Lectures de juillet

Aug 01, 2024 20:26


"Trois contes", par Gustave Flaubert
Recueil de nouvelles, environ 100 pages. La première, "Un coeur simple", est sur une femme de chambre qui devient obsédée par un perroquet. La seconde, "La légende de Saint Julien l'Hospitalier", est la vie du saint en question, et la troisième, "Herodias", est sur la more de Saint Jean-Baptiste après la bien connue danse des sept voiles.
Pour moi, le thème qui se dégage est l'interaction entre le sacré et le vulgaire. La servante est presque une sainte, mais blasphème quand elle prend le perroquet pour le Saint-Esprit, puis finalement n'avait pas si tort que ça. Saint-Julien finit par gagner la sainteté quand il abandonne une vie noble et embrasse les lépreux, dont la description n'est pas abstraite. Il y a sans cesse un contraste entre la vulgarité de la cour d'Hérode et l'histoire sainte dont elle est le prélude.
Flaubert écrit très bien. Bien sûr, il est connu pour ça.
Mais il se pense aussi au-dessus de procédés tels que "rendre les personnage sympathiques" ou "surprendre le lecteur", et au total, tant pis si ça fait de moi une béotienne, tout en voyant l'intérêt je n'ai pas accroché.
6/10


"La fiancée du dieu rat", par Barbara Hambly
Pour la catégorie "Published in the 90s" du bingo r/fantasy
Roman, environ 460 pages. Dans le Hollywood des années 20, Crysanda Flamande est une actrice célèbre fan de culture chinoise, et Norah est sa belle-soeur qui a les pieds sur terre à sa place (et aussi le personnage point de vue). Un ancien collier chinois volé par un adorateur se révèle maudit, et la marque comme la prochaine victime du Dieu Rat...
Si le but est de lire du fantastique, c'est un peu décevant. L'histoire aurait tenu en une nouvelle, pour la densité de révélations. Non, l'auteure a une passion pour le cinéma de l'époque et décrit le tournage d'un film dans les détails, avec beaucoup de recherche historique, et si certains évènements surnaturels se produisent, la plus grande partie est vraiment pour le plaisir du roman historique. Crysanda (Christine pour ses amis) (Chava pour sa famille) est aussi un personnage complexe, qui peut paraître déplaisant parfois - une actrice qui a des rôles parce qu'elle est très belle, mais qui ne sait pas jouer, qui aime la fête et la vie superficielle et suivre la mode, qui ne réfléchit pas beaucoup - mais à côté de cela elle a un grand coeur, une conscience professionnelle certaine, plus de lucidité sur sa situation qu'elle accepte de le montrer, et le fait qu'elle soit charismatique est bien montré par le livre.
La romance de Norah est un peu trop réaliste pour être captivante, sans obstacles majeurs, mais est mignonne quand même. La divinité chinoise maléfique n'est, heureusement, pas écrite de façon raciste (du moins pas de façon violente que je puisse percevoir, j'aurais besoin de l'avis de gens chinois), même si le résumé était un peu inquiétant. Au total j'ai trouvé ça très chouette !
8/10


"Nine Goblins", par Ursula Vernon
Pour la catégorie "Orcs, Trolls and Goblins" du bingo r/fantasy
Novella, environ 130 pages. La guerre entre les goblins et les humains fait rage, et à la suite d'un accident magique, la sergeante Nessilka et huit de ses goblins se retrouvent transportés en territoire ennemi. Avec l'aide d'un elfe vétérinaire bienveillant, ils doivent survivre, ne pas rencontrer trop d'humains, et espérer ne pas avoir encore trop d'accidents magiques (spoilers : un ne suffit pas).
J'aime beaucoup l'humour et les personnages, le scénario est sympathique aussi. C'était malheureusement trop court pour développer tout le monde, j'en aurais bien lu plus :-)
8/10


"Princess Floralinda and the Forty-Flight Tower", par Tamsyn Muir
Pour la catégorie "Alliterative Title" du bingo r/fantasy
Novella, environ 130 pages. La princesse Floralinda est enfermée au dernier étage d'une tour qui en compte 40 (tous les autres étages contiennent des monstres). Alors que tous les princes qui essaient de venir la délivrer tombent comme des mouches, elle comprend peu à peu qu'elle n'a pas d'autre choix que de prendre la situation entre ses mains. Aidée par Cobweb, une fée qui aime la chimie et n'a pas envie d'être là, elle entreprend de tuer les monstres elle-même, en commençant par le haut.
C'était très réjouissant pendant toute la tour, avec un petit côté jeu d'énigmes pour le donjon, comment utiliser au maximum le peu d'atouts qu'on a avec un brin de mad science grâce à Cobweb. Aussi, beaucoup d'humour pince-sans-rire et un peu méta, sur l'économie des donjons.
Mais pour la fin... disons que tout le long, disons que la princesse Floralinda doit faire des compromis moraux, et même si on s'attendait à une fin complexe, c'était encore plus déprimant que je pensais, et pas de façon qui m'a satisfaite, plutôt comme une baffe dans la gueule.
8/10


