Lectures d'août

Sep 09, 2009 10:19

Ha ha, avec ces douloureux problèmes de touche o, puis de rentrée, j'avais oublié de faire ma liste de livres !
Plein de livres de contes ce mois-ci, parce que l'été, je fais les brocantes, et il se trouve que j'en trouve plein. C'est ma littérature cheap à moi. ;-)


"Sortilèges et autres contes crépusculaires", par Michel de Ghelderode
Recueil de nouvelles fantastiques des années 50, environ 280 pages. C'est bien écrit, et les sujets ne sont pas trop rebattus. Ensuite, ça dépend des nouvelles. L'ambiance est captivante, avec ces paysages flamands, ces vieilles bâtisses, ces brouillards inquiétants, mais il y a quand même des histoires où il n'y a vraiment que l'ambiance, et c'est décevant quand la chute de l'histoire arrive, on se dit "oui, et alors ?"
D'ailleurs, ma préférée (et pour le coup, je l'aime vraiment beaucoup) est "Sortilèges" qui a à la fois une des ambiances les plus réussies et une belle révélation à la fin sur l'identité des monstres. J'ai envie de dire "pour une fois". D'un autre côté, j'ai parfois l'impression que c'est fait exprès. Que le côté mystérieux du fantastique, ici, n'est pas "surnaturel ou pas ?" mais "surnaturel certainement, mais comment ça marche, quelle est la logique, s'il y en a seulement une ?"
Sinon, un point surprenant est qu'il n'y a pratiquement pas de romance. Il y a des personnages féminins, parfois, y compris des personnages positifs, mais elles ne sont pas là pour ça. Les relations émotionnelles fortes sont toujours des amitiés entre hommes, et parfois, j'en viens à me demander si tous ces personnages principaux sont des asexuels ou des homosexuels camouflés. ^^


"Contes au fil de l'eau", par Martina Drijverova
Environ 180 pages. Un de ces plaisirs coupables dont je parlais. Il n'y a rien de transcendant dedans, mais les dessins sont jolis, la langue fluide, le thème de l'eau me plait bien, il y a certains contes que je ne connaissais pas (surtout dans les contes africains, je suis ignare là-dessus), d'autres qui ont des variantes inattendues, il y a parfois certaines modifications pour expliquer des comportements qui, de nos jours, peuvent sembler absurdes, et au total j'en profite. :-)


"La sorcellerie en Vendée", Joël Pérocheau
Environ 200 pages, une série d'anecdotes et de légendes populaires vendéennes, compilées de façon à être précises et fidèles, pas à être narrativement intéressantes. Mais c'est quand même trop cool. Je pense vraiment à faire un NaNo avec des contes vendéens, maintenant. Vous savez qu'on y a des moutons-garous ? Et à côté de ça, il y a des récits beaucoup plus modernes avec des témoins qui disent de bonne foi avoir vu des choses surnaturelles, aussi des récits modernes avec des histoires qui avaient l'air surnaturelles au début et ont trouvé une justification rationnelle. La juxtaposition des deux rend les premières encore plus fascinantes. J'ai beaucoup aimé.


"Contes", d'Henri Pourrat
Pas l'intégrale, bien sûr, une sélection, qui est sortie en Folio. Environ 280 pages. Pour ceux qui ne connaissent pas le boulot d'Henri Pourrat, c'est un peu l'équivalent français des contes de Grimm, même si c'est compilé plus tard. Plein de contes populaires français. Parfois une certaine poésie dans des comparaisons bien visuelles, on des mentions de plantes et d'animaux dont on n'est même pas sûre de savoir quelle tête ils ont, mais qui créent una ambiance de terroir tout de suite... et voilà, il y a de vrais contes de fées, des histoires drôles, des contes qui ont une structure de conte, mais sans surnaturel, un peu de tout, des contes très classiques racontés différemment, d'autres dont je n'avais jamais entendu parler. (Il n'y avait pas mon conte de Pourrat préféré, "Le dragon vert". D'un autre côté, bon, je l'ai déjà lu ;-) )


