Je ne finirai plus rien ce mois-ci, donc allons-y !
"The Sandman Book of Dreams"
C'est un recueil de fanfics publiées sur Sandman, par des auteurs de fantasy ! (enfin, de nouvelles qui se passent dans ce monde, mais c'est pareil ;-) ) Choisies par Gaiman lui-même, en plus, si j'ai bien compris. Le recueil m'a été conseillé et prêté par
modocanis, qu'elle en soit remerciée ! 400 pages, une vingtaine d'histoires, la plupart sont vraiment bonnes.
(Ce qui est très drôle, c'est qu'apparemment, vu l'époque, qu'on écrive des nouvelles sur son univers alors qu'il n'écraivait "que" des comics était un moyen de montrer que Gaiman était un vrai auteur. Ouarf. Vieille édition.)
Par exemple, "Chain home, low" raconte les origines de plusieurs personnes qui seront des enfants ou des jeunes gens pendant la seconde guerre mondiale, le tout culminant en une tentative magique pour libérer Dream de sa prison... du moins c'est ce qu'on devine, parce qu'on a lu le comics. On ne vois jamais auucn perso qui en vient, pourtant c'est fermement centré dans l'univers et la timeline.
"Each Damp Thing" raconte les aventures de Lucien, Mattew, Abel et Caïn pour tenter de contenir au mieux un terrible cauchemar échappé pendant une absence de Dream. Bon mélange d'humour et d'horreur, une des rares histoires ne contenant pratiquement pas d'OC.
"Seven nights in Slumberland" est un crossover avec Little Nemo.
"Stopp't-clock yard" raconte les tentatives d'un magicien élisabethain pour se lancer dans la "résurrection" de personnes en capturant leurs images dans les rêves de personnes aimées. Et les réactions de Dream et Death.
Et il y en a plein d'autres, sur la convention de serial killers, sur Wanda, sur des temps passés et le temps présent, et globalement, je conseille pour les gens qui aiment l'univers de Sandman à condition qu'ils n'aient pas peur des fanfics bourrées d'OC.
"Les Chimères", par Gérard de Nerval
J'avais déjà lu ces poésies, mais
gribouille m'a prêté cette collection qui contient en plus "La Bohême Galante" et "Petits Châteaux de Bohême", que je ne connaissais pas. Et quelques autres poèmes.
Cette édition est manifestement faite pour l'étude, elle a des tonnes de notes. Je ne m'en plains pas : même si Les Chimères, en tant que sonnets remplis d'indications ésotériques incompréhensibles, ont vraiment leur charme (surtout pour moi qui aime le sentiment de mystère et les références mythologiques), autant c'est bien de pouvoir comprendre certains points. J'aime bien aussi la façon qu'a Nerval de parler de la création poétique, dans les textes qui suivent : c'est frais, avec des anecdotes et digressions amusantes, mais suffisamment passionné en ce qui concerne la poésie pour ne pas être trop léger.
Elle a aussi les avantages de ses inconvénients : deux textes presque identiques sont souvent inclus dans le recueil, voire plus, pour garder trace du processus créatif de l'auteur... à la fin, à moins d'en sauter, on peut avoir l'impression d'avoir tout lu trois fois. ^^;;
"Kushiel's Chosen", par Jacqueline Carey
La suite de
Kushiel's Dart, les aventures de Phèdre, prostituée, espionne et masochiste - et en fait je frime en utilisant les noms en anglais, mais je les lis en français. Ca donne "Kushiel - l'Elue", et ça faisait environ 700 pages.
J'ai aimé les mêmes choses que dans le tome 1 : la relation passionnelle entre l'héroïne et la grande méchante, le sexe sm (je crois qu'il y en a un peu moins que dans le tome 1), les magouilles politiques efficaces (tordues, mais plus dans l'ambiance tragédie classique que réalisme), la transposition en fantasy de différentes cultures européennes (on parle un peu moins des anges et c'est dommage, mais il y en a d'autres, en particulier un bon passage en Illyrie - je ne lis pas beaucoup de fantasy, mais je n'en avais jamais vu utiliser des légendes yougoslaves, et pour moi qui aime les mythes slaves en général c'était une bonne première fois), la façon qu'a l'auteur de décrire le bonheur de sorte qu'il ne fasse pas cheap. J'ai plus aimé le relation entre Joscelin et Phèdre dans ce tome que dans le premier, aussi. J'en viens à vraiment les shipper maintenant - mais pas autant que Mélisande/Phèdre. :-) De toute façon, je continue à shipper Phèdre avec tout le monde, incluant sa presque-cousine ( ;-) ) la reine, alors que pour une fois ça n'a aucune base canon. ^^;;
Les mauvais côtés : toujours les longs passages où il ne se passe rien, soit que ce soit de la lente mise en place politique ou des enquêtes qui ne mènent à rien, ou des longues descriptions limite touristiques des pays dans lesquelles elle passe, et de leurs coutumes, ou des différents aspects de son travail (le sexe, mais aussi les fringues), ou de ses propres sentiments... en fait, c'est presque un roman qui contient ses propres fanfics. En particulier, quand un événement éveille en l'héroïne une résonance sur quelque chose qui est arrivé dans son passé, le souvenir d'un ami mort, elle en parle, et pour moi c'est agréable de voir qu'on n'oublie pas les anciens persos, mais je vois l'effet déplorable que ça a sur le rythme de l'histoire. Ce qui n'empêche pas que moi, je lis ces passages avec presque autant d'intérêt que le reste. ^^
