"Des trolls et des hommes", par Selma Lagerlöf
L'expo sur la littérature nordique au Salon du Livre m'avait donné envie de relire du Selma Lagerlöf, et les bibliothécaires rusés de chez moi l'avaient prévu, avec leur jolie étagère. Un livre de contes, donc, court et charmant (un peu moins de 200 pages, mais peu remplies).
C'est vraiment charmant, un peu moralisateur parfois, mais de façon supportable, et vraiment vivant. Ca a ses inconvénients, d'ailleurs, entre autres que je suis horrifiée quand ça finit mal (ce qui arrive), bien plus qu'avec les contes que je lis habituellement. ^^
"Le vol de l'aigle", par Jean-Charles Bernardini, illustré par Cosem
Toujours la collection "Le cercle magique", environ 60 pages donc, entre le conte et la fantasy. Et celui-là (qui se passe au Tibet) est particulièrement cruel, avec beaucoup de morts, dont peut-être les parents du héros. Ou alors tout ceci, cette presque destruction du monde, n'était qu'un symbole du printemps qui revient. D'un côté c'était déstabilisant, mais d'un autre, ça fait plaisir, de voir que même si les sujets sont proches les structures changent, à l'intérieur même de la collection.
Plus que deux à trouver !
"L'oeil du serpent", anthologie
Un recueil très court (environ 80 pages) de contes japonais, dans une collection pas chère - lu alors que je passais chez ma tante. Apparemment, ce n'est qu'une sélection à l'intérieur du recueil "De serpents galants et d'autres". Un jour il faudra que je le lise en entier.
Il y a donc plein d'histoires avec des serpents, qui souvent se transforment en humains, et jouent les séducteurs... des fois, c'est aussi des démons serpents qui mangent les gens, mais plus rarement.
Je dois avouer que j'aime beaucoup l'imagerie. Par contre, vu le sujet, des fois ça se répète un peu, et certains contes ne sont que des variations.
"Azazel", par Boris Akounine
Environ 320 pages, roman historique et policier russe, où le héros, Eraste Fandorine, jeune fonctionnaire de quatorzième catégorie, découvre un complot international, manquant de mourir de nombreuses fois en passant.
Ce que j'ai aimé : il y a des passages hilarants, mon préféré étant la description de Zourov de sa traversée de l'Europe en connaissant comme seuls mots anglais "Bottle of whisky, move your ass". Globalement, en tant que roman d'aventure un peu over the top, c'était très fun. Ca se moque gentiment de son héros, mais pas trop. Et les personnages, méchants comme gentils, sont nuancés.
Et puis bon, c'est la Russie du 19e siècle, quoi, et je suis biaisée !!
Ce que je n'ai pas aimé : je ne sais pas à quel point c'est volontaire pour le style aventure 19e siècle, mais j'ai grillé qui étaient les coupables tout de suite, donc comme policier c'est moyen.
Ce que je ne sais pas si j'ai aimé ou pas : La fin est extrêmement déprimante. Et globalement, même si le scénario est techniquement bouclé à la fin du livre, ça donne vraiment l'impression d'être juste le début de quelque chose : ça y est, le héros a une situation, des ennemis, des traumatismes, etc... et maintenant, qu'est-ce qu'il va en faire ? Selon comment est écrite la suite, et en particulier le taux de continuité, je pense que je reverrai vraiment l'opinion que j'ai de cette fin, en bien ou en mal, rétrospectivement.
"10 contes d'Australie", par Annie Langlois
Recueil de contes, environ 100 pages, traditionnels mais racontés pour les enfants. Ces temps-ci j'ai envie de lire des contes australiens et ce n'est pas si courant. C'était agréable et facile à lire, souvent des contes des origines, des histoires d'animaux, ou les deux à la fois.
"Le livre des chemins", par Henri Gougaud
Pas loin de 500 pages, mais c'est écrit gros, avec pas mal de blancs, au total ce n'est pas bien long. C'est un recueil de contes divinatoire ! On est censé poser une question, l'ouvrir au hasard, et le livre donnera la réponse ; si le sens n'est pas clair, on tire au hasard parmi les trois marque-pages, qui désigneront une des devises qui préciseront le sens.
Je dois avouer que je ne l'ai pas encore utilisé, j'ai juste lu les contes, et Henri Gougaud raconte toujours aussi bien, dans une sorte de prose poétique, sobre pourtant, les contes sont brefs et marquants.
Il essaie de varier les sujets, et de fait, les "morales" sont assez variées, même si bien sûr il n'utilise toujours que des contes qui lui plaisent, donc on sent toujours quelques biais. Je trouve que ses personnages féminins ne sont pas assez diversifiés - ou alors c'est toujours le cas et ça me dérange plus dans des contes qui sont censés transmettre un message que dans des histoires d'aventure. :-) En règle générale, d'ailleurs, les contes moraux ne sont pas mes préférés. J'ai beaucoup aimé quand même ! Mais à part pour les gens qui s'intéressent à ce type de divination, je conseillerais plutôt de commencer par "L'arbre à soleils" ou un autre recueil de contes plus générique par Gougaud.
