Je vais encore me faire détester en parlant d'un film que quasi personne ne pourra voir au cinéma, puisque sorti la semaine dernière dans 18 salles à travers toute la France (dont 7 dans le Gers, allez savoir pourquoi), mais il mérite largement d'être mieux connu.
Tout commence avec une montagne. Une montagne comme un immense tumulus de glace que creuse une équipe de pseudo-scientifiques, à la frontière entre Finlande et Russie.
Planqués derrière des caisses de dynamite, deux gamins observent en murmurant : ce qu'on cherche, ici, ce pourrait bien être la tombe du Père-Noël... Mais pas le Père-Noël traditionnel avec sa bonne bouille de papy facétieux - une créature autrement plus inquiétante, mi-ogre, mi-démon, qui des enfants pas sages ne laisse pas même les os, et dont ne parlent que quelques vieux livres.
Lorsqu'un troupeau de rennes est retrouvé massacré dans la forêt, lorsque des empreintes étranges apparaissent dans la neige, lorsqu'un vieillard inquiétant est retrouvé au fond d'un piège à loup, ne faut-il pas se rendre à l'évidence de ces vieilles légendes ? C'est du moins ce dont se persuade le jeune Pietari. Encore faut-il convaincre du danger les hommes de la région, chasseurs de rennes aux mœurs frustres plus préoccupés par la disparition de leur principale source de revenus que par ce qui se dit dans les livres.
Nous voici donc avec les ingrédients d'un bon film d'horreur... sauf que Père Noël Origines n'est pas un film d'horreur. Plutôt une sorte de conte de Noël noir, qui emprunte leurs ingrédients à plusieurs genres sans se laisser définir par aucun. L'horreur, oui, on est à sa frontière, mais on ne tombe jamais vraiment dedans. Le merveilleux est très présent - mais le merveilleux obscur et cruel des vieux contes populaires teintés de paganisme, avant que Disney ne vienne en aseptiser la recette. Et en même temps, c'est un film d'action, assez lent, épicé d'humour mi-noir, mi-absurde, et une satire sociale. Un peu comme on imaginerait le fruit tordu des amours de Stephen King et Arto Paasilinna.
Servi par une esthétique soignée et une musique captivante, un film à part et fort sympathique. Un peu trop à part pour toucher un très grand public, sans doute, mais bien assez sympathique pour plaire à un public plus large que celui auquel sa faible distribution risque de le condamner.