[fic] "Gloomy Birthday", NCIS, pour camille_miko.

Mar 10, 2007 11:55

Titre: Gloomy Birthday
Auteur:
modocanis
Fandom: NCIS.
Personnages: Leroy Jethro Gibbs, Anthony DiNozzo.
Rating: P.G
Disclaimer: Tout à Donald P. Bellisario.
Note: Se situe juste après la fin de l’épisode 3x08. Sous couverture. Fluff et références directes à l'épisode en question.
Demandé par: 
camille_miko  ici.

Les nuits de Gibbs se ressemblaient: elles étaient dévolues au bateau qu’il construisait dans sa cave.

Ses mouvements, d’abord rageurs, retrouvaient leur souplesse, au fur et à mesure que ses muscles se détendaient.
Ce travail manuel l’aidait à évacuer la tension qui le maintenait debout jour après jour. Il ne pouvait envisager d’aller se coucher sans, et l’aube le surprenait, bien souvent, au milieu de la sciure.

Ce soir-là ne faisait pas exception à la règle

Il avait connu toutes sortes d’anniversaires, et celui-ci était à classer dans le top dix des plus catastrophiques.

Faire le bilan de la journée écoulée avait tout du cauchemar. Ils avaient frôlé une nouvelle guerre entre services, ce qui n’était pas le pire. Les missions sous couverture n’étaient pas vraiment dans les habitudes de son équipe, et à chaque fois, tout tournait mal. C’était mathématique.
Ils étaient passés à deux doigts de choses auxquelles il ne voulait pas penser. Il ne voulait pas non plus des souvenirs qui remontaient à la surface.
Ce qu’il lui fallait maintenant, c’était ses outils et le bois. Surtout pas de…

La sonnette de la porte d’entrée le coupa dans son élan.

Il avait dû penser trop fort.

Ce n’était pas une heure pour une visite de courtoisie. Beaucoup de gens ne se seraient pas déplacés.
Gibbs n’avait pas ce luxe.
Ça pouvait être n’importe quoi. Un problème de sûreté nationale, Fornell venu lui annoncer une nouvelle bourde du F.B.I ou, pire encore, une de ses ex-femmes.

Il avait déjà songé à acheter un chien. Une bête énorme qui sauterait sur les importuns et les poursuivrait à travers tout le quartier. Ce n’était malheureusement pas compatible avec son emploi du temps.

Il lâcha ses outils à regret et gravit l’escalier qui menait au rez-de-chaussée.

Son visiteur avait intérêt à avoir une bonne excuse ou Ducky aurait un interlocuteur supplémentaire.

Arrivé dans l’entrée, il ouvrit la porte sans prendre le temps de vérifier l’identité du futur disséqué. Ce n’était pas l‘attitude la plus prudente qui soit, mais les gens qui cherchaient à le tuer ne prenaient généralement pas la peine de sonner.

La colère laissa place à la surprise.

Le jeune homme qui se tenait sur le perron avait un sourire un peu moins éclatant que d’habitude, du fait de l’ecchymose qui lui déformait la joue. Il y avait aussi, dans sa pose, quelque chose qui faisait penser à un enfant qui se glisse dans la chambre de ses parents, tout en sachant qu’il devrait être en train de dormir, dans son lit, depuis des heures.

Reconnaître cette attitude, chez un adulte, était attendrissant, mais Gibbs le connaissait trop bien pour se laisser prendre à une ruse aussi éculée. Il ne perdit pas de temps en formules de politesse.

« Tony? Je croyais que McGee t’avait raccompagné chez toi! »

Cet accueil ne fit pas perdre au jeune agent sa contenance. Il en fallait plus pour le désarçonner: il avait des années d’entraînement derrière lui.

« Oui, il l’a fait. Après, j’ai pris un taxi pour venir jusqu’ici.

-Et tu as une bonne excuse pour ne pas être au lit alors que tu tiens à peine debout?

-Non. »

Pour reconnaître une faute avec autant d’aplomb, il fallait s’appeler Anthony DiNozzo, et ne pas être à court d’arguments, aussi faibles soient-ils.

