Lectures de décembre

Dec 30, 2024 22:26

Que du bon ce mois-ci !


"Pony", par R. J. Palacio
Roman jeunesse, environ 320 pages. Silas Bird a douze ans quand des criminels viennent chercher son père de force, et il décide de partir le chercher. Il sera aidé par Mittenwool, un fantôme qu'il connaît depuis l'enfance, par un poney qui appartenait aux criminels mais qui s'est échappé, et par un très vieux marshall qu'il rencontre dans la forêt.
C'était vendu par la couverture comme un roman d'aventures - et les quelques scènes d'action sont sympa, mais il y a peu de péripéties - et comme une histoire d'amitié entre un petit garçon et son poney - et même si le poney est cool, je ne l'ai pas trouvé si émotionnel. Non, ce que j'ai aimé, c'est le réalisme magique, les histoires de fantômes, et en général des marques que laisse le passé, que ce soit les ruines de la guerre, la figure de Lichtenstein sur le dos d'un petit garçon frappé par la foudre, la photographie, ou le passé d'un père caché et d'une mère morte. Est-ce que ces parallèles sont subtils ? Non, c'est de la littérature jeunesse (et les notes de fin, sur la recherche historique, rendent les choses encore moins ambiguës), mais ils marchent très bien, et j'aime l'ambiance que ça crée. Ensuite, je suis biaisée, je suis dans une phase histoires de fantômes.
8/10


"Oeuvres II", par Alejandra Pizarnik
400 pages, princialement de la poésie, les oeuvres posthumes d'Alejandra Pizarnik. J'ai beaucoup aimé la poésie et les poèmes en prose, un peu moins la réédition "La terre la plus étrangère", de son premier recueil qu'elle a renié (mais c'est normal ! au moins je comprends pourquoi !) et pas du tout "Les perturbés dans les lilas" la pièce de théâtre, mais j'ai des attentes différentes pour le théâtre et la poésie.
Passons à la partie que j'aime, maintenant ! Certains projets jamais finis, d'autres qui sont juste de la poésie écrite au jour le jour et pas perturbée. Les thèmes sont durs ; on reconnaît la sensibilité d'une femme qui pense toujours au suicide, même dans les moments de bonheur, et qui en général est vivement consciente d'être une "perturbée", et cela prend aux tripes.
La vie sexuelle est abordée de manière crue. On retrouve aussi des images obsédantes, parfois associées à l'enfance mais pas toujours, les poupées et leur perfection terrifiante, une réécriture personnelle d'Alice au pays des merveilles.
8/10


"Histoires de fantômes du Japon", textes de Lafcadio Hearn illustrés par Benjamin Lacombe
Un peu moins de 200 pages, principalement des histoires courtes avec des fantômes ou des yôkai du côté effrayant. Il y a aussi une préface sur Lafcadio Hearn (qui est dans le domaine public, l'argument de vente du livre est très clairement les magnifiques illustrations), et quelques bonus, comme la reproduction d'un genre de jeu de l'oie japonais, avec des yôkai sur les cases.
C'était chouette, et très joli, mais je crois que j'avais déjà lu toutes les histoires, qui sont bonnes mais ne sont ni nombreuses, ni longues, ni originales (en particulier justement parce qu'elles font partie des premières histoires de fantômes japonais importées en occident).
8/10


"The Tyrant Baru Cormorant", par Seth Dickinson
Roman, environ 750 pages. J'avais raison quand je disais que j'avais l'impression que ça s'interrompait en plein milieu après le tome 2 ; pour le coup les 2 et 3 forment une histoire complète. Mais je comprends pourquoi on ne pouvait pas trop faire "voilà un tome 1 de 400 pages et un tome 2 de 1400 pages". Et pour le coup je doute sincèrement de la capacité de l'auteur à finir en un tome, ça en fera certainement encore deux.
J'aime toujours beaucoup comment sont écrits tous les personnages, avec Baru qui oublie souvent qu'ils ont leur vie personnelle et que ce ne sont pas des acteurs logiques, mais la narration, elle, ne nous laisse pas l'oublier. Les alliances temporaires entre espions contre d'autres espions sont exactement ce que j'aime, l'auteur sait utiliser tous les personnages à tout moment, et les thèmes des différences de culture et du colonialisme sont abordés toujours avec à la fois beaucoup de finesse et pas de subtilité du tout.
J'aime beaucoup le cadre entre fantasy et sf, avec un monde où la biologie est juste légèrement différente, où certaines maladies peuvent être vues comme de la magie ou de la science-fiction selon la façon de le voir, l'obstination de Baru à tout expliquer par la science, avec l'ambiguité sur si c'est l'effet de sa personnalité ou si c'est un effet de son éducation colonialiste. Mais parfois elle s'arrête pour parler des fonction de hash ou pour faire des théories sur pourquoi l'homosexualité survit à travers les générations si c'est un trait héréditaire qui entraîne pas de reproduction... et ça lui va bien.
Mes quelques minuscules complaintes : trop de fois où on croit qu'un personnage est mort et où il survit de justesse (même si cela donne aussi des passages intéressants sur le fait de vivre avec un handicap), et Baru est en train de faire son deuil de Tain Hu, ce qui est très sain, mais je ne veux pas de personnages en train de vivre leur deuil de façon saine, je veux des lesbiennes tragiques irréalistes. :D Deux choses qui seront des points positifs pour certains lecteurs, j'en suis certaine.
9/10

Progression : 104/52
"Risques de lecture" : Pony -> 52/26

(exactement deux fois plus que prévu ! :D )

Bonus :


"L'art et la création de Arcane", par Mana Books
Artbook, environ 400 pages. J'ai adoré la série, et je voulais voir à quoi ressemblait l'artbook. Il y a beaucoup plus de texte que ce à quoi je m'attendais, et à part quelques grandes planches de départ, les images sont plus petites. Mais il y en a aussi des inédites - des vieux chara designs rejetés ou du concept art - et surtout le texte explique la collaboration entre Riot et Fortiche, certains choix de scénario ou d'art, comment marchent les influences artistiques, le temps que tout cela a pris... c'était très intéressant.
8/10


"Capitale de la douleur - L'amour la poésie", par Paul Eluard
Poésie, environ 250 pages. Je suis presque sûre que je les avais lu quand j'étais ado, mais c'est difficile d'être sûre, vu que je apsse mon temps à voir passer Eluard dans des anthologies, donc bien sûr les poèmes me disent quelque chose !
Il faut dire que ce tome est un repère de phrases cultes. La terre est bleue comme une orange et La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur et Elle est debout sur mes paupières / Et ses cheveux sont dans les miens.
L'art de la formule est à son comble. C'est inspiré par le surréalisme, donc ce n'est pas tellement, je pense, recherché, ce sont juste les images qui coulent de lui naturellement. Bien sûr, la plupart de ces poèmes sont des poèmes d'amour.
Tous ces poèmes sont jolis et agréables à lire, même s'ils ne sont pas tous aussi mémorables. Mais aucun d'entre eux n'est mon obsession ; c'est à la fois plutôt quelques vers qui me fascinent, plutôt qu'un ensemble, une structure, une histoire. J'aime beaucoup, mais ce n'est pas un des auteurs qui me fascinaient ; sinon, je serais certaine de l'avoir lu !
8/10

fandom:baru cormorant, fandom:arcane, comm:50bookchallenge

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