"Nouveaux contes zen", par Henri Brunel
Là aussi, c'est une compilation, publiée en Librio, sur environ 100 pages. Des contes très courts, d'un ou deux pages, avec une morale, assez dépaysants. Personnellement, je ne suis pas fan des interventions de l'auteur, qui nous explique le zen (je comprends l'intérêt, mais ce n'est pas ce que je cherche), nous explique la morale (alors que pour moi, les morales zen rendent bien mieux en implicite), raconte des contes/événements/pièces littéraires occidentales qui pour lui ont un rapport... Je suis sûre que quand on aime bien la voix de l'auteur ça enrichit, c'est assez bref après tout, mais là j'ai trouvé ça un peu trop didactique, ça n'a pas marché sur moi. J'aurais sans doute préféré les contes tout seuls.


Le lac bleu et autres contes de Madagascar, par Bodo Ravololomaga
120 pages, mais en bilingue, et comme je ne parle pas le Malgache ni n'ai l'intention de l'apprendre, au total c'est très court. ^^ J'ai lu ça entre autres pour de la doc pour le NaNo (qui sera sur les contes vendéens, oui, mais... ;-) ) et au total, j'aime les contes de ce recueil. Il y en a qui sont des contes classiques avec juste de la couleur locale (j'aime l'idée d'une fille-caméléon pour la fausse fiancée). Il y a l'histoire classique du mec humain qui épouse une fille surnaturelle, mais d'un point de vue inattendu, puisque c'est du point de vue de la méchante sorcière mère de la fille. Il y a une histoire que j'ai beaucoup de mal à ne pas interpréter comme du femslash, avec deux amies, l'une qui se laisse mourir parce que sa mère lui a arrangé un mariage avec un vieillard, l'autre qui va mourir sur sa tombe... C'était cool.


"Contes traditionnels de Vendée", Françoise Rachmuhl
150 pages. Quand j'ai lu "La sorcellerie en Vendée", je me suis demandée à quoi ressemblaient ces histoires, avec pas seulement l'ambiance, mais aussi les fils narratifs derrière, et j'ai plus ou moins ma réponse. C'était agréable à lire, mais avec peu d'éléments que je ne connaissais pas déjà, finalement. ^^ Il y en a des très cruelles, comme celle du pêcheur dont les enfants avaient tellement faim qu'ils ont mangé une sirène, il y en a de complètement crack, comme les saints qui font la course (avec triche et croche-pieds) pour être saints patrons d'une église neuve... Mon histoire préférée est celle du valet qui devient un loup-garou pour avoir été maudit par son curé, et tombe amoureux d'une autre louve-garou...


