Pas grand chose ce mois-ci, j'étais trop occupée à préparer mes cours / fiquer / pleurer sur mes 1eGC qui sont abominables / lire des comics de super-héros (certaines de ces raisons sont plus valables que d'autres ^^;; )
Encore beaucoup de contes. En fait, en faisant ce défi, je me rends compte que ce n'est pas tellement que je ne lis pas assez : c'est que je ne suis pas assez audacieuse dans mes lectures. Je lis principalement des choses que je sais que je vais aimer, des contes, des suites de séries que j'aime déjà, et ça fait que je découvre rarement de nouvelles choses. J'essaierai de modifier les règles pour changer ça l'année prochaine.
"The Rose and the Beast, par Francesca Lia Block
Recueil de réécritures de contes de fées parmi les plus connus (j'adore ces choses). 230 pages, mais c'est écrit gros, et en fait, c'est tout court. ^^ Je l'ai offert à
marijuane29, et je me suis dit qu'en fait, ça m'intéressait aussi. :-)
Les réécritures en question sont dans un langage très poétique, se passent à l'époque actuelle, tout en conservant la même structure symbolique. La plupart n'ont pas de surnaturel, mais il y a des exceptions. Certains parallèles fonctionnent étonnamment bien, comme celui entre l'aiguille sur laquelle la Belle au bois Dormant se pique le doigt et la drogue. Parfois la fin change. Parfois c'est la même, mais c'est au symbole qu'on ne se serait pas attendu. C'est assez sombre, mais pas plus que les contes d'origine, faire sombre n'est pas le but. Plus mettre la symbolique au goût du jour, en particulier pour le rôle des personnages féminins. J'ai aimé.
"Le Clairvoyage", par Anne Fakhouri
250 pages, fantasy pour enfants et pour adolesents. Croisé à la bibliothèque, et lu pour la même raison que "La fille aux esprits" - je veux écrire ce genre pour le NaNo, je veux savoir ce qui se fait.
Je ne pouvais qu'aimer Clara, l'héroïne - une gamine élevée par des parents extrêmements rationnels, mais dont le reste de la famille a de très fortes influences féériques. Par contre, j'aurais voulu que ce sujet aille un peu plus loin - qu'elle essaie vraiment d'appliquer la raison au monde des fées, et se louze misérablement. Là non, même si elle a du bon sens et le coeur bien placé, on dirait qu'il y a quelque chose qui l'empêche d'utiliser son esprit critique sur ce sujet précis. Qu'elle ne peut pas s'empêcher de les accepter, et qu'elle ne peut pas vraiment les détester. J'ai confiance en l'auteur, et je suis sûre que ça s'explique par un lien magique douteux. Mais je suis quand même un peu déçue, ça aurait été une bonne occasion d'explorer un thème que j'aime beaucoup.
Pour ce qui est de l'histoire... il y a certains passages que j'aime beaucoup (comment une ambiance bien faite peut nous donner une phobie des corbeaux ou des services à thé), et d'autres qui me plaisent moins. Sur le moment, ils sont énervants, pas vraiment rythmés, et puis quand un mystère se résout, on se dit oui, ça se justifie, c'était nécessaire pour l'intrigue, c'est bien construit... mais certains passages restent beaucoup plus agréables à lire que d'autres.
Je donne des points bonus pour le fait que ce ne soit vraiment pas évident de discerner qui sera un personnage sympathique et positif au premier abord, non seulement pour l'héroïne mais pour le lecteur, et ce n'est pas fait à coup de gens qui jouent entièrement la comédie, ni de révélations de passé tragique, c'est plus en nuances et en gens qui ne nous disent pas toute la vérité, et tout simplement parce que c'est très rare d'avoir une impression juste sur quelqu'un qu'on connaît peu.
Enfin, on verra, je vais lire le tome 2 - il n'y a que deux tomes - et peut-être qu'à ce moment, tout fera parfaitement sens. Mais pour l'instant, même si ça m'intéresse, je garde une impression de frustration comme quoi ça aurait pu être encore mieux.
"10 contes du Grand Nord", par Howard Norman
En anglais "The Girl Who Dreamed Only Geese: And Other Tales of the Far North", je l'avais croisé chez un bouquiniste, j'avais hésité, le titre était joli (bien plus qu'en français !) mais il était trop cher. Quant à cette version... je la feuilletais vaguement à la bibliothèque, mais je ne peux pas lire tous les livres de contes du monde (j'essaie !), et puis j'ai vu le titre de la dernière histoire et je me suis dit "Tiens, c'est ce livre !"