"Les clients du Bon Chien Jaune", par Pierre MacOrlan
Roman, environ 130 pages, je l'ai lu dans une collection jeunesse, mais je ne peux pas garantir que c'est fait exprès pour cela. L'auteur veut faire la version française de L'Île au Trésor, clairement. mais ça rend un peu moins bien, pour moi.
Le personnage principal est le fils d'un pêcheur breton qui se retrouve orphelin. Il est recueilli par son oncle, qui est receleur pour des pirates. Il a toujours rêvé d'être marin, aussi il s'incruste un peu, grâce à sa ruse, mais il en vient à regretter ses choix (l'histoire est racontée par le même personnage adulte, qui n'encourage pas la piraterie). C'était court, amusant à lire tout le long, mais ce n'était pas spécialement profond, et même les personnages qui sont frappants et vraiment cool en première apparition, comme Virmoutiers le vieux forçat qui sait tout faire ou Evangeline la chevalière, ne sont pas spécialement développés.
7/10


"Toad Words and Other Stories" par Ursula Vernon
Pour la catégorie "Five Short Stories" du bingo r/fantasy
Recueil de nouvelles réécritures de contes de fées, environ 110 pages. J'en avais lu quelques unes sur le blog de l'auteure, mais pas toutes, et il ne me manquait même pas que la longue réécriture de Blanche-Neige (avec des sangliers !) qui prend la moitié du recueil.
J'ai adoré la première, avec la fille qui crache des grenouilles, j'ai été très émue. Puis ensuite, j'ai moins aimé le procédé qu'elle utilise souvent, qui consiste à rendre un des personnages du conte (positif ou négatif, peu importe) antipathique sans nuances. Une fois c'est même rendu explicite : ne gaspillez pas d'empathie pour elle, vous avez mieux à en faire.
L'insistance sur les travaux quotidiens rend les contes plus ancrés dans la réalité, sans qu'on en perde le merveilleux. Souvent, aussi, avec un angle féministe. Ils étaient très bien, je ne veux pas me plaindre, j'ai juste préféré le premier !
8/10


"Les maths et la plume", par André Deledicq
Environ 60 pages, anthologie de textes littéraires sur le thème des mathématiques. Un extrait d'une page de livre, puis un article pour expliquer les maths qu'il y a dedans, avec quelques exercices en bonus, niveau concours kangourou, c'est-à-dire que ça ne demande pas beaucoup de connaissances préliminaires mais le niveau est quand même haut.
Des extraits de Stendhal, Dostoievski, Raymond Queneau, Arthur Conan Doyle... c'était bien fait, mais cela reste au niveau "intéressant pour ceux qui aiment le sujet" sans atteindre le "intéressant pour tout le monde"
7/10


"Contes des pays de neige", illustré par Adrienne Ségur
Environ 140 pages, recueil de contes. Les "pays de neige" sont la Russie (environ la moitié de contes russes), l'Allemagne (des contes de Grimm), et le Danemark (un seul conte d'Andersen, La Reine des Neiges). Malheureusement tous les contes ne sont pas centrés sur la neige, même s'il y en a environ un quart ; cela aurait été une thématique intéressante.
Les dessins sont très jolis et détaillés, mais pas le style que je préfère, les contes sont bien, mais j'en connaissais la plupart, et la traduction n'est pas celle que je préfère non plus. Donc c'était une lecture sympa, un livre qui pourra enchanter des enfants, mais pour moi c'était sympa sans plus.
7/10


"Les revenants", par Henrik Ibsen
Théâtre, environ 130 pages. Le fils artiste d'une dame de charité veuve revient à la maison. Sa mère voudrait qu'il ignore tout des débauches de son père, même si le secret lui pèse. Mais bien sûr le passé va les rattraper, et tous les revenants sont métaphoriques.
Beaucoup de réflexions sur l'hypocrisie sociale, sur à quel point un homme qui se dérange et une femme qui se dérange sont traités différemment. Des thèmes très durs : maladies sexuellement transmissibles, inceste, euthanasie. Une fin extrêmement déprimante, sans doute trop pour moi, et si j'avais vraiment aimé les personnages au lieu d'avoir juste de la sympathie.
7/10

Progression : 75/52
"Risques de lecture" : La fiancée du dieu rat, Nine Goblins, Princess Floralinda and the Forty-Flight Tower, Les Clients du Bon Chien Jaune, Les revenants -> 42/26
r/fantasy : 18/25

défi:reddit fantasy bingo, comm:50bookchallenge

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