"Contes d'Australie et d'Océanie", par Vladimir Reis
Un livre de contes de la collection Gründ, environ 200 pages. Parce que, comme mentionné plus haut, j'avais envie de me renseigner sur les légendes australiennes.
Il y a quatre parties environ égales réparties en contes d'Australie/Mélanésie/Micronésie/Polynésie.
Je ne sais pas si c'est spécifique aux contes de cette origine ou si c'est un parti-pris de l'auteur, mais ce livre m'a semblé moins pour enfants, plus difficile à lire que d'habitude dans cette collection. Pas seulement parce que c'est écrit plus petit. On a aussi l'impression que les contes vont plus dans tous les sens, ont une structure plus décousue, plus étrange que d'habitude. Il n'y a pas spécialement d'unité d'action, il y a des détails surréalistes dont certains sont importantes et d'autres non.
Quand la terre était jeune, les bêtes étaient des gens et les gens étaient des bêtes, et ce qui pousse et fleurit c'était des gens et les gens étaient ce qui pousse et fleurit.
Il y avait un homme, et il était du même sang que la sarigue. Comme la sarigue, il chassait la nuit. Pour bien voir, il portait la lune sur son baudrier.
Souvent, il y a aussi des extraits de chansons, de poésies et d'incantations.
D'un autre côté, c'est agréable et surprenant, à quelques exception près, on a vraiment des contes typiques d'Océanie, pas les schémas génériques qu'on retrouve partout avec juste la couleur locale. Et l'absence d'explications fait aussi très contes tout justes recueillis, à peine adaptés.
De plus, souvent, ce sont des contes des origines et j'aime ça. Mais il faut souvent relire plusieurs fois pour les retenir, et même ainsi, on a l'impression un peu d'être devant un mystère symbolique, de ne pas pouvoir se raccrocher aux personnages ni même à l'histoire.
"The Extraordinary and Unusual Adventures of Horatio Lyle", par Catherine Webb
Roman Young Adult, environ 300 pages, conseillé par
drakys.
C'est une enquête surnaturelle, menée par un héros geek scientifique, dans l'Angleterre victorienne ! Aussi, il y a du mind control, et des créatures surnaturelles qui sont presque des fées, et des trips sur le magnétisme. Donc, en gros, je couine rien que sur le principe.
J'adore les personnages principaux. Horatio Lyle le scientifique dont les petites excentricités font vrai, dont le refus du surnaturel est très visible sans pour autant le rendre complètement stupide et borné. Très, très intellectuel, dans le sens que ça ne l'empêche pas d'avoir des principes et du coeur, mais ils sont expliqués dans un système de pensée vraiment bizarre, et c'est drôle et même mignon, mais je suis biaisée.
Les autres personnages principaux sont des ados - déjà, comme le faisait remarquer
drakys, c'est rare dans un roman Young Adult que le héros soit un adulte. Tess est une pickpocket plus ou moins repentie qui sert en quelque sorte d'assistante à Horatio, elle est drôle et adorable. Thomas est un jeune aristocrate rebelle, je ne pensais pas que je l'aimerais, et en fait si. J'aime même le chien ! La description de ses expressions est terrible !
L'histoire est rythmée et sympathique, sans plus. J'ai surtout couiné pour les persos, et ce qui va avec, les dialogues, et les traits d'humour dans leurs passages d'introspection.
L'auteur a vraiment fait sa recherche sur l'Angleterre victorienne. Parfois, elle la montre un peu trop à mon goût, dans de brefs paragraphes qui sont là principalement pour mettre dans l'ambiance et la couleur locale, sans faire avancer le scénario le moins du monde. Mais ce n'est pas comme si c'était long à chaque fois, ni trop courant. Et au moins, il n'y a pas d'anachronismes !
Les méchants sont inhumains (au sens propre), effrayants, assez fascinants quand on trippe sur le mind control mais l'opposition avec les héros est un peu trop manichéenne à mon goût ; ce qui me dérangerait moins si elle n'était pas plus ou moins superposée à une opposition science contre magie (c'est un peu plus complexe que ça, mais c'est le parallèle de base).
Globalement, c'était très cool !
"Le temps du rêve / La mémoire du peuple aborigène australien", par Cyril Havecker
Environ 120 pages, étude anthropologique, et oui, on sent mes intérêts actuels. Mais ce n'est pas des contes, cette fois, même s'il y a une ou deux légendes de création au milieu ! Cela parle principalement de croyances plus générales, qu'elles soient cosmologiques, de vie quotidienne, ou, souvent, un mélange des deux. C'était vraiment très intéressant.