Je l'ai pris, et malgré l'absence des jolies illustrations, je n'ai pas hésité. Et je ne le regrette pas. J'aime les livres de contes en général, mais celui-là est au-dessus de la moyenne.
Je connais assez mal les contes esquimaux. J'ai souvent l'impression qu'ils sont un peu absurdes. Ca a de bons côtés - pour l'humour, pour l'originalité, pour l'absence de morale lourde - mais ça manque de cohérence et de caractérisation. Ce livre réussit à avoir les avantages sans les inconvénients. Ce sont des contes de conteur, et même si l'auteur donne des origines folkloriques, il précise bien qu'ils ont été adaptés, par les conteurs eux-mêmes, pour être pas forcément incroyablement proches des sources, mais le plus agréables à entendre possible.
Les passages d'humour, bien que parfois peu subtils, m'ont vraiment fait rire (le shaman maléfique à la chemise puante qui finit toujour par servir de ballon pour morses !). Les scènes de vie quotidienne sont de la documentation utile sur la vie des peuples du nord, mais contrairement à d'autres livres que j'ai vus qui les inséraient de façon moins adroite, elles ne servent pas un but purement didactique. Elles nous montrent aussi la caractérisation des personnages, les liens de famille, la vie qu'ils vivent avant que le conte commence - et parfois même alors qu'il se déroule, certaines histoires sont presque du réalisme magique sans grandes aventures. Les liens familiaux, d'ailleurs, bien que pas vraiment proches de ce qu'on connaît - la vie est très différente - me semblent plus réalistes que dans beaucoup de contes que je connais. Et donc, le surnaturel ne suit pas des schémas prédéterminés, ou en tout cas des que je ne connais pas, et je ne peux pas prévoir comment les histoires vont finir.
Aussi, il y a un crossover avec Noe qui s'échoue sur la banquise avec son arche et qui a l'air con.
En bref, je recommande. :-)
"Le carrousel des maléfices", Jean Ray
300 pages, recueil de nouvelles fantastiques. Exemple typique de livre que je savais que j'allais aimer. Mais bon, ses livres ne sont pas faciles à trouver, et celui-là me tendait les bras à la Grande Braderie de Lille...
Des nouvelles fantastiques, donc, très diversifiées, du fait divers sans aucune surnaturel, juste gore, au sujet cosmique, en passant par des "histoires drôles" pas forcément drôles, de l'aventure sous-marine... Aussi, il y a des pseudo-mathématiques ! Et des histoires avec le diable ! (pas ensemble). Et une sur le Croquemitaine, qui fait vraiment peur. En général, il y a un twist bien fait à la fin, mais pas d'explication totale ; ça laisse la place à l'imagination. Mais vraiment, j'aime beaucoup, beaucoup ce qu'il fait.
"Aux origines du monde - Contes et légendes de Suède", recueillis et traduits par Elena Balzamo
Environ 200 pages. "Aux origines du monde" est une collection qui compile uniquement des récits étiologiques, par culture, et j'aime les récits étiologiques ! Ils sont en général courts, choisis pour leur intérêt poétique, mais aussi documentaire, et dans celui-là on a souvent plusieurs versions d'un même conte.
C'est très orienté contes chrétiens, avec beaucoup d'animaux dont la forme est le résultat d'une décision divine, ou d'accidents de création, ou de concours entre Dieu et le Diable. On ne mentionne que deux fois les dieux nordiques, et comme quelque chose appartenant à un lointain passé. Plusieurs mentionnent les lutins, elfes et trolls, par contre, mais là aussi il y a un souci de les recoller avec la tradition chrétienne - ce seraient les enfants qu'Eve a voulu cacher à Dieu, par exemple. Selon certaines autres versions, les humains non baptisés deviennent des trolls à apparence humaine, et seulement certains peuvent les voir sous leur vraie forme.
Je trouve l'ensemble très poétique, qui nous raconte que la Petite Ourse est formée de cygnes qui ont fait le pari d'atteindre le bout du monde, et qui ont cristallisé de froid en vol. La pie a été condamnée à voleter éternellement parce qu'elle a eu pitié du diable quand il a échoué à tenter Jésus. Et les hirondelles, au départ, étaient toutes blanches, mais le péché qui sévit ici-bas rend la tache blanche sur leur poitrine de plus en plus petite. Quand elles seront toutes noires, la fin du monde viendra.
Bon, il y a aussi des détails gore sur pourquoi les femmes ont leurs règles. ^^;;
La plupart des légendes racontées ici sont très courtes et ne sont pas des "histoires" à proprement parler. Mais j'ai vraiment adoré certaines images ! Il faudra que je pense à en reprendre dans des histoires à moi !