"Romancero aux étoiles", par Jacques Stephen Alexis
Pour la catégorie "Un livre dont l'action ne se déroule pas sur votre continent" de bingo_livres
Un recueil de contes haïtiens. Le principe en est que le narrateur rencontre le vieil esprit du vent dans une grotte, et ils échangent les histoires, celles du vent plus traditionnelles, celles du narrateur plus modernes et littéraires, parfois plus proche du réalisme magique ou du fantastique que du pur conte merveilleux. Même si les thèmes et les structures sont différents, le style est toujours le même, très riche et coloré, et j'aime beaucoup, même si je peux comprendre ceux qui trouvent que c'est un peu répétitif et que cela rallonge des contes finalement simples.
La première histoire est un conte de trickster assez traditionnel. La seconde parle d'un esprit de la nature, Anne aux longs cils, mortellement blessée par une catastrophe naturelle (les considérations sur le changement climatique sont super-prophétiques pour un livre écrit en 1960. La troisième est une version beaucoup plus sombre de Rumplestiltskin, avec un mari qui battra sa femme tant qu'elle ne trouve pas son nom mais mourra si elle le trouve. La quatrième est la plus fantastique, c'est l'histoire d'une jeune fille changée en zombie le jour de son mariage. La cinquième raconte comment l'esprit du vent a aimé la reine Anacaona Fleur d'Or, héroïne historique de la lutte contre les espagnols. Puis on a la romance d'un chercheur de trésor américain et d'une gardienne de trésors taïno, l'histoire d'un malheureux qui a mangé un oiseau-de-dieu sans tenir compte de tous les bons conseils qu'on lui avait donnés, une histoire sur les buts secrets du roi des songes, et enfin une nouvelle assez noire sur le vieillissement dans la société des crapauds. J'ai trouvé les trois premières juste sympa, mais à partir de la quatrième, je suis entièrement entrée dedans, et quand les deux personnages, avant de se séparer, évoquent toutes les autres histoires qu'ils auraient pu raconter, j'étais terriblement frustrée, en mode pourquoi on ne les a pas ?
9/10
"Encore une chose", par Eoin Colfer
Pour la catégorie "Un livre en rapport avec le ciel et l'espace" de bingo_livres
Roman, environ 350 pages, la tentative de l'auteur d'Artemis Fowl de rajouter un tome 6 à la trilogie du "Guide du Routard Galactique". Je le dis tout de suite, j'ai été déçue.
Je n'avais pas énormément aimé le tome 5 de toute façon, je l'ai trouvé déprimant. Celui-là se contentre plus sur les aventures et moins sur les personnages en train de rater leur vie, mais il reste dans la continuité, et les personnages sont toujours en train de rater leurs vies. Ca n'aide pas. Ils sont beaucoup moins sympathiques qu'ils l'ont été, et certains parti-pris ont rendu les choses encore pire - j'ai détesté la nouvelle romance de Trillian.
En fait l'auteur respecte bien l'univers et l'esprit de Douglas Adams, il essaie le même genre de blagues, mais j'ai trouvé qu'elles fonctionnaient plus rarement. Le scénario marche pas mal, avec quelques petits twists à la fin, mais je n'étais pas là pour le scénario, plutôt pour l'humour et les personnages. Même la mythologie nordique, quoique là aussi utilisée sans que j'aie d'objections majeures, n'a pas réussi à me dérider. Dommage.
5/10
"Contes et légendes de la peur", par Gudule
Pour la catégorie "Un livre avec des monstres" de bingo_livres
Environ 180 pages, un recueil de quinze contes d'horreur. Gudule a écrit plusieurs compilations de contes sans rapport, et aussi des romans et des nouvelles d'horreur, et ce livre qui mélange plusieurs de ses forces m'a beaucoup plu.
Les nouvelles sont très centrées sur l'Europe et la France en particulier, mais cela ne les empêche pas d'être originales et bien choisies. Même la plus connue de toutes, celle qui a donné la chanson "Ils étaient trois petits enfants / qui s'en allaient glâner aux champs" est contée d'un point de vue inhabituel. Certains de ces contes sont des histoires de monstres, d'autres se concentrent sur les horreurs que les humains peuvent s'infligent les uns aux autres, toutes sont bien réussies, que l'ambiance soit de tragédie, de merveilleux sombre, ou de mesquinerie glauque, que la fin soit heureuse, terrible ou douce-amère. Je ne trouve pas les illustrations jolies, mais je dois leur reconnaître qu'elles sont vraiment horribles.
J'ai un gros faible sur l'origine des rats de Paris, pour le père Lustucru qui vole des têtes, et pour le chat tyran de Roumanie.
Par contre je suis frustrée parce que quatre de ces contes ont été réédités avec un cinquième original dans une collection avec de plus belle illustrations, et dans la catégorie forcer les gens à acheter deux fois la même chose pour un bonus, je trouve cela contrariant.
