(no subject)

Nov 07, 2007 00:54



« Expelliarmus! Expelliarmus! » criait Severus, le magicien trahi, baguette pointée sur l’étrange figure féminine qui se détachait sur l’horizon. Elle avait un arc presque aussi grand qu’elle. La main droite maintenait la flèche, de la gauche elle bandait l’arme. Une détente des doigts, et deux pouces de métal s’enfonceraient dans le cou du sorcier…

Il porta machinalement la main vers son visage et sentit la plaie béante sous sa joue, au niveau de la jugulaire… le sang ne coulait pas, ne coulait plus. Il était donc…

« Donne-moi ce parchemin, étranger, et Kriss de Valnor ne te fera pas de mal, » dit la femme.

Parchemin ? quel parchemin ? Severus baissa les yeux et vit un feuillet aux contours irréguliers à ses pieds. L’objet, la femme et lui-même semblaient former les seuls contours visibles dans un univers… vide. Blanc. Indistinct. Etrange. Une chambre des secrets sans murs.

Il se baissa et saisit le parchemin. Il y avait une inscription dessus… des caractères étranges.

« Ce ne sont pas des runes, » fit-il.

La femme s’approcha de lui en quelques enjambées, malgré la distance qui les séparait, et lui arracha le parchemin des mains.

« Ceci, imbécile, est la clé de notre salut. »

Severus ne comprenait pas. « Mais je suis mort. Sommes-nous en enfer ? J’imaginais qu’il ferait plus chaud… »

Il avait aussi compté sur quelques belles filles - après tout, ce sont les laiderons qui n’ont guère l’occasion de pécher que l’on retrouve à la droite de Merlin - mais son instinct lui disait que cette Kriss de Valnor ne le prendrait pas de cette oreille.

« Nous sommes coincés dans l’entre-deux-mondes. Pour quelle raison, je l’ignore. Mais ce parchemin ne peut être qu’un signe des Dieux… »

Severus tendit la main pour ce réapproprier cet étrange objet. Il effleura les doigts de la jeune femme…

WHAM !

Un troisième larron apparut de nulle part. Il était grand, mince, et son torse nu laissait entrevoir des muscles longs et fermes.

« Je vous demande pardon, » dit-il, « mais il me faut ce parchemin. C’est une question de vie ou de mort ! »

« Mais pour nous aussi, » répondit Severus, bougon.

« Je peux vous payer, ajouta-t-il. Cher. C’est la loi du dollar… »

Valnor plissa les paupières. « Le tarif, c’est deux wagons remplis d’or. »

« Topez là, » répondit l’inconnu.

Avant que Severus n’ait pu réagir, il tendit lui aussi la main vers le parchemin…

WHAM ! Entendirent-ils de nouveau.

Un jeune homme apparu à son tour. Il était vêtu d’un simple pantalon en jean et d’une veste de cuir. Sur sa tempe droite, ses cheveux avaient blanchi en un point, grand comme une pièce de cinq francs.

« Le développement narratif est plutôt faible, nous voilà déjà avec une répétition, » commenta Severus.

« Ne touche pas le parchemin ! s’écria Kriss. Il n’y en aura pas pour tout le monde ! »

« Commence par apprendre à te servir de cet objet, » intervint une grande femme blonde apparue de nulle part.

« Qui es-tu ? » interrogea Kriss, sur la défensive.

« Margrit Feldhof Steenfort, pour vous servir. Le Créateur m’envoie avant que vous ne fassiez apparaître davantage de personnages. J’ai été la maîtresse de beaucoup avant de devenir celle de l’orge, voyez-vous, on me fait donc confiance en haut lieu pour me faire obéir… »

« Trop tard ! » intervint une troisième jeune femme, toute aussi accorte que les précédentes, et comme elles apparue sans l’ombre d’un contexte dans le déroulement linéaire de la narration. Dès qu’on sort des BDs, tout fout le camp, ma bonne dame. « Major Jones, pour vous servir. Maintenant filez le parchemin à XIII avant que je ne vous descende tous. »

La lourde mitraillette qu’elle portait sous le bras prêtait quelque force à ses propos, et le dernier jeune homme s’empara de l’étrange objet sans davantage de discussions.

