La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche

Oct 26, 2013 12:34




Vu hier soir et je ne sais pas encore s'il s'agit d'un pur coup de coeur ou d'un film que je continuerai à trouver génial sur certains points et avec des défauts sur d'autres... Je pense que c'est un film qu'il faut prendre le temps de digérer, peut-être.

J'avais vu L'esquive, du même réalisateur et j'avais adoré ! Maintenant, je ne sais pas si je n'ai pas préféré L'esquive à La vie d'Adèle, même si j'ai beaucoup aimé les deux, mais je ne sais pas non plus si ce n'est pas parce que je n'attendais rien de L'esquive alors que j'attendais énormément de La vie d'Adèle.

En attendant, comme j'ai envie d'en parler, voilà ce que c'est :

La vie d'Adèle, c'est un film très beau. J'ai adoré le début mais alors absolument adoré ! La vie lycéenne d'Adèle, ses amis, leurs différentes personnalités, entre la copine "meneuse" qui incite Adèle à sortir avec le mec qui la regarde et lui pose des questions indiscrètes, le pote sympa, le petit copain gentil et amoureux, les premières dragues, les premiers amois adolescents, la vie de famille de cette jeune fille de 16 ans, ses questions par rapport à sa sexualité, les réactions des copains justes, jamais dans la caricature, le fait de voir des ados aux lycée aimer leurs cours et être influencés par leurs lectures de cours de français... J'ai vraiment a-do-ré ! J'ai eu l'impression de me replonger dans mon adolescence et de voir une vision juste, jamais exagérée, touchante, pleine de vrai... Superbe.

Puis vient l'histoire avec Emma, la fille aux cheveux bleus.

C'aurait pu être mieux si Léa Seydoux avait joué mieux, je pense. Ou peut-être est-ce juste son personnage. Ou peut-être est-ce juste moi, je ne sais pas, mais je n'ai pas trouvé qu'elle jouait très bien. Là où, avec Adèle Exarchopoulos, j'ai vu un personnage, avec Léa Seydoux, je l'ai vu tout le temps "jouer", souvent en me demandant ce qu'elle aurait pu faire pour oter de son visage cet espèce de masque de représentation perpétuelle. Ca se voit sur les photos, d'ailleurs, je trouve, même sur l'affiche, mais ça se voit aussi tout le temps, à l'image de cette scène de drague où on peut comprendre qu'Emma est en "représentation" devant Adèle, mais ça reste présent tout le film :


C'est d'ailleurs quelque chose qui m'a posé souci, dans ce film : l'amour. Il y a de longues scènes de sexes, assez répétées, qui ont fait l'objet de critique. Dans le film, c'est clair que chapeau pour les actrices d'avoir joué ça ! Les scènes sont longues, détaillées, osées dans le sens où on en voit vraiment beaucoup... Mais, à la rigueur, ça aurait été pour montrer l'amour, la passion, ça aurait été justifié. Mais cet amour, cette passion que j'aurais aimé voir, je ne l'ai quasi jamais vu. Je l'ai vu dans les yeux d'Adèle. Je l'ai vu à un moment magique, si, il y en a un, où ça se voit aussi dans l'expression et les yeux d'Emma dans une discussion après une scène de sexe. Mais je ne l'ai pas vu dans les scènes de sexe et, d'une manière générale, pour un film qui parle d'amour, je ne l'ai pas vu comme j'aurais aimé le voir.

Sinon, on en a pas mal parlé comme un film traitant d'homosexualité, mais ce n'est pas ce que j'ai eu l'impression d'aller voir. J'ai plus vu un film parlant de différences du passage de l'adolescence à l'âge adulte, et parlant de différence non pas de sexualité mais de milieux sociaux, je pense. Adèle est une fille "comme tout le monde" : elle va au lycée, elle a des amis, elle veut devenir instit'... Emma est une homosexuelle, trainant dans des milieux homosexuels, faisant les Beaux Arts, ayant des amis homosexuel(le)s et artistes... Elles sont dans deux mondes vraiment différents. Il y a une scène très bien, comme ça, où Emma présente Adèle à ses amis et où Adèle passe son temps à servir à manger et à boire à tout le monde parce qu'elle ne peut entrer dans aucune conversation.

Tout se passe dans les non-dits, mais c'est très bien géré.

Il y a des longueurs, parfois, mais ça sert aussi le film...

La réalisation est intéressante, aussi : plein de très gros plans sur les personnages, beaucoup de caméras portées à l'épaule, de la musique uniquement dans la musique qu'écoutent les personnages (jamais de "musique de film"), la beauté d'Adèle Exarchopoulos mise en valeur en permanence, tout le temps, tout le temps... ses lèvres, ses cheveux emmêlés au-dessus de sa tête ou qui retombent sur son visage, ses cheveux, tout le temps, ses vêtements, sa silhouette... C'est ultra esthétique et assez troublant. C'est beau, dans tous les cas, et le tout donne un rendu très "réaliste". C'est du très bon cinéma intimiste.

La fin est très belle. J'ai adoré le début, le milieu m'a fait regarder quelques fois ma montre, et j'ai ensuite été re-captivée par la fin, la souffrance d'Adèle étant vraiment touchante et j'ai souffert avec elle jusqu'à cette toute fin où où... on a envie de taper le réalisateur pour cette fin ouverte, mais on a aussi le droit de se consoler en se disant que, mais si... quand même... Et je n'en dis pas plus parce que j'en ai déjà trop dit.

Bref, un film à voir, tout de même. A digérer, surement.

primé, romance, drame

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