plus qu’en un mois. Cette peste de Nodame avait invité tout le monde dans son appartement. Seize musiciens, de différents niveaux de l’académie de musique, envahirent son chez-lui. La dix-septième personne, qui passa en fait entre le numéro treize et le numéro quatorze, s’avéra être un passant, intrigué en voyant tant de joyeuses personnes défiler dans l’escalier. Chiaki lui fit comprendre le plus poliment du monde, mais avec un manque de patience évident, que tout allait très bien et qu’il s’agissait d’une fête privée et surprise.
Surprise. Une très mauvaise surprise, cela allait sans dire. Il se retrouva à faire le service, à sortir du placard tous ses crus cachés, à recharger plusieurs fois la machine à riz… Qu’il était loin, son Noël en solitaire.
Il y avait Mine, qui buvait plus que de raison et disait à tout va que son père cuisinait encore mieux que Chiaki, quoique l’apprenti chef d’orchestre se défende « pas mal », Masumi, en pâmoison devant son idole, le cœur tout palpitant d’émotions, tellement empoté qu’il était incapable d’aider, Sakura, dont la famille n’était plus dans le besoin et qui respirait la santé et la joie de vivre, Saiko, hautaine mais amusée de voir son ancien petit ami empêtré avec tous ses invités… L’idée de l’assister ne sembla pas l’effleurer. Et tant de gens encore. Chiaki lui-même s’y perdait. Et maudissait intérieurement Nodame, qui entraînait catastrophe sur catastrophe dans sa vie.
- L’année prochaine, je vais à l’hôtel, marmonna-t-il en allant chercher une bouteille de champagne français à la cuisine.
Ce n’était pas forcément une bonne idée : Nodame l’avait, semblait-il, muni d’un traceur et savait toujours où le trouver. Particulièrement quand il ne voulait pas l’être. Elle prétendrait être sa petite amie, obtiendrait un passe à la réception, prendrait d’assaut l’hôtel… Elle était capable de tout.
Si encore elle avait été la seule invitée surprise… Mais non, toute l’école devait être là pour l’embêter ! Dix-sept invités en tout, en la comptant, seize de trop dans cet appartement qui était pourtant des plus confortables !
~ * ~
A deux heures vingt-trois du matin, enfin, le dernier convive partit. Chiaki poussa un soupir de soulagement et s’effondra par terre, près de la stéréo qui aurait dû diffuser l’orchestre dirigé par Vieira. Il ferma les yeux et laissa la fatigue avoir raison de lui. Très vite, il somnola.
Il avait cependant oublié quelqu’un. Son envahissante voisine, qui estimait qu’il était de son devoir de maîtresse de maison de rester encore un peu. Avec un regard attendri, elle regarda le jeune homme dormir à même le sol. Il était mignon quand il relâchait les expressions de son visage. Si mignon que… Oui, elle avait envie de l’embrasser.
Chiaki la sentit venir. Au propre comme au figuré. Urk, ce parfum… Pourtant il la laissa faire. Elle s’était somme toute assez bien conduite ce soir. Il pouvait bien lui offrir un cadeau de Noël qui, en plus, ne lui aurait pas coûté un yen, cela ne l’engageait à rien.
Nodame se pencha vers lui et embrassa Chiaki sur la joue. Toute excitée, elle s’éloigna en sautillant, piaillant, lançant des « Mukya ! » entourés de cœurs.
De sa place, Chiaki sourit. Bah, du moment que ça la rendait heureuse…
FIN