« Ne vous inquiétez pas, dit Margrit aux autres personnages. Avec nos Créateurs, les blondes sont toujours gentilles et les brunettes les méchantes qui perdent à la fin, elle n’a donc aucune chance… »

« Détrompez-vous, rétorqua la jeune noire. Je fais partie du contingent Affirmative Action de l’américanisme Van Dammien : je suis et gentille et insubmersible - littéralement, ils m’ont fait couler avec la blondasse et voyez donc qui de nous deux a survécu… »

Les protagonistes prirent un instant pour digérer l’information. Mais Mevrouw Feldhof-Steenfort en avait vu d’autres.

« Vous voulez tous sortir de ce purgatoire pour séries laissées incomplètes, reprit-elle. J’en sais quelque chose, nous avons bien failli y passer nous aussi, mais les pressions éditoriales ont fait que… enfin. Le Créateur aimerait vous garder à tous jamais dans cet état, et sortir un non-album par an pour mettre du beurre dans les épinards ; mais il aimerait aussi faire sortir ce parchemin dans le monde réel. Il doit parvenir à une certaine personne… »

Les questions fusèrent. A qui ? Comment trouveraient-ils la bonne personne ? Et, enfin, que signifiaient ces mots ?

« Lady S. - Shania Rivkas - devrait pouvoir vous traduire ça. Mais là n’est pas la question. Vous devriez vous concentrer sur le parchemin lui-même, et non sur votre propre évasion. Allez-y, doucement… »

Ils se concentrèrent, ce qui eut, en ce qui concerne la gent masculine, le mérite de faire ressortir la beauté sobre et fascinante de leurs traits stylisés. Le monde autour d’eux bascula ; la blonde Margrit s’effaça lentement dans l’arrière-plan. Ils survolèrent la planète, le zoo de Vincennes où se promenaient quelques pères Noëls en mal de pigeons, et atterrirent devant un restaurant parisien.

Severus tâta son cou. De blessure béante, point. Tout juste une cicatrice… Hermione, songea-t-il. Hermione avait du songer à lui administrer un contre-poison quelconque. Parmi tous les protagonistes de cette affreuse dernière bataille, elle seule en était capable. Il allait la remercier de ce pas, décida-t-il. Un coup de baguette le transporta à Londres…

« Allons boire un coup, » dit Jones, soudain lasse de suivre l’énigmatique XIII partout.

« Volontiers, répondit Kriss qui sentait là une bonne occasion d’embaucher un nouvel acolyte. Na zdorovié, Shaniouchka ! »

Le parchemin les avait ramenées chez les vivants ; elles ne chercheraient pas à découvrir sa signification. Elles entrèrent dans le restaurant et se plongèrent derechef dans la carte des vins sans même un regard pour les bières. Margrit était déjà oubliée : tournées vers l’avenir, elles songeait déjà à débusquer cette Lady S. pour hold-up et plus si affinités.

Le monde réel leur appartenait désormais !

« La mission n’est pas finie, dit Largo, qui avait froid, torse nu en cette nuit de Novembre. Entrons dans cet appartement nous réchauffer… »

« Excellente idée, » répondit XIII.

Ils rentrèrent, et l’impératif narratif qui jusqu’ici s’était tu s’imposa soudain à eux avec toute la force qu’une auteure en mal de développements psychologiques peut apporter à un récit qui touche à sa fin. Il leur fallait se déshabiller, leur souffla la narratrice omnisciente, et se présenter, nus comme au jour de leur naissance, devant la chambre de celle qui serait désormais leur seule raison de vivre. Leurs corps étaient parfaits comme seuls peuvent l’être les concepts éthérés sortis tout droit de l’imagination d’un pervers. Bientôt ils furent réduits à leur plus simple appareil, sans autre ornement que le fameux parchemin sur lequel on pouvait lire :-

La mulţi ani, duniazade !

Ils vécurent tous les trois très heureux et eurent beaucoup de petites fanfics.

xiii, fwanssoué, thorgal, fic, crossover, lady s, largo winch, les steenfort

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