Doctor Who - "Harvest of Time", par Alastair Reynolds
Environ 360 pages, un roman Doctor Who sur l'époque de Three - en fait, spécifiquement, au début de la saison 9. Je n'ai qu'une seule chose à dire, c'est : lisez-le si et seulement si vous êtes fan de Delgado!Master. Le personnage a son heure de gloire dans le chapitre 32, et un passage d'émotion qui broie le coeur dans le chapitre 27 (je veux lire 20 fics AU sur le chapitre 27), et si vous l'aimez aussi vous n'aurez pas perdu votre temps.
Le scénario est bien mené, quelques petites incohérences sur le voyage dans le temps mais il faut être honnête, c'est ce qui arrive dans toutes les histoires Doctor Who, romans ou pas. Comme la menace est très alarmante, et que l'auteur l'écrit de façon sérieuse, cela manque parfois d'humour - ce n'est pas qu'il n'y en a pas du tout, mais je suis habituée à plus. Et il est souvent basé sur des clins d'oeil à la série ; ce n'est pas ce que je préfère.
Les personnages d'épisodes sont bien dans l'esprit Old Who, surtout Edwina McCrimmon - qui pourrait être une descendante de Jamie, ou pas, et qui est attachante. Par contre, les personnages de UNIT manquent d'occasion de de briller, je trouve, surtout Jo (elle est utile dans le scénario, hein, mais rien qui fasse appel à ses compétences personnelles spécifiques) et même le Docteur... disons que sa tendance tout à fait existante à se ramener sans plan et à espérer que tout va bien marcher est un peu exagérée. Rien qui soit OOC, hein ! Mais peu de moments de gloire, ce qui m'a encore plus laissé l'impression que c'était le tome de Delgado!Master. :-)
7/10
"La Crète d'Ariane et Minos", par Jean Esponde
Environ 90 pages en 5 parties. La première, la troisième et la cinquième sont des descriptions d'une visite de la Crète, de vestiges, avec des méditations poétiques sur les peuples qui ont habité ici. La seconde et la quatrième sont des dialogues imaginaires qui comparent la Crète et la vision qu'en avaient les Grecs, le première entre Homère et Minos, le second entre Plutarque et Ariane. Il y a aussi une vingtaine de petites photographies en noir et blanc d'oeuvres crétoises. L'auteur appelle ce type d'ouvrage "géo-poétique". Je n'ai rien à reprocher d'objectif à son langage poétique, mais il ne m'a pas transportée.
J'ai été déçue par le manque de documentation. La façon dont il décrit la société crétoise est très intéressante. Il mentionne, d'autre part, qu'on n'en sait vraiment rien. Sont-ce de pures rêveries en observant les oeuvres ? Si oui, il ne me convainc pas. Y a-t-il des sources qui lui permettent de faire ses suppositions sur leur état d'esprit et leur société ? Si oui, je regrette beaucoup qu'il ne les donne pas à la fin en bibliographie. (les citer pendant l'oeuvre aurait brisé l'ambiance)
Les dialogues ont des idées intéressantes, mais ne sont que cela. Il ne donne pas aux acteurs de personnalités - par rapport à, disons, Platon. Je suis en particulier déçue par Ariane, j'aimais l'idée d'une Ariane forte qui n'est pas tombée amoureuse de Thésée, j'aimais l'idée de la voir démonter la légende, mais l'auteur propose peu d'alternative, et la plus grande partie de son discours est simplement "Plutarque, tu m'ennuies." et quitte à interprêter et à mêler l'imagination à l'histoire, j'aurais voulue la voir être une personne. En bref, ce n'était pas déplaisant, mais je reste avec une impression de frustration.
6/10
"Les héros et les humbles", "Dieux et déesses" et "Histoires d'amour", aux Editions Time-Life
J'ai récupéré de nouveaux livres de contes de la collection Time-Life, ceux que j'aime bien parce qu'ils ont de très belles illustrations (environ 140 pages)
"Les héros et les humbles" racontait surtout des histoires connues (Le chat botté, les cygnes sauvages, Ali Baba, une version écossaise de Cendrillon, Manawyddan), mais, comme d'habitude, en y mettant une narration personnelle, et en mettant du meta de transition entre les histoires, et il y avait aussi quelques histoires courtes de sorcières, de fées, ou de chevaliers arthurien que je ne connaissais pas ou ne me rappelais plus (en particulier Childe Rowlande et Le Bel Inconnu). Mais le thème, de mon point de vue, est un peu trop générique.