« Tu m’as dit un jour que ta porte m’était toujours ouverte!

-J’ai dit que ma porte était toujours ouverte, au sens littéral du terme, Tony.

-…Je sais. »

Les cambrioleurs étaient comme les microbes: ils ne s’attaquaient à Gibbs que s’ils avaient des tendances suicidaires.
Il n’y avait rien à voler dans la maison. La seule chose qui pouvait avoir de la valeur était le bateau entreposé au sous-sol, entièrement en bois et réalisé à la main. Il y avait moyen d’en tirer un bon prix…
Sauf qu‘il était encore loin d‘être fini et qu’il faudrait probablement abattre la moitié de la maison pour le sortir de la cave…

Le maître des lieux avait une longueur d’avance, son visiteur était le premier à le reconnaître. Ce qui ne l’empêchait pas de tenter le coup de la moue boudeuse.

Gibbs ne le laissa pas réduire l’écart:

« Alors pourquoi est-ce que tu as sonné?

-J’avais pas vraiment envie de te surprendre…

-Et si je te laisse dehors? »

Un tremblement parcourut le corps de Tony.

« Eh bien, je vais m’écrouler sur ton perron. Tes voisins vont prévenir la police et les pompiers. Et puis, ils parleront entre eux, ils se feront des idées, ils te poseront des questions… »

Gibbs s’écarta.

« Entre, DiNozzo. »

Le jeune homme ne se le fit pas dire deux fois. Il se glissa rapidement à l’intérieur.

« La télé est toujours en bas?

-Oui. Mais… »

Tony ne lui laissa pas le temps de finir ce qu‘il voulait lui dire, à savoir qu‘il serait beaucoup plus à son aise dans la chambre d‘ami. Malgré ses blessures, il passa à côté de Gibbs en coup de vent, et traversa la maison en direction du sous-sol.

C’était l’une de ses méthodes favorites: quand il n’était pas sûr d’avoir quelque chose, il la prenait avant qu’on dise non.

Gibbs, quant à lui, se rendit dans la cuisine sans pouvoir réprimer un petit sourire.
Il prit un verre d’eau et y fit tomber deux cachets effervescents avant de retourner à la cave.

Tony avait approché une chaise de l’établi qui soutenait le squelette du bateau. Le menton posé sur ses bras croisés, il avait le regard rivé sur la télévision.

Gibbs n’arrivait à se concentrer sur les émissions qu’elle diffusait qu’au prix d’un certain effort. La télévision ne faisait pas partie de ses hobbies. Il la laissait parfois débiner son lot d’inepties en bruit de fond, quand il travaillait, mais ne s’installait jamais pour regarder un programme en particulier.

Tony pouvait suivre ce qui se passait à l’écran, et faire une foule d’autres choses en même temps. Il pouvait parler, manger, jouer aux jeux vidéo, lire…
Ça avait quelque chose de fascinant, et de comique, en raison des confusions qui découlaient de ce comportement.

Gibbs s’approcha pour poser le verre devant son nez.
Tony grimaça à la vue du contenu pétillant.

« Qu’est-ce que c’est?

-Les deux aspirines que Ducky t’a prescrites. J’imagine que tu n’as pas eu le temps de les prendre. »

Tony fit mine d’écarter le verre.

« Merci, mais ça va aller.

-Tu sais de quoi Ducky est capable quand on ne suit pas ses prescriptions?

-Tu plaisantes? Il ne ferait pas de mal à une mouche…

-On parle d’un homme qui vit avec sa mère et plusieurs corgis. »

Et ils savaient tous les deux que ce n’était pas ce qu’il y avait de plus étrange chez le docteur Mallard.

Tony avala la préparation sans demander son reste.

Dès qu’il eut vidé le verre, Gibbs sortit de la poche de son pantalon une petite flasque, la déboucha et la lui tendit.

