"La femme au collier de velours", par Alexandre Dumas
Court roman ou longue nouvelle, environ 120 pages, plus, dans cette édition, 30 pages de postface pour expliquer que Nodier était un mec trop cool. Le principe de mon coté était "yay, je vais lire du gothique thermidorien", hum, je crois que c'est le nom du genre ? Des histoires d'horreur basées sur la révolution française où les guillotines et tout sont une part de l'horreur mais où il y a aussi du fantastique plus standard. Enfin bref, c'est exactement ça. L'ambiance est bien réussie, d'ailleurs (enfin, une fois qu'on y arrive), il y a quelques inexactitudes historiques mais étant donné que c'est du fantastique ce n'est pas le meilleur point sur lequel raler. Par contre, j'ai été déçue, parce que je déteste le personnage principal, son triangle amoureux, et son manque de respect de la parole donnée. Il y a des auteurs qui arrivent à me vendre le triangle standard avec un homme, une "sainte" et une "prostituée". Dumas n'en fait pas partie, pas dans ce livre en tout cas. Je suis aussi très déçue que son meilleur ami ait si peu de personnalité. Et la partie sur le jeu est plutôt bien observée, mais ce n'est pas mon thème préféré. En fait, ce que j'aime le plus, ce sont les éléments fantastiques, qui sont classiques mais tout à fait efficaces et frappants. Malheureusement, cela ne prend pas une aussi grande part du livre que je le pensais.
6/10
"L'écaille du dragon", par Jean-Charles Bernardini, illustrations de Frank Le Gall
Environ 60 pages, le dernier livre de la collection "Le cercle magique", avec un héros qui, cette fois, vit en Chine et se rend à Komodo pour trouver des dents de dragons. Mais le bateau qu'il prend et surtout ses marins ne sont pas forcément ce qu'ils semblent... Encore une fois, ça mélange la naïveté du conte, les retournements de situations de la fantasy et des considérations philosophiques et initiatiques liées à la culture du héros de façon cool. Peut-être un peu trop confus, pas très clair, à la fin, mais hum, peut-être que c'est fait exprès, justement, pour la spécificité culturelle, et que quelqu'un qui connaît bien la Chine comprend mieux. J'aurais aimé avoir une vision plus claire des enjeux, ceci dit. Et la partie sur les dinosaures faisait étrangement moderne, mélangée à tout le reste.
6/10
Les plus beaux ballets
Livres de contes - ou plutôt, cela réadapte en conte des ballets qui sont basés dessus, ou sur des nouvelles fantastiques. Sept auteurs différents, sept illustrateurs différents (j'aime beaucoup celui de L'oiseau de feu), pour sept histoires - Coppelia, La belle au bois dormant, Casse-noisette, Le lac des cygnes, L'oiseau de feu, Petrouchka, Cendrillon.
Ce ne sont pas non plus des adaptations exactes du ballet - quand il manque quelque chose pour assurer la cohérence, cela le reprend dans le conte d'origine, et quand le but est juste de comparer, c'est un peu dommage. Et pour Le lac des cygnes, c'est la version avec fin heureuse. Personnellement, j'aurais aimé avoir les deux.
Disons que c'est quand même intéressant pour les gens comme moi qui ne comprennent rien à la danse et ont besoin qu'on leur explique avec des mots. ^^ Ou qui s'intéressent aux réécritures. Mais j'ai quand même l'impression que je ferais mieux de regarder les gens danser.
6/10
"Le soulèvement des âmes", Madison Smartt Bell
Roman, environ 750 pages, le premier tome d'une série sur la révolution haïtienne - le second sera encore plus gros, ha ha ! C'est centré sur Toussaint Louverture - il est le seul à avoir une alternance entre passé et présent, et il est écrit de façon positive - mais on croise aussi beaucoup de "personnages originaux" qui se retrouvent pris dans les événements, se croisent et influencent les histoires les uns des autres.