8/10
"Etienne de Polverel", par François Blancpain
Pour la catégorie "Un livre dont la couverture n'a que des lettres" de bingo_livres
Biographie, environ 230 pages en comptant les annexes. L'ambition de l'auteur est de montrer que lors de l'abolition de l'esclavage, Polverel n'était pas un révolutionnaire mou qui n'a aboli l'esclavage que pour suivre son collègue Sonthonax, mais qu'il était aussi idéaliste que lui, et aussi un réformateur à long terme plutôt clairvoyant. Pari gagné, le livre a réussi à me convaincre de cela, et présente des opinions claires, argumentées, et de bonne foi. Le tout est complété par des annexes utiles.
Par contre, j'ai d'autres problèmes avec ce livre. En premier, il raconte la révolution haïtienne en choisissant un classement thématique sur les actions des commissaires plutôt qu'un classement logique ou chronologique, et parfois ça m'a fait des noeuds au cerveau de comprendre ce qui s'était passé dans quel ordre exactement - et pourtant je connais un peu la période.
Ensuite, même si l'auteur connaît très bien l'histoire d'Haïti, il a parfois des lacunes sur l'histoire de la révolution française, et je trouve en particulier que sa façon d'appeler "partisans de Robespierre" des gens qui étaient effectivement du même parti mais lui étaient opposés personnellement et politiquement donne des idées fausses (et ce n'est qu'un exemple).
Et enfin, ce qui est très frustrant pour une biographie, il n'y a rien sur sa vie privée. Même sans sombrer dans le ragot, j'aurais aimé avoir des détails tel que les prénoms de ses parents, l'âge de son mariage et le nom de sa femme le nombre de ses enfants, ou au moins une mention qu'on n'en sait rien parce que les documents ont été perdus, mais là l'auteur choisit de négliger complètement cet aspect et de ne se concentrer que sur l'homme politique, à mon avis en excès.
5/10
"La ménagerie de papier", par Ken Liu
Recueil de nouvelles de science-fiction (beaucoup) et fantasy (un peu), environ 420 pages. Ce n'est pas une traduction d'un recueil existant, c'est compilé exprès pour l'édition française, avec les nouvelles qui ont gagné des prix et les nouvelles préférées de l'auteur. J'avais déjà lu "La ménagerie de papier", celle qui a gagné les prix Hugo, Nebula et World Fantasy, et elle m'avait beaucoup émue. Cela fait le même effet la seconde fois. Mais elle ne ressemble pas du tout aux autres, et la fantasy urbaine y est très légère, presque du réalisme magique.
On peut y dégager assez clairement des thématiques : les différences culturelles, l'importance des racines et de la mémoire, la dénonciation du mépris d'autrui et de l'impérialisme culturele, l'ambiguité face à la technologie, le conflit entre libre-arbitre et déterminisme...
J'ai été assez déçue par les premières nouvelles, dont beaucoup m'ont semblé trop se ressembler. Cela se passe dans notre monde à quelques années près, et là des extraterrestres/une nouvelle technologie arrivent et changent tout, et ce qui peut sembler positif au début a en fait des incomvénients cachés. L'auteur n'est pas forcément aussi prévisible que cela, mais il n'empêche que malgré les nuances et les ambiguités, je n'accrochais pas vraiment.
Mais en fait, je ne sais pas pourquoi, les nouvelles semblent avoir été rangées dans un ordre thématique (ce n'est en tout ca pas chronologique), et cela s'est diversifié ensuite. Outre "La ménagerie de papier", j'ai beaucoup plus aimé "Le golem au GMS", qui est très mignonne, mélange sf et fantasy, et dont le personnage principal est mon préféré de tout le roman (en général, j'aime comment l'auteur écrit les enfants). Puis "Le livre chez différentes espèces", qui n'a pas de scénario, décrit juste la façon dont différentes espèces d'extra-terrestres inventés conservent les connaissances, et que j'ai trouvé fascinante d'inventivité. "La plaideuse", mais ça se sont aussi mes goûts personnels : un mélange d'enquête et de fantasy qui se passe en Asie dans une ville où les cultures se mélangent, avec une héroïne intelligente, cela ne peut que me happer même sans concept profond.
Et enfin les quatre dernières qui, tout en ayant un sujet commun - l'humanité quitte la terre pour établir une colonie autour de l'étoile 61 Virginis - et un thème commun - les différences culturelles et générationnelles - réussissent à me donner une impression de diversité dans la variation beaucoup plus grande que celles du début.
7/10 (de 5 à 9 selon les nouvelles)
"Contes d'Amazonie", par Sean Taylor, illustrations de Fernando Vilela
Pour la catégorie "Voyages" de bingo_livres
Environ 60 pages de contes, illustrés avec des gravures sur bois. L'auteur raconte aussi un de ses voyages en Amazonie, et de fait, il a collecté personnellement une partie des contes, même s'il les a parfois mêlés à des versions plus littéraires qu'il connaissait déjà. Le livre se termine par un appel à sauver la forêt amazonienne.
Les histoires sont simples et courtes, souvent des schémas nouveaux sur des créatures très traditionnelles, c'était très intéressant ! Par contre, la partie récit de voyage ne m'a pas convaincue - l'ambiance est jolie mais un peu cliché -, et les illustrations non plus.
7/10
Progression : 35/52
Risques de lecture : Romancero aux étoiles, Encore une chose, Etienne de Polvérel, La ménagerie de papier -> 16/26
Bingo-livres :
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