Il y a toujours l'effet Mary-Sutopia, mais comme je le disais déjà dans le premier tome, pour moi quand tout le monde dans un univers est particulièrement héroïque et classe, incluant le marchand de poisson et son chien, ça s'annule au lieu de s'additionner. Et je trouve que ça fait de moins en moins "juste Terre d'Ange". Il y a plein de persos qui torchent dans d'autres pays, et les principes de Terre d'Ange ont beau être du goût de l'auteur, elle n'en montre pas moins que des d'Angelins peuvent être aussi vils que n'importe qui (mais toujours de façon théâtrale ;-) )
(J'aime bien les fanfics, mais je trouve qu'avoir de l'UST entre l'héroïne et la méchante dans le canon est rare et particulièrement satisfaisant ;-) )
"Contes et Légendes de Madagascar", par Renée Vally-Samat
250 pages, et ce livre a plus de 50 ans, comme le temps passe ! ^^ J'ai globalement aimé, les contes sont diversifiées, l'ambiance est bien... J'ai un faible particulier pour le début, qui compile des légendes de création... beaucoup de récits d'aventure, d'histoires d'animaux, un peu de romance, avec des êtres surnaturels ou pas... sinon, il y a une variation du conte "le méchant impose au héros des épreuves" où le héros réussit à se faire aider de différents animaux non pas parce qu'il a été généreux avec eux ou qu'il est magicien, mais parce qu'il a du charisme et sait leur rappeler qu'ils détestent le méchant en question et adoreraient voir sa tête si le héros réussissait. ^^ En règle générale, plusieurs twists qui me plaisent sur des histoires que je connaissais déjà. Oh, et j'ai un faible pour "Rien que Tête", aussi. (Vive les héros avec un cerveau et du culot !)
"Cromwell", par Victor Hugo
Environ 500 pages dans mon édition, mais c'est du théâtre, ça ne fait guère que la longueur de deux pièces normales. ^^;; J'avais entendu parler de "Cromwell" comme de la pièce que Victor Hugo avait écrite quand il était jeune, royaliste et très fan de Shakespeare. Ben au total, ça rend bien, et en théâtre, c'est ce que je préfère d'Hugo pour l'instant (mais j'aime son théâtre moins que ses romans ou sa poésie).
Le principe de base : Cromwell, avec des alliés puritains et républicains, a fait exécuter le roi Charles I et règle, de fait, sur l'Angleterre. Il se prépare à se faire lui-même sacrer roi.
Le premier acte commence avec une conspiration pour l'assassiner le jour de son couronnement. Elle mêle des partisans de l'ancien roi (qui, à parteur chef, sont plutôt le genre joyeux fêtards), et des puritains intégristes de la république qui pensent que c'est un sacrilège. Autant vous dire que même s'ils sont d'accord sur le principe, on ne peut pas dire qu'ils s'entendent bien... vu le grand nombre de persos, j'avais peur de m'y perdre, mais non, chacun est bien caractérisé, a son histoire personnelle, entre celui qui a un ami fidèle dans la garde de Cromwell, le poète qui embête tout le monde avec ses vers, celui qui a été rendu fou par des années de prison... certains sont des nobles âmes, d'autres sont lâches et intéressés, d'autres juste intégristes, certains ne comprennent pas dans quoi ils s'engagent, il y a même un espion de Cromwell. J'aime la façon dont Hugo évite le manichéisme par le mélange de motivations dans le même camp. Cromwell lui-même est un sale politicien manipulateur, hypocrite et parfois cruel, mais sa lucidité, et ses remords occasionnels font qu'il est facile d'avoir de la sympathie pour lui. Quant à ses semi-échecs dans sa vie de famille ou politique, je suppose que selon vos goûts il est possible de le compter pour ou contre lui... (et il est très bon en phrases à double sens qui sont un de mes kinks ^^ )
Et ensuite, dans les actes 2 à 5, tous ces personnages aux loyautés divergentes sont lachés pour constituer le scénario, avec un certain nombre de plot twists et de combinaisons inattendues. C'est là que Victor Hugo veut imiter Shakespeare, il y a un mélange constant entre la tragédie et la farce ; il y a de nobles motivations et des conclusions brillantes, et à côté de ça il y a des malentendus ridicules. D'habitude je déteste l'humour basé sur ça. Mais là, vu comme ils s'intègrent au scénario, l'humour gras en tourne presque à de l'ironie désabusée, à du "à quoi tiennent les trônes". Donc, même si je trouve que ça tire parfois sur la corde, je n'ai pas trouvé que ça se mélangeait mal avec le plot. J'irai même jusqu'à dire que c'est une idée brillante d'avoir un des comploteurs qui est Wrong Genre Savvy, qui croit que sa "romance" avec la fille de Cromwell va faire triompher l'amour, alors que non, il est dans une histoire purement politique (accessoirement, elle n'a pas remarqué son existence ^^)
Sinon, bien sûr, on peut être gêné par certains points idéologiques. Un mélange de royalisme et de foi très naïve dans le peuple, avec une pincée d'antisémitisme :-( Mais bon, il était jeune, et au moins, même ça reste servi avec ses nuances.
Globalement, ça m'a beaucoup plu, en fait. :-)
(Sinon, ma version était fournie avec "Le château du diable", la première pièce qu'Hugo a écrite quand il avait dix ans... et c'est cliché, et écrit correctement sans plus, et ça fait plaisir de voir que tout le monde a commencé bas... sauf que même à dix ans il réussit à me surprendre avec le plot twist final. Ha, le vil. ;-)