Tony en but une lampée sans poser de question, ne doutant pas qu’il s’agissait là de l’alcool que le légiste lui avait conseillé de prendre.
Le liquide lui brûla la langue et il s’étouffa légèrement.
Gibbs récupéra la flasque, et la ré-empocha, tandis qu’il toussait pour s’éclaircir la gorge.

En s’asseyant entre deux des couples qui formaient la structure du bateau, l'ancien marine demanda:

« Alors? Que me vaut cette visite? Ta chaudière est encore en panne? »

Il essaya de ne pas prendre le ton qu’il utilisait avec les prévenus, mais c’était presque naturel chez lui. Tony ne s’en formalisa pas. C’était, là encore, une question d’habitude.
Il retourna à sa place initiale sur l’établi avant de répondre. Il n’avait plus assez d’énergie, ni de volonté, pour se tenir droit.

« Tu sais bien que je ne suis pas venu pour ça…. »

Un regard dubitatif suffit à le faire changer de stratégie.

« Bon d’accord, un peu pour ça…C’est la télé en fait. On ne capte plus rien depuis cinq jours…J’avais complètement oublié avec l’hôtel et tout ça, mais en rentrant ça m’est revenu. Je me suis dit que tu me laisserais peut-être regarder la tienne…

-Ça te manque à ce point là? »

Un petit sourire taquin se profila sur les lèvres de l’agent.

« Tu voulais que je te donne une excuse pour justifier ma présence, non?

-Tu devrais être au lit, DiNozzo. »

Tony retrouva un semblant de sérieux en entendant son nom de famille. Gibbs n’avait pas élevé la voix, et l’histoire de la télévision l’avait visiblement amusé, mais il n’en approuvait pas pour autant son attitude.

« J’ai essayé d’aller me coucher, mais je n’ai pas réussi à m’endormir…Trop de trucs dans la tête. Ce qui s’est passé aujourd’hui, ça ferait un chouette scénario de film. Pas un chef d’œuvre bien sûr, mais un bon divertissement! Il y a tout. Un couple de tueurs à gages, des bad guys de services, des passages à tabac…

-C’est du déjà vu.»

Tony toucha sa joue avec précaution, avant de répliquer:

« Du déjà vu douloureux…Quoique, pas tant que ça. Pendant que cet enfoiré me tapait dessus, je n’arrêtais pas de penser au fait d’être père…

-Ah?

-Ouais. Ça m’a pris quand on a su que cette femme était enceinte et que, du coup, Ziva devait se mettre à sa place et faire comme si elle était enceinte, elle aussi, et moi comme si j’allais être l’heureux papa…tu me suis?

-J’essaye.

-Tu vois, je me suis demandé comment ce serait de vivre pour quelqu’un d’autre.

-…Ça change tout. »

Le visage de l’ancien marine se ferma l’espace d’un instant, sans que Tony ne le remarque.

« C’est ce que je me suis dit aussi. Avoir un petit bonhomme qui court partout, ça doit vraiment tout transformer.

-Ça pourrait être une fille.

-Nan! Si c’est une fille, je tomberai amoureux d’elle, et je lui passerai tout! Mais le vrai problème, c’est sa mère…

-Il faut que tu la trouves?

-Il y a ça, aussi. Mais c’est surtout que, si elle s’occupe de mon fils, qui s’occupera de moi? »

Le sérieux avec lequel DiNozzo prononça cette phrase eut raison des dernières résistances de Gibbs. Il se mit à rire, bientôt imité par un Tony ravi de son petit effet.

« Elle ne sait pas ce qui l’attend...

-Eh! C’est pas le moment où tu es censé me contredire en disant que je ferais un bon père?

-Même si je le dis, tu ne me croiras pas.

-C’est vrai.

-Et pourquoi?

-Parce que je ne me sens pas prêt à être père…

-Personne n’est jamais prêt, DiNozzo. Ça arrive, et on fait face, c’est tout… »

Les yeux de Gibbs se perdirent dans le vague. L’hilarité qui avait accompagné leur échange n’était plus qu’un souvenir.

Plongé dans ses pensées, il mit un temps à remarquer que Tony avait cessé de regarder l’écran de la télévision.
C’était lui qu’il fixait à présent.