C'est vraiment très bien écrit. Les comparaisons sont riches, le rythme est fluide, la structure de l'histoire efficace, les scènes d'action claires, parfois les descriptions sont longues mais elles ont toujours un sens, on ne s'ennuie jamais. Ses personnages sont plutôt crédibles, mais il n'y en a aucun pour lequel j'arrive à avoir de l'affection. Quant au personnage pour qui j'ai de l'affection par défaut, Sonthonax, je trouve qu'il l'écrit de façon bien méprisante, mais là aussi, c'est une question d'opinion, et ce n'est pas le comportement qui est OOC et me déplait, juste la façon dont la narration le juge. Je trouve son choix de personnages et de points de vue biaisé, mais il n'est pas possible de ne pas l'être, et là aussi, je vais être honnête et juste dire que son biais n'est pas le mien. (Beaucoup plus de personnages blancs - et souvent riches - que de noirs/métis, ce qui correspond peu à la démographie, et très peu de femmes de couleur en particulier.)
La recherche sur l'histoire d'Haïti et sur le vaudou est très bien, celle sur la France... moins. Je veux dire, il y a certains points qui pourraient être juste une divergence politique, un désaccord sur quels historiens croire, mais pas une erreur d'un an sur la date de la première exécution par guillotine.
Ceci dit, je rale, parce que je me suis improvisée spécialiste, mais je lirai quand même le tome 2, ne serait-ce que pour l'écriture !
8/10
"L'aristocratie de l'épiderme - Le combat de la Société des Citoyens de Couleur 1789-1791", par Florence Gauthier
Histoire, environ 440 pages dont 70 de notes diverses et variées. M'a été recommandé et prêté par montagnarde1793 quand j'ai parlé du sujet de mon NaNo, et c'est du vrai livre d'histoires pour historiens, avec des références aux sources primaires en permanence (dont beaucoup de citations, rhétorique du 18e siècle, bonsoir) et des analyses poussées le reste du temps. C'est très sérieux, et même si on peut ne pas être d'accord avec les analyses, la quantité, justement, de citations longues et en contexte, de faits bruts et prouvés fait qu'on ne se fera pas avoir. En plus, quand des gens ne sont pas d'accord avec elle, elle mentionne les sources, justement (pour en dire du mal, mais pas de façon trop virulente, j'ai vu pire en livre d'histoire ;-) ).
Cela parle, donc, du rôle de la Société des Citoyens de Couleur en général et de Julien Raimond, métis haïtien, en particulier dans la lutte diplomatique pour le reconnaissance des droits civiques aux libres de couleur en France. Cela a aussi un sujet qui n'a qu'un vague rapport avec mon NaNo, que ce soit géographiquement ou chronologiquement, et c'est pointu, encore. Mais ça m'a quand même été très utile - et les citations ont aidé aussi - pour l'état d'esprit, pour voir à quoi ressemblaient le racisme et l'anti-racisme en France. Donc je ne regrette pas du tout de l'avoir lu, mais par contre, je ne recommande pas de le lire pour le plaisir, à moins que le sujet vous intéresse vraiment. Ou que vous soyez vraiment surpris par le fait que c'est une partie de la Révolution Française dont personne ne parle (mais qui était jugée comme importante à l'époque). Mais même comme ça, il doit y en avoir des qui voient plus large chronologiquement.
Oh si, il y a quand même un passage qui m'a fait hurler de rire et que j'ai envie de montrer à tout le monde, historiens ou pas, pour le coup, c'est l'analyse d'une illustration d'époque intitulée
Discussion sur les hommes de couleur qui montre certains députés déchirer la Déclaration des droits de l'homme et refuser les droits aux libres de couleur. Parce que l'auteur analyse de façon très sérieuse et symbolique tout ce qu'il y a sur le dessin, incluant un singe atteint de colique, Merlin l'Enchanteur transformant un député en âne, et Grégoire, Pétion et Robespierre dessinés en allégories de la Raison, la Justice, et l'Humanité, c'est-à-dire en femmes nues. Oh, je pense que cette analyse est totalement légitime. Mais l'effet de décalage reste grand.
En résumé : très bon livre, mais à moins que vous soyiez dans le très restreint public visé, ne le lisez pas ? ^^;;
7/10
Progression : 90/52
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