The Middleman est une série américaine que j'ai vue récemment. Elle n'a apparemment pas eu beaucoup de succès, et a été arrêtée au bout de 12 épisodes. Mais ils sont bien ! Et l'auteur a écrit une sorte de "Grand final"/épisode 13 pour la saison 1, en comics. (Note pour Hoa,
rapunzelita ou d'autres : je peux les prêter !)
Wendy Watson est une étudiante en arts, qui gagne de quoi manger avec des petits boulots. Un jour qu'elle fait la réceptionniste dans un centre scientifique, un gros monstre à tentacules génétiquement modifié s'échappe, seulement pour être détruit par un jeune homme athlétique et propre sur lui armé d'un gros flingue. Quand Wendy lui demande s'il est un super-héros, il répond modestement "I'm just the Middleman", puis il essaie de l'engager pour combattre le mal. Il a apprécié la façon dont, happée par un tentacule, elle a commencé à le poignarder à coups de coupe-papier plutôt que de paniquer. Et puis elle a besoin d'un nouveau petit boulot, après tout, et lui a beaucoup de travail et aurait bien besoin d'une assistante pour combattre toutes les sombres menaces qui rôdent dans l'ombre (savants fous, aliens, zombies, et tous les méchants de comics cheap impossibles et imaginables).
Elle finit par accepter, et commence sa vie de super-héroïne. Mais sans super-pouvoirs. Et en costume trois pièces. Et employée par l'O2STK (Organisation too secret to know), qu'on ne voit jamais, mais qui fournit l'équipement super-perfectionné. Par exemple Ida, androïde aux capacités de gestion des informations très puissantes, surtout en ce qui concerne trouver de nouveaux moyens de traiter Wendy de droguée incompétente.
Ce qui est totalement gratuit : les raisons pour lesquelles Wendy a été sélectionnées sont très valides, et même si elle commet quelques erreurs de débutante énervantes dans les tout premiers épisodes, ce n'est pas un trait qui définit son caractère, plus une façon de laisser de la marge pour du développement de personnage, qui d'ailleurs arrive vite. Contrairement à d'autres séries de ce genre avec mentor et apprenti, on n'a aucun mal à imaginer qu'un jour, elle reprendra brillamment le rôle de Middleman. (Ha ha, cette série exploite mon faible pour les personnages compétents).
Le personnage du Middleman, parodie de super-héros de l'âge d'or qui se refuse au moindre gros mot et dont la boisson préférée est le lait, pose le ton directement. Les épisodes sont crack dès le début, et réussissent à le devenir de plus en plus par la suite. On y trouve des poissons zombies, des marionnettes vampires, quelques aliens, un univers alternatif maléfique parodie de tous les univers alternatifs maléfiques... Qui n'a pas envie de voir une série avec des titres tels que "The Boyband Superfan Interrogation" ou "The Cursed Tuba Contingency" ?
Sinon, on a souvent, en parallèle avec le méchant d'épisode, une sous-intrigue parallèle sur la vie d'"artiste" de Wendy, incluant sa meilleur amie et colocataire Lacey, militante écologiste et militante pro en général, son voisin Noser, qui parle en paroles de chansons, le vil Pip, fils de son propriétaire, son père disparu, et sa mère qui insiste pour lui téléphoner plusieurs heures par jour pour s'inquiéter de sa vie sentimentale. Et ça se mélange bien.
Ce que j'ai aimé dans cette série
- Cela mélange beaucoup, beaucoup, de genres d'humour que j'aime bien. Les nombreuses références à la sous-culture geek, par exemple : j'aime la façon dont sont traités les points sur lesquels ils sont comme des super-héros et les points sur lesquels non ça ne marche pas toujours, il y a quand même des différences. Parfois, cela tourne à la parodie, mais sans aucune méchanceté, ça se voit que les auteurs aiment les oeuvres qu'ils parodient.
Il y a aussi une certaine quantité d'humour absurde (j'adore ça aussi), mais une fois qu'on accepte les prémices, le scénario reste cohérent, ce n'est pas un prétexte pour ne pas réfléchir dessus. ^^
Il y a aussi du comique de caractère, mais qui n'est pas basé sur le fait que les personnages sont antipathiques ou incompétents - non, c'est plutôt dans le genre étrange mais attachant. J'adore les faux jurons du Middleman (jurer est contraire à ses principes, mais il laisse échapper, dans les circonstances appropriées, des "Flowers for Algernon !" ou assimilés). Il y a pas mal de répliques sympa, d'ailleurs, dans toutes ces catégories ; le comique verbal marche bien sur moi.
