Lectures de juin

Jul 01, 2023 09:15


"Le Bagne", par Jean Genêt
Le livre récapitule un projet de Jean Genêt qu'il n'a jamais pu finir, sur un bagne abstrait, dans un désert. Il y a une introduction d'une vingtaine de pages, puis environ 80 pages de pièce de théâtre (inachevée, seulement une esquisse du scénario et des dynamiques, écriture poétique), puis environ 150 pages de script de film (histoire complète, pleine de détails visuels, mais jamais filmée)
C'est une lente tragédie : Forlano, un nouveau détenu arrive au bagne, il est populaire, il est beau, son crime était remarquable. Il attire les passions. Certaines personnes vont mourir. Toutes ces passions entre hommes sont très chastes ; l'auteur est clair sur le fait que peut-être il y a du sexe, mais ici, ce n'est pas le sujet, on doit rester dans de l'érotisme sous-entendu. Qui est très puissant, je ne vais pas le nier.
A l'exception de Forlano, on ne parle pas des raisons pour lesquelles ces gens sont au bagne. le direction, elle, considère que c'est important. Eux sont en marge de la société, et tout le passé est oublié. Ils ont leurs propres rites, leurs propres interdits, leur propre culture. Même s'il y a une version film plus complète, pour moi la version théâtre marchait mieux pour l'absence totale de réalisme. Il n'y a pas de thèmes sociaux ici, seulement une tragédie, des fantasmes, des symboles.
"Si quelqu'un doit me juger, c'est [...] les autres forçats. Vous, vous pouvez juste m'abattre."
(Aussi la version théâtre est moins raciste, avec certains des gardes noirs guyanais qui ont des scènes entre eux et une vraie personnalité)
7/10


"Abhorsen" et "Nicholas Sayre and the Creature in the Case", par Garth Nix
Un roman et une novella, environ 350 + 100 pages. Le roman est le tome 3 de la série "Old Kingdom", dont j'ai déjà lu et commenté les deux premiers, Sabriel (qui est auto-contenu), et Lirael (qui est la première partie d'une histoire qui se termine ici).
Ce troisième tome a moins de développement psychologique et plus d'action que le second, alors que Lirael et Sameth ont trouvé leur voie, et y marchent résolument pour sauver leur monde.
Le livre fournit tout ce qu'on espérait niveau worldbuilding : enfin une visite complète du monde des morts, explication de la création du Vieux Royaume, révélations sur la nature de Mogget et aussi celle du Disreputable Dog. Qui sont toujours les persos les plus cool, d'ailleurs, j'ai rarement vu des compagnons animaux aussi réussis. Et tout le monde qui s'allie contre la destruction du monde ! Et Nicholas qui peut enfin être actif !
C'est toujours étrange, mais ça fait partie de l'originalité, de voir des humains avec de l'armement de Première Guerre Mondiale vivre juste de l'autre côté du mur.
Il y a au moins deux fois dans les bouquins où j'étais là, essayez d'empêcher que le pire arrive, plutôt que de vous préparer pour ! A part ça, j'ai trouvé le scénario bien fait. Je recommande la série ! (du moins ces trois premiers tomes, qui n'ont pas besoin de plus)
La nouvelle supplémentaire était sympa à lire, mais plus oubliable, principalement une transition pour passer au prochain tome (peut-être de la romance entre Nicholas et Lirael ?)
8/10 + 7/10


"Moscow but Dreaming", par Ekaterina Sedia
Recueil de nouvelles, environ 280 pages. Les nouvelles sont, en général, de la fantasy urbaine avec des thèmes russes (que ce soit ses mythes et légendes, la vie moderne russe, la vie des émigrés russes aux Etats-Unis, les blessures du communisme), même s'il y a des exceptions, écrites en général pour des anthologies thématiques. A part la Russie, un des thèmes dominants est la mort, et ce qui arrive après, pour les morts et pour les vivants. Aussi bien des histoires classiques de vampires ou de fantômes que "et si on pouvait capturer les mémoires des morts en les attirant avec de la bière" ou une ville fantastique où tous les morts deviennent des morts-vivants à la suite d'une malédiction.
Les sujets des nouvelles sont en général intéressants, l'écriture est sympa. Malheureusement, une partie des nouvelles se terminent volontairement sur une absence de résolution pour laisser toutes les portes ouvertes, et je n'ai pas vraiment apprécié cette partie-là.
La plupart des histoires sont aussi déprimantes, même s'il y a des exceptions.
7/10


"Ne tirez pas sur le naturaliste", par Gerald Durrell
Non-fiction, environ 230 pages. Gerald Durrell est un naturaliste qui a écrit plusieurs bouquins sur ses déboires avec l'étude d'animaux dans la nature, racontés avec beaucoup d'humour. Celui-là raconte comment il a tourné une série télé sur le sujet. C'est un peu le commentaire audio qui va avec la série, sauf que je n'ai pas vu la série.
Le sujet est les animaux sauvages qu'on peut trouver dans plusieurs milieux, que ce soit les forêts ou les haies d'Angleterre, les savanes d'Afrique, ou les récifs coralliens de Panama. Durrell décrit très bien, de façon qui utilise toujours des comparaisons pas vraiment poétiques, mais très efficaces pour donner une image mentale. De plus, en plus de rire de ses mésaventures et de tous les imprévus d'un tournage, on apprend beaucoup de choses sur les animaux, et de la façon qu'il souhaite, c'est-à-dire que cela donne aussi envie de voir ce qui se passe dans nos pays, et pas seulement dans les pays lointains. Par contre, la façon dont il décrit les êtres humains en tant que groupe me met parfois un peu mal à l'aise, ce n'est pas autant sa spécialité que les animaux (ou les humains décrits individuellement, qu'il raconte avec un charme certain)
7/10

Progression : 35/52
"Risques de lecture" : Le Bagne, Moscow but Dreaming, Ne tirez pas sur le naturaliste -> 25/26

fandom:sabriel, comm:50bookchallenge

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