Contes (mes traumatismes d'enfance) - la suite

Jun 05, 2011 12:34

Alors, beaucoup de gens ont été horrifiés par les contes d'Andersen parce qu'ils sont super-déprimants, et je peux le comprendre. Ceci dit, celui qui m'a le plus traumatisée personnellement est plus du genre humour noir + symbolisme philosophique...



Donc, le héros est un savant du nord qui vit dans les pays chauds. De sa fenêtre d'en face vient une merveilleuse musique. Il ne peut pas y aller, mais son ombre y est projeter, et un jour elle y reste. Il s'inquiète un temps, mais la sienne repousse.

Son ombre revient ensuite sous la forme d'une personne - dans la fenêtre d'en face, il y avait la Poésie, qui lui a donné consistance. Il n'a juste pas d'ombre à lui. L'ombre peut s'infiltrer chez les gens, connaître leurs secrets les plus sombres et les révéler, il est devenu celèbre et respecté pour ça. Le savant, lui, qui écrit sur la bonté théorique des humains, n'a pas de succès du tout.

L'ombre lui propose de l'accompagner dans un voyage en se faisant passer pour son ombre à lui. Le savant accepte, et l'ombre a encore plus de succès d'avoir une "ombre" aussi intelligente. Même une princesse s'intéresse à lui... et alors, la fin :

Bientôt la princesse et l’Ombre arrêtèrent leur mariage ; mais personne ne devait le savoir avant que la princesse fût de retour dans son royaume.
« Personne ! pas même mon ombre, » dit l’Ombre, qui avait ses raisons pour cela.
Lorsqu’ils furent arrivés dans le pays de la princesse, l’Ombre dit au savant : « Écoute, mon ami, je suis devenu heureux et puissant au dernier point, et je vais maintenant te donner une marque particulière de ma bienveillance. Tu demeureras dans mon palais, tu prendras place à côté de moi dans ma voiture royale, et tu recevras cent mille écus par an. Cependant j’y mets une condition ; c’est que tu te laisses qualifier d’ombre par tout le monde. Jamais tu ne diras que tu as été un homme, et une fois par an, lorsque je me montrerai au peuple sur le balcon éclairé par le soleil, tu te coucheras à mes pieds comme une ombre. Il est convenu que j’épouse la princesse, et la noce se fait ce soir.
- Non, c’en est trop ! s’écria le savant ; jamais je ne consentirai à cela ; je détromperai la princesse et tout le pays. Je veux dire toute la vérité : je suis un homme, et toi, tu n’es qu’une ombre habillée.
- Personne ne te croira : sois raisonnable, ou j’appelle la garde.
- Je vais de ce pas trouver la princesse.
- Mais moi j’arriverai le premier, et je te ferai jeter en prison. »
Puis l’Ombre appela la garde, qui obéissait déjà au fiancé de la princesse, et le savant fut emmené.
« Tu trembles ! dit la princesse en revoyant l’Ombre ; qu’y a-t-il donc ? Prends garde de tomber malade le jour de ta noce.
- Je viens d’essuyer une scène cruelle ; mon ombre est devenue folle. Figure-toi qu’elle s’est mis en tête qu’elle est l’homme, et que moi, je suis l’ombre.
- C’est terrible ! j’espère qu’on l’a enfermée ?
- Sans doute ; je crains qu’elle ne se remette jamais.
- Pauvre ombre ! dit la princesse ; elle est bien malheureuse. Ce serait peut-être un bienfait que de lui ôter le peu de vie qui lui reste. Oui, en y songeant bien, je crois nécessaire d’en finir avec elle secrètement.
- C’est une affreuse extrémité, répondit l’Ombre en ayant l’air de soupirer ; je perds un fidèle serviteur.
- Quel noble caractère ! » pensa la princesse.
Le soir, toute la ville fut illuminée, on tira le canon ; partout retentissaient la musique et les chants. La princesse et l’Ombre se montrèrent sur le balcon, et le peuple, enivré de joie, cria trois fois hourra !
Le savant ne vit rien, n’entendit rien, car on l’avait tué.

Traumatisée à vie, le retour. ^^
(Ceci dit, en tant que fan d'Andersen, je me dois de mentionner qu'il écrit aussi des contes qui finissent bien et/ou qui sont vraiment hilarants)

contes traumatisants, fandom:contes

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