Aussi, de temps en temps la série fait aussi des choses amusantes avec le quatrième mur.
- J'adore la relation entre le Middleman et Wendy. Cela commence comme une équipe improbable classique (elle aurait plutôt tendance à se moquer du genre super-héros image de la moralité américaine), mais cette relation boss old school / petite nouvelle finit par devenir une relation d'amitié profonde, avec des petits échos grand frère/petite soeur ou même père/fille, et surtout ils n'ont pas une once d'UST ! Ha ha ! J'adore les relations intenses entre un homme et une femme sans UST !
Sinon, j'aime aussi beaucoup la relation d'amitié entre Wendy et Lacey - des amies qui peuvent tout se dire, avec leurs ressemblances et leurs différences, qui peuvent être en désaccord, parfois même se disputer, mais se soutiennent le plus souvent, qui ont des moments où elles se comprennent profondément mais d'autres où elles interprêtent mal quelque chose... cette relation est vraiment très vivante, pour moi.
Leur amitié avec Noser est moins profonde, clairement, mais malgré ça, je n'ai eu aucune difficulté à la voir comme sincère après juste quelques mots - et, encore une fois, sans UST. Yeah !
Sinon, j'adore les couples officiels !
Quand la relation entre Wendy et son nouveau petit ami a commencé, et qu'ils ont commencé à shooter des zombies virtuels ensemble, je me suis dit qu'ils étaient trop choupi, mais que ça n'allait pas durer, que selon les critères hollywoodiens, une relation qui commençait par une admiration mutuelle et une communauté de goûts, sans engueulade pour faire monter la sauce, ne pouvait être que temporaire... mais non. Encore une chose qu'on ne voit pas souvent en fiction, et qui m'a fait couiner.
L'autre couple officiel, [petits spoilers]le Middleman et Lacey[fin spoilers], est plus classique [spoilers comics]et a une fin tragique, bouh[fin spoilers], mais [spoilers épisode 12]j'espère que ça marchera dans l'univers alternatif, au moins[fin spoilers]. Je les shippe très, très fort aussi.
Ce que j'ai moins aimé
- Il y a plusieurs sous-entendus que je ne sais pas à quel degré je dois prendre. C'est traité comme du gros crack, ce qui va avec le ton de la série, et la plupart des fans semblent penser que c'est du second degré ; mais des fois, je me demande si ce n'est pas du troisième.
Par exemple, la plupart des écologistes de cette série sont soit des méchants dissimulés soit des gens qui vont faire de grosses bêtises et mettre le monde en danger à cause de ça ; même Lacey, au début, y ressemble, heureusement qu'elle a du character development ensuite et devient très cool !
Je ne sais pas non plus si les fréquents discours anti-communistes parfaitement gratuits du Middleman sont seulement là pour montrer qu'il a des côtés très datés dans son modèle de super-héros ou s'il est censé avoir raison au fond.
Je n'ai pas non plus aimé comment les réticences initiales de Wendy à manier des flingues sont considérées en subtext comme quelque chose de puéril quand il s'agit de sauver le monde, et d'hypocrite au fond.
Et en règle générale, je n'aime pas que les mobiles et les moyens de l'organisation super-puissante qui les emploie (O2STK) ne soit jamais remise en question, même quand elle les envoie dans des missions où la seule façon de sauver le monde est de tuer le méchant. Je sais bien que c'est une parodie, mais ça me met mal à l'aise quand même, au point que j'en finis par me demander si ce n'est pas une métaphore pour Dieu. ^^ C'est à peu près le seul cas où on peut avoir un être surpuissant qui demande à d'autres de défendre le bien à sa place et dont la moralité n'est pas remise en question. ^^
En bref, si vous aimez le mélange de passages humoristiques complètement barrés, de scénarios de monde à sauver toujours plus exagérés, et de relations personnelles pas forcément complexes mais humaines et touchantes, tentez le coup, c'est court !