Il était blême. L’ecchymose sur sa joue avait l’air d’une tache de suie.

Gibbs allait lui demander s’il avait un problème quand, en s’appuyant sur l’établi, il se mit debout.
Mal assuré sur ses jambes, il donnait la nette impression qu’il allait s’écrouler d’un instant à l’autre.

Gibbs se leva à son tour pour lui offrir un appui et prévenir tout risque de chute.
Il réalisa un peu tard que c’était ce que Tony cherchait quand celui-ci se laissa aller contre lui. L’amusement qu’il lut dans ses yeux confirma cette impression.

C’était une autre des méthodes de son agent: amener les gens là où il voulait qu’ils aillent.

Ils étaient nez à nez, trop près pour ignorer ce qui se passait. Tony n’eut qu’à s’avancer légèrement pour s’emparer des lèvres de Gibbs.

Celui-ci n’eut aucun mouvement de recul. Ils n’en étaient pas à leur premier « égarement ». C’était le terme qu’il leur était arrivé d’employer. Plus une protection, qu’une vérité. Ils avaient toujours su, l’un comme l’autre ce qu’ils faisaient…Même lorsqu'ils ne se contrôlaient plus.

Gibbs savait aussi combien Tony pouvait être ardent et envahissant.
Là, ses gestes étaient doux et prudents comme si, pour une fois, il demandait la permission d’aller plus loin.

L’ancien marine le laissa faire un instant, mais, quand il essaya d’approfondir le baiser, il le repoussa doucement.

« À quoi est-ce que tu joues? »

Sa voix était trop basse pour exprimer un reproche.
Tony baissa tout de même la tête d’un air piteux.

« Avec tout ce qui s’est passé, j’ai oublié de t’acheter quelque chose pour ton anniversaire...Je me suis dit que tu voudrais peut-être un peu de compagnie à la place… »

Son attitude trahissait ce qu’il sous-entendait par là.

« Tu penses vraiment que c’est une bonne idée?

-Tu préférerais une cravate?

-Je suis sérieux, Tony.

-Moi aussi! Je n’ai pas oublié les règles, Gibbs. C’est...juste pour cette nuit. »

Il fit mine de reprendre là où Gibbs l’avait arrêté, mais celui-ci le maintint fermement à distance. Pas assez loin pour lui donner le sentiment d’être rejeté, ni trop près, pour ne pas être tenté de céder.
Son désarroi était palpable. Gibbs ne fit pas l’impasse sur l’explication.

« Tu as besoin de dormir, pas de faire de l’exercice.

-Ça, c’est à moi d’en juger… »

Gibbs leva la main pour caresser sa joue blessée. Ce mouvement suffit à lui arracher un gémissement qui n’avait rien à voir avec le plaisir.

« On en reparlera demain matin. »

La douleur qui habitait les yeux de Tony changea de nature.
Il y avait des moments, plus que d’autres, où il ne supportait pas qu’on lui dise non, et il était doué pour le faire savoir.

Gibbs se surprit à se dire qu’un chien, même un Saint-Bernard, prendrait moins de place et demanderait moins d’attention.

« Mais, je vais rester avec toi cette nuit.

-Avec moi? Pas avec ton bateau? »

Son ton laissait clairement entendre qu’il n’avait aucune envie de partager.

« Avec toi.

-Bien. Je ne suis pas assez en forme pour faire une crise de jalousie.»

En soupirant de satisfaction, il se serra de nouveau contre l’ancien marine, qui lui rendit son étreinte.

« Gibbs?

-Hum?

-Joyeux Anniversaire. »

Gibbs passa doucement la main dans les cheveux de Tony.
Pourquoi pas après tout? Cette journée venait de perdre plusieurs places dans son top des anniversaires les plus ratés.

« Merci…Et ne t’endors pas. Il est hors de question que je te porte. »

L’intéressé étouffa un éclat de rire dans son cou.

« Je t’aime aussi, Boss. »

~Fin.

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