Ce n'est pas seulement une étude : il y a toute une partie engagée sur la nécessité de préserver la culture. Pour le justifier, l'auteur explique entre autres arguments à quel point les croyances australiennes sont parfois du foreshadowing assez nets de points que la science occidentale a découverts bien après. Ca remplit son office, et les parallèles en question, de mon point de vue de geek scientifique, rendent les croyances en question encore plus fascinantes plutôt que de les banaliser, et aide à comprendre (ou peut-être à comprendre une version très vulgarisée ^^). Seulement, je me demande parmi ses parallèles, ce qui ne vient que de l'auteur et ce qui est classiquement utilisé.
"Kushiel's Justice", par Jacqueline Carey
880 pages, le tome 5 de cette série et le 2 des aventures d'Imriel.
Comme les autres tomes, ce tome présente des versions alternatives de mythes européens. Ici, c'est un peu moins original que d'habitude, puisque c'est principalement sa vision des fées celtiques (qui sont des antagonistes, mais des personnages nuancés malgré tout) et d'un royaume chrétien en Russie. Je ne dis pas comment les deux sont liés, ça fait partie des rares moments vraiment surprenants du tome. :-) Mais un des thèmes principaux reste les différences culturelles, et c'en est un qui me plait. Comme d'habitude, l'auteur n'utilise pas le fait que c'est de la fantasy pour ne pas faire sa recherche. Les passages avec la culture celte sont vraiment bien. Les réflexions sur la punition, la rédemption, tout cela, les parallèles comme les oppositions entre la culture chrétienne et la culture d'Angeline, m'ont beaucoup plu aussi.
Sinon, on peut presque dire que l'histoire principale raconte comment Imriel tombe amoureux de Sidonie, la princesse héritière, mais choisit, pour le bien du royaume, d'épouser Dorelei, une princesse Cruithne (Picte). Ensuite, des choses arrivent. Ou pas, mais de façon agréable à lire. ^^
Le rythme reste assez lent, comme dans les autres tomes, et en plus, j'ai l'impression que c'est raconté différemment des trois premiers. C'est difficile à expliquer, mais j'avais l'impression que Phèdre était là pour le plot politique et laissait ses relations personnelles se mettre en travers du chemin, tandis qu'Imriel est là pour ses relations personnelles et laisse le plot se mettre en travers de son chemin. Ce qui fait que les moments les plus forts sont ceux où il se passe quelque chose émotionnellement, et que tous les naufrages, captures, etc, apparaissent comme presque secondaires. Et ils le sont sans doute d'une certaine façon : Imriel est pris dans les événements politiques russes, mais il ne les influence pas.
L'autre point où je l'aime moins que Phèdre est le fait qu'il est moins libéré et moins diversifié sexuellement. D'un autre côté, ce n'est pas très difficile. ^^ Mais ça reste moins fun. (Il y a toujours beaucoup de scènes de sexe, hein ; c'est juste que c'est avec moins de personnes, qu'il est attiré en général par moins de personnes, et que la façon de raconter donne moins l'impression qu'il s'amuse beaucoup.)
Ceci dit, ça ne veut pas dire que je n'ai pas aimé le livre ! Je l'ai lu très vite, Imriel reste touchant, et les passages où il se passe quelque chose émotionnellement sont vraiment bien. Mais j'attends quand même le suivant, où on me dit qu'il se passe plus de choses. ^^
"Au coeur de l'illusion" et "Le monde inconnu", par KA Applegate
Les tomes 9 et 10 d'Everworld, toujours environ 160 pages le tome, toujours plein de spoilers sur le chemin.
J'étais vraiment curieuse sur le tome de Senna, et effectivement, on apprend énormément de choses sur elle et sur ses plans. Contrairement à d'autres lecteurs qui avaient échangé leurs impressions sans trop me spoiler, ça ne me l'a pas rendu plus sympathique. Au contraire, je suppose qu'elle m'avait embobiné comme elle le fait aux persos, j'ai plutôt eu la réaction de "Je ne la croyais pas si mauvaise." Je pensais vraiment qu'elle avait un but caché plus original que conquérir le monde.
Ceci dit, la façon dont son arc se recolle à l'arc "Chris devient moins raciste" avec l'intervention de Keith à Everworld, niveau scénario, c'était joli. Je ne m'y attendais pas.
Aussi, je n'aime pas tellement ce qu'ils ont fait avec la mythologie égyptienne, sauf Sobek. D'ailleurs, je ne tiens pas non plus à leur version de Neptune. On retombe dans les dieux qui sont plus là pour être les monstres d'un récit d'horreur que pour être des personnages intéressants, comme au début. Sauf Brigid, pour laquelle on ne sait pas encore - et là, je vais très bientôt lire les tomes suivants et espérer que j'en saurai plus. :-)
Progression : 28/52
"Risques de lecture" : Azazel, Horatio Lyle, Le temps du rêve -> 9/26