"Dieux et déesses" est, comme le nom l'indique, un recueil d'histoires mythiques avec des dieux. Dans chaque partie principale, de nombreuses légendes sont rassemblées, de façon cohérente pour établir une chronologie parfois artificielle mais qui rend l'histoire plus attrayante. Il y a une partie sur les dieux égyptiens, une sur les dieux grecs, une sur les dieux hindous, une sur les dieux nordiques, plus des bonus sur Morrigan et sur la querelle d'Amaterasu et Susano. Là je n'ai rien appris, sauf quelques détais sur Morrigan ou Shiva, mais je m'y attendais un peu. Un tome bien construit, et en soit le fait de modifier des détails pour rajouter de la cohérence factuelle ou psychologique ne me dérange pas du tout. Au moins, ce n'est pas exactement lire cent fois les mêmes récits, il y a un parti-pris (même s'il est parfois discutable, comme celui qui consiste à rendre les dieux nordiques bien pires qu'ils ne sont)
"Histoires d'amour" est exactement ce que le nom indique. Il est divisé en trois parties : une sur le destin, une sur les passions tragiques, et une sur l'amour triomphant. J'ai spécialement aimé ce tome. D'abord, parce que pour une fois il présente des histoires des cinq continents et - ce qui va souvent ensemble - des histoires que je ne connais pas ou mal. J'ai adoré "Le princesse Badoura", un conte des mille et une nuits qui finit en ménage à trois. J'étais morte de rire sur une histoire de philtre d'amour raté où une vache tombe folle amoureuse du sorcier. J'ai appris l'histoire du Orphée polynésien, j'ai appris aussi que dans l'histoire médiévale classique "Aucassin et Nicolette", Nicolette était arabe (je ne connaissais que le titre), j'ai eu le coeur brisé par l'histoire de Farhat le sculpteur arménien, et il y avait non seulement des romances naissantes mais aussi des histoires touchantes de couples mariés. Enfin, de la qualité.
7/10 + 7/10 + 8/10
"The Sleeper and the Spindle", texte de Neil Gaiman, illustrations de Chris Riddell
Environ 60 pages avec la moitié d'illustrations. Une réécriture de conte, faisant intervenir Blanche-Neige et la Belle au Bois Dormant - mais elles ne sont jamais nommées. Contrairement à ce qu'on a pu croire avec l'image du baiser, ce n'est pas un conte femslash - c'est un baiser utilitaire, pour la réveiller, mais cela reste un conte où les femmes ont la part belle, qui garde le merveilleux de l'univers d'origine tout en rajoutant des détails d'horreur particulièrement crédibles et acérés. Très réussi. Sans parler des images qui sont superbes. Ensuite, la logique de conte de fées fait toujours étrange avec des personnages suffisamment complexes pour être plus proche de la fantasy que du conte, on se demande toujours comment ils savaient que la magie marche de cette façon. C'est pour cela, parce que je n'ai pas eu le temps de me plonger assez dedans pour que cela ne compte plus, que je ne mets pas une note encore meilleure.
8/10
"Alif the Unseen", par G. Willow Wilson
Roman, environ 450 pages. L'histoire d'un jeune hacker dans un pays sans nom de Golfe Persique, qui alors qu'il invente un programme pour pouvoir identifier son ex, se retrouve poursuivi par le gouvernement, et bascule dans le monde des djinns.
J'ai trouvé le début frustrant, entre autres parce que la partie sur la politique et le hacking semblaient finalement assez séparée de la partie surnaturelle avec les djinns, qui semblaient sortir de nulle part. Mais après, cela se recolle très bien et cela devient vraiment intéressant !
L'ambition de l'auteur était d'écrire un livre qui puisse présenter un intérêt à la fois pour ses amis geek de fantasy, ses amis musulmans, et ses amis étudiants en sciences politiques, et j'ai vraiment l'impression qu'elle a réussi, et qu'en plus les thèmes se mélangent harmonieusement. J'aime beaucoup la façon dont elle mélange les djinns et la religion, les djinns et la technologie, le pouvoir de l'information et du langage vu sous l'aspect informatique, religieux et magique.
L'histoire est peut-être parfois un peu lourde sur les thèmes pro-religieux pour moi - mais ce n'est pas Narnia, cela garde des aspects suffisamment ambigus pour que cela ne fasse pas leçon de morale. Disons que Dina, la jeune fille très musulmane d'origine égyptienne et populaire, est mignonne et cool, mais un peu trop parfaite.