"Les lions d'Al-Rassan", par Guy Gavriel Kay
Le gros bouquin (environ 700 pages) de fantasy que je lisais en parallèle avec toutes ces petites choses courtes. C'est jainas qui le recommandait, entre autres personnes, et j'ai trouvé ça très bon.
L'univers est une transposition de l'Espagne, à l'époque où les Musulmans et les Chrétiens s'affrontaient. Pas une histoire alternative (il y a deux lunes, la carte est différente, et on trouve même un peu de surnaturel), juste un parallèle. Mais alors, un parallèle net. La recherche sur les différentes cultures, et les relations entre musulmans, chrétiens, et juifs, est impressionnante. Par contre, niveau religion, c'est transposé ; ce n'est pas exactement trois religions qui adorent le même dieu différemment, plus un culte réciproquement aux étoiles, au soleil et à la lune, avec donc une thématique commune de lumière. La religion est d'ailleurs vue presque uniquement à travers son rôle social et politique ; pas de belles discussions théologiques théoriques et absconses, j'ai trouvé ça presque dommage, mais c'est moi. ^^
Les trois personnages principaux, Ammar le poète et assassin musulman, Rodrigo le général chrétien, et Jehane la médecin juive (argh, les religions ont d'autres noms dans ce monde, mais j'ai la flemme de traduire), sont tous les trois brillants, avec juste ce qu'il faut de character flaws, et les personnages secondaires ne sont pas en reste.
(Aussi, ils ont bien souvent du subtext slash ;-) Ca ne gache rien.)
La construction du scénario n'est pas basée sur de grandes révélations "en fait Machin voulait cela", on change de point de vue régulièrement, et on connait les buts et le caractère de tout le monde. Le suspense est construit différemment. On ne peut jamais prévoir ce qui va arriver, parce que les persos trouvent des plans brillants auxquels on n'aurait jamais pensé, parce qu'ils sont confrontés à des choix douloureux, parce qu'on avait complètement oublié l'existence de tel perso secondaire et comment il allait influencer l'action, parce que différents arcs se coupent de façon inattendue... le rythme est bon. Il se passe tout le temps des choses, et il se passe tout le temps des choses inattendues, ce qui ne gache rien.
Le suspense vient aussi d'une sorte de "jeu de devinettes" que l'auteur joue avec nous. Il nous donne des phrases un peu mystérieuses, du genre "ceci allait être la cause de cela" (où les deux choses semblent n'avoir aucun rapport), et on peut essayer de deviner comment ça va se passer. Personnellement, ce n'est pas trop mon truc. En particulier, il y a un passage où un personnage est mort, on a les réactions émotionnelles de nombreux autres, mais on ne sait pas qui est le mort... mais il se trouve que dans un tel passage je n'avais pas du tout envie de jouer, plutôt d'avoir la pleine mesure des réactions en sachant qui ils pleuraient, il a fallu relire. D'un autre côté, je sais de source sûre qu'il y a des gens qui aiment ça. :-)
Un autre truc qui m'a un peu déçue, donc, est le fait que la religion est surtout traitée de façon politique et sociale, presque pas personnelle. Les intégristes sont méchants (ça, ça ne me choque pas), mais on n'a pas l'impression qu'à la réciproque, certaines personnes peuvent être inspirées à faire des bonnes choses grâce à la religion (l'aumône des musulmans, l'amour du prochain des chrétiens, et les équivalents, non seulement ne sont pas appliqués, mais ne sont même pas mentionnés en théorie - c'est d'autant plus frappant que je n'ai presque pas vu d'autres différences avec la situation historique ^^). Il y a des persos positifs et religieux (presque tous, en fait, pour des raisons évidentes dans ce monde tout le monde l'est plus ou moins), mais ils le sont de façon totalement indépendante. Même quand ils mentionnent la religion, c'est une question de poésie, de vie après la mort, c'est très beau - mais son rôle moral n'est pas mentionné. Je veux dire, j'ai l'habitude de voir des histoires où la religion est purement négatifs dans des livres écrits par des athées, et je m'en accommode sans problème, mais dans un livre comme ça qui a du surnaturel et même un perso qui fait un petit trip mystique à la fin, ça me fait vraiment bizarre. Je voudrais bien savoir quelle est l'opinion de l'auteur à ce sujet.
Mais globalement, c'est rare de tomber sur un one-shot de fantasy aussi réussi niveau personnages, scénario et univers, aussi il serait peut-être temps que j'arrête de raler et que je le recommande aussi.


La fille aux esprits", Laura Amy Schlitz
Je passais à la bibliothèqe municipale, et je me suis dit que des livres pour enfants un peu fantastiques, ça pouvait être bien. Celui-là se passe au 19e siècle, et raconte une histoire de fantômes. J'ai bien aimé la façon dont ça gère le fantastique... un coup il y a beaucoup de choses qui ont l'air très mystérieuses et secrètes, et il pourrait y avoir des fantômes, puis probablement non, puis probablement oui... j'ai bien aimé la façon dont ça saute de l'un à l'autre au début, mais j'ai été un peu déçue qu'il y ait une conclusion définitive d'une part, que tout le monde s'en fiche d'autre part. Et bien sûr, c'est normal, tout le monde s'en fiche, au fond, à part le lecteur, le but de l'héroïne c'est de trouver une famille qui l'aime (et c'est compréhensible), et dans les autres personnages on n'a aucun théoricien pour qui cette réponse a une grande importance. Donc oui, c'était logique, cohérent, sans trous de scénario ni problèmes de rythme, mais il se trouve qu'au total ce n'était pas forcément le genre d'histoires que je cherchais. A classer dans les lectures pas déplaisantes mais oubliables.

rant:livres, fandom:conte, rec:livres, comm:50bookchallenge

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