8/10
"L'hiverrier", par Terry Pratchett
Environ 400 pages, un des tomes de Discworld de la catégorie Young Adult avec Tiphaine Patraque / Tiffany Aching. J'aime toujours beaucoup ce que fait Pratchett. Ce n'est pas mon tome préféré. J'ai trouvé que parfois le côté catastrophe de l'hiver qui n'a pas de fin était vraiment sombre, et pourtant il laissait du temps pour s'occuper de plusieurs arcs annexes sur les relations sociales entre personnages et l'évolution de Tiphaine. En soi, ce serait plutôt une bonne chose, mais cela semblait minimiser la gravité de l'arc principal. Aussi, le scénario me semblait un peu trop simple.
Ceci dit, j'ai adoré la fin, que ce soit le "plan" de Roland (d'ailleurs en général j'aime son évolution et son arc personnel) ou la relation entre Tiphaine et l'Hiverrier, où Tiphaine est capable de faire preuve de compassion sans pour autant se laisser faire par un dieu tout prétexte qu'il est amoureux d'elle.
8/10
"Histoire d'un mort racontée par lui-même", par Alexandre Dumas
Environ 240 pages, un recueil de récits courts de Dumas sur le thème du surnaturel. On y trouve des extraits de romans qui peuvent se lire par eux-mêmes, des petits contes merveilleux ou fantastiques, et même un extrait de son journal où il raconte une de ses expériences d'hypnose.
Globalement, j'ai trouvé ça agréable, sans être enthousiasmée. J'ai beaucoup aimé l'humour, que ce soit la satire des étoiles qui viennent sur terre en essayant de vendre à l'homme des bienfaits dont ils ne veulent pas, les conversations humain-démon dans "Histoire d'un mort raconté par lui-même" et "Histoire du démon familier du sire de Corasse", la punition finalement très prosaïque de l'homme qui a giflé la statue d'Henri IV, ou le pur délire onirique de "Un voyage à la lune".
Par contre, les histoires sentimentales sont un peu bateau - la seule par laquelle j'ai été touchée est la relation parent-enfant dans "L'homme sans larmes", les morales très peu convaincantes, les personnages pas ses plus réussis - il faut dire que les héros de contes merveilleux ou de nouvelles fantastiques sont rarement classe, et les fins souvent standard - une exception, j'ai aimé celle de "Le roi des quilles".
6/10
"Lettres d'une péruvienne", par Françoise de Graffigny
Roman épistolaire écrit au 18e siècle, un peu plus de 100 pages - cela dépend de l'édition, je supose, et l'édition que j'aie eue, un fichier pour liseuse "acheté" pour 0 euros à la FNAC, était lamentable. Souvent, le lire tenait du décryptage. "dcléfpoir" pour "désespoir", etc. Je l'aurais peut-être plus appréciée sinon.
Le personnage principal est Zilia, une jeune vierge du soleil, promise à l'Inca, qui se fait enlever par des espagnols le jour de son mariage. Mais le vaisseau espagnol se fait capturer par des français, et un jeune noble de l'équipage tombe amoureux d'elle.
Il y a plusieurs sujets dans ce roman. La romance, bien sûr, est centrale : Zilia retrouvera-t-elle le prince Inca auquel elle était promise, ou finira-t-elle par tomber amoureuse de son sauveur ? Mais l'auteur écrit aussi énormément sur le choc de cultures : d'un part elle présente les moeurs et la société des Incas à un lecteur qui les ignore probablement (un peu idéalisées, mais globalement bien renseignées), et d'autre part, par contraste, elle peut analyser la société française avec un oeil naïf, et d'autant moins indulgent. Cette partie-là souffre un peu niveau continuité : vu les événements historiques, la partie en France devrait se passer au 16e siècle, mais l'auteur satirise surtout son propre 18e siècle. Cette partie sociale, pour moi, est la plus intéressante, et ne va peut-être pas assez en profondeur par rapport à d'autres oeuvres d'époque ; mais d'un autre côté, si le livre était vendu comme une romance, c'est intéressant de mettre cela en bonus.
Et j'ai vraiment beaucoup aimé Zilia. En théorie elle n'a rien d'un personnage fort - elle est en grande partie définie par son amour pour son fiancé, et les difficultés de compréhension par rapport à la langue et au choc de cultures ne sont pas ignorées, mais j'ai beaucoup de sympathie pour elle dans les nuances, dans ce qu'elle est toute prête à tolérer dans la culture occidentale et ce qu'elle n'accepte vraiment pas. Ca m'a rendu les kilomètres de déclarations d'amour supportables. :-)
7/10
Progression : 14/52
"Risques de lecture" : Alif the Unseen, Histoire d'un mort racontée par lui-même, Lettres d'une péruvienne -> 4/26
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